Philippe Poisson annonce la sortie du livre de Christian Rol qu’il amibe beaucoup sur son blog (26 février 2015)

Le blog de Philippe Poisson

Articles à votre disposition concernant l’Histoire de la Police, de la Gendarmerie, des Galères, des Bagnes maritimes et coloniaux, des Prisons, des colonies correctionnelles, des maisons de correction, des Hospices, des Hôpitaux… en passant par de nombreux articles consacrés à l’histoire du vêtement, à l’histoire de la vie quotidienne, des portraits de femmes et d’hommes qui ont traversé « l’Histoire » et «la petite Histoire »…

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Le roman vrai d’un fasciste français par Christian ROL

Le 4 mai 1978, Henri Curiel, militant communiste et anti-colonialiste, membre du réseau Jeanson des « porteurs de valises » est abattu à son domicile parisien. Le 20 septembre 1979, Pierre Goldman, figure de l’extrême gauche des années 70, est tué par balles à bout portant à quelques mètres de chez lui dans le I3e arrondissement. Ces assassinats qui ne seront jamais élucidés sont signés par une organisation d’extrême droite inconnue: Honneur de la Police. En 2012, peu avant de mourir, un individu discret revendique – à visage couvert – sa participation à l’assassinat de Pierre Goldman. Quant à l’autre « exécution» dont il assume la paternité auprès de quelques proches, elle est pour la première fois révélée dans ce livre.

Camelot du roi et membre de l’Action française à 14 ans, René Resciniti de Says est un ancien parachutiste du ge RCP puis du 6eme RPIMA. Parti guerroyer dans les Phalanges libanaises, et en Afrique aux côtés de Bob Denard, il a également été « instructeur militaire» en Amérique latine: un « affreux ».

Loin d’être un nervi au front bas, mais ne dédaignant pas l’étiquette de « voyou « , Resciniti de Says est un authentique marquis italien né des noces bâclées entre une mère chanteuse lyrique et un père aventurier parti très tôt du domicile conjugal sur les Champs-Élysées. En outre, s’il est « monarchiste », dandy aux élégances onéreuses, ses amitiés, elles, ne le sont pas toujours … et sa conduite non plus. La personnalité baroque de René Resciniti de Says – ce lettré peut déclamer des vers, ivre devant l’Institut après une nuit à se battre – sa vie et sa complexité nous épargnent l’écueil du registre « fana-mili facho» réducteur et sclérosant. D’abord, parce qu’il ne fut pas que cela.

Sa vie nous renvoie aussi bien au cinéma qu’à la littérature, deux registres qu’il prisait tant. Où l’on passe allègrement des Quatre Cents Coups à la Fureur de vivre – il vouait dans ses jeunes années une adoration à James Dean -, à la langue d’Audiard d’un Paris interlope, à Beyrouth sous le feu; et aux personnages de Blondin à qui il ressemblait tellement à la fin de son existence.

Christian Rol revient sur les assassinats commandités au plus niveau, mais au delà du document choc et de l’affaire d’État dont il fut la main armée par les « services» ne devrait pas manquer de remuer le monde politique, celui du Renseignement, de certains intellectuels et des journalistes. Il s’immerge aussi dans une jeunesse agitée au coeur des groupuscules politiques de droite: Occident, Ordre Nouveau et Action Française, qui ensanglantèrent le Quartier latin des années 60 et 70 ; et qui furent un vivier riche en gros bras pour les services parallèles du pouvoir de l’époque et en futur leaders politiques de la France d’aujourd’hui. Il donne là un « roman vrai» d’un personnage picaresque avec qui nous voyageons d’un monde à l’autre en embrassant un destin hors norme. « Roman » signifiant qualité d’écriture, densité et exigence littéraire destinées à coller au personnage. 

      • Date de parution : 02/04/2015
      • Éditeur: La manufacture de livres
      • EAN : 9782358870993
      • Capture d’écran 2015-04-09 à 00.57.29.png

 

    Livres Hebdo annonce la sélection du Prix 2015 de la Page 112 (16.02.2015)

    Avant de découvrir la sélection annoncée dans Livres Hebdo, une visite s’impose !

    Rendez-vous sur le site officiel du Prix de la Page 112, conçu par sa Présidente fondatrice – qui est en plus une très belle réalisation graphique, drôle et esthétique à souhait, dans l’esprit du Prix de la Page 112http://www.prix-de-la-page-112.com 

    Attachée de presse (pour interviewer la Présidente Claire Debru ou les membres de son jury, ainsi que le futur lauréat) : Guilaine Depis 06 84 36 31 85 / guilaine_depis@yahoo.com  

    logo_5723.jpgHuit titres figurent dans la sélection 2015 :


    Babylone Underground, d’Eloïse Cohen de Timary (Serge Safran Editeur)
    Une fille, de Juliette Kahane (L’Olivier),
    L’homme qui aimait trop travailler, d’Alexandre Lacroix (Flammarion)
    La lettre au capitaine Brunner, de Gabriel Matzneff (La table ronde)
    Les événements, de Jean Rolin (P.O.L)
    Je vous écris dans le noir, de Jean-Luc Seigle (Flammarion)
    Berezina, de Sylvain Tesson (Guérin)
    Un an après, d’Anne Wiazemsky (Gallimard)

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    L’édition 2015 du Prix de la Page 112 chez Roger la Grenouille, notre partenaire batracien et germanopratin !

    « Le tout dernier né des grands prix littéraires de l’automne »

    Alain Beuve-Méry, Le Monde

    Sélection 2015 en cliquant ici 

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    Édition 2015 DU

    Prix

    de la

    Page

    112

     

     

    « Don’t forget the poem on page 112 : it reminded me of you…

    Page 112 ! »

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    Créé en hommage à Woody Allen (et à une réplique d’Hannah et ses sœurs), le prix de la page 112 a « pour vocation de récompenser un ouvrage littéraire paru en début d’hiver, dont la tension stylistique et romanesque sera remarquable de la première à la dernière page”. Il sera décerné le 11 mars pour la 3e année, en partenariat avec le restaurant Roger la grenouille à Paris.
    Originellement remis à l’automne, il s’est déplacé en début d’année, et porte sur des titres de la rentrée littéraire de janvier et février, pour se distinguer de son concurrent, le prix de la page 111 (pourtant créé après par Radio Nova).

    Le jury se compose de Marcel Bénabou, Grégoire Bouillier, Christophe Bourseiller, Lidia Breda, Aymeric Caron, Claire Debru, Anne Goscinny, Brigitte Lannaud Levy, Nicolas d’Estienne d’Orves, François Taillandier, Bruno Tessarech et Guillaume Zorgbibe. 

    Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Prix de la Page 112

    sans jamais oser le demander :

    http://www.prix-de-la-page-112.com Infos : contact@prix-de-la-page-112.com

    Attachée de presse :  guilaine_depis@yahoo.com / 06.84.36.31.85

     

    Capture d’écran 2015-02-24 à 11.07.38.pngNotre partenaire batracien et germanopratin,

    le légendaire

    Roger La Grenouille !

    Un vieux bistrot des années 30 ; un décor unique en son genre, baroque et chatoyant ; une ambiance chaleureuse ; une cuisine authentique…

     

    La famille Layrac vous attend dans ce lieu chargé d’histoire(s) pour déguster sa cuisine bistronomique ainsi que les cuisses de grenouilles , spécialité de la maison.

     

    http://www.restovisio.com/restaurant/roger-la-grenouille-395.htm

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    Extraits des retombées presse de la pièce de Sophie Jabès (partie texte/littérature de la presse sur son livre aux Éditions Lansman)

    2702716354.2.jpgExtraits des retombées presse de

    Sophie Jabès

    Pour sa pièce Camille, Camille, Camille (Lansman Editeur)

    Médiapart par Dashiell Donello, le 13 octobre 2014

    « Camille, Camille, Camille » Une Pièce bouleversante de Sophie Jabès au Lucernaire

    L’idée centrale de la mise en scène fait sens en liant la vie et l’oeuvre de Camille Claudel. C’est une belle réussite (…)

    Télérama Sortir par Sylviane Bernard-Gresh, le 21 octobre 2014

    Le texte de Sophie Jabès a le mérite de nous rappeler le génie et la tragédie de cette artiste délaissée de tous (…)

    Reg’arts par Bruno Fougniès, le 11 octobre 2014

     Le texte de Sophie Jabès pose devant nous trois moments cruciaux de la vie de Camille Claudel : le soir où elle va donner ses lèvres et son génie à Rodin, le soir où elle va être bâillonnée par l’internement chez les fous et le soir de son dernier souffle. (…) La pertinence du texte de Sophie Jabès (…) est de donner à chacun des âges de Camille une personnalité, un rythme, un ton très tranchés.

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    Web Théâtre par Gilles Costaz, le 29 octobre 2014

    Camille Claudel n’en finit pas d’inspirer nos auteurs dramatiques. Sophie Jabès joue le jeu différemment. Ce n’est pas une Camille Claudel qu’elle ressuscite, mais trois ! (…)  Ayant entrecroisé les monologues de chaque personnage, Sophie Jabès les fait se rencontrer. (…) Les dialogues ont une belle force émotive. (…) une œuvre où se mêlent la sincérité du texte et l’insolite de la forme (…)

    Mes illusions comiques par Audrey Natalizi, le 23 octobre 2014

    C’est une plongée au cœur dans l’âme de Camille Claudel que nous proposent Sophie Jabès (pour le texte) et Marie Montegani (adaptation et mise en scène) au Lucernaire. Loin de se limiter à ce que l’on connait de la biographie de la sculptrice, les deux femmes nous livrent ses pensées les plus profondes dans un spectacle poignant intitulé Camille, Camille, Camille.Une introspection particulièrement réussie et un spectacle que l’on n’hésite pas à vous recommander (…)

    Rue du Théâtre par Cécile Strouk, le 17 octobre 2014

    « Camille, Camille, Camille », c’est le portrait de Camille Claudel à travers trois générations d’elle-même. L’histoire d’une vie, reconstituée par l’auteur Sophie Jabès, qui donne une belle cohérence au discours digressif de la sculptrice maudite (…)

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    Théâtrorama par Dany Toubiana, le 15 octobre 2014

    Dans ce corps à corps apparaissent d’autres forces en présence, les forces antagonistes d’une société qui met les femmes sous tutelle et les empêche d’exister par elles-mêmes. Le texte (de Sophie Jabès) prend le parti de faire exister Camille uniquement dans ce dénuement. L’œuvre vit encore au plus profond d’elle-même, comme détachée de la créatrice réduite à ses seules obsessions et à ce cri ultime de défi.

    La Théâtrothèque par Philippe Delhumeau, le 3 octobre 2014

    Le texte de Sophie Jabès, une résonance biographique de l’existence de Camille Claudel déclinée en trois dimensions humaines, l’élève de Rodin, l’artiste et l’internée. (…) Si l’histoire est d’encre, ces œuvres sculptées dans la terre cuite, le bronze et le marbre, correspondent aux matériaux de la construction et de la déconstruction de l’homme.

    Le nouveau magazine « Histoire et civilisations » du Monde a déjà remarqué les Éditions La Découvrance – Merci à Jean-Marc Bastière (20 février 2015)

    Jean-Marc Bastière a remarqué le livre de Philippe Collonge dans Histoire et Civilisations du 20 février 2015

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    Chacun connaît Le Radeau de la Méduse, le tableau de Géricault inspiré de la dramatique histoire de ces hommes en dérive durant douze jours. Sur cent cinquante, ne resteront que quinze survivants. Parmi eux, le capitaine Dupont, dont voici les mémoires inédits.

    Un rescapé de la Méduse : Mémoires du Capitaine Dupont 1775-1850 de Philippe Collonge (présentation) La Découvrance 162 p., 17 €
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    Le 16ème Salon Culture et Jeux Mathématiques : thème 2015 « Mathématiques et lumière » (premier communiqué pour un Salon du 28 au 31 mai 2015)

     

    Capture d’écran 2015-03-17 à 14.48.17.pngPREMIER COMMUNIQUE de PRESSE 

    16e Salon Culture et Jeux Mathématiques 

    organisé par le

    Comité International des Jeux Mathématiques 

    sous le parrainage de

    Monsieur Jean Pierre Luminet 

    astrophysicien, historien des sciences et des mathématiques 

     

    du jeudi 28 mai au dimanche 31 mai 2015 

    Place Saint Sulpice – Paris 6ème 

    Entrée libre et gratuite 

    Mathématiques et Lumière 

     

    Lire l’introduction du parrain de l’édition 2015, l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet ici 

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    L’Année Internationale de la Lumière a naturellement inspiré les organisateurs du Salon Culture et Jeux Mathématiques. 

    Dans la filiation des philosophes du XVIIIème siècle, ce Salon, à la fois grand public et pédagogique, est un vecteur d’échanges entre les âges, les disciplines et les pays. Les Mathématiques, science première et pièce maîtresse de la philosophie pendant des millénaires, flirtent ici avec les ondes, la vitesse, le rayonnement et les astres. 

     

    Traditionnellement placé sous le signe de la connaissance, mais aussi du plaisir ludique, des rencontres et du partage international, le Salon Culture et Jeux Mathématiques espère cette année que ses feux nourriront les intelligences et les coeurs pour une humanité plus juste et responsable. 

     

    La Lumière, source de vie et de connaissance est notre bien le plus fondamental. Elle est également commune à tous les hommes et femmes du monde entier. Elle dépasse l’humanité puisqu’elle est aussi source de toute forme de vie. 

     

    Rendre hommage en 2015 à la Lumière, la glorifier, 

    c’est ouvrir les yeux sur notre besoin d’elle 

     

    Capture d’écran 2015-03-17 à 14.48.28.png70 animations, jeux, découvertes, spectacles … 

    Des moments forts 

    Appréhender le « monde numérique » avec les grands centres de recherche (Centre National de la Recherche Scientifique, institut national de recherche en informatique et en automatique), Universcience, les sociétés savantes (Société Mathématique de France, Société de Mathématiques Appliquées et Industrielles, Société Française de Statistique, Femmes et Maths) et le Centre de Recherches Interdisciplinaires. 

     

    Capture d’écran 2015-03-17 à 14.48.34.pngRencontres et speed-meeting avec des chercheurs et des professionnels, hommes et femmes de tous les pays. 

     

    Coupe Euromath Casio, compétition par équipe venue de différentes régions du monde et sa finale, un vrai spectacle mathématique. 

     

    Contact presse CIJM 

    Guilaine Depis guilaine_depis@yahoo.com  06 84 36 31 85 

    Marie José Pestel Présidente CIJM 06 08 04 38 65 

    Pour toutes informations complémentaires www.cijm.org

     

    Comité International des Jeux Mathématiques Association nationale de jeunesse et d’éducation populaire CIJM – chez Institut Henri Poincaré 11 rue Pierre et Marie Curie 75231 PARIS cedex 05 – Tél : 01 42 77 83 62 cijm@cijm.org – N° SIRET : 433 879 343 00047 APE 927 C 

     

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    Extrait de « Un capitaine des volontaires » de Joachim Maria Machado de Assis

    machado un .jpgUn capitaine de volontaires (cliquez pour voir l’argumentaire)

    Joachim Maria Machado de Assis

    traduit du brésilien par Dorothée de Bruchard

     

    En partance pour l’Europe, peu après la proclamation de la République, Simão de Castro fit l’inventaire de ses lettres et ses notes ; il déchira le tout. Ne lui resta que le récit que vous allez lire ; il le confia à un ami, le priant de le faire imprimer une fois qu’il aurait pris le large. L’ami n’agréa pas sa demande, trouvant dans cette histoire quelque chose qui pouvait sembler pénible, ce qu’il lui expliqua dans une

    lettre. Simão répondit qu’il s’en remettait tout à lui ; n’ayant guère de velléités littéraires, peu lui importait d’être publié ou pas. Maintenant qu’ils sont tous deux décédés et ce scrupule n’existant plus, on donne le manuscrit à la presse.

     

    Nous étions deux, et elles, deux. Nous y allions tous deux en visite, par habitude, par délassement, et finalement par amitié. Je devins l’ami du maître de maison, et lui devint mon ami. Le soir, après dîner – l’on dînait tôt en 1866 –, j’y passais pour fumer un cigare. Le soleil entrait encore par la fenêtre, d’où l’on voyait une colline avec des maisons. La fenêtre opposée donnait sur la mer. Je ne citerai ni la rue ni le quartier ; je puis citer la ville, c’était Rio de Janeiro. Je tairai le nom de mon ami ; mettons une lettre, X***. Elle, l’une d’elles, s’appelait Maria.

     

    Lorsque j’arrivais, il était déjà dans sa chaise à bascule. Les meubles du salon étaient peu nombreux, les ornements rares ; toute simplicité. X*** me tendait sa main large et forte ; j’allais m’asseoir auprès de la fenêtre, un oeil sur le salon, un oeil sur la rue. Maria, si elle n’était déjà là, se montrait peu après. Nous n’étions rien l’un pour l’autre; seule l’affection de X*** nous liait. Nous bavardions ; je les quittais pour rentrer chez moi ou pour une promenade, eux restaient et allaient se coucher.

     

    Parfois nous jouions aux cartes, et les derniers temps c’est là que je passais la plupart de mes soirées.

     

    Tout, en X***, me surpassait. Son apparence, d’abord. Il était robuste, j’étais frêle; ma grâce féminine, chétive, s’éclipsait face à son allure virile, ses fortes épaules, ses fortes hanches, sa jambe vigoureuse et son pied solide qui frappait ferme sur le sol en marchant. Prêtez-moi une fine et maigre moustache ; voyez-lui de longs favoris, épais et bouclés, et l’un de ses gestes habituels, réfléchissant ou écoutant, était de les entortiller en y passant les doigts. Les yeux terminaient le portrait, non seulement parce qu’ils étaient grands et beaux, mais parce qu’ils riaient plus et mieux que sa bouche. Outre l’apparence, l’âge ; X*** était un homme de quarante ans, je n’en avais guère que vingt-quatre. Outre l’âge, la vie ; il avait beaucoup vécu, dans un autre milieu, d’où il était sorti pour se blottir dans cette maison, avec cette dame ; moi, je n’avais rien vécu avec personne. Enfin – et c’est là un trait capital – il y avait en lui une fibre castillane, une goutte de ce sang qui circule dans les pages de Calderón, une attitude morale que je puis comparer, sans mépris ni raillerie, à celle du héros de Cervantès.

     

    Comment s’étaient-ils aimés ? Cela datait de loin. Maria avait alors vingt-sept ans, et semblait avoir reçu quelque éducation. On me dit que leur première rencontre avait eu lieu lors d’un bal masqué, à l’ancien Teatro Provisório. Elle portait une jupe courte et dansait au son d’un pandeiro. Elle avait des pieds admirables qui furent, ou ce fut son destin, la cause de l’amour de X***. Jamais je ne lui demandai l’origine de cette (en a-t-il déjà parlé ?) alliance ; je sais seulement qu’elle avait une fille, qui se trouvait en pension et ne venait jamais à la maison ; c’était sa mère qui allait la voir. Nos rapports étaient véritablement respectueux, et le respect allait jusqu’à accepter la situation sans l’examiner.

     

    Quand je commençais à y aller, je n’avais pas encore mon emploi à la banque. Je ne l’eus que deux ou trois mois plus tard et ne cessai pas de les fréquenter pour autant. Maria jouait du piano ; avec son amie Raimunda elles parvenaient parfois à entraîner X*** au théâtre ; je les accompagnais. Nous prenions ensuite le thé dans un salon privé et, une fois ou l’autre, les nuits de pleine lune, nous terminions la soirée en allant à Botafogo en voiture.

     

    Barreto, qui ne commença que plus tard à fréquenter la maison, n’était pas de ces parties-là. C’était cependant un bon compagnon, gai et bouillonnant. Un soir, alors que nous sortions de là, il dirigea la conversation vers les deux femmes et m’invita à les courtiser.

    — Tu en choisis une, Simon, et moi, l’autre.

    Je m’arrêtai en frémissant.

    — Ou plutôt, j’ai déjà choisi, continua-t-il ; j’ai choisi Raimunda. Elle me plaît beaucoup, Raimunda. Toi, tu choisis l’autre.

    — Maria ?

    — Et qui d’autre ?

     

    Le trouble où me jeta ce tentateur fut tel que je ne trouvais nul mot de refus, nul mot ni geste. Tout me parut alors naturel et nécessaire. Oui, je fus d’accord pour choisir Maria ; elle était de trois ans mon aînée, ayant toutefois l’âge qu’il fallait pour m’apprendre à aimer. Maria, c’est convenu. Nous nous mîmes à nos conquêtes avec ardeur et ténacité. Barreto n’eut pas beaucoup à vaincre ; son élue n’avait pas d’amours, mais elle en avait souffert jusqu’à récemment et avait dû rompre contre son gré, son amant ayant épousé une jeune fille de Minas Gerais.

    Elle se laissa vite consoler. Barreto vint un jour, alors que je déjeunais, m’annoncer avoir reçu une lettre d’elle, qu’il me montra.

    — Vous vous êtes entendus ?

    — Oui. Et vous ?

    — Moi, rien.

    — Alors, c’est pour quand ?

    — On verra bien, je te le dirai.

    Je me sentis, ce jour-là, quelque peu vexé. Malgré la meilleure volonté du monde, en effet, je n’osais parler à Maria de mes sentiments. Ne vas pas imaginer là une quelconque passion. Je n’éprouvais aucune passion, plutôt de la curiosité. Quand je la voyais, fraîche et élancée, toute vie et chaleur, je me sentais envahi par une force mystérieuse et nouvelle; mais si, d’une part, je n’avais jamais aimé, Maria était, d’autre part, la compagne de mon ami. Je ne cherche pas par là à expliquer des scrupules, mais juste à faire comprendre ma gêne. Ils vivaient ensemble, l’un pour l’autre, depuis quelques années. X*** me faisait confiance, une confiance absolue, il m’entretenait de ses affaires, me racontait des choses de sa vie passée. En dépit de la différence d’âge, nous étions semblables à des étudiants de la même année.

     

    Comme j’en venais à penser plus souvent à Maria, il est probable que par quelque geste je lui aie dévoilé mon état récent ; le fait est qu’un jour, en lui serrant la main, je sentis que ses doigts s’attardaient plus longuement entre les miens. Deux jours plus tard, me rendant à la poste, je l’y trouvai timbrant une lettre pour Bahia. N’avais-je pas encore dit qu’elle était Bahianaise ? Elle était Bahianaise. Ce fut elle qui m’aperçut en premier et qui vint me parler. Je l’aidai à mettre le timbre, puis nous prîmes congé. À la porte, j’allais dire quelque chose, lorsque j’aperçus X*** devant nous, immobile.

     

    — Je suis venue poster ma lettre pour Maman, s’empressa-t-elle de dire.

    Elle nous dit adieu et rentra chez elle ; lui et moi prîmes une autre direction. X*** en profita pour faire l’éloge de Maria. Sans entrer dans le détail de l’origine de leur relation, il m’assura que ça avait été un grand coup de foudre pareillement partagé, et conclut que sa vie était dès lors toute tracée.

    — Je ne me marierai plus désormais ; je vis maritalement avec elle, avec elle je mourrai. Je ne regrette qu’une chose, c’est de devoir vivre séparé de ma mère. Ma mère le sait, dit-il en s’arrêtant. Puis, reprenant sa marche : elle le sait, elle m’en a même déjà fait une allusion, très vague et lointaine, mais j’ai saisi. Il semble qu’elle ne me désapprouve pas ; elle sait que Maria est une fille bonne et sérieuse, et du moment que je suis heureux elle n’en demande pas davantage. Le mariage ne m’apporterait rien de plus…

     

    Il me dit bien des choses encore, que j’écoutais éperdu ; mon coeur battait ferme, mes jambes marchaient flasques. Je ne trouvais aucune réponse appropriée ; les quelques mots que je prononçais s’étranglaient dans ma gorge. Au bout d’un moment, il perçut mon état et interpréta de travers ; jugeant que ses confidences m’ennuyaient, il me le fit remarquer en riant. Je rétorquai d’un ton sérieux :

     

    — Je t’écoute avec intérêt, au contraire, et il s’agit de gens très dignes de considération et d’estime.

     

    Je pense aujourd’hui que je cédais là inconsciemment à un certain besoin d’hypocrisie. L’âge des passions est un âge confus, et je ne peux bien discerner, dans cette situation, les sentiments et leurs causes. Il n’est toutefois pas exclu que je cherchais alors à dissiper dans l’esprit de X*** toute ombre de méfiance. Toujours est-il qu’il m’écoutât reconnaissant. Ses grands yeux d’enfant m’enveloppèrent en

    entier, et lorsque nous prîmes congé, il me serra vigoureusement la main. Je crois même l’avoir entendu qui disait : « Merci ! ».

     

    Je n’étais pas accablé en le quittant, ni touché de remords préalables. La première impression de cette confidence se dissipant, ne restait que la confidence, et je sentis croître en moi l’agitation de la curiosité. X*** m’avait parlé de Maria comme d’une personne chaste et conjugale ; aucune allusion à ses attributs physiques, mais mon âge me dispensait de toute référence directe. Là, dans la rue, je me représentais par coeur l’image de la jeune femme, ses gestes aussi languides que robustes, et je me sentais de plus en plus bouleversé. Sitôt rentré, je lui écrivis une lettre longue et diffuse que je déchirais au bout d’une demi-heure, puis je sortis dîner. Après dîner, je me rendis chez X***.