Littérature
Yannick URRIEN
Sept idées libérales pour redresser notre économie.
L’économiste François de Coincy, auteur de « Mozart s’est-il contenté de naître ? », vient de publier « Sept idées libérales pour redresser notre économie », un livre préfacé par l’économiste Alain Sueur. Il s’agit d’un ouvrage de réflexion qui présente des idées concrètes à l’aube de l’élection présidentielle. Ce qui est intéressant, c’est qu’il incite le lecteur à la réflexion, en présentant des concepts nouveaux. L’auteur souhaite ainsi insuffler des idées libérales à la société et l’on ne peut que l’encourager dans sa démarche : « Il faut faire appel à la responsabilité de chacun. Cela n’empêche pas les règles, ce qui est important, c’est que les règles se fassent dans un esprit de liberté. C’est ce qui est très compliqué. Par définition, si l’on pousse les règles trop loin, automatiquement on limite les libertés. Donc, l’art de la politique libérale est très difficile à trouver. Mais, dans le fond, on considère toujours que les individus sont responsables et on fait appel à leur responsabilité, plutôt qu’à la directivité d’un pouvoir central. »
François de Coincy préconise l’instauration de ce qu’il appelle le « produit social », une forme de charge sociale négative qui permet de supprimer le chômage structurel et de développer une dynamique d’entreprise en France. Sur ce point, il signale qu’il y a beaucoup de personnes dont les capacités productives ne sont pas très élevées, en raison d’un manque de formation, et qu’elles ne sont donc pas en mesure d’exercer un travail compétitif. Dans ce contexte, « les entreprises ne peuvent pas les embaucher, parce qu’elles perdraient de l’argent en les embauchant. L’idée est de faire, pour les entreprises soumises à la compétition mondiale, le contraire d’une charge sociale, cela permettrait de diminuer le coût du travail de ces gens et de les employer avec profit. À partir du moment où le coût du travail baisserait, les entreprises auraient intérêt à les embaucher, plutôt que d’aller sous-traiter à l’étranger. »
Ce serait aussi un système pour mettre en valeur des emplois artisanaux : « Parfois, la mécanisation ne suffit pas. On a bien vu que tout cela servait surtout à supprimer des emplois pas très intéressants. En revanche, on peut mettre en valeur des emplois manuels, notamment dans l’agriculture, dans lesquels les gens peuvent tout à fait s’exprimer. » L’objectif n’est pas non plus de faire prendre en charge par l’État les cotisations sociales des petits salaires : « Les cotisations sociales sont indispensables, si on les supprime, il y aura un problème d’équilibre des régimes. Il faut bien prévoir les retraites et cotiser à une assurance-maladie et, plutôt que de réduire les cotisations, il vaut mieux avoir une allocation globale de l’État qui permette de payer ces cotisations. »
François de Coincy remet également en exergue l’idée des comptes bancaires sécurisés, déjà suggérée par le Prix Nobel Maurice Allais : ce qui consiste à considérer les dépôts non rémunérés des clients des banques comme faits à la Banque Centrale. Selon lui, « cela modifierait beaucoup de choses, car les comptes seraient complètement sécurisés. »
Sur le plan de l’Éducation nationale, il propose une régionalisation, car le monolithisme actuel ne permet pas d’assurer efficacement l’instruction des enfants. Il estime qu’en déléguant totalement l’éducation aux régions, on va pouvoir libérer les innovations, faciliter les prises de responsabilité et susciter une émulation dynamique. Certes, sur le papier, c’est attrayant, mais nous lui avons demandé si l’État n’allait pas craindre une forme de séparatisme : « Nous sommes en face de quelque chose que l’on n’arrive plus à faire évoluer. Beaucoup d’hommes politiques ont essayé de faire bouger les choses, or ils ont eu un mal fou, parce que tout est centralisé. Si l’on avait un système où certains pourraient expérimenter d’autres choses, en défendant une autre vision, plus ouverte ou moins ouverte, on pourrait faire émerger des initiatives nouvelles. »
Face à cela, serait-il nécessaire de maintenir un cahier des charges commun ? Pour François de Coincy, « les élections régionales n’ont intéressé personne, mais il y avait une raison : les régions n’ont aucun pouvoir politique et elles se contentent d’appliquer les choses. Si l’on déléguait aux régions un réel pouvoir, il ne faudrait pas avoir peur de leur déléguer des programmes scolaires… » Mais peut-on imaginer qu’un président de région fasse la promotion de la culture Woke, une telle initiative pouvant avoir pour effet de sacrifier l’éducation des enfants de toute une région… François de Coincy répond : « Ce serait un moindre risque que celui de sacrifier l’éducation de toute une Nation, comme on l’a fait un moment donné en essayant de faire apprendre la lecture aux enfants avec des méthodes qui n’étaient pas les plus efficaces… On mettrait en concurrence une région qui a des méthodes absurdes face à des régions qui ont des méthodes plus efficaces. »
Pour l’écologie, le libéralisme doit lutter contre les contraintes de l’écologie punitive et François de Coincy propose la monétisation du carbone, en contrepartie de la suppression de toutes les punitions et contraintes actuelles : « C’est un peu la taxe carbone, qui était insuffisante, parce qu’elle était punitive. Les gens étaient irrités parce que, d’un côté, il y avait toujours plein de règles, et, en même temps, il fallait payer… Il faut avoir le courage, si l’on pense qu’il y a un vrai problème, de dire combien cela va coûter et, ensuite, les gens décident de ce qu’ils font. Si les gens préfèrent utiliser du fioul, cela va leur coûter très cher, mais s’ils préfèrent des panneaux solaires, cela leur coûtera moins cher et, à ce moment-là; les choix se feront naturellement. On préfère donc l’incitation à l’obligation. » Il insiste : « Il faut que les politiques arrêtent d’emmerder les Français ! »
Autre proposition : l’investissement déductible. François de Coincy recommande une vision sur le long terme du résultat des entreprises, afin de générer des emplois immédiatement, procurer des ressources pour le futur et, surtout, rendre la France attractive pour les investisseurs. L’économiste souligne un grand défaut chez notre classe politique : « Ces gens ne comprennent pas comment une entreprise fonctionne. Actuellement, on est uniquement dans un problème fiscal, mais l’investissement déductible pousserait les entrepreneurs à investir davantage. Les gens ne comprennent pas très bien comment fonctionnent les entreprises et quelles sont les réelles motivations derrière. Il faudrait remettre en cause notre système de comptabilité dans les entreprises, en changeant ce modèle des résultats à court terme et en ayant un mode de raisonnement sur l’investissement à long terme. Cette approche fiscale débouche sur cette notion de résultat économique. » Il dénonce ainsi la vision financière des banquiers sur les profits, alors que, « ce qui intéresse les entrepreneurs, c’est faire des choses et construire quelque chose. »
Enfin, dans ce catalogue d’idées libérales, François de Coincy se prononce pour la libération du marché monétaire, car le secteur de la finance ne relève pas d’un marché libre. L’économiste rappelle que le système monétaire nous concerne tous : « C’est un système qui permet de donner un prix à chaque chose, c’est un système qui comptabilise le travail de chacun. Le fait de s’en servir pour des raisons politiques, c’est comme faire de la fausse monnaie, c’est terriblement dévastateur. D’ailleurs, la Banque Centrale Européenne a été créée pour éviter ce genre de dérive des États, c’est-à-dire pour enlever aux États la capacité de faire de la fausse monnaie. Maintenant, on demande à la BCE de refinancer les États en émettant de la monnaie, mais c’est extrêmement malsain, il n’y a plus aucune limite. Avant, on devait surveiller les comptes, maintenant ce n’est plus le cas, il y a toujours de l’argent qui tombe. »
Aujourd’hui, tout le monde parle d’immigration et de crise sanitaire, or l’économiste estime que c’est désespérant car les candidats évitent d’évoquer d’autres sujets qui fâchent. Cet ouvrage vise aussi à sensibiliser les politiques pour qu’ils s’intéressent à nouveau aux questions économiques : « Il faut arrêter de traiter ce problème uniquement à travers la question du pouvoir d’achat, car cela consiste à dire aux Français que l’on va continuer de les alimenter avec les pertes de l’État… » Le monde d’aujourd’hui n’est plus vraiment très libéral et ce livre vise opportunément à nous le rappeler.
« Sept idées libérales pour redresser notre économie » de François de Coincy est publié aux Éditions L’Harmathan.