« Les Gardiens du silence » de Claudie Cachard

cachard.jpgClaudie Cachard
Les Gardiens du silence
260 p. – 17,50 € – 1989

La psychanalyse n’est condamnée ni au conforme, ni au déclin. Elle est, à ce jour, l’une des approches les plus attentives et respectueuses du psychisme humain. Il importe de souligner alors que se font des choix qui engagent l’avenir de l’espèce.
Au fil du temps, nul n’évite les épreuves qui font partie de l’ordinaire des vies. Deuils et ruptures, maladie et mort à venir, folie aussi, écartée et méconnue d’être si proche, présente au cœur même de chacun. Certains, quant à eux, ont vécu le pire dans leur chair. Soumis à l’horreur inventée par des hommes pour l’imposer à d’autres.
Quand l’Insensé domine, les Gardiens du Silence sortent de leur réserve et se révèlent à l’œuvre, sans mot dire. Ce livre qui leur est consacré, pour tenter de les entendre et de les écrire, n’est pas réservé aux seuls initiés. Il associe le souvenir à l’invention, la réflexion à l’autobiographie, la dimension  » clinique  » aux données socio-politiques pour envisager  » des zones entourées d’interdits, de réticences profondément enracinées ». Nul n’aime entrevoir des proximités entre deuil et volupté, meurtre et trésor, création et psychose grave. Nul ne tient à envisager de trop près de quoi il retourne, aux confins de soi-même, là où se nident les ressources troublantes et fondamentales qui contribuent à maintenir sa propre existence. « 

Texte de Juliet Mitchell écrit pour le catalogue des trente ans des Editions Des femmes

jmitchell.gifQuand je repense à mes premières rencontres avec Psychanalyse et Politique et les Editions Des femmes, c’est comme si je me plongeais dans les brumes de temps étranges où je vois briller des points lumineux. En février 1970, des femmes sont venues de Paris à l’un de nos ateliers du Women’s Liberation de Londres.
Nous avons discuté. Début 73, c’est moi qui suis venue à Paris avec Rose Delmar pour participer à un séminaire d’Antoinette autour d’une lecture critique de Lacan.
J’étais très admirative. Je me souviens encore bien de ce dont nous avons parlé, des visages et des corps, mais j’ai oublié les noms des femmes du groupe.
C’est à ce moment-là que nous avons entendu parler du projet de la maison d’Edition Des femmes. J’ai écrit une introduction à Psychanalyse et féminisme que je venais de terminer. J’espérais que celle-ci pourrait rendre compte de ce que se devaient mutuellement des femmes qui travaillaient au même moment sur les mêmes questions. C’était cela aussi la sororité.
Je suis très fière d’avoir été publiée par les Editions Des femmes, et vraiment ravie et impressionnée de piuvoir célébrer leur trentième anniversaire. C’est un extraordinaire accomplissement.
Félicitations et merci !
J.M.

ISBN-978-2-7210-0521-2_1.jpgJuliet Mitchell
Frères et soeurs
Sur la piste de l’hystérie masculine

Traduit de l’anglais par Françoise Barret-Ducrocq, 384 p. – 32 € – 2008
Le livre traite avec une très grande érudition puisée dans l’anthropologie, la psychanalyse et les grands mythes de la littérature occidentale, de l’histoire universelle de l’hystérie. Cette analyse amène l’auteure a reconsidérer de façon radicale la construction du psychisme telle qu’elle a été présentée jusqu’ici, à proposer une lecture différente du complexe d’Œdipe et à affirmer la nécessité de prendre en compte les relations horizontales entre celles et ceux qui se trouvent en situation de frères et sœurs, qu’il existe ou non un lien biologique entre eux. Juliet Mitchell ne propose à aucun moment de substituer cet axe horizontal à l’axe vertical, mais souhaite prendre conjointement en compte ces deux axes, dont la mise en relation ouvre de nouvelles perspectives….
En démontrant le caractère universellement possible de l’hystérie, elle réhabilite un diagnostic qui permet de mieux comprendre, non seulement certains dysfonctionnements du psychisme humain, mais aussi la relation entre pairs.

Juliett Mitchell, née en 1940 en Nouvelle-Zélande, a participé à la fondation du Women’s Liberation Movement et a été coéditrice de la New Left Revue anglaise. Psychanalyste et universitaire, elle est professeure à Cambridge (Grande-Bretagne), où elle enseigne sur le thème « Genre et société ». Elle a publié de nombreux ouvrages, traduits dans plusieurs langues, dont L’Âge de femme et le best-seller Psychanalyse et Féminisme, parus en langue française, aux Editions Des femmes -Antoinette Fouque

 

« L’Autre histoire » de Claudie Cachard

cachard.jpg

Claudie Cachard
L’Autre histoire
Préface de Maria Torok
207 p. – 16,50 € – 1986

Comment présenter l’autre histoire ?
Texte d’écrivain, texte de psychanalyste ?
La langue de bois, les idées toutes faites appauvrissent et rigidifient trop souvent les écrits psychanalytiques.
Ce livre n’est pas un ouvrage réservé aux professionnels de la psychanalyse. C’est un récit concernant les œuvres de l’inconscient autour des sexes, de la naissance et de la mort. Créations à chacun singulières, mais dont les ancrages communs permettent à tous de les entendre et de les partager.
Une critique de l' »organisation phallique » impulse des mouvements qui ressourcent la théorie et la pratique psychanalytiques dans des terres insolites où se retrouvent, entre autres, les traces de Ferenczi.
L’auteur propose de considérer comme autant d’aventures analytiques les étrangetés fondamentales et familières dans lesquelles se constituent et se maintiennent les vies humaines. Invention et dévoilement, questionnement et liberté psychique sont au cœur même de toute recherche psychanalytique. C’est d’ailleurs cette seule recherche qui lie patient et psychanalyste, s’offrant l’un à l’autre leurs découvertes et leurs créations. Claudie Cachard a choisi d’en transformer le chant, plutôt que la clinique : l’aura plutôt que la science.
Pour Claudie Cachard, la psychanalyse ne peut être que création personnelle et continue. Médecin, psychiatre, psychanalyste sont ses inscriptions de fait sans que s’acceptent, pour autant, les conformités d’école.
Française-hongroise — double appartenance originaire — les deux langues maternelles la situent à la fois là et ailleurs, en quête d’autres histoires et d’autres modes de formulation.

« Histoire de la psychanalyse en France » lu par Elisabeth Roudinesco

Histoire de la psychanalyse.jpg

Elisabeth Roudinesco
Histoire de la psychanalyse en France
lu par l’auteur
et Michael Lonsdale

4 CD 37€

Les années Freud racontent l’histoire de l’introduction de la psychanalyse en France : la rencontre de Freud et de Charcot, la découverte de l’hystérie, la fondation à Vienne du premier Cercle freudien, l’essor international du mouvement et, en contrepoint, l’aventure des grands pionniers français.
Les années Lacan relatent l’évolution de la psychanalyse au sein de la culture française à partir de 1925, et l’émergence de la deuxième implantation du freudisme dans ce pays autour de la personnalité de Jacques Lacan.

« De la Raison ironique » de Roger Dadoun

RD par RV0005.JPGRoger Dadoun
De la raison ironique

256 p. – 14,50 €
1988

« On a vu combien, à se vouloir maîtresse unique de la totalité du Monde ou à s’imaginer, concubine altière, édicter la loi et la fin de l’Histoire, la Raison s’affole et s’égare. Il faut, c’est une nécessité vitale, qu’elle retrouve ses esprits, son esprit, et il suffit pour cela qu’elle se considère elle-même, que, vraiment, elle se raisonne. Alors naît cette Raison Ironique qu’ici nous invoquons, pour nous être la compagne à nulle autre pareille dans la résistance aux frénétiques emportements et aux abêtissements mous dont ces temps nous accablent.
Raisonnante Ironie, son lumineux regard est requis pour ces quelques textes, hier éparpillés, aujourd’hui assemblés sous sa gouverne. Elle, ou d’elle l’ardent désir, soutient ces essais d’“anthropologie allégée” qui célèbrent le “n’être”, la nuit, Babel, la vieillesse, l’ivresse sexuelle. Violence politique et abîme du Sphinx les cernent d’un trait noir — que repousse la noire candeur d’une “nouvelle anarchie”. Au bras de l’Ironie sont menées quelques “reconnaissances critiques”, co-itérations aux côtés de Péguy, Barthes, Duchamp, Groddeck, Istrati, Michaux. Et “d’ivresse en océan”, nous tentons de passer à gué, demandant à Freud, ironique paradoxe, le baptême… du Sec.
R.D.

Roger Dadoun enseigne à l’Université de Paris VIII. Bien connu pour ses travaux d’analyse littéraire, d’analyse filmique et d’anthropologie psychanalytique, il poursuit, actuellement, des recherches de psychanalyse politique.

137191.jpg

« Du deuil à la réparation » de Yolande Papetti-Tisseron

tisseron.jpgYolande Papetti-Tisseron
Du deuil à la réparation

“Anna O” restituée à Bertha Pappenheim : naissance d’une vocation sociale.
145 p. – 16€ – 1986- 2004

Comment le désir d’aider naît-il chez une femme et comment ce désir détermine-t-il son engagement dans une activité ou une profession sociale ou paramédicale.
Freud et Breuer, les pionniers de la psychanalyse auraient pu tenter, dès le premier ouvrage de psychanalyse paru en 1895, d’approcher cette question avec Anna O, la première patiente des Études sur l’hystérie. Car Anna O était Bertha Pappenheim, une des grandes figures du service social allemand.
A l’opposé de la psychanalyse qui se construira sur la théorie des fantasmes, Anna O- Bertha Pappenheim connaît le poids, dans la vie, des traumatismes réels, notamment des deuils et des séparations. A partir d’Anna O enfin restituée à Bertha Pappenheim, Yolande Tisseron élargit sa réflexion aux motivations du don de soi et de l’engagement social chez les femmes : comment se fabrique une vocation sociale ? Quel rôle y joue le souci qu’éprouve l’enfant pour les préoccupations de ses parents ? Pourquoi la dépression chez les femmes mobilise-t-elle si souvent le désir de donner et d’aider ? Dans ce déchiffrage, la proximité des femmes avec la naissance et le rôle qu’elles ont joué dans les rituels de la mort apparaissent les prédisposer à une sensibilité particulière en ce qui concerne le deuil et le don.
Au-delà de ce champ social, subsiste l’interrogation fondamentale qu’arpente une femme, inlassablement, sur elle-même et sur ses géniteurs. D’une filiation à l’autre, Yolande Tisseron unit ici le parcours d’Anna O, première femme patiente de la psychanalyse, à celui de toute femme-assistante, axée sur la réparation des autres.

Yolande Papetti-Tisseron est psychanalyste et formatrice de travailleurs sociaux.Elle est aussi peintre et expose à Paris depuis 1999. Elle a préfacé les écrits de Bertha Pappenheim Le Travail de Sysiphe.

Bertha Pappenheim est la célèbre « Anna O. » dont Joseph Breuer écrivait en 1907 : « Le cas d’Anna O., cellule germinale de toute la psychanalyse… »

Bertha Pappenheim fut aussi assistante sociale, et dirigea à partir de 1895 l’orphelinat juif de Francfort.

Pionnière active et persévérante, préoccupée de réparation, elle écrivit entre 1911 et 1912 « Le Travail de Sisyphe ». La protection des femmes et des jeunes filles, la question de la traite des blanches, l’organisation sanitaire et sociale dans la communauté juive de Francfort, le sionisme, constituent la trame de ce courrier régulier et quotidien.

***
Du même auteur
Des étoffes à la peau