La Croisade du mal-pensant, de Christian de Moliner se glisse, non sans une certaine habileté, dans les débats actuels sur fond de querelles « racisés ». Très dans l’air du temps, donc très, très ambigu.
Samuel Meiersohn est un homme solitaire dans un monde où il ne trouve plus ses valeurs. Universitaire désabusé et proche de la retraite, marqué par la perte d’un bébé et la séparation avec son ex-femme, il entame une croisade contre certains étudiants et professeurs qui se battent au sein de sa faculté pour obtenir un espace sans Blancs. Y opposant une défense de la laïcité, il se heurte à son administration qui craint de faire des vagues.
Mais n’est-ce pas une lutte perdue d’avance ?
Ce n’est pas un hasard si le professeur créé par Christian de Moliner (il fait partie du sérail ayant enseigné à haut niveau la mathématique) est un historien qui travaille sur les croisades en optant pour une vision uchronique et se demandant par exemple ce qui se serait passé si Saladin avait été tué à Montsigard en 1177… Car, en ce début du XXIe siècle, il fait partie sans doute de ceux qui pensent que la France actuelle se meurt de l’abandon de certaines racines, chrétiennes en l’occurrence. Au fil du récit apparaissent ainsi des groupes et des institutions qui, même si Samuel Meiersohn les tient un peu à distance, n’en font pas moins les chantres d’une certaine idéologie. Ainsi quand il évoque un journaliste d’un petit journal local, L’Observateur du Saint-Paul, il est écrit : « Il dénonçait à longueur de colonnes l’insécurité grandissante dans l’agglomération ainsi que la politique culturelle du maire jugée trop favorable aux associations progressistes. »
Le regretté éditeur Pierre-Guillaume de Roux nous a quittés récemment, le 11 février 2021. Parmi ses dernières parutions, le roman de Christian de Moliner La croisade du mal-pensant, qui aurait pu résumer, en très grande partie au moins, l’itinéraire de cet éditeur, fils de l’écrivain et éditeur lui-même Dominique de Roux. Ce roman de Christian de Moliner, qui également publié La Guerre de France (2018) et Islamisme radical. Comment sortir de l’impasse (2019) déjà chez PGDR, est ultra-contemporain et a une résonance forte avec l’actualité immédiate, notamment la tragique décapitation de l’enseignant Samuel Paty. Fresque lucide, roman des conflits générationnels, critique de l’idéologie militante des « racisés », j’ai souhaité en savoir plus. L’auteur a gentiment accepté de répondre à mes questions.
Marc Alpozzo : Votre personnage Samuel Meiersohn est un professeur d’université désabusé et presque retraité. Aussi, révolté contre son université qui ferme les yeux sur des réunions d’étudiants « racisés » qui veulent créer un espace sans blanc, au nom du rejet du « privilège blanc », on va suivre sa croisade surréaliste contre une administration démissionnaire et une société française de plus en plus passive face à la montée de ce nouvel extrémisme. Quand on lit les premières pages de votre roman, on ne peut s’empêcher de penser à Michel Houellebecq. Il est vrai que l’on aurait été en droit d’attendre un roman sur le sujet de la part de cet auteur qui a toujours été très lucide sur ces dangers sociétaux contemporains. Or, il semble que ce livre ne soit pas d’actualité. Pensez-vous que seuls des auteurs classés à l’« extrême droite » désormais peuvent s’autoriser à aborder ces thèmes très conversés aujourd’hui ?
Christian de Moliner : Michel Houellebecq va peut-être s’emparer de ce sujet, dont l’émergence est encore récente. Les premières alertes sur ce phénomène préoccupant se sont déroulées dans les années 2017 et 2018, mais l’explosion de ces comportements problématiques se situe en 2020 avec Black Lives Matter ; nous avons atteint l’an dernier un sommet malheureusement provisoire dans le délire sociétal. On en est arrivé à licencier aux États-Unis des personnes dont les opinions, sans être extrémistes ou racistes, ne sont pas conformes à la doxa bien-pensante. C’est effroyable pour la démocratie. J’ai bon espoir que Michel Houellebecq dénonce ces dérives racialistes dans un roman, avec son style qui est inimitable et que, bien entendu, je n’imagine pas avoir égalé. Nous verrons en fin d’année ou l’an prochain. Il faut lui laisser le temps d’écrire un livre sur ce thème. Je réfute totalement l’étiquette « auteur d’extrême droite ». Je suis conservateur et je crois à la démocratie et à l’égalité entre les êtres humains. Plaquer un label « extrême droite » qui pour beaucoup est infamant (mais pas à mes yeux, chacun est libre de ses opinions) sur toute personne qui rue dans les brancards et rejette l’idéologie dominante est un procédé systématique et, malheureusement efficace pour stériliser tout débat. On ne discute pas avec des fascistes, on ne regarde pas leurs arguments : on les dénonce et on les éjecte du débat public. On les efface. Néanmoins, je pourrais répondre à votre question : oui, par le jeu de l’intolérance des « bien-pensants » seuls les auteurs qu’ils classent à l’extrême droite peuvent aborder ces thèmes puisque le simple fait d’évoquer ce problème vous colle aussitôt cette étiquette imméritée et vue comme infamante par « le camp du Bien ».
M.A. : Votre personnage est au soir de sa vie, mais, à la lecture de votre roman, on a aussi le sentiment que cette bataille est peut-être sa dernière mais la plus importante cependant, parce que probablement la plus urgente avec le basculement irréversible de la société française dans une autre forme de société, racialiste, anti-blanc, violente et xénophobe. Pensez-vous que les antiracistes d’hier sont les racistes d’aujourd’hui, et comment expliquez-vous une évolution aussi négative de notre société française, qui a pourtant toujours été ouverte et tolérante vis-à-vis de la diversité ? Pensez-vous que c’est la revanche du colonisé sur le colon d’autrefois ?
C.M. : Oui l’antiracisme est un racisme qui, j’assume la portée de mes mots, est aussi délétère que l’antisémitisme. Attaquer sans cesse les blancs, leur reprocher tout et n’importe quoi, vouloir les exclure de certains lieux ou de certaines réunions est un comportement raciste qui devrait être condamné comme tel par les tribunaux. Parler de revanche du colonisé sur le colon n’a à mes yeux aucun sens. Si on emploie ces termes, on justifie la posture racialiste, on lui fournit des excuses. Si on excepte les pays d’Afrique du Nord, les colons n’ont jamais dépassé au total 100 000 personnes et tous loin de là n’étaient pas des exploiteurs. Leurs descendants sont peu nombreux. Les pieds-noirs qui habitaient en Algérie, en Tunisie ou au Maroc, étaient avant tout des personnes simples, qui pour la plupart ne s’enrichissaient pas au détriment des indigènes, mais vivaient en Afrique du Nord comme ils l’auraient fait en France. Et tout cela est terminé depuis 60 ans ! Quant à l’esclavage, 0,02 % des « Français de souche » de la métropole descendent de négriers. Et parmi les noirs qui étaient affranchis nombreux étaient ceux qui étaient eux-mêmes possesseurs d’esclaves. Nous avions affaire à un système, hélas, admis par tous et qui heureusement a pris fin en 1848. De toute façon, la culpabilité d’une personne ne se transmet en aucune manière à ses descendants. Nous ne sommes pas comptables des erreurs de nos aïeux. Il faut donc cesser de mettre en avant ces arguments anti-blancs qui sont odieux et révoltants. Non, la couleur de peau n’a aucune importance dans notre pays, non la France ne rejette pas les noirs ou les musulmans. Il ne faut rien laisser passer et traîner devant les tribunaux tous ceux qui au nom de l’antiracisme tiennent des propos racistes.
Samuel Paty est un enseignant assassiné par un terroriste islamiste, le 16 octobre 2020 dans la commune française de Conflans-Sainte-Honorine, située dans les Yvelines.
M.A. : Lorsque j’ai reçu votre roman, je l’ai lu d’une seule traite. C’est un roman très lucide, qui donne un éclairage certain sur un phénomène politique inquiétant qui est le « racialisme », importé des États-Unis, notamment grâce à cette nouvelle idéologie dominante des « racisés » et des « intersectionnels ». Votre personnage est une sorte d’anti-héros houellebecquien mais très proche de nous. Il s’étonne, se révolte et se désespère de ce que devient la société française qu’il a tant aimée, à la fois devant les trahisons de la gauche, qui est passé de la lutte des classes à la lutte des races, et qui ne veut plus que l’on désespère la mosquée, mais aussi du tapage d’une presse aux ordres, qui peut faire d’une Traoré un phénomène de société au mépris des vérités concernant son frère. Est-ce que vous pourriez dire, en paraphrasant Flaubert, « Samuel Meiersohn c’est moi » ?
C.M. : Samuel Meiersohn partage nombre de traits communs avec moi. Son penchant pour l’œuvre de René Grousset et l’épopée des Croisades est également le mien. Comme lui, j’ai toujours été de droite et j’ai été confronté à la gauche dominante et conquérante. J’aurais pu faire une carrière universitaire, mais comme mon héros j’aurais dû adhérer au parti communiste pour l’emporter contre un collègue soutenu par des trotskistes. Cet épisode m’a beaucoup marqué et me révolte encore aujourd’hui. Comment peut-on distribuer des postes d’enseignants en se basant non sur la valeur des postulants, mais sur leurs opinions politiques ? La franchise universitaire est à mes yeux une horreur antidémocratique ; pour moi les postes et l’avancement des carrières devraient être du seul ressort de l’inspection générale, comme c’est le cas pour les classes préparatoires.
Samuel n’est pas déçu par la gauche à laquelle il n’accorde aucun crédit, mais par l’hypocrisie de sa hiérarchie pourtant proche de ses idées ; celle-ci « collabore » et fait tout pour éviter les incidents. Nous sommes en plein dans les accommodements dits raisonnables, mais qui cachent mal une totale capitulation. Meiersohn se révolte sans réfléchir, sans débat intérieur. Il fait ce que sa conscience lui dicte et entame sa croisade sans se soucier des conséquences, contre l’avis de ses proches. Il fait ce qu’il lui semble juste.
M.A. : L’idéologie racialiste se mêle étroitement avec l’islamo gauchisme, fortement dénoncée et en même temps niée par une partie de la gauche, mais pas toute, notamment Julien Dray qui la revendique. On a pu constater aussi, suite à la tragédie récente où ce professeur décapité par un islamiste, Samuel Paty, a fait dire à une certaine gauche en guise de réponse : « oui, mais… » Est-ce que votre personnage porte son prénom en hommage à cette victime de la terreur islamiste ? Y avez-vous pensé au moment où vous écriviez ce roman ? Croyez-vous que l’islamo gauchisme soit bien différent de la gauche marxiste, notamment dans ses méthodes et ses revendications ?
C.M. : J’ai écrit ce roman en février 2020, donc bien avant la décapitation de Samuel Paty. Je voulais pour mon héros un prénom juif, puisque son père a été élevé dans la religion de Moïse. Le terme islamo gauchisme recoupe une alliance entre des islamistes qui mettent en avant la charia et qu’on ne peut vraiment pas classer à gauche de l’échiquier politique. Ce sont des extrémistes de droite, figés dans des lois dont l’interprétation est gelée depuis quatorze siècles. À côté d’eux se trouvent de purs gauchistes dont l’idéologie n’a pas vraiment changé depuis 1968. Leur recherche de damnés de la terre, d’opprimés les a conduits à encenser les musulmans rigoristes. À leurs yeux, ils remplacent le prolétariat qui a pour une grande part été absorbé par la classe moyenne et qui a « trahi » en acceptant le capitalisme.
Nous avons donc une juxtaposition entre islamistes et gauchistes, mais pas un mélange. De même que le vinaigre ne peut fusionner avec l’huile, ces deux courants de pensée seront toujours différents. Et si les islamistes parvenaient par malheur au pouvoir, ils extermineraient leurs anciens alliés gauchistes.
Je désapprouve le slogan « lutter contre l’islamo gauchisme ». Toutes les opinions sont tolérées en France sans aucune exception. C’est la grandeur de la démocratie. On peut donc, si on le souhaite, être islamiste ou gauchiste. La seule limitation à cette liberté est l’interdiction de paroles racistes, d’injures, de menaces ou d’actes antidémocratiques. En revanche, lutter contre l’intolérance des islamo gauchistes est impératif. Il est inadmissible qu’un enseignant voie sa carrière universitaire bloquée, car il a exprimé des doutes sur les trans ou parce qu’il a protesté contre une réunion racisée. C’était le sens du combat de Frédérique Vidal au départ et elle avait pleinement raison. Malheureusement, elle a été piégée par ses adversaires qui ont feint de croire qu’elle voulait expurger l’université. Les « islamo gauchistes » sont très forts pour faire oublier leurs turpitudes et leur intolérance. Systématiquement ils prétendent que s’attaquer à leurs dérives est une agression contre la liberté d’expression.
La Ministre Frédérique Vidal fait appel au CNRS pour mener une étude du l’islamo-gauchisme et déclenche une polémique nationale
M.A. : Votre roman est titré La croisade d’un mal-pensant. N’est-ce pas justement faire l’aveu que ce combat est perdu d’avance, car la bien-pensance, revendiquant un Bien absolu et indéniable, aura toujours une longueur d’avance sur les mal-pensants, grâce notamment aux trahisons des clercs et des médias ?
C.M:La cancel culture, la bien-pensance forment actuellement la doxa dominante chez les intellectuels et dans les médias. Des journalistes notamment à France Inter oublient totalement que leurs opinions sont contestables, qu’ils ne détiennent absolument pas la vérité absolue, que ceux qui pensent différemment d’eux ont le droit moral de le faire. Pour tout cela j’ai employé mal-pensant pour marquer l’opposition de mon personnage principal à l’idéologie dominante. Ce terme est emblématique de mon roman. Le mot « croisade » est lié à la fois à l’échec final et au thème du pensum de Samuel qui passe plus de dix ans de sa vie à concevoir un ouvrage complet sur un sujet pourtant traité de nombreuses fois par d’autres : les croisades.
M.A. : Vous faites une distinction conceptuelle pertinente lorsque vous montrez au fil de votre roman que l’on essaie de confondre progressisme et complaisance avec une pensée victimaire qui veut imposer en France les usages islamiques. Devant les injonctions autoritaires de la « cancel culture » et du « name and shame », n’est-ce pas un totalitarisme radical qui s’implante progressivement en France, alors que les revendications, proches de celles des marxistes d’alors, interdisent tout commentaire et toute critique au risque d’être taxé de « raciste », de « xénophobe » ou d’identitaire ? Votre roman se termine dans un épilogue sanglant. Est-ce que vous pensez que c’est totalement prémonitoire ?
C.M. : Nous sommes en effet confrontés au totalitarisme. Comme vous le soulignez, dès qu’un homme politique évoque des thèmes qui déplaisent aux bien-pensants, ceux-ci le qualifient d’identitaire, de raciste ou de xénophobe. Heureusement, ces incantations ont de moins en moins d’effets et des opinions plus mesurées émergent et font leur place au soleil. À force de traiter de fascistes tous ceux qui sont à droite de l’extrême gauche, cette injure perd de son mordant. Nous avons déjà été confrontés à une telle violence politique dans les années 1950 quand Sartre qualifiait de chien tout anticommuniste, en 1968, quand des militants gauchistes assassinaient Georges Besse en le qualifiant de « brute ». L’extrême gauche n’est pas tolérante. Elle veut faire taire par la violence tous ses opposants. L’islamo-gauchisme parviendra-t-il à éliminer toute voix discordante ? Pour ma part, j’en doute, les résistances à leur totalitarisme deviennent de plus en plus nombreuses. L’opinion publique a basculé et n’est pas favorable à ce fascisme vert-rouge. La mode de la cancel culture va s’essouffler avant de disparaître tellement elle est grotesque. Elle sombrera dans le ridicule. Il faut juste tenir bon et ne jamais se décourager.
L’éditeur Pierre-Guillaume de Roux, décédé le 21 février 2021
M.A. : Pierre-Guillaume de Roux nous a quitté brutalement au début de cette année. C’était un éditeur courageux, et sensible aux problématiques de notre société contemporaine, qui n’hésitait pas à publier des voix discordantes avec la bien-pensance, comme la vôtre par exemple. Que pouvez-vous nous dire de cet éditeur ? Pensez-vous qu’il puisse un jour trouver un remplaçant de sa trempe dans notre paysage éditorial actuel ? Est-ce encore possible ?
Pierre-Guillaume était un éditeur à part dans le paysage littéraire tant sa production était abondante. Il publiait nombre d’auteurs qui peut-être n’auraient pas été édités ailleurs. J’ignore si sa maison d’édition survivra à la disparition de son fondateur, il est encore trop tôt pour le dire. Mais si elle sombrait, elle laisserait derrière elle un trou que pour l’instant personne ne pourrait combler. Heureusement, le paysage littéraire n’est jamais figé. Un éditeur peut fonder une nouvelle maison et reprendre ce créneau. En effet, les auteurs de droite même s’ils sont peu nombreux représentent un marché potentiel qui a son public et ses aficionados. Voilà de quoi tenter un jeune éditeur ambitieux et qui ne partage pas le credo de la bien-pensance.
Christian de Moliner
Christian de Moliner, La croisade d’un mal-pensant, Pierre-Guillaume de Roux, 2021
Alexandre del Valle s’est entretenu cette semaine avec l’essayiste Christian de Moliner pour faire le point sur les polémiques autour de l’islamogauchisme, du massacre antisémite de Sarah Halimi, resté impuni, des dérives néo-racialistes des indigénistes, de la mode croissante de l’islamiquement correct un peu partout en Occident sous prétexte de combattre l’islamophobie, ou de la banalisation du discours anti-blancs sous couvert de lutte contre la racisme ou de « réparations » post-coloniales.
Ancien professeur en classe préparatoire, Christian de Moliner est un auteur prolifique, dont les recherches, essais et romans ont tous comme fil conducteur l’analyse de nos sociétés occidentales complexées et de plus en plus rongées de l’intérieur par le phénomène de la bien-pensance diversitaire dont le postulat philosophique est que l’Occidental devrait s’auto-détruire ou se déconstruire, comme l’a récemment déclaré Emmanuel Macron dans les médias américains, pour expier ses fautes éternelles. Celles-ci sont en effet imprescriptibles, transgénérationnelles, et donc impardonnables. Les peuples d’Occident constitueraient en effet la civilisation bourreau par excellence coupable d’avoir asservi et « humilié' » toutes les autres, à commencer par les peuples musulmans ou/et issus des anciennes colonies africaines de la France. De Moliner vient de publier ainsi La croisade du mal pensant, un roman plus qu’en phase avec les événements comme l’affaire des deux professeurs de l’IEP de Grenoble dénoncés comme islamophobes par une affiche; les propos d’Audrey Pulvar « autorisant » les Blancs à assister à des réunions de racisés, mais à la condition qu’ils se taisent… ou encore les propos incroyables du Président Emmanuel Macron sur la nécessité de « déconstruire » notre histoire pour satisfaire les minorités ex-colonisées ou leurs descendants. Il raconte l’histoire d’un prof d’université proche de la retraite qui, un matin, se révolte parce qu’on a distribué un tract demandant la création d’un « espace sans Blancs » (safe space) au sein de l’Université où il travaille… Un phénomène en pleine explosion aux Etats-Unis qui est déjà en train de gagner l’Europe culpabilisée.
Alexandre del Valle : Avant d’aborder le thème, connexe, de votre roman réaliste, j’aimerais avoir votre opinion concernant les propos d’Emmanuel Macron qui a déclaré, au cours d’un entretien diffusé par la chaîne américaine CBS le 18 avril dernier, des propos sidérant de la part d’un chef d’Etat – censé théoriquement défendre les intérêts et l’identité de son peuple – selon lesquels la France devrait «déconstruire sa propre histoire».
Christian de MOLINER : cette sortie est absolument stupéfiante de la part d’un chef d’État ! Que faudrait-il faire selon lui ? Réécrire l’Histoire de notre pays en ne cessant de demander pardon pour les prétendues horreurs que nous aurions commises ? M. Macron se place dans l’auto-flagellation que décris dans mes livres. La France n’a pas perpétré plus de crimes que ses voisins. Quand on fait les comptes pour les pays que nous avons colonisés, la balance est souvent proche de l’équilibre. Le Bénin était un État esclavagiste voire cannibale jusqu’à sa conquête par la France. L’Algérie qui nous fait tant de reproches a pratiqué l’esclavage de chrétiens jusqu’en 1830. Envisage-t-elle de demander pardon ? Non, bien sûr ! La conquête de l’Algérie a été brutale, mais les atrocités ont été équitablement réparties entre les deux camps comme l’ont été les exactions entre 1954 et 1962. Les horreurs ne sont jamais unilatérales. En outre, quoi que nous fassions, nous serions toujours accusés et les critiques deviendront de plus en violentes et ridicules, comme la sortie d’un ministre algérien qui prétend qu’avant la conquête française tous les Algériens savaient lire, mais que ce taux a chuté, car nous aurions massacré les alphabétisés (donc 100 % de la population !) Il n’y a aucun moyen de nous assurer l’indulgence de nos détracteurs, puisque pour eux nous sommes le mal absolu. En outre, derrière cette posture agressive à notre égard se cache l’espoir d’une indemnisation. Certains médias Algériens ont avancé une note (astronomique) que nous devrions régler. Tout est basé sur l’illusion que la prospérité de la France tient aux territoires qu’elle avait conquis, alors que des pays qui comme la Suisse n’ont jamais eu de colonies sont plus prospères et que nous ; c’est parce que nous étions riches que nous avons pu faire tant de conquêtes. De ce point de vue, je pense que M. Berlusconi – qui a indemnisé en 2008 la Libye pour la sanglante et courte colonisation de la Cyrénaïque et de la Tripolitaine – a rendu un très mauvais service à l’Occident.
Alexandre del Valle : Quelle est votre réaction à un autre scandale, encore plus grave, celui de la récente décision de la Cour de cassation, de ne pas juger et de considérer comme irresponsable le meurtrier barbare de Sarah Halimi, le franco-malien Kobili Traoré, qui a séquestré, frappé durant une heure, puis défenestré le sexagénaire française en hurlant « Allah Ouakbar » puis en la traitant de sale juive et en appuyant son crime – digne des pires massacres jihadistes – d’allusions aux passages du Coran appelant à tuer les juifs.
Christian de MOLINER : je ne peux que souligner, comme beaucoup d’autres avant moi, la contradiction de la jurisprudence : pour un accident de la route, fumer du haschich est un acte aggravant, avoir bu de l’alcool avant de tuer un chien n’amène aucune indulgence bien au contraire. Mais fumer du cannabis avant de jeter dans le vide une vieille dame juive exonère de toute poursuite le criminel ! On voit mal quels principes de droit sous-tendent la décision de la Cour de Cassation. Si commettre un crime ou un délit commis lors « d’une bouffée délirante » permet d’échapper au jugement, dans ce cas-là, la « folie » est provoquée par la consommation d’un produit illicite. Tant que le meurtrier est détenu en hôpital psychiatrique, il subit quand même une forme de sanction. Mais s’il venait à être rapidement libéré, l’injustice serait totale.
Alexandre del Valle : Dans un registre ubuesque finalement proche, quelle est votre analyse du phénomène des Black Lives Matter, que vous semblez bien connaître, sachant que la demi-douzaine de « Blancs » américains opposés aux manif violentes des BLM qui ont été tué par ces derniers n’ont jamais fait la une des médias US et même occidentaux ?
Christian de MOLINER : qu’on sanctionne un policier qui dépasse les bornes ou pire assassine de sang-froid un suspect lors d’une interpellation est normal ; les forces de l’ordre ne doivent bénéficier d’aucune impunité s’ils n’appliquent pas les consignes réglementaires. Mais à mes yeux Black Lives Matter va beaucoup trop loin. Ce mouvement a déclenché une violence que par idéologie on n’a pas voulu réprimer alors qu’elle était illégitime. Des conseillers municipaux de Seattle ont été jusqu’à prétendre qu’il n’y avait pas lieu de poursuivre un Noir s’il s’emparait d’un bien dont il était dépourvu. C’est évidemment la porte ouverte à tous les excès, à la destruction de la propriété privée et au retour à la loi du plus fort. Je suis également effrayé par le nouveau maccarthysme provoqué par ce mouvement. Il faut le dire franchement : les États-Unis sont en train de devenir un pays fasciste, un état où il est interdit d’être conservateur, où la moitié de la population est privée d’une partie de ses droits ! Des professeurs d’université sont contraints à la démission, pour avoir fait des remarques de bon sens, des personnes perdent leur travail pour avoir exprimé une opinion considérée comme « dissidente » (trop à droite !) sur les réseaux sociaux.
Alexandre del Valle: Justement, à propos des réseaux sociaux, comment analysez-vous le bannissement de l’ex-président américain Donald Trump des réseaux sociaux, après avoir été diabolisé et ostracisé par l’ensemble de l’Establishment américain et occidental?
Christian de Moliner: Le bannissement de Donald Trump de Twitter est, quoiqu’on dise, un déni grave de démocratie. Des entreprises privées n’ont pas à décider qui a le droit de s’exprimer ou pas, ce rôle est dévolu à la justice d’un pays et uniquement à celle-ci. Que peu de conseillers de Donald Trump aient retrouvé un travail du fait des menaces de boycott contre les entreprises qui se risqueraient à les embaucher est d’ailleurs plus que préoccupant. Les listes de proscription sont toujours malsaines et sont surtout le signe d’une démocratie malade et moribonde. La cancel culture, le mouvement woke sont, en dépit des intentions de leurs promoteurs, par essence totalitaires et antidémocratiques. De quel droit peut-on décider d’effacer du débat public une opinion qui déplaît ? Le summum du ridicule a été atteint quand d’obscurs sycophantes ont décidé que J.K Rolling n’était plus l’auteur d’Harry Potter parce qu’elle s’était demandé comment appeler des femmes ayant des règles ! Elle aurait donc commis un tel crime que les livres qu’elle avait écrits devaient lui être retirés. Du délire à l’état pur, que personne ou presque n’a souligné.
Alexandre del Valle: Avez-vous écrit votre ouvrage très récemment afin de coller à l’actualité récente des débats houleux autour de l’indigénisme, des réunions non-mixtes antiracistes interdites aux Blancs, des BLM, de l’islamo-gauchisme ou encore du projet de financement de la grande mosquée de Strasbourg du mouvement islamiste turc Milli Görüs par la municipalité écolo (EEVL) ?
Christian de MOLINER : pas du tout. J’ai conçu l’intrigue en février 2020 et j’ai affiné le style pendant plusieurs mois. Il était prêt en mai 2020. Mon éditeur, le regretté Pierre-Guillaume de Roux, ayant rencontré quelques difficultés techniques, mon roman n’est sorti qu’en février 2021. Je l’avais écrit en me basant sur quelques incidents qui s’étaient déjà déroulés, sur le désir de safe space de nombre de « racisés ». Quand en juin 2020, j’ai donné à lire mon roman à un ami, celui-ci a traité d’invraisemblable, voire de caricatural, le sujet paraissant alors tellement loin selon lui de la réalité. Or nous avons vu avec l’explosion du mouvement Black Lives Matter, l’affaire de Grenoble et les propos de Mme Pulvar combien mon sujet d’écriture était en fait fort actuel.
Alexandre del Valle : le héros de votre roman, pas du tout en phase avec le politiquement correct, Samuel Meiersohn, est-il en fait votre double littéraire ?
Christian de MOLINER : il partage avec moi des goûts communs, notamment celui de l’Histoire et des croisades (bien que j’ai été professeur de mathématiques en CPGE). Nous avons le même auteur préféré, le brillant René Grousset et son excellente « histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem ». Mais ces emprunts sont limités. L’existence de Samuel Meiersohn diverge nettement de la mienne. En parallèle de la lutte contre les racialistes, j’ai voulu dresser le portrait d’un homme désabusé, proche de la retraite qui s’interroge sur sa vie et ne lui trouve aucun sens.
Alexandre del Valle : Samuel Meiersohn a des mots très forts pour (dis)qualifier cette demande de safe space sans blancs ; il la compare aux exigences des nazis qui interdisaient certaines zones aux Juifs ainsi qu’à l’apartheid de l’Afrique du Sud. N’est-ce pas un peu excessif ? Validez-vous l’idée de comparer au fascisme et même au nazisme le politiquement correct radical des « néo-racisés » et autres minorités tyranniques?
Christian de MOLINER : je ne peux que paraphraser le tract que mon personnage principal distribue devant sa faculté : Il y a soixante-quatorze ans, un état raciste a capitulé sans conditions. Un procès s’est tenu pour purger le monde de cette horreur, pour que plus jamais on ne sépare les hommes et les femmes suivant leur origine. Cette leçon est désormais perdue. Des militants veulent créer une zone d’où seraient exclus ceux qui n’auraient pas la bonne couleur de peau au nom d’un évanescent privilège blanc qu’il faudrait combattre. Dites non à ce nouveau racisme. On a beau se cacher derrière des grands mots d’égalité, de victimisation, écarter quelqu’un parce qu’il est Blanc est un acte raciste et affirmer qu’une telle exclusion se justifie parce que les Blancs seraient des privilégiés ou, pire, parce qu’ils seraient d’abominables racistes même s’ils pensent ne pas l’être est encore plus raciste, car on attribue à une « race » un défaut que tous ses membres auraient systématiquement. Ce dénigrement va très loin : en Australie ou aux États-Unis, des écoles ont demandé à des enfants blancs de s’excuser pour ce qu’aurait fait leur ethnie aux Noirs, de la même façon qu’en Union Soviétique ou des descendants de « bourgeois » devaient s’excuser pour leurs origines non prolétaires. Or personne ou presque ne proteste contre ces dérives dans les médias.
Alexandre del Valle : quelle est votre interprétation de la haine racialiste et des nouveaux antiracistes. Pourquoi cette banalisation de la haine anti-occidentale et cette mode de dénonciation de l’Homme blanc ?
Christian de MOLINER : la haine antiblanc existe depuis longtemps, au moins aux États-Unis. Elle est une conséquence des émeutes raciales des années 1968 et de la revendication exprimée dans les années 1970 d’un état noir séparé. On retrouve des traces de cette haine dans des livres de science-fiction comme « Tous à Zanzibar » de John Brunner. Des auteurs ont été jusqu’à imaginer une enclave noire à Détroit, prospère grâce à l’automobile, et qui n’accepterait que les personnes ayant un pourcentage suffisant de sang noir, pourcentage qui ne cesse d’augmenter au fil du temps. Cette entité séparée aurait été dirigée caricaturalement par « le grand noir ». On voit donc que le mouvement actuel a des racines idéologiques lointaines ; or contrairement aux positions défendues par Martin Luther King ou par Nelson Mandela, le but de BLM n’est pas vraiment une réconciliation des races, mais la vengeance et l’abaissement des Blancs. On se rapproche presque du slogan « un colon, une balle » des extrémistes zoulous. Les élucubrations anti-blancs existent donc depuis longtemps, mais ce qui a changé depuis les années 1960 est le regard porté sur elles par la grande majorité des médias. Ceux-ci ont pris fait et cause pour BLM et appuient la moindre de leurs revendications mêmes les plus ridicules, sans recul, sans jugement. Ils jugent inadmissibles les critiques même de bon sens contre BLM tandis que les journalistes Blancs s’auto-incriminent et battent leur coulpe. On retrouve l’attitude des Soviétiques pendant les grandes purges qui admettaient sans sourciller les pires horreurs pour ne pas discréditer leur parti. Les médias ont transformé des idées autrefois marginales, racistes comme il en existe depuis le Néolithique dans toutes les communautés humaines, en des vérités incontournables. La haine anti-blanc ne prospère que parce que des journalistes (blancs) lui font un large écho. S’auto-flageller, se repentir pour ce qu’on est une tendance lourde chez l’humain. Peut-être est-ce une façon d’éloigner de soi le mauvais sort ?
Alexandre del Valle : La dédicace de votre livre à votre petite fille fait réfléchir…: « À Louise Dumont-de-Moliner, ma petite-fille, en espérant qu’elle vivra toute son existence dans une France ouverte, réellement démocratique où toutes les opinions, quelles qu’elles soient, de droite comme de gauche, seront autorisées.
Christian de MOLINER : oui j’ai voulu souligner le danger qui pèse sur notre société : j’ai vraiment peur qu’elle ne devienne hémiplégique, qu’être conservateur ne soit plus autorisé à l’avenir, qu’une sorte de ministère de la vérité ne se mette en place. On a déjà un avant-goût avec les fausses nouvelles traquées par les décodeurs partisans des médias. On décrète que certaines informations sont intrinsèquement fausses, on sermonne ceux qui leur accordent du crédit. On déclare qu’il existe une réalité intangible. Ainsi, on s’est moqué pendant des années des théories liées au Grand Remplacement, avant de concéder que la France s’était créolisée et que ceux qui parlaient de grand Remplacement avaient raison. De même les grands esprits de gauche nient l’insécurité et assurent, encore ces derniers mois par la bouche du Garde des sceaux, qu’elle n’était qu’un fantasme. Le résultat de ces dénis de réalité est une perte de confiance dans les médias, quels qu’ils soient. Si le Front National est aux portes du pouvoir, c’est en grande partie à cause de tous ces mensonges.
Alexandre del Valle : Finissons avec votre passionnant roman. votre héros obtient-il gain de cause ?
Christian de MOLINER : je laisse au lecteur le soin de le découvrir. En tout cas, il se bat jusqu’au bout, sans saisir les multiples perches qu’on lui tend. Le président de l’Université pourtant son ami et qui en privé défend les mêmes positions que lui, ne le soutiendra pas publiquement. Il cherchera juste à lui éviter une sanction trop sévère. Au vu des différentes affaires qui ont éclaté (Grenoble, Paty,…), c’est malheureusement la réaction de l’administration : s’écraser devant les exigences d’une minorité revendicatrice.
« La croisade du mal-pensant » de Christian de MOLINER, 196 pages, paru aux éditions Pierre-Guillaume de Roux 14 €
Peut être commandé sur les sites d’Amazon et de la Fnac et dans les librairies par l’intermédiaire de Cyberscribe.
Christian de Moliner, votre roman La Croisade du mal-pensant, publié récemment aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux, rencontre un écho tout particulier, ces derniers jours, avec l’affaire de « Sciences Po Grenoble »… À qui pensiez-vous, en créant le personnage de Samuel Meiersohn ?
J’ai écrit ce roman en février 2020, ou du moins, j’ai bâti l’intrigue et je l’ai couchée par écrit à cette époque. J’ai passé, ensuite, quelques mois à ajuster le style afin qu’il soit le plus percutant possible. Au lecteur de dire si j’ai rempli ou pas ce dernier objectif.
En février 2020, le mouvement Black Lives Matter n’existait pas encore et la cancel culturen’avait pas pris son envol. Un ami, qui avait lu une des premières versions de mon livre, m’a certifié qu’il trouvait son thème exagéré, invraisemblable et que, selon lui, ce roman n’intéresserait personne, si ce n’est quelques obsédés d’extrême droite. Pourtant, par rapport à l’explosion de l’intolérance qui a commencé à l’été 2020, La Croisade du mal-pensantreste un texte mesuré. Les adversaires de Samuel Meiersohn ne sont pas caricaturaux. Leurs arguments sont « recevables » pour qui partage la doxa de la bien-pensance, alors que, dans la réalité, la cancel culture a sombré depuis le début dans l’outrance et la démesure.
Vouloir nier que J.K. Rowling soit l’auteur de la saga Harry Potter parce qu’elle a « osé » affirmer qu’il y avait des femmes qui ont des règles et d’autres qui n’en ont pas est le sommet du ridicule. Pourtant, ceux qui émettent ce genre de fatwas n’ont pas conscience de l’absurdité de leurs ostracismes. Ce qui n’empêche pas les médias de les relayer avec complaisance et en dit long sur la déliquescence de la culture des journalistes et surtout de leur bon sens.
Quand j’ai écrit mon roman, j’avais en tête les réunions sans hommes ou sans Blancs organisées par des syndicats comme SUD. Je pensais également aux espaces protégés des universités américaines où les minorités peuvent se réfugier pour éviter d’être « agressées » par la majorité blanche. J’ai donc imaginé une faculté où une demande d’une salle sans Blancs est formulée, où seul un universitaire s’élève contre cette prétention en la rapprochant (avec raison ou abusivement, c’est au lecteur de trancher) de la volonté des nazis de créer des espaces sans Juifs. Mon héros a lui-même un huitième de sang israélite, mais le seul héritage de cette religion est son nom de famille. Pourtant, ses adversaires vont le ramener à ses origines en le traitant de « sioniste », qualificatif infamant pour eux et qui est le faux nez de l’antisémitisme.
L’affaire de Grenoble est bien plus grave, en réalité, que l’histoire contée dans mon roman. Mon héros provoque les « bien-pensants » et tient des propos que certains pourraient trouver excessifs. Or, l’un des deux professeurs est mis en cause – et a même été blâmé officiellement – pour avoir simplement affirmé qu’on ne pouvait mettre sur un même plan antisémitisme et islamophobie. Ce qui est une évidence pour quiconque est de bonne foi. Il a également dénoncé l’attitude de l’islam envers les femmes et établi une comparaison avec le christianisme où Jésus pardonne à la femme adultère. Ses propos relèvent de la critique d’une religion et leur légalité est garantie par notre Constitution.
En outre, en France, les actes antimusulmans sont bien moins nombreux que les actes antijuifs ou antichrétiens. Et on ne parle que rarement des incidents où des personnes d’origine maghrébine sont prises à partie violemment parce qu’elles ne portent pas le voile ou ne font pas le ramadan. Ces violences-là ne sont pas décomptées alors qu’elles sont particulièrement racistes.
En dehors des deux femmes qui traversent ce récit – dont la relative empathie semble plus procéder d’un réflexe naturel de compassion que d’un attachement réel au héros – aucun collègue, ami, proche ne lui tend la main… N’est-ce pas un regard bien noir sur la société ?
Difficile de vous répondre ! Un auteur est prisonnier de sa plume, il ne bâtit pas vraiment une intrigue de son plein gré, celle-ci lui est imposée par son inconscient ou, du moins, c’est ainsi que je procède. Une amie ayant lu la plupart de mes romans m’a fait remarquer qu’ils ont en commun la solitude de mes héros, luttant seuls contre leur destin. Dans le cas de Samuel, intervient également le poids de la bien-pensance qui a squatté le début du XXIe siècle. Malheur à quiconque sort des rails de la doxa officielle, personne ne l’aidera, de peur d’être aspiré dans sa chute. Cette censure totalitaire, triomphante et bien plus efficace que l’ancienne, celle qui, au XIXe siècle, luttait contre les accrocs à la morale bourgeoise et a essayé de faire condamner Baudelaire et Flaubert.
Votre livre se termine bien sombrement. Il n’y a donc pas de rédemption pour Samuel Meiersohn ?
J’ai senti que mon roman devait se terminer ainsi et pas autrement, que sa fin était logique. Elle est ouverte, chacun peut imaginer ce qui est arrivé à Samuel Meiersohn. La bien-pensance est un monstre froid, jusqu’à présent tout-puissant. Elle écrase ses adversaires après les avoir humiliés, voire dépouillés de leur humanité. On peut trouver sombre ma vision, mais on licencie désormais, aux États-Unis, des personnes pour leur opinion politique trop conservatrice ou même trop centriste ; le monde est vraiment devenu fou. Mon but, en écrivant ce roman, était de dénoncer, à mon niveau qui est modeste, cette folie pour, peut-être, un jour l’arrêter.
Christian Moliner a déjà publié plusieurs livres, dont certains ont valu à l’auteur des critiques sévères de ma part, notamment quand il envisage des enclaves islamistes en France, et une partition, pour éviter la guerre.
Raison de plus pour dire tout le bien que je pense de son dernier livre, intitulé “La croisade du mal-pensant”, édité chez le regretté Pierre-Guillaume de Roux qui vient de nous quitter.
L’histoire est fort simple. Elle se passe à Saint-Paul, qui ressemble beaucoup à Dijon. Le héros, Samuel, est un professeur d’université âgé de 63 ans, qui, bien que pouvant postuler à la retraite, espère pouvoir enseigner encore quatre ans. Tout simplement parce que sa vie est dramatiquement vide : pas de compagne, pas d’enfants, peu d’amis, et l’écriture d’un livre qu’il a commencé il y a plus de vingt ans, et qui paraît ne jamais devoir se terminer.
Avec les femmes, c’est peu brillant, un divorce, après la mort d’un enfant à la naissance, et une relation curieuse avec une femme d’origine syrienne, nettement plus jeune que lui, qui dure depuis quinze ans… sans sexe.
Sa vie bascule quand, un matin, en prenant son travail à l’université, il voit une femme voilée distribuer un tract, où il est écrit que les racisés ont besoin de pouvoir disposer de salles où les Blancs seraient exclus.
Cet homme, qui déteste les gauchistes et leurs idées, mais les a toujours subis sans réagir à leur main-mise sur la faculté, décide qu’il ne peut accepter ce qu’il considère comme un tract raciste.
Lui, si calme d’habitude, hurle contre l’étudiante, et la vire du couloir, estimant que le racisme est interdit par la République.
Il apprendra, après un tel épisode, que sa vie ne sera plus jamais comme avant. Il deviendra la cible de Zaynab N’Golo, l’Indigéniste de service, et de ses troupes de choc. Et comme, non seulement il refuse de s’excuser, mais qu’il persiste et signe, et décide, à 63 ans, de ne plus baisser la tête et de rendre coups pour coups, cela lui promet de joyeux lendemains.
Un livre plein d’actualité, un roman – hélas – fort crédible, après l’affaire du professeur de philosophie de Trappes, et surtout des deux enseignants de la faculté de Grenoble, pointés du doigt et dénoncés nominativement par les islamo-gauchistes, avec le soutien de la hiérarchie de l’Education nationale.
Un livre agréable à lire, qui se lit vite, et qui nous confirme, hélas, que, dans les universités, il faut être très courageux, ou fort bien organisé, pour résister au nouveau fascisme et au nouveau racisme qui y fait la loi.
Jeanne Bourdillon
Christian de Moliner, La croisade du mal-pensant, Éditions Pierre-Guillaume Le Roux, 2021, 206 pages.
Christian de Moliner, que nos lecteurs connaissent sans doute puisqu’il écrit souvent sur Breizh-info, vient de sortir un livre intitulé « la croisade du mal pensant » aux éditions Pierre-Guillaume de Roux.
Voici la présentation du livre :
Samuel Meiersohn, un universitaire désabusé et proche de la retraite, entame une croisade contre des étudiants et des professeurs « racisés » qui veulent créer au sein de sa faculté, un espace sans Blancs. Rejetant le prétendu « privilège blanc », il va se heurter à son administration et à la démission de la société française si prompte en 2019 à accepter les thèses radicales, aussi absurdes qu’elles soient.
La croisade du mal-pensant est un roman passionnant et mélancolique qui brosse le portrait tout en nuances d’un homme au soir de sa vie.
Nous avons interroge l’auteur au sujet du livre.
Breizh info : votre roman « la croisade du mal-pensant » évoque la cancel culture, le prétendu privilège blanc, la volonté des racialistes d’interdire certains lieux aux Blancs. Avez-vous été inspiré par la déferlante Black Lives Matter ?
Christian de MOLINER : en fait non : j’ai écrit ce roman en février 2020, bien avant la vague de l’été 2020. Le phénomène était déjà sous-jacent. Black Lives Matter n’a fait que le rendre visible.
Breizh info : le titre de votre ouvrage utilise le mot « croisade ». C’est un terme fort.
Christian de MOLINER : il évoque d’une part le côté sacré de la mission que se donne mon personnage principal, lutter contre les racialistes qui veulent créer un espace sans Blancs au sein de la faculté où il exerce. En même temps, il est lié au pensum auquel « mon héros » Samuel Meiersohn consacre une grande partie de son temps libre depuis 15 ans. Historien de formation, il écrit un ouvrage sur les croisades en choisissant une perspective uchronique. Que se serait-il passé si les croisés l’avaient emporté à Harran en 1104 ? Si Saladin avait été tué à Montsigard en 1177 ? Samuel baigne dans l’esprit des croisades et naturellement il assimile son combat à celles-ci. Sans réfléchir, sans penser aux conséquences, il se lève et se lance dans une lutte qu’il n’a pratiquement aucune chance de remporter parce qu’il l’estime juste et nécessaire.
Breizh info : ce qui je trouve frappant dans votre roman, c’est la démission totale de la hiérarchie de Samuel. « Pas de vagues » est le slogan de la direction.
Christian de MOLINER : en effet, c’est malheureusement le reflet de la société actuelle. Les racialistes et les racisés imposent leurs délires sans rencontrer d’opposition. Ils organisent des réunions excluant les Blancs sans être poursuivis par la justice. Des locaux sont prêtés par les universités sans sourciller pour un usage qui contrevient d’une manière grave à la loi. Quand des activistes décident d’interdire une pièce ou la conférence d’un orateur qui leur déplaît, les doyens de facultés annulent ces manifestations sans état d’âme, sans résister. Marc, le président de l’université de Samuel partage les vues de ce dernier, pense comme lui, pourtant il le désavoue totalement. Il ne le soutient pas. Il cherche juste à lui éviter les conséquences les plus funestes. Marc pratique sans vergogne la politique des accommodements raisonnables, qui en fait ne le sont pas et cachent mal une capitulation totale. En cela, son comportement est typique de beaucoup de responsables actuels qui sont paralysés face au racialisme. Il suffirait que tous ensemble ils se lèvent pour dire « non », pour que la farce prenne fin, mais ils se couchent et accèdent à toutes les demandes même les plus saugrenues.
Breizh info : dans votre livre, vous qualifiez les racialistes de racistes.
Christian de MOLINER : oui en effet. Prétendre qu’un être humain du fait de sa couleur de peau blanche, serait nécessairement arrogant, méprisant ou posséderait je ne sais quel défaut lié à sa « race » est une attitude abjecte et est caractéristique du racisme. La prétendue « race », la couleur de peau n’ont rien à voir avec les qualités d’une personne et affirmer le contraire est passible des tribunaux. Hélas, personne ne poursuit les racialistes pour ce qu’ils sont : de vulgaires racistes. Si on le faisait systématiquement cette idéologie mortifère serait en recul. Le pire est la complaisance avec laquelle ces thèses malsaines sont accueillies par les « élites ». Une grande entreprise américaine a ainsi organisé des séminaires pour apprendre à ses employés leucodermes à être moins blancs. Ses dirigeants, ceux qui ont permis ce délire, devraient à mon sens être jugés et être sévèrement condamnés. Imaginez que dans les années 30, une société ait mis sur pied un stage pour que ses employés professant la religion de Moïse apprennent à être moins juifs ? Nous aurions touché l’horreur absolue, le racisme le plus abject. Il n’y a pourtant absolument aucune différence avec le stage organisé pour apprendre comment être moins blanc.
Breizh info : à côté de la lutte de Samuel contre un espace excluant les Blancs, « La croisade du mal-pensant » développe une intrigue assez triste, voire poignante. Est-elle inspirée par votre propre vie ?
Christian de MOLINER : pas du tout!Heureusement pour moi! Présenter la vie personnelle de Samuel Meiersohn était à mon sens une nécessité, car elle ne se dissocie guère de son combat contre la cancel Culture. C’est aussi en partie parce qu’il se sent dans une impasse qu’il se révolte contre les racialistes. Je me suis efforcé de dresser des portraits psychologiques crédibles de mes différents personnages. Au lecteur de dire si j’ai réussi.
Propos recueillis par YV
Photo d’illustration : DR [cc] BREIZH-INFO.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
Par LIBRE-LIVRE Rubrique SHOPPING, le 01 Mars 2021
Un roman ultra contemporain en résonance avec l’actualité immédiate autour du « racialisme ».
Le héros, courageux professeur accusé de non complaisance avec l’idéologie militante des « racisés », nous remémore celle tragique de Samuel Paty face au totalitarisme islamiste.
Une fresque lucide et subtile des conflits générationnels et civilisationnels qui ébranlent nos sociétés.
Un personnage au premier abord sans charisme auquel on s’attache et on s’identifie au fil des pages.
Une histoire qui nous tient en haleine jusqu’à son épilogue sanglant.
Un roman passionnant et mélancolique qui brosse le portrait tout en nuances d’un professeur au soir de sa vie.
Samuel Meiersohn, un universitaire désabusé et proche de la retraite, entame une croisade contre des étudiants et des professeurs « racisés » qui veulent créer au sein de sa faculté, un espace sans Blancs. Rejetant le prétendu « privilège blanc », il va se heurter à son administration et à la démission de la société française si prompte en 2019 à accepter les thèses radicales, aussi absurdes qu’elles soient.
» Une étudiante s’approcha de lui et lui tendit un tract qu’il prit. (…) il résistait à l’injonction bien- pensante de confondre allègrement progressisme, sens de l’histoire et usages islamiques. »
Auteur:
Christian de Moliner a publié aux éditions Pierre-Guillaume de Roux un autre romanLa Guerre de France (2018) et un essai Islamisme radical. Comment sortir de l’impasse ? (2019). Collaborateur au Figarovox, Causeur, Boulevard Voltaire, Breizh info …mondialement connu pour avoir créé le buzz en imaginant la partition de la France dès 2018 – (Moliner est plus célèbre en Russie, Angleterre, Hongrie, Roumanie, Italie, Allemagne etc qu’en France), ses essais de citoyen engagé dans l’analyse des problèmes du vivre-ensemble de son époque nourrissent l’inspiration de ses romans de politique-fiction, et réciproquement afin de former une œuvre littéraire cohérente et forte.
Agrégé de mathématiques et passionné d’histoire, ses connaissances pointues sur l’islam impressionnent beaucoup ses interlocuteurs.