Par Emmanuel Jaffelin, auteur de Célébrations du Bonheur (Michel Lafon)
Les profs d’histoire ont l’habitude de parler des « civilisations » ( la sumérienne, l’égyptienne, la sabéenne, la chinoise[1], l’indienne, etc.). Si, dans sa période d’Uruk, la sumérienne voit apparaître l’écriture, il faut bien dire que, dans quelques siècles, des historiens parleront de l’apparition du vélo au XIXe siècle et de son imposition comme mode de transport principal[2] au milieu du XXIe siècle. Ils seront dès lors capables de parler du passage de la civilisation occidentale à une civilisation du vélo, autrement dit à une Civélo-sation [3]! En 2022, en France, par exemple, un petit panneau triangulaire placé sur les feux rouges indique que le cycliste peut ne pas s’y arrêter : privilège, privilège! Règne du cycliste pour qui le vélo est un nouveau car-rosse qui ressemble à un os !
A première vue, la nouvelle semble bonne : le vélocipède est un moyen de locomotion qui ne pollue pas et qui assure à l’individu son autonomie. A seconde vue, ce moyen est, au vingt-deuxième siècle, une expression de l’idéologie écologique et de la mise en place d’une dictature. En effet, le vélo ne pollue pas si le cycliste pédale et fonde son mouvement sur son activité physique ; en revanche, lorsqu’il est électrique[4], il n’est plus un vélo, mais seulement l’un des nombreux deux roues[5] à moteur (comme les scooters et les motos) déguisé en « vélo » et qui fonctionne grâce à une batterie[6] rechargée, chaque jour en France, grâce à une centrale nucléaire[7]. Malgré cette hypocrisie patente[8], les élus s’efforcent de réduire la présence des voitures dans les villes et dans le pays. C’est ainsi que la mairesse de Paris, Anne Hidalgo,sous l’influence des élus verts présents dans le conseil municipal,« veut diminuer drastiquement la circulation des voitures dans le centre[9] ». « Cette « zone à trafic limité » (ztl) a pour ambition de « réduire drastiquement le trafic de transit pour faire la part belle aux piétons, aux vélos et aux transports en commun [10]».
Disons-le clairement, cet acte est l’expression d’un Nouveau Moyen âge avec ces différences notoires consistant dans le fait qu’il n’y a plus à Paris de murailles, de ponts-levis ni, quasiment, de chevaux, mais, à leur place, se trouvent des policiers ( qui font murailles), des métros ( passant sous des tunnels) et des..vélos! Cette idée d’interdire la voiture au soit-disant profit du piéton est en réalité une volonté de supprimer La voiture et La liberté de mouvement. La voiture étant née après le vélo[11], vouloir la supprimer témoigne réellement d’un refus du progrès. Cette apologie du vélo s’avère donc être le symptôme d’une apologie du passé et donc d’une attitude réactionnaire. Tant qu’on y est, pourquoi ne pas interdire les ventes de briquets pour exiger celle des silex ?!! Plutôt que d’avancer le nez en avant, les apologistes du vélo avance en Néanderthals[12] !
Par Emmanuel Jaffelin, cycliste, motard et auteur de Célébrations du Bonheur (Michel Lafon)
[1]– En moyenne, la batterie du vélo électrique à une autonomie de 3h ou, dit autrement de 50 à 70 kms
[2]– Le vélocipède est inventé en Allemagne par Karl Drais von Sauerbronn en 1817. Il l’appelle « machine à courir » (Laufmachine) car il n’a pas (encore) de pédale
[3]– Rappelons qu’étymologiquement le mot civilisation vient du latin, à savoir le mot civis qui désigne le citoyen et le mot civitas désignant la cité. Dit autrement, la civilisation désigne l’ensemble des citoyens d’une cité commune. Et, par extension, l’ensemble des valeurs et des connaissances de ladite cité. Ce mot est un néologisme inventé par le marquis Mirabeau en 1756. Civélosation désigne le règne d’une vélo dans une civilisation où s’imposent les critères écologiques de la vie humaine. Ce mot est un néologisme crée dans le présent article par son auteur, le philosophe Emmanuel Jaffelin, non marquis, mais marquant ! Le CI rappelle celui de civis, la cité, Anne Hidalgo voulant faire de la civis dont elle est la Mairesse, Paris, la civis du vélo donc un cobaye de la Civélosation
[4]– il est aussi appelé « vélo hybride » dans un monde où tout le devient. Un iel est un nouveau pronom personnel hybride du « il » et du « elle », c’est-à-dire qui mélange le masculin et le féminin. Ce vélo post-moderne mélange le mécanique et l’électrique, la monture ( on monte un cheval et on monte sur un vélo) et du véhicule.
[5]– A noter que ces véhicules peuvent exister à trois roues : les tricycles
[6]– cette batterie, comme celle de téléphones fonctionne au lithium. Bonne durée de vie, pas d’effet de mémoire et bonne durée de vie sont ces atouts. Poids élevé, faible autonomie et présence d’acide liquide dangereux sont ses inconvénients.
[7]– s’il ne pollue pas directement comme un scooter ou une moto, il pollue indirectement et à plus long terme en raison de sa batterie (dont on ne sait pas quoi faire) et de la centrale nucléaire qui peut fuir, exploser ou être bombardée et –donc contaminée une partie de la planète pendant des millénaires !
[8]– qui masque une écologie soutenant le nucléaire !
[9]– Les Echos, 14 mai 2021
[10]– idem
[11]– la voiture fut créée en 1886, soit 79 ans après le vélo.
[12]-Espèce Homo ayant vécu jusqu’il y a 30.000 ans avant aujourd’hui