« La cape magique » de Lou Salomé, préfacé par Stéphane Michaud

La cape magique
Lou Andreas-Salomé

Traduit de l’allemand par Stéphane Michaud.
Préface de Stéphane Michaud.

Office 10/05/2007

Un nain s’introduit à minuit, l’heure des esprits, au domicile d’une petite fille dont les parents sont sortis. Elle espérait ouvrir à une fée… dont elle attendait qu’elle donne vie à sa poupée. Mais, puisqu’il proteste de pouvoirs magiques et promet de réaliser son désir d’animer la poupée, elle lui accorde de rester. L’autorisation est confirmée par la famille lorsqu’elle vient à rentrer. Le mystère plaide en faveur du nain : il se dit d’antique lignage, prétend entretenir une intime complicité avec le monde invisible. Bientôt il se vantera de disposer d’une cape magique, qui rendrait invisible.
Le nain apparaît bientôt comme une figure de l’artiste, et c’est en fait autour de la création que tourne cette pièce de théâtre : le nain est un passeur, il préside au trajet qui conduit du monde visible au monde invisible. Consacré à la création, il est privé des relations humaines qui s’offrent à lui : il renonce par exemple à l’amour d’une femme, préférant en faire sa créature pour la donner à un autre. Cette pièce qui se présente comme une fantaisie renferme alors une certaine gravité : le nain-créateur reste inéluctablement solitaire parmi les hommes, et, parfois, paralysé devant son désir de créer.

« Nos deux mondes s’excluraient donc ! L’un met l’autre en fuite. Ils sont de trop au même endroit, chez les hommes. Peut-être, peut-être est-ce là la raison pour laquelle mon monde prend si facilement et si volontiers des airs de mascarade, de folie, de jeu et de fabulation… »
L. A.-S.

Lou Andreas-Salomé (Saint-Pétersbourg, 1861 – Göttingen, 1937) fut, par sa grande intelligence et son amour de la liberté, une figure capitale de la pensée de son temps. Elle a publié son premier livre à vingt-trois ans. Elle est surtout connue en France pour sa participation au mouvement psychanalytique en ses débuts et pour les textes qui suivirent sa rencontre avec Freud, en 1911. Disciple de celui-ci, elle n’en défendit pas moins des positions théoriques dues à ses propres travaux antérieurs sur la théologie, la littérature, les questions du narcissisme et de la féminité.

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