GRAND dossier Lou Andreas-Salomé dans Philosophie Magazine : le moment pour se replonger dans les livres des éditions Des femmes (Philosophie Magazine N°31, juillet-août 2009)

Thème du numéro : L’âme et le corps
Important dossier sur Lou Andreas-Salomé
 
Mensuel n°31
Philosophie Magazine juillet-août 2009
 
Les philosophes – biographie
 
loua.jpgDans le tourbillon de la vie
Par Martin Duru
Préférant les amitiés passionnées au mariage, Lou Andreas-Salomé a été l’égérie de Nietzsche et de Rilke, sans jamais renier son indépendance. Essayiste et romancière, elle a ensuite croisé le chemin de Freud, dont elle est devenue l’une des disciples les plus originales. (…)
 
L’intuition de la totalité
Par Dorian Astor
Pour Lou Andreas Salomé, l’individu cherche en permanence à renouer avec le Tout. Ce désir fusionnel à l’oeuvre chez l’enfant, elle l’observe aussi dans l’amour ou l’acte de création, qui participent, selon elle, d’un même élan vital primordial. (…)
 
Pour aller plus loin :
 
L’oeuvre de Lou Andreas-Salomé
Parmi les textes autobiographiques (…) Enfin, dans son oeuvre romanesque, on lira notamment Fénitchka. Une longue dissipation (traduction de Nicole Casanova, Des femmes, 1985), nouvelle qui traite de la féminité et du mariage ; La Maison (traduction de Nicole Casanova, Des femmes, 1997), avec des personnages féminins pris entre l’idéal d’indépendance et la « soumission » volontaire aux hommes ; et la trilogie Jutta (traduction et préface de Stéphane Michaud, Seuil, 2000), dont les thèmes principaux sont la violence du désir et la constitution de l’identité sexuelle.
 
Sur Lou Andreas-Salomé
Parmi les nombreuses biographies qui abordent aussi l’oeuvre, nous conseillons celle de Stéphane Michaud, Lou Andreas-Salomé (Gallimard, 2008), qui montre en quoi ses intérêts divers se retrouvent dans une même affirmation de la vie et une même obsession du « retour au Tout ». Signalons aussi les livres d’Angela Livingstone – Lou Andreas-Salomé. Sa vie et ses écrits (PUF, 1990) – , de François Guéry – Lou Andreas-Salomé. Génie de la vie (nouvelle édition, Des femmes, 2007) et le bel essai d’Yves Simon, Lou Andreas-Salomé, (Mengès, 2004 – voir son interview p.74 – 75) (propos recueillis par Martin Duru et Alexandre Lacroix)
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Fénitchka suivi de Une longue dissipation (1982 en russe, 1985 en français)
traduit de l’allemand par Nicole Casanova
 
Rodinka – Souvenirs russes (1982 en russe, 1987 en français)
traduit de l’allemand par Nicole Casanova
C’est en 1899 et 1900, au cours de ces deux voyages en Russie en compagnie en R.M. Rilke, que Lou Andréas-Salomé fait découvrir au jeune poète le pays où elle est née. Elle y retrouve, l’espace d’un été, Rodinka, la « petite patrie », le domaine où elle a grandi.
Vingt ans plus tard, elle publiera ce roman de la nostalgie : regrets de la religion qui s’est éloignée, de la terre perdue avec le natal, de la langue et de l’âme russe. Regrets de l’avant-guerre et d’une révolution encore utopique.

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La Maison
Trois personnages en quête de liberté. Ils vivent dans une maison radieuse et sont liés entre eux par un amour que rien ne ternit. La question n’est cependant pas là. Pour Anneliese, femme du médecin Brandhardt, pour Gitta, leur fille, et surtout pour Balduin, leur fils, la liberté consiste à « ne pas manquer la station des artistes », devant laquelle le train de la vie s’arrête si peu de temps. Malgré sa bonté et son intelligence, Brandhardt incarne l’ordre social et la domination masculine. Anneliese a renoncé à sa carrière de pianiste virtuose. Gitta, épouse de l’intuitif Markus, à force de coups de tête impulsifs, prendra en main sa propre existence. Le personnage le plus éclatant du livre est l’adolescent Balduin, portrait du jeune Rainer Maria Rilke. L’analyse profonde et subtile que fait Lou Andres-Salomé du jeune poète à travers Balduin (elle reproduit une lettre que Rilke lui a réellement adressée) accroît encore l’intérêt de cette marche vers l’indépendance. Le « pays des artistes » est pour tout le monde le pays de la liberté. Il convient de ne pas vivre hors de ses frontières.
 
Lou Andreas-Salomé, (Saint-Petersbourg, 1861 – Göttingen, 1937) fut, par sa grande intelligence et son amour de le liberté, une figure capitale de la pensée de son temps. Elle fut l’amie et le guide de Nietzsche et de Rilke, puis la disciple de Freud. Son oeuvre est reconnue aujourd’hui dans le monde entier.

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THEÂTRE : mich.jpgLa cape magique de Lou Salomé – Préface de Stéphane Michaud – Un nain s’introduit à minuit, l’heure des esprits, au domicile d’une petite fille dont les parents sont sortis. Elle espérait ouvrir à une fée… dont elle attendait qu’elle donne vie à sa poupée. Mais, puisqu’il proteste de pouvoirs magiques et promet de réaliser son désir d’animer la poupée, elle lui accorde de rester. L’autorisation est confirmée par la famille lorsqu’elle vient à rentrer. Le mystère plaide en faveur du nain : il se dit d’antique lignage, prétend entretenir une intime complicité avec le monde invisible. Bientôt il se vantera de disposer d’une cape magique, qui rendrait invisible.

Première phrase : LA PETITE FILLE, se réveillant d’un coup. Minuit ! L’heure des esprits !

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Lou Andréas
-Salomé - La maison.jpgESSAI : Lou Salomé, génie de la vie de François Guéry – Eminemment moderne, Lou Salomé incarne une figure d’indépendance et de liberté, tout en étant essentiellement connue pour avoir marqué la vie de trois hommes : Nietzsche, Rilke et Freud. Puissance féconde, muse, inspiratrice et accoucheuse, elle est un génie de la sensualité, qui répand l’amour sans l’éprouver, et une Attila, qui brûle et détruit… mais pour rendre plus féconde encore une pensée qu’elle juge indissociable de la vie. François Guery tente de montrer le paradoxe de cette personnalité, plus fécondante que féconde. Paradoxe qui reposerait sur un choix : Lou semble avoir accepté avec lucidité de renoncer non à écrire ou à penser, mais à le faire pour elle-même, alors que toute sa vie est par ailleurs une affirmation de son ‘Moi’.
Première phrase : Cet ouvrage traite du génie, sans tomber dans le culte de la ‘génialité’ exceptionnelle.

Dossier dans Muze Hors-Série sur Lou Salomé (juillet-août 2008)

Juillet-août 2008

Dossier par Yves Simon

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(…)

L’Extrait
La maison, roman de 1921
(éd. des Femmes). extrait de la postface.
« Être seule, vivre intérieurement, pour soi, était pour moi un besoin aussi impérieux que le contact et la chaleur humaine. Besoins aussi forts et passionnés l’un que l’autre, mais séparés et sujets au changement et à l’alternance, et c’est précisément cela qui paraît infidèle et inconstant. »

Une femme a renoncé à une carrière de pianiste pour se marier. Vingt ans plus tard, elle observe ses enfants et s’interroge. Un roman sur l’art et son corollaire, la liberté. Les enfants, Gitta et Balduin, sont inspirés de Lou et Rilke. La narration est classique, le style un peu suranné, mais le charme est là (éd. des Femmes). Lire aussi extrait.

« La cape magique » de Lou Salomé, préfacé par Stéphane Michaud

La cape magique
Lou Andreas-Salomé

Traduit de l’allemand par Stéphane Michaud.
Préface de Stéphane Michaud.

Office 10/05/2007

Un nain s’introduit à minuit, l’heure des esprits, au domicile d’une petite fille dont les parents sont sortis. Elle espérait ouvrir à une fée… dont elle attendait qu’elle donne vie à sa poupée. Mais, puisqu’il proteste de pouvoirs magiques et promet de réaliser son désir d’animer la poupée, elle lui accorde de rester. L’autorisation est confirmée par la famille lorsqu’elle vient à rentrer. Le mystère plaide en faveur du nain : il se dit d’antique lignage, prétend entretenir une intime complicité avec le monde invisible. Bientôt il se vantera de disposer d’une cape magique, qui rendrait invisible.
Le nain apparaît bientôt comme une figure de l’artiste, et c’est en fait autour de la création que tourne cette pièce de théâtre : le nain est un passeur, il préside au trajet qui conduit du monde visible au monde invisible. Consacré à la création, il est privé des relations humaines qui s’offrent à lui : il renonce par exemple à l’amour d’une femme, préférant en faire sa créature pour la donner à un autre. Cette pièce qui se présente comme une fantaisie renferme alors une certaine gravité : le nain-créateur reste inéluctablement solitaire parmi les hommes, et, parfois, paralysé devant son désir de créer.

« Nos deux mondes s’excluraient donc ! L’un met l’autre en fuite. Ils sont de trop au même endroit, chez les hommes. Peut-être, peut-être est-ce là la raison pour laquelle mon monde prend si facilement et si volontiers des airs de mascarade, de folie, de jeu et de fabulation… »
L. A.-S.

Lou Andreas-Salomé (Saint-Pétersbourg, 1861 – Göttingen, 1937) fut, par sa grande intelligence et son amour de la liberté, une figure capitale de la pensée de son temps. Elle a publié son premier livre à vingt-trois ans. Elle est surtout connue en France pour sa participation au mouvement psychanalytique en ses débuts et pour les textes qui suivirent sa rencontre avec Freud, en 1911. Disciple de celui-ci, elle n’en défendit pas moins des positions théoriques dues à ses propres travaux antérieurs sur la théologie, la littérature, les questions du narcissisme et de la féminité.

« Lou Salomé, génie de la vie » de François Guéry

Lou Salomé, génie de la vie
François Guéry

Réédition

Office 12/10/2006

Éminemment moderne, Lou Salomé incarne une figure d’indépendance et de liberté, tout en étant essentiellement connue pour avoir marqué la vie de trois hommes, Nietzsche, Rilke et Freud.
Puissance féconde, muse, inspiratrice et accoucheuse, elle est un génie de la sensualité, qui répand l’amour sans l’éprouver, et une Attila, qui brûle et détruit… mais pour rendre plus féconde encore une pensée qu’elle juge indissociable de la vie.
François Guéry relève le paradoxe de cette personnalité, plus fécondante que féconde. Paradoxe qui reposerait sur un choix : Lou semble avoir accepté avec lucidité de renoncer, non à écrire ou à penser, mais à le faire pour elle-même, alors que toute sa vie est par ailleurs une affirmation de son « Moi ».
Ainsi peut-on souligner ce que Lou elle-même a écrit dans Ma Vie : « Le caractère et les paroles de Nietzsche […] tout cela m’évoquait […] des souvenirs et des sentiments à demi-inconscients provenant de mon indestructible enfance, la plus reculée et pourtant la plus intime. Seulement, en même temps, c’est ce qui m’aurait empêchée de devenir son disciple, son successeur : j’aurais toujours hésité à m’engager dans la voie dont il me fallait m’éloigner pour voir clair. »

François Guéry est normalien, agrégé de philosophie, et germaniste. Il a notamment publié Heidegger rediscuté (éditions Descartes et Cie, 1995), et La Politique de précaution (avec Corinne Lepage, PUF, 2001).