Catégorie : Bourin éditeur
Laureline Amanieux, superbe lectrice d’Antoinette Fouque (www.agoravox.fr 15.01.10)
« Qui êtes-vous Antoinette Fouque ? » sur Agoravox – Par Laureline Amanieux (15.01.10)
Que la femme soit surtout un mouvement, celui qui est propre à l’enfantement au sens réel ou symbolique. Antoinette Fouque fait cette superbe proposition de parler d’un génie de l’enfantement comme on parle d’un génie masculin pour telle ou telle invention matérielle ou intellectuelle, car « vous revivez sur le mode actif ce que vous avez vécu passivement ». De fait, les femmes sont des héroïnes aussi en tant que portant un enfant, et l’élevant ; la grossesse est un paradigme de l’éthique pour madame Fouque car la femme accueille alors un autre en soi, sans même connaître son visage, ce qu’elle nomme « l’hospitalité charnelle » qui renouvelle l’humanité. Aussi Antoinette Fouque défend-elle autant le droit à l’avortement que la grossesse choisie, que la gestation pour autrui (GAP), comme don qu’une femme peut faire à une autre femme en portant leur enfant dans un encadrement éthique, sans aucune dimension marchande. Et les femmes possèdent aussi un génie dans les autres domaines.
A aucun moment, la pensée d’Antoinette Fouque n’élimine ou ne réduit les fondamentaux des hommes. En permanence, elle cherche un rééquilibrage qui n’annule pas leur différence, un « contrat humain » de respect et confiance entre hommes et femmes. Par rapport aux courants féministes qui prônent l’indifférenciation sexuelle ou rejettent le matriciel, la particularité d’Antoinette Fouque est de marteler « qu’il y a deux sexes », ce qui définit pour chacun un ensemble de capacités et pour les deux, une complémentarité.
Bien sûr c’est sur le rôle féminin qu’elle insiste ; c’est celui qui a été limité au cours de l’Histoire et qui l’est encore dans le monde comme en France. Face au littéraire Barthes qui définissait le féminin comme « passif » au psychanalyste Lacan qui considérait qu’ « elle n’existe pas » dans notre champ symbolique, Antoinette Fouque investit tour à tour la pensée et l’inconscient pour y déterminer l’existence d’une femme active. A côté des trois stades libidinaux déterminés par Freud, elle en ajoute un quatrième : celui de la génitalité, la libido creandi, cette puissance d’engendrer propre à la femme. A l’âge où l’écrivain Balzac considérait la femme vieille, « trente ans », Antoinette Fouque choisit de parler de seconde naissance : à 32 ans, elle co-fonde le MLF (Mouvement de Libération des Femmes).
A une femme représentée par ses seins et ses fesses, sa beauté réelle mais extérieure, des auteurs comme elle pensent plutôt l’intériorité de la femme et valorisent son Vagin et son Utérus. Eve Ensler, dans le texte théâtral et l’engagement politique, a popularisé le mot « vagin » et créé le mouvement des « guerrières du vagin ». « Les Monologues du Vagin » sont toujours à l’affiche au théâtre Michel à Paris. Antoinette Fouque revendique l’Utérus naturel, contre la recherche scientifique pour créer un utérus artificiel, arrachant ainsi aux femmes leur génie premier et privant l’enfant de la transmission d’inconscient à inconscient. Comme les psychanalystes ont parlé d’envie du pénis chez la petite fille, madame Fouque théorise « l’envie de l’utérus » qui « devrait se transformer en admiration de l’utérus et en gratitude envers son oeuvre ».
Elle appelle à « chercher une transmission symbolique équivalente, paritaire à la symbolisation monothéiste, dieu, père et fils ». Elle la lit à son tour dans les mythes grecs : Zeus qui avale Métis enceinte pour accoucher d’Athéna jusqu’aux religions monothéistes qui éliminent la Terre-mère etc… pour favoriser une création ex-nihilo qui a évacué la femme ou inverser les rôles (Eve naissant de la côte d’Adam…).
Je sors ici du livre d’entretiens « Qui êtes-vous ? Antoinette Fouque », avec Christophe Bourseiller, pour rappeler ceci. Notre Histoire l’avait oublié mais l’archéologie le redécouvre : abondances de statuettes de femmes qui mettent en valeur le ventre de la grossesse datant de 9000 ans avant J.C., ou de sigles sur les pierres exprimant le V de la vulve, ou d’autres signes associés à la femme comme le serpent symbole d’éternité et de renouvellement, lié à la Terre dont il émerge et dans laquelle il revient, autant d’images symboliquement détournées dans les siècles suivant en imaginaire du mal (cf « Le Langage de la Déesse » de Marija Gimbutas, éditions Des femmes, 2005, que je recommande tout particulièrement)
A chaque époque, les grands mythes de l’humanité sont réécrits : Fouque nous incite à déplacer notre regard aujourd’hui vers la femme. Les courants écologistes en valorisant de nouveau la figure grecque de Gaïa, déesse de la Terre-mère créatrice de vie avant la formation du panthéon dirigé par Zeus, remettent à l’ordre du jour l’image symbolique d’un féminin originel pour nous inciter à modifier nos comportements.
Revenons aux entretiens d’Antoinette Fouque. Faire un détour symbolique par des référents mythologiques, ce n’est pas chercher à développer une croyance nouvelle autour d’une déesse par opposition au dieu masculin des trois religions monothéistes. Antoinette Fouque pense la femme dans la laïcité, en dehors de toute réappropriation par un pouvoir religieux ou politique. La femme peut être la plus grande ennemie d’elle-même, quand elle défend des valeurs qui l’emprisonnent et un pouvoir qui la domestique : la renvoyant à une infériorité de salaire, un manque d’utilité, et à des craintes d’infidélité par exemple. A l’inverse, des hommes appellent à sa pleine libération, et Antoinette Fouque de citer un magistral extrait du poète Rimbaud. La femme est en mouvement vers son accomplissement, et doit rester dans ce mouvement.
Dans ces entretiens, on découvre donc une pensée vaste, audacieuse qui se décline en actions concrètes. Car où symbolise-t-on ? Dans les récits, nos histoires à lire tous les jours comme les grandes histoires que sont les mythes de l’humanité. Alors Antoinette Fouque a créé les éditions des Femmes pour encourager les récits sur les femmes par des femmes, et rendre visible leur art littéraire ; elle a fondé l’espace des Femmes, rue Jacob à Paris, pour
accueillir leur voix, et la première bibliothèque orale de livres-audios rendant la culture dite, accessible à tous (il y aurait plus d’un article à écrire à ce sujet, ne serait-ce que sur la voix de Fanny Ardant lisant Duras…).
Sa force est de lancer surtout toute femme en quête de ses propres pouvoirs intérieurs car être une femme, c’est se battre contre des inégalités, et aussi se rendre plus loin que la lutte : exister pour créer.
Laureline Amanieux
Au Canada ! Yves Gauthier signe un joli papier sur Antoinette Fouque (site www.infoculture.ca, 07.01.10)
Sur le site www.Infoculture.ca http://www.infoculture.ca/?page=6&view=2&numero=12902
ANTOINETTE FOUQUE
Entretiens avec Christophe Bourseiller
2010-01-07
Les entretiens faits par Christophe Bourseiller avec Antoinette Fouque n’ont rien de banal. Le résultat, sous forme de livre, permet aux lecteurs de découvrir une femme à l’intelligence vive, aux idées novatrices et au besoin irrépressible de les traduire en actions structurantes.
Cofondatrice du MLF en 1968, psychanalyste, députée européenne et éditrice, Antoinette Fouque a dédié sa vie tout entière à la condition féminine… créatrice des «Editions des Femmes», cette femme de renommée internationale dévoile sa perception de la condition féminine. « Notre MLF voulait la révolution culturelle et la révolution sexuelle » nous dit Antoinette Fouque.
Elle a été de tous les combats pour la femme depuis les derniers quarante ans. Mentionnons ses luttes contre l’excision, pour le droit à l’avortement, contre la violence conjugale ou la liberté d’expression. Antoinette Fouque croit fermement et est intimement persuadée que les femmes sont le principal moteur pour faire avancer la justice et la démocratie dans le monde.
La femme, cette créatrice de vie humaine, possède des valeurs intrinsèques qui lui sont propres. C’est pourquoi elle a souhaité dès le début de sa réflexion joindre la psychanalyse à la politique. Car selon Antoinette Fouque, il faut bien se connaître avant de revendiquer des changements qui nous concernent. Elle place la procréation au centre de tout. Cette revendication ne laisse personne indifférent. « Le XXI ème siècle sera génital ou ne sera pas ».
Cofondatrice du Mouvement de Libération des Femmes, pionnière d’un certain « féminisme », Antoinette Fouque est aujourd’hui une théoricienne inclassable. On sait que le mouvement des femmes se divise depuis l’origine en deux branches. La première privilégie le social et milite pour les droits des femmes. La seconde est plus philosophique. Elle s’interroge : qu’est-ce qu’une femme ? C’est tout le travail d’Antoinette Fouque. En quoi consiste l’être-femme ? Très critique à l’égard du féminisme, Antoinette Fouque place notamment la maternité au cœur de la féminité et en tire toutes les conséquences même les plus anticonformistes.
Voilà une lecture qui fera du bien à tous ceux et celles qui profiteront de l’occasion pour mieux connaître cette femme d’entre les femmes, une géante parmi les géants. À lire absolument.
www.bourin-editeur.fr
Par Yves Gauthier
Têtu annonce les deux livres phares d’Antoinette Fouque de cet hiver ! (comme auteure et comme éditrice !) (janvier 2010)
TÊTU NEWS – Jan 2010
Le Monde des Livres consacre sa Une au nouveau livre d’Antoinette Fouque chez Bourin-Editeur ! (18 décembre 2009)
France Infos interviewe Antoinette Fouque lors de la Journée Internationale de lutte contre les violences faites aux femmes (le 25 novembre 2009 à 15 h 46) – Questions posées par Laurence Jousserandot
L’invitée du jour est Antoinette Fouque, cofondatrice du MLF , présidente de l’Alliance des femmes pour la démocratie et éditrice, elle lutte contre les violences faites aux femmes. Elle réclame un Grenelle sur la condition des femmes. La violence faite aux femmes a été déclarée « Grande cause Nationale » pour 2010. Antoinette Fouque vient de publier « Qui êtes vous, Antoinette Fouque ? » chez Bourin-Editeur (le 13.11.09).
Christine Clerc rend compte du spectacle de Eve Ensler et du nouveau livre d’Antoinette Fouque (Valeurs actuelles du 3 décembre 2009)
Quelle semaine ! Par Christine Clerc
Pour un peu de tendresse
Christine Clerc le jeudi, 03/12/2009
dans VALEURS ACTUELLES
Attention! Là, nous entrons “dans le dur”! Il ne s’agit plus de discuter du sexe des anges – de savoir si les femmes constituent “une minorité visible” ou plus de la moitié de l’humanité. Il n’est plus temps de se déterminer pour ou contre la parité. Le sujet, c’est la mort. Cent cinquante-sept femmes tuées chaque année,rien qu’en France, par leur compagnon ; des dizaines, des centaines de milliers violées, torturées, massacrées dans le monde. À l’invitation des Éditions des Femmes, la dramaturge américaine Eve Ensler, auteur des Monologues du vagin (traduits en 45 langues et joués en France devant plus de 700 000 spectateurs) réunit ce lundi soir au Théâtre Michel plusieurs stars – Marie-Christine Barrault, Andréa Ferréol, Christine Orban, etc. – qui lisent chacune un témoignage.
Défilent les villages africains en flammes, les femmes enceintes éventrées, les fillettes excisées, les petites prostituées asiatiques qui mourront du sida à 17 ans, l’adolescente bosniaque emmenée par les soldats… Pourquoi cette haine,parfois attisée par les grands prêtres, du corps de la femme ? Et pourquoi cette lâcheté générale devant les atrocités qu’on lui fait subir ? « J’aimerais que tous ces événements ne se soient pas déroulés comme je vous les ai racontés », conclut l’écrivain Carol Michele Kaplan dans le beau texte lu par Daniel Mesguich, où elle imagine qu’un homme, témoin de l’horreur, s’est dressé en chevalier blanc pour intervenir. «Mais ce n’est pas le cas : le soldat a tué… et je n’ai pas pris la parole pour défendre la jeune fille fouettée à mort. J’ai tourné le dos… »
La philosophe Antoinette Fouque a son explication, qu’elle nous livre dans un ouvrage d’entretiens avec Christophe Bourseiller : contrairement à ce qu’ont prétendu Freud et Lacan,les femmes n’envient pas le sexe des hommes,mais les hommes envieraient – certains,jusqu’à la fureur– la capacité des femmes à donner la vie. (…)
Dans le site de L’Express, Julie Saulnier a pensé à recueillir la pensée d’Antoinette Fouque (formulée notamment dans son nouveau livre chez Bourin Editeur) – le 26 novembre 2009
Qu’elle est la condition des femmes en 2009 ? Qu’est-ce qu’être une femme en 2009 ?
Carine Favier, présidente du Planning Familial: « C’est difficile à dire car il y a un grand fossé entre les mères de familles mono-parentales qui vivent souvent dans des situations précaires et les femmes diplômées conscientes de leur droit et qui luttent pour les faire progresser. Mais malgré toutes ces différences, je pense que ce qui rassemble les femmes d’aujourd’hui est la volonté de mener de front leur vie professionnelle, leur vie affective et familiale. Rares sont celles qui sont prêtes à renoncer à un emploi pour avoir des enfants ou vice-versa. »
Antoinette Fouque, présidente de l’Alliance des femmes pour la démocratie: « Depuis plus de quarante ans, nous nous sommes battues pour que les femmes deviennent citoyennes à part entière et qu’elles aient le droit de réaliser l’intégralité de leurs compétences. Et nous avons gagné en droits et en libertés plus que jamais dans l’histoire. Les Françaises ont le plus fort taux de fécondité de l’Union européenne et une activité professionnelle tout en élevant leurs enfants. Elles s’affirment pleinement créatrices dans tous les domaines. »
Saphia Azzeddine, écrivaine: « D’une part, je ne m’envisage pas uniquement en tant que femme. Et puis je ne milite pas, j’écris des bouquins ou les femmes disent ce qu’elles pensent. Je pense qu’être une femme est à peu près la même chose qu’être un homme en 2009, à quelques détails près: les salaires, les baffes et dans certains pays les droits. Plus sérieusement, une femme en 2009 c’est s’accommoder de nos illusions de femmes libres et toujours relativiser nos désillusions. Sans ça, la femme 2009 serait un kamikaze. »
Quelles sont les principales difficultés auxquelles sont confrontées les femmes ?
A.F : « Mais la crise économique et le backlash, ce qu’il faut bien appeler une contre-libération menaçante, mettent en péril celles qui sont en situation fragile, c’est-à-dire une majorité des femmes qui sont 75% des plus pauvres en France comme dans le monde, et la pauvreté ne cesse de se féminiser.
L’Observatoire National de la Délinquance vient d’annoncer pour 2008 une forte augmentation du nombre des violences contre les femmes. Une femme meurt tous les deux jours et demi du seul fait des violences conjugales. Au niveau mondial, ce sont 160 millions de femmes qui manquent à l’appel de la population mondiale du fait des violences et des discriminations qu’elles subissent. Oui, la situation des femmes se dégrade comme se dégrade celle de la planète, mais la conscience, elle, se développe. L’écologie fait désormais partie à part entière des programmes politiques. Il faut que l’ensemble des partis et des gouvernants mettent en oeuvre une écologie humaine au coeur de laquelle se trouvent les femmes. Il faut une politique globale pour les femmes, une prise de conscience et une volonté politique. »
C.F : « L’égalité est encore loin d’être acquise: le taux de chômage chez les femmes est plus important que chez les hommes, les salaires moins élevés, la précarité est souvent plus importante… Même en ce qui concerne les études, il existe une différence flagrante. D’après un sondage réalisé en 2009, 61% des parents sont prêts à prendre en charge l’intégralité des frais de scolarité de leur fils. Ce chiffre tombe à 48% pour les filles [ndlr: enquête Ipsos/Crédit Agricole]. Les femmes souffrent également de discriminations notamment au moment de leur recherche d’emploi. »
S.A : « Les gouttes de pipi sur la cuvette des wc, les blagues de cul pas drôles et ces hommes qui entendent oui alors qu’elles disent non. En effet, se rendre compte que des fondamentaux que l’on croyait acquis soient remis en cause. »
Quelles évolutions avez-vous constaté sur cette question depuis le début de votre engagement ?
C.F : « Aujourd’hui, les notions de parité et d’égalité paraissent évidentes. Les femmes savent qu’elles doivent lutter pour leurs droits. La possibilité de travailler a permis d’élargir l’autonomie des femmes même s’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Nous avons constaté au Planning familial que la situation des femmes a plus changé dans les mentalités que dans la réalité: elles veulent qu’on les traite d’égal à égal avec les hommes; elles ont parfois même l’impression que c’est déjà le cas, mais lorsqu’on regarde les études faites sur le sujet, on se rend compte qu’on est encore loin du compte. »
S.A : « Qu’il y ait une journée de la femme au mois de mars et qu’on nous offre des fleurs. Non je plaisante, c’est même une régression. Le numéro vert par contre, ça c’est bien! Sauf quand la mâchoire est cassée et donc là ça ne sert à rien. »
Comment lutter contre la violence faites aux femmes ?
C.F : « Il est très important de travailler sur la prévention. Avec le Planning Familial, nous organisons régulièrement des ateliers ou des forums pour améliorer les relations entre les filles et les garçons. Il est indispensable de faire comprendre aux gens, même aux plus jeunes, que les différences biologiques ne doivent pas être un prétexte aux différences sociales. Nous organisons également des groupes de parole, notamment avec les auteurs de violences, pour leur faire prendre conscience de la gravité de leurs actes. »
A.F : « J’ai proposé en 2008 un Grenelle des femmes, non seulement sur les violences mais sur l’apport vital des femmes à la société. Il faut un Grenelle des femmes pour connaître et reconnaître ce que l’humanité leur doit, ce qu’elle peut en recevoir. Pour, face à la guerre économique, préparer la venue de l’économie de mise au monde, de création, de créativité, dont elles sont porteuses.
S.A : « D’un point de vue physique, rendre les coups autant que cela est possible et partir après le premier coup, pas le deuxième. »
Que pensez-vous de la loi proposée par Michèle Alliot-Marie ?
C.F : « Le Planning Familial n’est pas à l’origine de cette loi mais nous en sommes globalement plutôt satisfait. Nous regrettons simplement qu’elle n’aborde pas du tout l’aspect préventif qui est essentiel à nos yeux. De plus, nous sommes contre la création de tribunaux spéciaux pour juger les auteurs de violences faites aux femmes. Il est important que les coupables soient punis mais nous ne voulons d’une judiciarisation à l’extrême de ces questions. »
Et pour vous, c’est quoi être une femme aujourd’hui ?
Comment a évolué le statut des femmes dans notre société ?
Madeleine Chapsal, téléspectatrice de « Ce soir ou jamais »… a bien lu Antoinette Fouque (le Populaire du 27.11.09)
Dans le Populaire du Centre du 27 novembre 2009, Madeleine Chapsal, qui a regardé l’émission de Frédéric Taddeï mardi 24 novembre, nous en livre ses impressions…
QU’EST-CE QU’UNE FEMME ?
En ce mois de novembre, deux dates ont concerné la condition des femmes. Le 25, la Sainte-Catherine, fête traditionnelle de la couture, silencieux métier, sous-payé, où l’on trouve normal de cantonner les femmes. Le 26 : journée pour dénoncer le fait qu’il meurt une femme tous les deux jours sous les coups de son compagnon, d’autres étant estropiées.
Ce qui dépasse l’entendement c’est qu’on n’en soit pas autrement scandalisé et qu’il y en ait encore pour dire et penser, comme chez Taddei à la télévision : « L’homme a besoin d’affirmer sa virilité ! »
C’est pour étudier les racines d’une misogynie toujours active qu’il faut lire le petite livre consacré à Antoinette Fouque, la fondatrice du MLF – Mouvement pour la Libération des femmes.
Née en 1936 , à Marseille, cette femme remarquable, à la fois psychanalyste, philosophe, écrivain, élue au Parlement européen, fondatrice d’une maison d’édition, Les Editions des Femmes et de librairies en France, n’a cessé d’agir et de réfléchir à la question qu’avait posé Sigmund Freud sans pour autant y répondre : qu’est-ce qu’une femme ?
Antoinette Fouque nous fait faire quelques pas en avant. Déjà en rappelant qu’il y a deux sexes, ce que cherche à nier un féminisme dont Antoinette se sépare pour parler de « féminologie » ; nouvelle science sociale qui se donne pour objet une « peuplade », les femmes, dont l’histoire n’existe qu’en ombre portée de celle des hommes.
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Dans « Qui êtes-vous Antoinette Fouque ? » elle dénonce quantité d’abus criminels, l’excision, la lapidation, dont un primordial : des millions de femmes dans le monde se voient refuser le droit à l’instruction. Pourtant, ajoute-t-elle : « Je connais des régions de l’âme et du cœur,chez des êtres ne sachant ni lire ni écrire qui sont d’une richesse bien supérieure à ce qu’on trouve chez de plus instruits. » Cet antiféminisme, chez nous insidieux, Fouque en voit le germe dans le déni masculin d’une réalité qu’ils prennent pour une infériorité : ce sont les femmes qui portent les enfants ! D’où jalousie : ils auraient une envie secrète de l’uterus comme nous, d’après Freud, l’envie du pénis…
Bien d’autres idées neuves et bouleversantes se trouvent dans ce petit livre où parle une femme qui s’est installée d’emblée dans l’altérité . Une façon de vivre et de penser loin d’être acquise dans nos sociétés, même par les femmes qui parviennent au pouvoir (casées par les hommes que cela arrange…). Or pas de progrès humain possible si l’on n’accepte pas l’idée qu’il existe deux sexes à la fois différents et égaux : aucun ne devant être soumis à l’autre ! La misogynie, ultime racisme et colonialisme, dont témoigne violemment la burka…
Qui êtes-vous Antoinette Fouque ?
Entretien avec Christophe Bourseiller
Editions Bourin, 19 euros, 154 pages.