Notre plus grande poétesse dans « Action poétique » ! (par Henri Deluy)

Action Poétique n°193
Par Henri Deluy
 
Le temps du tableau
Un livre superbe, surprenant, de Catherine Weinzaepflen. Une écriture qui recrée, dans une sensibilité retenue, un lyrisme de maintenant…
 

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Trois parties : 1) suite de « tableaux », comme extraits d’un journal, mais sans continuité, brefs récits, intimité dans le rapport au monde, justesse du coup d’oeil (ce qui reste de Leningrad dans Saint-Pétersbourg, par ex., ou l’évocation de mon amie voleuse de briquet, ou encore il y a une jeune fille…) Finesse et apparente évidence de ce qui se voit, dans ce qui s’écrit… La réussite de la perception. Et le mot juste.
 
2) théâtre reconstitué, qui se regarde se mettre en place, en 22 scènes stupéfiantes de clarté. Une démonstration, par la simplicité, de la force subversive d’un « je » affranchi de toute préciosité, lorsqu’il se glisse dans ses propres sentiments, ne disparaît pas, ne s’impose pas.
 
3) « lettre », où se montre la délicatesse, ce que la délicatesse peut tirer de la précision du trait, avec cette tournure vers l’authentique que donne la légère distorsion, le minuscule écart de notation par rapport à ce qui s’attendait…
L’ensemble est écrit en vers libre ; l’unité de sens est découpée, scansion d’un langage courant, sans majuscules (pas même au début des poèmes), sans ponctuation, avec des parenthèses. Plaisir au poème et à l’intelligence du poème, dans la fascination, la profondeur et la durée.

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