Cossery dans les tablettes de Christopher Gérard sur Archaïon

773739_515494921806619_733971462_o.jpgQui se souvient d’Albert Cossery ? Frédéric Andrau.

Qui se souvient d’Albert Cossery (1913-2008), cet écrivain égyptien de langue française qui vécut 56 ans dans une chambre d’hôtel à Saint-Germain-des-Prés ? Un jeune écrivain au moins, Frédéric Andrau, qui lui adresse, d’homme à homme, un émouvant salut où il retrace une vie sédentaire à l’extrême, car bornée par le Café de Flore, la brasserie Lipp, la rue de Buci et les jardins du Luxembourg. Né au Caire dans la bourgeoisie copte, Albert Cossery se découvre très jeune une vocation d’écrivain à laquelle il sacrifie tout : à part les huit livres qu’il publie en soixante-cinq ans, il refusera toute forme de travail et, non sans cohérence, tout statut social, toute propriété matérielle, puisque, à sa mort, ses biens – cravates, pochettes, chaussettes de luxe et vieilles photographies – seront empaquetés dans trois cartons.

Après avoir fréquenté le Lycée français et les cercles surréalistes du Caire, Cossery s’installe à Paris en 1945, où, grâce au soutien précoce d’Henry Miller et d’Albert Camus, il se fait rapidement un nom. Noceur infatigable, séducteur aux yeux de braise, il choisit l’oisiveté absolue comme art de vivre et le bronzage comme discipline, pareil aux chats des temples de l’Egypte ancienne. Indifférent à la politique, il lit Stendhal, Céline et Gorki en menant une vie essentiellement nocturne, aux côtés de Genet et de Nimier, de Piccoli et de Greco.

Pique-assiette, gigolo et écrivain des bas-fonds du Caire, qui inspirent tous ses romans, car par un plaisant paradoxe, cette légende du microcosme germanopratin n’écrit que des histoires égyptiennes ! Pas une ligne sur les boîtes existentialistes ! Pas un mot sur Sartre et consorts ! Une figure singulière du milieu littéraire, qu’il ignorait superbement. Une sorte de sybarite fasciné par la torpeur, adonné au culte – horizontal – du soleil. Un rêveur à l’élégance voyante, que l’on suit pas à pas, charmé par la musique lancinante de son fidèle biographe. 

Christopher Gérard 

Frédéric Andrau, Monsieur Albert. Cossery, une vie, Editions de Corlevour, 20€

PS : Deux erreurs à corriger dans le deuxième tirage: Le Grand d’Espagne, de Roger Nimier, n’est pas un roman; et Lipp ne sert heureusement pas de sodas.

PPS : Bravo à l’attachée de presse, Guilaine Depis, pour son enthousiasme communicatif ! ^_^ 

Au Canada aussi, on lit Frédéric Andrau (recension sur Info-Culture.biz)

FA cote bandeau.jpgYves Gauthier a tenu à recevoir outre atlantique Monsieur Albert – Cossery, une vie.

Il l’a lu pour le site de référence canadien en matière de littérature Info-Culture biz

Il est des individus qui devienne avec ou sans leur consentement des personnages. Plus grand que nature. C’est ce genre de personnage que nous présente Frédéric Andrau avec le récit de Monsieur Albert Cossery, Une vie.

Il y a des personnes qui spontanément s’affublent d’une personnalité qui leur colle à la peau jusqu’à la mort. Il est fascinant de constater comment Albert Cossery a été capable d’ajouter un peu de mystère autour de sa personne pour devenir un tel personnage du monde littéraire et artistique de Paris. Et ce sur une période de plus de soixante ans.

Frédéric Andrau présente ce personnage, auteur de huit ouvrages littéraires, de quelques scénarios de films, avec une tendresse presque une affection communicative. Le lecteur ne peut y échapper. Mais il faut faire attention car chez ce personnage tout n’est pas que beauté. Il y a des côtés sombres qui portent ombrage à la grandeur du personnage.

Le lecteur va y découvrir, en plus de Monsieur Albert, nombre d’autres personnes appartenant à la faune artistique de chaque époque. Saint-Germain-des-Prés vivait des heures de gloire!

Frédéric Andrau nous propose un récit très intéressant et divertissant. (…)

Cossery parmi les réfractaires mis à l’honneur dans Le Figaro et vous (23/24 février 2012)

184040_362550027192438_779297239_n (1).jpgPRIÈRE POUR LES RÉFRACTAIRES

CHRONIQUE : Jean de La Ville de Mirmont, Albert Cossery, Jean-René Huguenin… Ces trois écrivains francs-tireurs font l’objet d’exercices d’admiration. L’occasion de les (re)découvrir.

L’HUMEUR DU TEMPS

par SÉBASTIEN LE FOL

On ne les étudie pas au lycée. Ils ne siègent pas à l’Académie française. Certains d’entre eux sont tenus en quarantaine. Ou relégués au rayon des auteurs pour happy few, ce qui revient au même. Sans la ferveur d’une petite troupe de lecteurs fidèles, il y a longtemps que leurs livres seraient épuisés. Leur nom est introuvable sur Google. Heureusement, cet hiver, une série d’étoiles filantes de la littérature et de petits maîtres ont décroché leur quart d’heure de célébrité.

9782070130610.jpgDans Bleus horizons (Gallimard), Jérôme Garcin sort de l’ombre Jean de La Ville de Mirmont, ce poète bordelais enseveli par un obus allemand. Le 28 novembre 1914, dont le lyrisme à la musicalité prodigieuse inspira Fauré et fut salué par Mauriac « Je suis né dans un port et depuis mon enfance/J’ai vu passer par là des pays bien divers/Attentif à la brise et toujours en partance/Mon coeur n’a jamais pris le chemin de la mer » (L’Horizon chimérique)

CouvCossery.jpgCent ans après sa naissance, le regretté Albert Cossery inspire un beau livre de gratitude à Frédéric Andrau Monsieur Albert aux éditions de Corlevour). Locataire durant un demi-siècle de la chambre 58 à l’Hôtel La Louisiane, dans le quartier Saint-Germain des Prés, ce dandy oriental s’adonna à l’art difficile de la paresse. Il laissa une demi douzaine de contes parmi lesquels Les hommes oubliés de Dieu et Un complot de saltimbanques, odes malicieuses à la richesse des misérables, à relire à la lumière du printemps arabe et du nouveau fascisme vert . Jean-René Huguenin, lui, n’a pas eu le temps de faire une oeuvre. Le 22 septembre 1962 ce jeune hussard ardent, ancien élève de Julien Gracq et fils spirituel de Mauriac, sortant de la nationale 10, entre Paris et Chartres. Quelques jours plus tard Roger Nimier se tuait au volant de son Aston Martin.

Revenons à Huguenin. Il venait d’avoir 26 ans. Depuis ce jour-là, les fidèles prononcent son nom comme un sésame ouvre-toi. Son journal intime a été le compagnon et le miroir de leur adolescence. Ils en connaissent encore certains passages par coeur. Jérôme Michel est de ceux-là.

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Dans Un jeune mort d’autrefois (à paraître le 14 mars chez Pierre-Guillaume de Roux), ce haut fonctionnaire paie sa dette à ce grand frère spirituel, silhouette rimbaldienne des Trente Glorieuses, version Tel Quel du romantisme. Huguenin avait la tentation du phalanstère. Il croyait à l’aristocratie des âmes fortes. S’il avait vévu, il aurait probablement consacré un exercice d’admiration à son cher Lermontov, l’auteur d’Un héros de notre temps, qui l’avait tant marqué. Manifester son admiration, c’est non seulement transmettre la flamme, mais aussi espérer une résurrection. Les livres de Garcin, Andrau et Michel sont des prières. Les morts auxquels elles s’adressent sont probablement des auteurs qui les ont révélé à eux-mêmes , aidé à devenir ceux qu’ils sont aujourd’hui. Pour des raisons diverses, ils se sentent en communion avec eux. Peut-être la confidentialité de ces auteurs les a-t-elle attirés. Mais cette envie de se distinguer n’explique pas tout. Ce que raconte chacun de ces essais, c’est ce moment magique où un lecteur se dit ce livre a été écrit pour moi.

Bruno de Cessole a lu Frédéric Andrau pour Valeurs actuelles

VALEURS ACTUELLES N°3976

DU 7 AU 13 FÉVRIER 2013
GUIDE CULTURE 

Albert Cossery, le dandy altier *** (trois étoiles = très bon livre) – Par Bruno de Cessole

cosseryphotoval.jpgPhoto : l’écrivain au Jardin du Luxembourg où il passait ses journées à rêver ses livres et à couver du regard les jeunes et jolies passantes.

Les princes de ce monde ne sont pas ceux qu’un vain peuple pense : vedettes du ballon rond à demi lobotomisées, starlettes botoxées, milliardaires clinquants ou politiciens fiers de leur inculture. Ce sont, tout à l’encontre, des marginaux discrets, souverainement libres, allégés des pesanteurs sociales, affranchis des contingences élémentaires, et qui dédaignent de perdre leur vie à la gagner. Héritier de Diogène le Cynique et du Neveu de Rameau, Albert Cossery, écrivain égyptien de langue française, figure tutélaire de Saint-Germain-des-Prés, était l’un de ces princes ignorés, qui n’apparaissent jamais en couverture des magazines, et dont les frasques subtiles ne défraient pas la chronique. « N’être l’esclave de rien ni personne » : il fut, toute sa longue vie, adonnée à l’art difficile du farniente, fidèle à cette intransigeante devise.

Né au Caire en 1913, dans une famille relativement aisée, il tenait de son père que la divine paresse, loin d’être une tare, est le luxe des esprits libres et contemplatifs. Très vite, il sut que la seule ambition digne d’être poursuivie se confondait avec la littérature, et que la « vraie vie », la seule digne de ce nom, se déroulait en marge des circuits balisés et des plans de carrière. Baudelairien, Albert Cossery le fut non seulement dès ses premiers poèmes, mais dans son inimitable art de vivre, voué au culte de la beauté et des charmes féminins, dédaigneux de la rentabilité du temps et de toute possession matérielle. Si attaché qu’il fût à sa ville natale et à sa faune bigarrée, il prit conscience qu’il lui fallait s’épanouir hors de cet horizon borné.

C’est à Paris qu’il trouva son lieu et sa formule, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Locataire impécunieux, durant quarante ans, de la chambre 58 à l’hôtel La Louisiane où il devait mourir, comme Oscar Wilde, au-dessus de ses moyens, il mena dès lors, entre le Café de Flore et le Jardin du Luxembourg, une existence de sybarite dédiée aux amours fugaces, aux virées nocturnes, et à la gestation capricieuse d’une oeuvre romanesque aussi mince qu’exigeante.

cosseryval.jpgDes Hommes oubliés de Dieu (1941) aux Couleurs de l’infamie (1999), ces livres de conteur oriental célèbrent la richesse des misérables et la misère des puissants, l’inutilité de l’action et les vertus du désir. « La conquête d’un Empire, clame l’un de ses personnages, ne vaut pas une heure à caresser la croupe d’une jolie fille assoupie sous la tente, dans l’immobile désert », tandis qu’un autre assène : « Il faut une âme basse pour souhaiter la célébrité dans un monde aussi débile ! ». Jusqu’au terme de sa vie, ce dandy altier et sans le sou, d’une élégance légendaire, vécut aux dépens de ses admirateurs, en ne s’étant jamais abaissé à écrire pour vivre. À l’instar de Byron, Albert Cossery mit son génie dans sa vie et son talent dans son oeuvre. D’où, peut-être, les derniers mots angoissés qu’il laissa, le jour de sa mort : « Qui se souviendra d’Albert Cossery ? » Merci au romancier Frédéric Andrau d’avoir, dans ce beau livre mémorial, répondu présent.

Bruno de Cessole

Monsieur Albert. Cossery, une vie, de Frédéric Andrau, Éditions de Corlevour, 280 pages, 19,90 €

Corlevour, éditeur de « Monsieur Albert – Cossery, une vie »

arton751-138x200.jpegarton694-139x200.jpegarton769-140x200.jpegNunc et Corlevour


Depuis dix ans, les Éditions de Corlevour ont publié : 


– 28 n° de la revue Nunc. Le dernier consacré à Erri De Luca. (Parmi les anciens : n° sur Tarkovski, Stétié, Gaspar, Clint Eastwood, Jean-Luc Marion, etc)


– Près d’une quarantaine de livre maintenant, avec parmi les auteurs les plus connus Henry Bauchau, Jacques Darras, Yves Bonnefoy, Paul Evdokimov, Michael Edwards

Le catalogue de Corlevour est dominé par une littérature pointue, mais depuis un an se lance également dans le roman (La ville noire de Nicolas Idier, dans la dernière sélection du prix du premier roman) ; Passage secret de Laurence Brisset (auteur Gallimard pour ses essais).

En plein développement, Corlevour passe à des titres plus « faciles », mais toujours avec le souci d’une exigence littéraire : les romans donc, mais aussi maintenant un livre-hommage à Albert Cossery, un livre d’entretien avec Jacques Henric…

(poésie, philosophie, cinéma mais aussi théologie).

Nunc est une revue de création et d’essais. Lancée en 2002, elle publie trois fois par an des livraisons comprenant de la poésie et des essais philosophiques, littéraires ou de théologie. Elle consacre régulièrement des dossiers à des figures importantes (Pierre Oster, Andreï Tarkovski, Jean-Louis Chrétien, Jean-Luc Marion, Salah Stétié, etc.) ou à des thèmes (la transgression, le commencement, la musique contemporaine). 

Revue de réflexion et de méditation, Nunc n’hésite pas non plus à provoquer le dialogue et le débat.

Par ailleurs, chaque numéro est accompagné d’illustrations d’un artiste dont les œuvres sont insérées dans des tirages de luxe de la revue. Elle est publiée par les Éditions de Corlevour.

À propos de Nunc et Corlevour, la contribution de Bernadette Engel-Roux (Poezibao, 2008)
 
C’est une œuvre de découverte, de création, de partage, que mène avec courage la collégiale fraternelle et amicale de la petite mais dynamique « maison » de Corlevour. Découverte, car de « jeunes » auteurs y ont trouvé place et accord. Création, car chaque livre comme chaque numéro est un bel objet en lui-même, très souvent accompagné du travail consonant d’un artiste peintre. Partage, car la revue, éclectique jusques en ses exigences et sa fidélité à une ligne fondatrice, assemble horizontalement une communauté d’écrivains et poètes très différents les uns des autres, et verticalement un chœur de voix qui s’élève pour une destination tour à tour enthousiaste pérégrine historique romantique charnelle spirituelle musicale nocturne explosive organique géographique sensuelle vagabonde… et ce n’est pas fini si Dieu lui prête vie (son seul autre soutien est aujourd’hui celui de ses lecteurs).

L’équipe d’édition marche l’amble avec la revue NUNC, dont le numéro 15 (avril 2008) double, est un numéro spécial, consacré à Salah Stétié. Les textes y sont augmentés de Cahiers iconographiques. Alexandre Hollan, Albert Woda, Marc-Henri Arfeux, Jean Anguera ponctuent de leurs dessins, photographies, peintures les lectures de Y. Bonnefoy, M. Deguy, A. Gamoneda, et alii, et les poèmes et entretiens inédits du grand poète libanais, voix vivante parmi les plus vives.

En ses accents neufs, voix française et voix arabe, que NUNC sait écouter, toujours proche de ses intuitions initiales : la nécessité d’ouvrir notre tente à tous les fils d’Abraham, affirme noblement l’édito inaugural de ce n° 15. 

Les numéros à venir forment le vœu de publier Louis Massignon, Lorand Gaspar (n°17 tout récemment paru) avec la même liberté qu’un dossier consacré au Roman Policier. 

La maison, qui a déjà publié poèmes, proses ou essais de D. Avon, H. Bauchau, X. Bordes, C.-H. Rocquet, A. Teyssiéras poursuivra, après un recueil de critique et d’hommage à Claude Louis-Combet, aussi longtemps que ses forces le lui permettront, ce courageux pari de découverte et de partage.

rg.jpegRéginald Gaillard

Lors de ses études d’histoire de la littérature, il se spécialisation sur Chateaubriand et le romantisme français.

À 23 ans, il crée avec Michael Dumont la revue L’Odyssée. Puis, seul, Contrepoint, Journal de l’unité, et, enfin Nunc et Corlevour en 2002.

Il publie régulièrement des articles et donne des conférences – la dernière en date en décembre 2012 sur Jean Grosjean à l’occasion du centenaire de sa naissance, aux Bernardins.

En juin prochain, paraîtra son recueil de poèmes L’attente de la Tour chez Ad Solem.

Une approche en sciences sociales de « Monsieur Albert »

SITE LIENS SOCIO

PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR CouvCossery.jpgFrédéric Andrau nous livre ici un récit biographique fourmillant de détails et d’anecdotes, à la fois libre et vivant, de l’écrivain Albert Cossery, l’une des figures littéraires les plus étonnantes du XXsiècle. Le narrateur s’adresse à Cossery qui lui raconte la vie qu’il a menée. Une vie faite de peu, immobile, à Paris, et, pour l’essentiel, au coeur de Saint-Germain-des-Prés, entre le jardin du Luxembourg, les brasseries Lipp, Flore et Les Deux Magots. Et, sur une vie longue de presque un siècle, seulement 8 livres… mais quels livres, dont le plus célèbre reste certainement Mendiants et orgueilleux Des quartiers populaires du Caire où Cossery est né en 1913, jusqu’à l’hôtel « La Louisiane », au cœur de Saint-Germain-des-Prés, où il vécut près de 60 ans dans la même sobre et petite chambre ; de l’école des Frères de La Salle aux cafés de Flore et des Deux Magots ; des virées nocturnes de fêtes et de dragues, avec, entre autres, Camus, au jardin du Luxembourg où il aimait contempler les jeunes et jolies femmes, des premières publications en revues aux hommages tardifs des prix littéraires, cet homme en marge, sans jamais un sou en poche — il s’est toujours refusé de travailler ! — mais toujours habillé avec une parfaite élégance, est comme ressuscité par Frédéric Andrau. Celui-ci nous relate dans le détail ses relations avec les écrivains de son temps, les hommes de théâtre et de Cinéma, son éditrice de prédilection, Joëlle Losfeld… Cossery était un solitaire qui ne manquait d’amis. Frédéric Andrau n’idéalise pas pour autant son personnage : il pointe sans détour les caprices insupportables de l’écrivain, sa mauvaise foi, son manque de tact avec celle qui fut un temps son épouse, la comédienne Monique Chaumette — à qui est dédié le livre.Ce livre, souvent drôle et touchant, se fait plus profond et émouvant encore quand vinrent les dernières journées, les dernières heures de Cossery. 2013 est le centenaire de la naissance de Cossery dont toute l’œuvre est disponible aux Editions Joëlle Losfeld.

AUTEUR Frédéric Andrau a collaboré pendant plusieurs années dans la presse écrite. Il est l’auteur de deux romans, À fleur de peaux (Le Sémaphore 2005) et Quelques jours avec Christine A. (Plon 2008).

SUJET 

Littérature Aline Giroux, « Du personnage romanesque au sujet moral. La littérature comme autre de la philosophie »[revue]

Thierry Gaillard, La renaissance d’Oedipe. Une métaphysique transgénérationnelle

Egypte Mathieu GuidèreLes cocus de la révolution. Voyage au coeur du Printemps arabe[livre]

« Retour sur les situations révolutionnaires arabes », Revue française de science politique, vol. 62, n° 5-6[revue]

Frédéric Saenen écrit sur « Monsieur Albert » dans le Salon littéraire

Cinq semaines avant sa parution en librairie, le nouveau livre de Frédéric Andrau a déjà obtenu une première véritable recension par Frédéric SAENEN sur le site Le Salon littéraire. Au-delà de la surprise de la rapidité de son auteur et du coeur qu’il a mis à l’ouvrage, cet article me fait un plaisir IMMENSE car il laisse présager le meilleur sur le succès qu’aura bientôt cet essai… 

CouvCossery.jpgAlbert Cossery, « le dernier prince » par Frédéric SAENEN

Albert Cossery, auteur francophone d’origine égyptienne, s’est éteint en 2008, à l’âge de 95 ans. Il vécut l’essentiel de sa longue existence à Paris, rue de Seine, dans une chambre de l’Hôtel La Louisiane. Son œuvre, rééditée intégralement fin 2005 chez Joëlle Losfeld, se compose de sept romans et d’un recueil de nouvelles. Une voix rare, qui sut cultiver l’art de se faire attendre, sans pourtant jamais se départir d’une profonde cohésion. En effet, entre Les Hommes oubliés de Dieu (1941) et Les Couleurs de l’infamie (1995), il semble que peu de choses aient changé ici-bas ; que la crapule soit bien à sa place, c’est-à-dire au pouvoir ; que, malgré les soi-disant avancées du progrès, l’homme demeure un loup pour l’homme.

Un auteur libertaire donc dans sa fibre la plus intime, qui a assumé les exigences induites par son rejet viscéral de la logique marchande et, plus encore, de l’impératif du travail. Cossery s’est maintenu à distance pour évoluer en funambule sur le fil tendu de l’écriture, en équilibre entre révolte et ascèse.

Dans la faune qu’il met en scène – des fainéants, des lubriques, des invertis, des combinards, des corrupteurs, des prostituées, des terroristes, des saltimbanques, des dandys en loques et des nantis amoraux – le mensonge est roi ; la trahison, monnaie courante. Mais, au fond, aucun de ces personnages ne négocie avec l’âme. L’aristocratie foncière de ces créatures traduit celle de leur créateur et tient dans cette subtile alchimie sociale : de la misère naît une noblesse intérieure et du dénuement, une sainteté louche.

A l’occasion du centenaire de la naissance de Cossery, l’écrivain Frédéric Andrau lui adresse une longue lettre, un hommage où la marque de déférence le dispute à la déclaration d’amour. Le récit suit, en chacun de ses fragments, les étapes d’une vie, depuis l’enfance cairote au bord de la tombe du cimetière de Montmartre, en passant par ce jour où «vous en avez eu assez». «Vous vous êtes gentiment rebellé. Vous aviez suffisamment grandi pour qu’on respecte vos goûts. Il n’y avait plus que deux choses qui comptaient : la littérature et les jeunes filles. Balzac ne vous quittait plus. La Comédie humaine vous fascinait. Quant aux jeunes filles, elles vous trouvaient de plus en plus séduisant.»

Séduction… Le mot est lâché. Cossery, qui fut sans doute qui chercha le moins à faire du bruit, par la publicité, autour de sa personne, acceptera quand même d’apparaître en fin de vie dans des émissions de télévision très populaires. Il y mettra le public dans sa poche en un tournemain, en constatant platement : «Je me demande pourquoi tous ces gens qui ne me connaissent pas et qui ne savent rien de moi m’applaudissent comme ça…»

Le lecteur succombera lui aussi très rapidement au charme subtil de la prose d’Andrau, si bien sûr son objectif premier n’est pas le pur attrait documentaire. Non pas qu’Andrau traite avec légèreté des faits, au contraire il connaît son sujet dans les moindres détails. Tout y est : les amitiés de Cossery (Moustaki), ses sympathies (Matzneff), ses humeurs (l’homme ne souriait jamais sans raison), ses penchants («Vous ne portiez pas de crédit aux femmes qui avaient dépassé la trentaine.»), ses marques de souverain détachement (à son épouse qui lui téléphonait pour lui proposer le divorcer, il souffla qu’il avait oublié être marié), ses rites coutumiers. Jusqu’à sa triste fin : muré dans le silence suite à une laryngectomie, il ne communiquait plus qu’au moyen de messages griffonnés…

Mais prétendre lire Monsieur Albert comme une banale biographie, ce serait faire fi de la petite musique qui en émane, se tenir aux lisières de l’émotion pure qu’il suscite. Car la narration en «vous» (procédé assez atypique pour être souligné) investit de l’intérieur. Si donc rien ne vibre dans les dix premières pages, abandonnez sans tarder, c’est qu’il vous manque définitivement la glande pour apprécier ce livre… tout comme ceux de Cossery, sans doute. Gare alors à son jugement sans appel, lorsqu’il avertissait : «Je serai toujours du côté des petits, jamais de celui des salopards et si, après avoir lu mes livres, vous ne savez pas qui sont les salopards, c’est que vous n’avez rien compris…»

Frédéric SAENEN

Frédéric Andrau, Monsieur Albert. Cossery, une vie, Éditions de Corlevour, février 2013, 280 pages, 19,90 €

Livres Hebdo salue la sortie du livre-hommage à Albert COSSERY

841227_351056658341775_2015763260_o.jpgAprès l’annonce par le Figaro littéraire il y a deux semaines, voici celle de Livres Hebdo qui laisse présager une jolie naissance médiatique à « Monsieur Albert – Cossery, une vie » de Frédéric Andrau, qui paraîtra le 28 février aux Éditions de Corlevour 

100 ans
À l’occasion du centenaire de la naissance de l’écrivain Albert Cossery, disparu en 2008, Frédéric Andrau signe une biographie, Monsieur Albert, sous-titrée Cossery, une vie, programmée le 28 février aux éditions de Corlevour. Il s’adresse directement à l’auteur de huit livres, dont Mendiants et orgueilleux, dans un texte très personnel et revient sur sa vie, des quartiers populaires du Caire, où il est né en 1913, à l’hôtel La Louisiane, à Saint-Germain-des-Prés, où il vécut pendant soixante ans. Il relate ses relations avec les écrivains de son temps, les comédiens et les acteurs de cinéma et avec son éditrice Joëlle Losfeld, qui possède toujours à son catalogue l’intégralité de son oeuvre.