TRES GRAND COCKTAIL MERCREDI 19 SEPTEMBRE à 18 h à l’ESPACE DES FEMMES ( + dédicace de Wassyla Tamzali) – VENEZ NOMBREUX !!! TOUT LE MONDE PEUT VENIR !!!

Bonjour à tous et à toutes ! Voici l’émile le plus réjouissant de votre boite à lettres aujourd’hui (avec des petits fours !!!), et quel plaisir pour moi de vous faire plaisir en vous l’envoyant !

Vous avez gagné une invitation à rencontrer Wassyla Tamzali (auteur de « Une éducation algérienne – De la révolution à la décennie noire », juste paru) et Antoinette Fouque ce mercredi 19 septembre ! (et ce n’est même pas un canulard, ni un spam ! La preuve : le carton est en pièce jointe !)

La miss Tamzali est une auteur Gallimard (personne n’est parfait), mais comme on est une maison bien sympa (YESSSSS !!!), c’est dans notre splendide librairie Des femmes que la dédicace de son nouveau livre se déroulera à partir de 18 heures.

Ce n’est pas tout ! Puisqu’Antoinette Fouque, liée d’amitié à Wassyla Tamzali depuis des années, vous offrira un cocktail à l’Espace Des femmes (c’est très beau et très grand : à découvrir absolument – au moins comme touriste ! – si vous ne connaissez pas encore ce nouveau haut-lieu de la culture situé au coeur de Saint-Germain-Des-Prés), touchant la librairie, à la fin de la dédicace !

Je récapitule :
* Le lieu : 35 rue Jacob, Paris 6ème.
* L’heure : 18 h pour la dédicace de Wassyla Tamzali.
* Le champagne, les toasts, le miam miam etc : idem et beaucoup plus tard
* Le sujet du livre dédicacé par Wassyla Tamzali :Wassyla Tamzali a vingt ans en 1962, au moment de l’indépendance de l’Algérie. Elle est issue d’une famille de notables, riches propriétaires de pressoirs commerçant l’huile avec l’étranger. Ses ancêtres paternels viennent de l’empire Ottoman. Sa mère est espagnole. Sa jeunesse ne lui a laissé que des souvenirs de bonheur et de soleil. La guerre, l’indépendance, puis la réforme agraire et la nationalisation des propriétés familiales vont tout changer. Tout bascule en 1957, le jour où son père est assassiné par une toute jeune recrue du FLN. Le livre s’ouvre sur ce drame et se ferme à l’issue de l’enquête de toute une vie sur le « pourquoi » de ce meurtre. Pour l’auteur, l’assassinat du fils aîné d’une famille qui, bien qu’algérienne, dominait la ville, habitait une ferme coloniale et vivait « à la française » ne pouvait avoir qu’une signification : la revanche des tribus. La mère de Wassyla décide malgré tout de rester à Alger plutôt que de choisir l’exil. L’auteur s’enthousiasme alors pour la construction de l’Algérie nouvelle, fréquente le petit monde en ébullition de la Cinémathèque d’Alger, participe aux élans de la révolution, avant de céder devant les désillusions du socialisme réel et la répression et de choisir l’exil à Paris, où elle rejoint l’Unesco. Pendant vingt ans, l’auteur y mène de nombreux combats pour les droits des femmes, dont elle devient une porte-parole estimée.

Enfin, l’excellente émission littéraire du mardi 4 septembre, de 20 h à 22 h, « Parlez-moi la vie », sur idFM98 (radio 98.0 FM et internet http://www.idfm98.fr – capacité de 9 millions d’auditeurs) animée par la romancière, auteure dramatique et critique littéraire Jocelyne Sauvard, et dont Antoinette Fouque et François Guéry ont été les invités est disponible à l’écoute ici : http://www.jocelynesauvard.fr en page……… Radio ! (qui l’aurait deviné ? Un bon point ! Venir au cocktail mercredi en annonçant au personnel de service « Guilaine m’a donné un bon point, je suis prioritaire dans le choix des petits fours »)
A très vite ! Venez massivement ! Emmenez vos zamis !!!!

Ces écrits par voix de femmes (texte d’Antoinette Fouque sur la Bibliothèque des Voix) (1981)

ecouter.jpglivre-sur-place-2008.jpgJe voulais dédier ces premiers livres-parlants à ma mère, Vincente. A quatre-vingt-deux ans, elle dit avoir souffert toute sa vie, et souffrir encore de n’avoir pu aller à l’école apprendre à lire et à écrire. Fille aînée d’immigrants, vouée à s’occuper des plus petits ; même au cinéma, avant qu’il soit parlant, elle avait à lire sans savoir.
Ces premiers livres parlants, je les donne aussi à ma fille Vincente. A dix-sept ans, elle se plaint encore de ne pas arriver à lire et de devoir lire sans pouvoir.
… à toutes celles soumises aux innombrables servitudes, aux multiples travestis, qui entre interdit et inhibition ne trouvent ni le temps, ni la liberté de prendre un livre.
… à nous, entre plus de deux âges, souvent encore errantes, toujours migrantes, déjà mutantes, femmes en mouvements, ces écrits par voix de femmes pour prendre, apprendre et reprendre ces signes.
Et ainsi, mots à rythmes, lignes à souffles, ponctuations à sons, de l’une à l’autre langue, l’apprentissage passe : de la bouche à la forme et de l’entendu au juste, pas à pas, phrase à phrase, de prochaine à lointaine, d’ici à autrefois, ainsi peut-être se dénoue et s’apaise la vieille rancune, se résout l’ancien conflit, amour et haine, se déjoue l’oppression mortelle ; et de partagées nous instruit partageantes, la trame vivante d’un texte inédit où la main et la voix, l’oreille et le regard s’enlacent et se déprennent.
A.F. Des femmes en mouvements hebdo, n°53-54, 7 août 1981

Ce soir, Antoinette Fouque et François Guéry sur les ondes idFM 98

Il s’agit pour moi, avant d’aborder le sujet des Prix littéraires, de vous signaler que mardi 4 septembre, de 20 h à 22 h, l’émission littéraire « Parlez-moi la vie », sur idFM98 (radio 98.0 FM et internet http://www.idfm98.fr) animée par la romancière, auteure dramatique et critique littéraire Jocelyne Sauvard, sera entièrement consacrée à Antoinette Fouque selon le schème suivant :

Première partie : A la rencontre d’Antoinette Fouque : l’auteur de « Gravidanza » (argumentaire en pièce jointe) s’étendra sur l’écriture, la poésie, Proust, bien sûr, sur la pro-création etc

– Deuxième partie : Le petit monde d’Antoinette, avec François Guéry, qui parlera d’Antoinette Fouque éditrice, et de son livre: « Lou Salomé, génie de la vie » (argumentaire en pièce jointe).
Par la suite, vous pourrez retrouver des extraits à écouter dans la rubrique radio du site de la journaliste http://www.jocelynesauvard.fr

Texte figurant dans le catalogue des trente ans des éditions Des femmes sur la Bibliothèque des Voix

En 1980, Antoinette Fouque crée la collection « écrire, entendre », qui deviendra plus tard la Bibliothèque des voix :

« Faire des livres parlants, c’est une anamnèse ; c’est lever l’amnésie sur la première voix. La voix, porteuse de naissance et de réminiscence, la voix porteuse de jouissance. La voix qui est l’attente et l’espérance du texte. La voix générique, la voix génitrice, genuine, la voix généreuse enfante le texte, la voix donne génie au texte. C’est le lait et le placenta, c’est la chair et la vive voix. Comme la soif enseigne l’eau, le texte vivant enseigne la voix, hors de tout regard, la double voix de la femme en puissance d’autre s’alterne et désaltère le texte. »
 
Parmi les premiers titres : Une femme de Sibilla Aleramo, lu par Emmanuelle Riva ; Préparatifs de noces au-delà de l’abîme de Hélène Cixous, lu par l’auteure ; Trois Guinées de Virginia Woolf, lu par Coline Serreau ; Hosto-Blues de Victoria Thérame lu par Michèle Moretti…
 
En 1983, au Salon du livre de Paris, Simone Benmussa, Benoite Groult et Michèle Morgan sont présentes lors d’un débat sur la collection.
 
En novembre de la même année, Michèle Morgan rencontre ses admirateurs à la Librairie des femmes de Lyon. Elle vient d’enregistrer La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette et La Naissance du jour de Colette.
Au cours des années suivantes, Nathalie Sarraute, Julien Gracq, Françoise Sagan, Georges Duby, Catherine Deneuve, Fanny Ardant, Isabelle Huppert… enregistrent tour à tour pour la Bibliothèque des voix.
Certaines auteures et actrices seront présentes lors de la cérémonie des awards remis à des femmes exceptionnelles, le 8 mars 1990, à la Sorbonne. Marie-Christine Barrault parlera d’Aung San Suu Kyi au journal télévisé. Les unes et les autres accompagnent les mobilisations de ces dernières années : contre les viols de guerre en ex-Yougoslavie plusieurs d’entre elles ont enregistré un CD. Pour la démocratie en Algérie. Contre la misogynie. Pétitions, événements politiques et culturels, les trouvent à nos côtés. Pour des anniversaires aussi, et des mises à l’honneur.

ANTOINETTE FOUQUE, AVANT-GARDISTE DES PREOCCUPATIONS DES FEMMES

Antoinette Fouque, qui vit principalement dans le sud de la France, sera exceptionnellement présente à Paris du 15 au 21 septembre.

Sur la flagrante actualité de sa pensée en cette rentrée littéraire :

Lors de la rentrée littéraire de 2007, le thème de la maternité abordé par des écrivains femmes (Marie Darrieussecq – auteur d’un livre, Claire dans la forêt, aux éditions Des femmes (argumentaire en pièce jointe) ainsi que du Bébé, lu par Lio dans un livre audio aux éditions Des femmes (argumentaire en pièce jointe) / Camille Laurens / Mazarine Pingeot) occupe presque intégralement le devant de la scène médiatique. Est ainsi accordée à la « gravidanza » (la « grossesse » – titre du dernier livre d’Antoinette Fouque, « Gravidanza« ), l’importance majeure qu’Antoinette Fouque n’a eu de cesse de mettre en lumière dès l’aurore de sa vie intellectuelle. C’est d’ailleurs autour de la pro-création, l’articulation procréation-création / création-procréation que les éditions Des femmes trouvent leur première raison d’exister.

Antoinette Fouque a choisi d’explorer par la psychanalyse et la philosophie la pente la plus aride de la pensée : l’impensable de l’expérience de la grossesse. La pro-création – tout l’enjeu de la création artistique (ou du moins la théorie de ce qu’elle doit être) résidant selon elle dans la mimésique de la procréation vivante.

Depuis 40 ans, Antoinette Fouque se situe donc à l’avant-garde de ce qui préoccupe les femmes. Héritière de ce que mai 68 a rendu pensable, c’est de la gratitude qu’elle éprouve notamment pour les femmes de la nouvelle génération (Darrieussecq, Pingeot) qui reposent les mêmes questions. Avec la loi sur la contraception en 1967 et la loi sur l’avortement en 1974, la maîtrise de la fécondité a donné aux femmes un droit sur la possibilité d’enfanter, permettant de lever un interdit sur la pensée. La libération de la pensée – iie de la chair – comme l’affirmation de l’existence de la « libido creandi » des femmes restent au coeur de la problématique actuelle.

Antoinette Fouque par Aurélie Jacques (« Le Point »)

L’article qui m’a causé la plus jolie surprise est sans doute celui d’Aurélie Jacques dans Le Point du 30 août, « La dernière féministe ». En effet, contrairement à ses consoeurs du Nouvel Observateur et de Valeurs actuelles, cette jeune journaliste a réalisé le tour de force de saisir la quintessence des essais de féminologie d’Antoinette Fouque, sans jamais l’avoir côtoyée dans le passé. Du grand professionnalisme, chapeau !

Le Point 30 août 2007

Essai – La dernière féministe

Fondatrice du MLF et des éditions Des femmes, Antoinette Fouque développe depuis près de quarante ans une réflexion exigeante et singulière. Regroupant des textes des années 70 à nos jours, « Gravidanza », le deuxième tome de ses essais de « féminologie », en retrace les principaux jalons.

Fondés sur une psychanalyse critique qui prend pour cible la conception freudienne d’une libido qui ne serait que phallique, ses écrits affirment au contraire l’existence d’une « libido creandi » : la femme n’est pas un homme comme les autres puisqu’elle procrée. « En ne pensant pas la différence entre les sexes, le féminisme renforce la clôture patriarcale », affirme Antoinette Fouque. Le concept freudien d’envie de pénis chez les petites filles fait écran à ce qu’elle nomme l’envie d’utérus chez les garçons. « Les femmes enfantent et les hommes font pipi debout. C’est incroyable que ce soit eux qui en aient tiré le plus de gloire ! » s’exclame t-elle avec humour. Source de misogynie, cette envie d’utérus doit être dépassée. C’est, selon la psychanalyste, l’enjeu du siècle à venir.

Aurélie Jacques

« Gravidanza. Féminologie II », d’Antoinette Fouque (éditions Des femmes, 296 pages, 15 E)

Précisions

« La sclérose en plaques est une maladie du système nerveux central, avec des symptômes spécifiques. Je n’en suis en aucun cas atteinte. Merci de bien vouloir rectifier cette erreur. » Antoinette Fouque Nouvel Obs du 30 août 2007

Gravidanza par Christine Clerc (« Valeurs Actuelles »)

La seconde preuve d’admiration et de reconnaissance du mois d’août pour Antoinette Fouque et son oeuvre nous est parvenue le 24 août dans Valeurs actuelles grâce à la talentueuse plume de la fidèle Christine Clerc, rendant hommage à l’auteur de « Gravidanza » dans sa rubrique, « Carnets de campagne », située comme celle de Catherine David en début d’hebdomadaire.

Valeurs Actuelles n° 3691 paru le 24 Août 2007

CARNETS DE CAMPAGNE
PAR CHRISTINE CLERC

Les illusions françaises

Peut-être parce qu’on s’est longtemps moqué d’Angela Merkel – que le géant Helmut Kohl appelait « la souris grise » –, je me suis prise d’affection pour elle, la chancelière allemande, que j’appellerais plutôt “la petite oursonne”. Sa photo en train d’acheter des oranges dans un supermarché avant de partir en randonnée dans les Dolomites – où elle a dormi avec son mari dans des refuges à 50 euros la nuit – m’a enchantée comme elle a enchanté l’éditorialiste du Bild Zeitung, qui voit dans cette « femme simple », une « femme de rêve ». Comme la plupart des Français, pourtant, je suis sensible aux fastes de notre monarchie républicaine. Mais j’envie cette Allemagne moderne, qui n’a pas besoin de voir incarnées par ses dirigeants sa richesse et sa puissance et qui, ses rudes réformes sur le temps de travail et la retraite avalées, marche d’un pas tranquille, même pas gênée par un euro trop fort. La façon dont “Angela” a répondu à son ami “Nicolas”, notre président, qui avait cru pouvoir lui adresser le même genre de “lettre de mission” qu’à ses ministres et lui dicter les mesures à prendre, comme présidente du G7, pour arriver à une meilleure transparence des marchés ! Ce “niet” en trois mots (« Une réunion extraordinaire ne me paraît pas nécessaire ») en dit long sur le rapport de force entre nos deux pays. Helmut Kohl, qu’on vit pleurer aux obsèques de son ami François Mitterrand, mais qui s’irritait parfois du ton supérieur du président français et de sa « bouche pincée », avait prévenu : il serait le dernier chancelier “catholique romain” disposé à nous faire des concessions…

Il arrive aux syndicats de la SNCF ce qui est arrivé aux indépendantistes corses : pendant des décennies, l’employée marseillaise, l’ouvrière du Nord ou la caissière du supermarché parisien payées au Smic se sont senties solidaires de leurs luttes parce qu’elles ont cru subir le même niveau de revenus, les mêmes conditions de travail et de vie. Mais un beau jour, elles ont découvert la vérité : l’État distribue à la Corse plus de subventions et pensions par habitant qu’à aucun autre département français. Tout ça pour voir se multiplier les attentats imbéciles ! Quant aux salariés de la SNCF, ils bénéficient d’avantages – primes, âge de la retraite, etc. – que pourraient leur envier bien des salariés du privé, régulièrement pris en otages par les grévistes des transports. Voilà pourquoi, sauf maladresse du gouvernement, une écrasante majorité de Français soutiendra la réforme, tant attendue, du service minimum. Un bon point pour le premier ministre François Fillon qu’on disait disparu.

Premiers livres de la rentrée : deux ouvrages de femmes, tous deux sur le thème de la maternité. Dans Gravidanza (“grossesse”), Antoinette Fouque, cofondatrice en 1968 d’un MLF qu’on avait cru surtout militant pour l’avortement, poursuit une réflexion entamée dans un précédent essai (Il y a deux sexes) et qui inspira plusieurs philosophes anti-Simone de Beauvoir comme Sylviane Agacinski-Jospin. Oui, démontre la fondatrice des Éditions des femmes, « on naît femme » et il existe bien une « nature féminine », qui s’accomplit dans l’enfantement. Avec brio, Antoinette renvoie dos à dos le grand-père Freud et sa théorie de « l’envie du pénis » qui frustrerait tant les petites filles, et l’oncle Lacan, si persuadé qu’il n’existe « qu’une libido » – et qu’un cerveau, forcément mâle – qu’il en concluait : « La femme n’existe pas. » Il fallait oser affronter ces ayatollahs de la psychanalyse avec leurs propres armes !

Il a fallu bien de l’audace aussi à Mazarine Pingeot pour publier, alors qu’elle est enceinte d’un second enfant, le Cimetière des poupées, roman d’une femme mal aimée et qui finit par tuer ses enfants et par enfermer leurs petits corps dans un congélateur, comme l’a fait l’énigmatique et monstrueuse Véronique Courjault. Que n’a-t-on reproché à la fille de François Mitterrand ! D’exploiter un fait divers particulièrement atroce. D’attenter à la vie privée des Courjault… Comme si, de Stendhal à Marguerite Duras en passant par Truman Capote, les romanciers ne s’étaient pas – très souvent – inspirés d’histoires authentiques de leur époque. Comme si le mythe de la mère infanticide n’était pas, depuis Médée, l’un des plus obsédants. En tout cas, l’agrégée de lettres Mazarine Pingeot le traite sous la forme d’une série de lettres de l’épouse privée de tendresse au père de ses enfants, dans un style à la fois sobre, sensible et très prenant – sans racolage. Un vrai travail de romancier. Qu’on lui fiche donc la paix avec sa propre enfance !

Retour à Paris. Ciel noir. Restaurants vides. Marché morose, même si les maras des bois y sont moins chères qu’en Provence. La seule note de gaieté, ce sont les cyclistes sifflotant sous la pluie en grimpant le boulevard Raspail sur leur Vélib’. Une idée géniale (venue de Lyon), ces Vélib’. Suffira-t-elle à faire réélire Bertrand Delanoë, alors que tant d’autres initiatives coûteuses prises par le maire socialiste de Paris sous la pression des Verts n’ont fait qu’aggraver les embouteillages, la pollution et le nombre d’accidents de piétons ? Et alors qu’aucun grand projet pour le développement économique et le rayonnement culturel de la capitale n’a vu le jour en cinq ans ? Ce serait une preuve de plus – après Paris Plage, dont les camions ont fini d’emporter les palmiers chiffonnés par la pluie – que seuls comptent les divertissements.

En attendant, fini de jouer avec les images de vacances. De retour d’Amérique bronzé et remonté à bloc – comme s’il lui tardait de se réinstaller dans les meubles du général de Gaulle –, Nicolas Sarkozy multiplie les réunions : sur le pouvoir d’achat, la croissance… Angoissante impression de déjà-vu. Je relis mes carnets de 1981. Fin août : de foire-expo en braderie, le premier ministre Pierre Mauroy répète, en levant les bras tandis que le président François Mitterrand hoche la tête : « La reprise arrive ! Elle est là ! Il faut y croire. » 30 septembre : le déficit budgétaire atteint 95 milliards de francs. 5 octobre : le franc est dévalué de 3 %, le mark réévalué de 5,5 %. L’année 1995, maintenant. Août : les rentrées fiscales sont en chute. La hausse de la TVA ne suffira pas à combler le trou. 29 septembre : au Havre, le président Jacques Chirac proclame sa volonté de réformer : « J’ai le temps et j’aurai le courage. » 9 octobre : tempête sur le franc. Le gouverneur Jean-Claude Trichet fait savoir que la Banque de France doit relever son taux plafond. Les projets de salaire maternel et d’allocation aux personnes dépendantes seront revus à la baisse…
En dépit de la “rupture”, la pièce ne semble pas avoir tellement changé. Le décor non plus. Seuls les acteurs… à l’exception de Trichet, aujourd’hui président de la Banque centrale européenne, que nous retrouvons, juste un peu plus gris, dans le rôle du commandeur… et du bouc émissaire de nos présidents. On pourrait l’appeler, cette tragi-comédie, “les Illusions françaises”. Mais espérons encore un peu : la météo annonce du soleil pour le week-end prochain.
Le gaz a été coupé dans mon immeuble. Tout l’été, des marteaux-piqueurs ont défoncé les trottoirs parisiens pour changer les conduites souterraines. Pas une goutte d’eau chaude pour prendre un bain. Je peste contre Gaz de France, qui a trouvé malin une fois de plus de me fixer un rendez-vous le 14 août et qui traite décidément ses clients en administrés, lorsque je découvre dans mon courrier un numéro d’appel “Dépannage gaz”. On est dimanche, 18 heures. Sans illusion, je compose quand même le numéro. Surprise : un employé me répond et, quarante-cinq minutes plus tard, un technicien vient remettre ma chaudière en marche. Ce n’est pas en Italie, pas en Angleterre, pas même en Allemagne qu’on verrait ça ! « Bravo le service public ! » dis-je à l’homme en combinaison bleue en le remerciant. « Profitez-en, me répond-il. Il n’y en a plus pour longtemps. »