Invitation Hommage aux femmes avec Nathalie de Baudry d’Asson et François Kasbi le 17 décembre

Balustrade vous invite à une soirée d’hommage aux femmes
avec
Nathalie de Baudry d’Asson et François Kasbi
Lectures, découvertes et échanges animés par Guilaine DepisMercredi 17 décembre de 19h à 22h
au Café de la Mairie, 8 Place Saint Sulpice, 75 006 Paris

Réservations par sms : 06 84 36 31 85

Nathalie de BAUDRY d’ASSON a vécu une riche vie de responsable d’entreprise avant de diriger la Revue des Deux Mondes, puis les maisons d’édition universitaires et professionnelles de Vivendi Publishing, d’Editis et d’Hachette Livre. Elle a ensuite créé Le Lien Public, qui organise des débats entre chefs d’entreprises et monde académique et politique. La question de la vie des femmes d’ici et d’ailleurs, d’avant et de maintenant, a toujours été, comme elle l’est aujourd’hui, au centre de ses pensées. « Miniatures et Pointes sèches » est son premier livre aux éditions La Trace

François KASBI est écrivain et journaliste. Il a collaboré à La NRF, Esprit, Commentaire, Le Figaro Littéraire, Service littéraire etc. Avant « Mes chéries », il a publié – entre autres – « Bien sûr que si ! » (roman traduit en italien et espagnol) et « Bréviaire capricieux de littérature contemporaine pour lecteurs, déconcertés, désorientés, désemparés » (à propos de 600 écrivains, femmes et hommes, de France et d’ailleurs) – tous deux disponibles aux éditions de Paris-Max Chaleil.

Invitation Soirée du 10 décembre 2025 : traumatismes de l’antisémitisme avec Emmanuelle Friedmann et Maïa Brami

Balustrade vous invite à une soirée sur la transmission de la mémoire de l’antisémitisme le 10 décembre 2025

avec
Emmanuelle Friedmann (« Après la Shoah – le traumatisme en héritage » aux éditions Une autre voix)
et Maïa Brami (« Jusqu’à sentir battre leur coeur » aux éditions de l’Observatoire)

Lectures et échanges animés par Guilaine Depis

Mercredi 10 décembre de 19h à 22h
au Café de la Mairie, 8 Place Saint Sulpice, 75 006 Paris

Réservations par sms : 06 84 36 31 85

Après des études d’histoire économique et sociale contemporaine, Emmanuelle Friedmann a pris des chemins de traverses. Autrice, scénariste et journaliste, passionnée par l’histoire et les récits de mémoire, elle signe des romans documents et romans graphiques où se croisent passés présents et sujets d’actualité. Elle est l’autrice entre autres de Jacques l’enfant caché (Presses de la cité), Le Rêveur des Halles (Calmann-Lévy), Elle a fait un bébé toute seule (Marabulles) et La Tête dans les nuages (Delcourt-Soleil).

Maïa Brami est écrivaine et journaliste. Elle dirige des ateliers d’écriture, notamment au Musée d’art et d’histoire du judaïsme et à la BPI. Sa langue est son champ d’exploration, qu’elle fait résonner avec les autres arts. Elle ne se limite à aucun genre littéraire et à aucun public. Lauréate de plusieurs prix littéraires, elle a publié une trentaine de livres. Elle écrit aussi pour la scène théâtrale et musicale.
Derniers ouvrages parus : Prenez le temps de lire les étoiles (Arléa, 2023), L’Herbier secret des écrivains (éditions Magellan & Co, 2024, Prix Emile Gallé Jeunesse 2025), Sacrées Grand-mères ! (Saltimbanque, 2025)

Noicolas Gorodetzky écrivain remarqué par Actualitté pour « La Limite de Hayflick »

La Limite de Hayflick : ce que la science ne dit pas

En ressuscitant l’Épopée de Gilgamesh à l’ère des biotechs, Nicolas Gorodetzky signe un thriller scientifique qui met les pieds dans le plat : et si notre époque, lassée de la mort, s’apprêtait à la contourner ? La Limite de Hayflick de Nicolas Gorodetzky, aux éditions Yanat. 

Publié le :

04/12/2025 à 10:51

À Stockholm et dans la mystérieuse serre de Covergarden, le roman suit Stanislas Verlaine, jeune étudiant en criminologie, embarqué malgré lui dans les recherches du généticien Anders Marküssen sur l’immortalité cellulaire. 

Autour d’eux gravitent Margarita, la tante de Stanislas ; Luka, assistant scientifique ; un commando de tueurs impitoyables ; et un réseau secret d’Astérias, femmes mystérieuses qui œuvrent dans l’ombre pour protéger la clé de la vie éternelle.

Quand l’immortalité devient une prétention, non plus un mythe

Il fallait oser. Dans une époque où l’on ne peut plus évoquer la vieillesse sans que surgissent des promesses de « régénération cellulaire », La Limite de Hayflick tombe comme un pavé dans la mare.

Le roman reprend un vieux rêve — la vie éternelle — mais, loin de l’enrober de spiritualité, il le plonge dans les tubes à essai et les séquences génétiques. Là où Gilgamesh apprenait que « l’immortalité d’une personne n’est pas envisageable », Gorodetzky montre que le XXIᵉ siècle est en train de contredire les Anciens, souvent avec une inconscience désarmante.

Le récit frappe là où ça fait mal : dans le fantasme ultime de l’homme moderne, sa démesure face à la finitude. Comme le souligne Stanislas après la découverte de la clé : « Nom de dieu, Anders ! Tu es un génie. Jamais je n’aurais imaginé ce que tu as trouvé ». Le roman illustre la panique et l’obsession qui suivent lorsqu’on touche à la vie éternelle. 

Car l’auteur s’appuie sur un fait biologique précis : la fameuse limite de Hayflick, ce nombre de divisions cellulaires au-delà duquel la sénescence nous rattrape. Une frontière naturelle. Une barrière symbolique. Pour notre époque technophile, une provocation. Leonard Hayflick écrivait lui-même que « la vie a des limites, et la science ne doit pas jouer les démiurges sans mesure ». Alexis Carrel, par contraste, croyait aux cellules immortelles — une erreur scientifique qui sert ici de contrepoint dramatique et philosophique à la fiction.

Anders explique à Stanislas : « Il y a différents types de cellules dans le corps humain ; elles ont le pouvoir de se diviser un certain nombre de fois au cours de la vie, mais dans une certaine limite, qu’on appelle la limite de Hayflick… Au-delà de ce nombre de divisions, celles-ci meurent. » La science devient ici une révélation tragique et fascinante à la fois.

Un étudiant perdu dans les nuits de Stockholm

Le héros, Stanislas Verlaine, n’est pas un savant, ni un héros tragique : c’est un jeune homme de 2025, désorienté au milieu d’une société où le désir s’est transformé en consommation. « Où est la joie lorsque le corps s’expose avant le cœur ? », s’interroge le roman, évoquant ses errances sexuelles, sa plongée dans « la violence sadomasochiste » et « la pornographie ».

Cette entrée en matière n’a rien d’anecdotique : elle décrit l’état moral d’une civilisation qui ne sait plus quoi faire d’elle-même. Comme l’écrivait Philippe Muray, « le monde moderne est devenu un parc d’attractions morbides ». Stan s’y promène, lucide et écœuré. Puis, brusquement, il se reprend : Retour sur la planète. Un sursaut. Une volonté de sens. Un réveil — à la veille de La nuit des tueurs.

On pourrait aussi convoquer Georges Bataille, qui voyait dans l’excès de jouissance et la transgression des limites physiques une métaphore de l’angoisse de la finitude : Stanislas expérimente cette collision entre plaisir et danger.

TTAGGG : six lettres qui valent un manifeste

Le roman prend feu le jour où Stanislas découvre un mystérieux acronyme : TTAGGG. Il comprend qu’il s’agit des télomères, ces petites structures placées à l’extrémité de nos chromosomes. La clé du vieillissement. Et peut-être — qui sait ? — la porte vers son abolition.

Anders clarifie : « Les chromosomes de chaque cellule disposaient à leurs extrémités d’une sorte de capuchon, appelé télomère, qui module l’usure progressive du chromosome… Ceci se fait grâce à une enzyme, la télomérase, qui régénère ces petits capuchons au fur et à mesure du temps. Ce sont comme des gardes du corps pour chaque cellule. »

Luka ajoute, épuisé après le décryptage : « Nom de dieu, Anders ! Tu es un génie. Jamais je n’aurais imaginé ce que tu as trouvé. » Le roman montre que la science moderne n’est plus seulement un outil : c’est une théologie. Une religion de remplacement. Hannah Arendt n’aurait pas renié cette lecture : l’homme « veut devenir maître de la vie elle-même ».

Les références scientifiques et anthropologiques abondent : Margaret Mead sur la peur de la fin de vie, Hayflick et Carrel sur les limites biologiques, et même les analyses de Robert Sylverberg sur l’obsession humaine de prolonger l’existence.

Quand le fantasme technologique rejoint l’effroi archaïque

« Et si tout cela était vrai ? » La question finale n’est pas un gadget. C’est un diagnostic. Car oui, une partie de la communauté scientifique rêve bel et bien de « médecine vers l’éternel » : télomérase, manipulations génétiques, allongement artificiel de la vie.

Mais le roman rappelle que l’obsession d’immortalité est presque toujours le symptôme d’une société qui refuse de transmettre. Un monde sans enfants, sans héritage, sans mémoire — mais où chacun veut vivre 200 ans. Philippe Ariès aurait parlé de la peur moderne de la mort, Gorodetzky la rend palpable et violente.

Le point de bascule : quand la clé tourne

On ne dévoilera pas la nature exacte du secret scientifique découvert par Anders Marküssen, mais il est clair que le roman met le lecteur face à une angoisse que notre modernité évite soigneusement. Jonas, dans Le Principe responsabilité, appelait cela « l’heuristique de la peur » : le devoir de se méfier de ses propres pouvoirs.

Les personnages vivent une confrontation extrême : « Marko et Boris s’étaient jetés à quatre pattes dans l’ouverture et firent irruption dans la cour… Les deux tueurs avaient vu le mouvement et comprirent que les jeunes femmes n’avaient plus aucune chance de leur échapper. » Les Astérias agissent dans l’ombre, rappelant les sociétés secrètes décrites par James Frazer dans Le Rameau d’or et la puissance des rites initiatiques face aux connaissances interdites.

Faut-il lire La Limite de Hayflick ? Oui — et surtout pas pour se rassurer. Parce que c’est un roman qui ne caresse pas dans le sens du poil. Parce qu’il montre ce que nos biotechnologies soulèvent de plus dérangeant.

Parce qu’il ose dire, sans fracas idéologique, ce que beaucoup pensent tout bas : l’obsession d’immortalité est le dernier luxe d’une époque qui ne croit plus à rien.

Alors oui, il faut lire Gorodetzky. Non pour y trouver la promesse de vivre plus longtemps. Mais pour comprendre pourquoi, peut-être, nous mourons déjà de ne plus vouloir mourir.

Yves-Alexandre Julien