Froggy’s delight voit dans la pièce de Sophie Jabès jouée au Lucernaire « un spectacle charnel et saisissant »

Capture d’écran 2014-10-19 à 22.37.01.pngCAMILLE, CAMILLE, CAMILLE

 

Théâtre Le Lucernaire (Paris) octobre 2014

 

 

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Comédie dramatique de Sophie Jabès, mise en scène de Marie Montegani, avec Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnik et Geneviève Dang.


C’est la Camille internée à la fin de sa vie qui nous apparaît d’abord. Seule sur un banc, elle vocifère sur sa situation. Tour à tour, trois Camille vont se succéder sur les trois espaces scéniques qui divisent la scène, pour retracer les étapes de la vie de Camille Claudel, ses débuts comme élève d’Auguste Rodin puis Camille au seuil de la folie et celle, à l’asile qui revoit sa vie.

Enfin, et c’est le plus intéressant dans la pièce de Sophie Jabès : c’est à une confrontation entre ces trois Camille que nous assisterons.

 

« Camille, Camille, Camille » est le portrait éclaté d’une femme déchirée qui dans sa famille demeure dans l’ombre de son frère, Paul Claudel. De ces fragments de Camille se dégagent la passion pour son art et pour Rodin, même si là encore, elle doit lutter pour s’affirmer face à ce monstre de sculpteur et ne se remettra pas de son abandon.

 

Dans une belle scénographie d’Elodie Monet, les trois femmes se débattent et crient leur amour tandis que sur l’écran, un étrange page vient annoncer les morts autour d’elle.

La mise en scène de Marie Montegani fait cohabiter sur scène ces trois périodes avec habileté et sait tirer le meilleur de ses trois comédiennes. Vanessa Fonte est une jeune Camille pleine de fougue et d’émotion. Volcanique et impatiente. Elle est bouleversante.

 

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Nathalie Boutefeu qui fût une inoubliable Emily Dickinson (« Emily Dickinson, la belle d’Amherst ») est une Camille sensible, encore pleine de révolte dont la folie naissante transparaît dans le comportement.

Enfin, Clémentine Yelnik est une impressionnante Camille à l’asile de Montdevergues, dont chaque phrase retentit du vécu de la femme et de l’artiste, de ses frustrations, ses blessures et de sa solitude. Elle est phénoménale.

 

« Camille, Camille, Camille » est un spectacle charnel et saisissant sur une artiste d’exception qui prit son existence à bras le corps au service de l’art pour se consumer de passion.

 

Nicolas Arnstam www.froggydelight.com