Les Editions des Coussinets recommandées par Santé Cet pour faire le deuil d’un animal

Comment faire le deuil de son animal de compagnie ?

 

L’animal fait, on le sait, partie intégrante du foyer. Bien entendu, cela n’a rien à voir avec la disparition d’un être humain, mais lorsqu’il nous quitte, la peine, le chagrin, la tristesse qui s’ensuivent sont tout aussi importants, même si certains peuvent ne pas le comprendre ou le partager.

La perte d’un animal est donc aussi douloureuse que celle d’un proche

Selon une étude menée par Esthima qui lance la première marque-enseigne de pompes funèbres animalières en France (voir encadré) et Wamiz, pour 89 % des Français la mort de leur animal de compagnie a été aussi douloureuse que celle d’un proche. Seuls 20 % se sont sentis de tous lors du chagrin. 90 % gardent en souvenir une photo de leur animal, 53 % des jouets ou accessoires, 21 % une touffe de poils. Et toujours selon cette étude, 1 maître sur 2 souhaiterait organiser une cérémonie funéraire pour son animal.

Trois phases pour le processus de deuil

Le deuil, qu’il soit celui d’un animal ou d’un humain suit le même processus. Il s’articule en trois phases s’enchaînant :  le choc (la mort peut être plus ou moins brutale), le déni pour arriver à l’acceptation.

Le risque de la dépression peut guetter certains maîtres

Mal vécu, cela peut conduire jusqu’à la dépression du maître et/ou d’un des membres de la famille. Un état pathologique qui s’installe généralement lors de la troisième phase et qui peut alors nécessiter un soutien médical dans certains cas. Il ne faut pas refuser une aide médicale.

Ne pas cacher la mort de l’animal aux enfants

On craint parfois que la mort soit davantage mal vécue par les enfants ce qui ne semble pas être le cas selon de nombreux sociologues. Leur réaction est même qualifiée de « naturelle » si l’on peut employer cet adjectif en telle circonstance.

Dans tous les cas, il ne faut pas chercher à leur cacher voire à l’aborder et leur en parler tout en évitant les détails qui pourraient les choquer.

Ne pas avoir de honte et en parler

Il n’y a pas à avoir de honte à être triste et de souffrir de la mort de son animal. En parler peut être « libérateur ». Il faut bien entendu trouver les oreilles attentives et éviter les personnes qui ne vous comprendraient pas. Votre vétérinaire est en première ligne. Ne sous-estimer pas tout ce que lui peut aussi ressentir concernant la mort d’un animal. Les soins, la maladie, l’accident la vieillesse conduisant à la mort parfois par euthanasie est un moment difficile pour lui. Il doit aussi parfois faire face à des reproches, des critiques de la part des maîtres, même si cela est injustifis.

La mort des animaux fait partie de son métier et votre vétérinaire saura vous écouter et vous accompagner dans ce dur moment.

Il existe plusieurs possibilités.

L’incinération qui peut être individuelle ou collective. Le maître récupère dans ce cas les cendres qui pourront être conservées dans une urne ou bien répandues dans un jardin.

S’en remettre à son vétérinaire. Il est possible de confier au vétérinaire le soin de faire incinérer votre compagnon ou bien de contacter un équarisseur puisqu’il est habilité à le faire en remplissant les formalités nécessaires. Vous devrez en assurer les frais.

L’enterrement. Une vingtaine de cimetières animaliers existent en France. Cette solution a un coût, car il faut acheter un cercueil, louer une concession et entretenir la tombe toute l’année.

Enterrer son animal dans son jardin. Il faut pour cela respecter certaines obligations qui ne sont pas toujours respectées par les maîtres. La loi stipule que l’animal doit peser moins de 40 kg. Sa dépouille doit être enfouie à 1,20 mètre de profondeur et à distance de 35 mètres de toute habitation ou de point d’eau. Elle doit être recouverte de chaux vive avant d’être enterrée.

Être enterré avec son animal. La loi française n’autorise pas que le corps d’un animal soit placé dans un caveau familial.

Le chien Félix est à l’origine d’une jurisprudence interdisant d’être enterré avec son animal de compagnie.

Il existe toutefois des possibilités pour être inhumé avec son compagnon, tout en respectant la loi.

Le fait que dès lors que l’on dispose d’une propriété privée, le code de l’administration communale peut autoriser l’enterrement de personnes (à plus de 35 mètres de l’enceinte d’une ville, village ou bourg). Dans ce cas, la « jurisprudence Félix » ne s’applique pas (l’acteur Alain Delon a par exemple prévu d’être enterré avec ses chiens et chats).

Enfin, il existe désormais des cimetières virtuels pour animauxdisponibles sur Internet ; certains sont gratuits. On les trouve dans les moteurs de recherches, tout comme des sites permettant de rendre hommage à son compagnon.

Une maison d’édition pour les chiens et chats disparus. Pour garder un souvenir du compagnon qui a fait partie de votre vie et qui vous a quittés les Editions des Coussinets propose de vous aider à publier un souvenir qui vous accompagnera après son départ : un livre-souvenir comportant des pantges de texte et des photos. L’aide peut aller de la simple mise en page de votre texte et de vos photos avec impression du nombre d’exemplaires souhaités, jusqu’à la rédaction complète de votre texte après entretien enregistré et mis en forme.

Le Groupe Veternity* lance en France la marque Esthima. Partenaire historique des vétérinaires, et spécialiste de la crémation animale, l’ex La Compagnie des Vétérinaires propose aujourd’hui avec Veternity une offre complémentaire au million de propriétaires qui ne passent pas par une clinique lors du décès de leur animal.

Sa mission : « Accompagner les propriétaires à chaque étape des obsèques personnalisées qu’ils souhaitent organiser pour leur compagnon. Et une unique conviction : le droit au respect de l’animal se doit d’être prolongé au-delà de sa vie », explique David Buisset, DG Esthima France.

Depuis l’origine, en France, les familles passent, lors de la mort de leur animal de compagnie, par un vétérinaire qui lui-même s’adresse ensuite à un centre de crémation. Aujourd’hui, avec Esthima, les familles peuvent également se rendre directement dans ses agences et centres de crémation. Différentes formes de prise en charge sont possibles :

– Le corps de l’animal est confié directement aux agences ou crématoriums Esthima où il est pris en charge rapidement

– Esthima propose également la prise en charge à domicile : nouveau service actuellement en cours de mise en place

– Le propriétaire passe par son vétérinaire : dans ce cas,

les équipes Esthima prennent en charge l’animal au sein de la clinique.

Esthima accompagne de A à Z les propriétaires d’animaux au moment du décès de leur compagnon de vie, de la prise en charge du corps à la remise des cendres après un « Service de Crémation Privé », en passant par l’organisation d’hommages.

Deux services de crémation sont proposés, individuelles (« Référence ») ou collectives (« Plurielle »), avec un tarif s’établissant de 61 à 290 €.

Les conseillers funéraires Esthima sont formés spécifiquement pour guider les propriétaires d’animaux dans les démarches à effectuer selon le lieu de décès, en clinique ou à domicile.

Esthima met en place une multitude de moyens pour assurer le suivi de l’animal confié. « La transparence est une valeur majeure pour la marque, nous améliorons donc sans cesse nos process pour pouvoir communiquer aux propriétaires qui le désirent les différentes étapes de la prise en charge et de la crémation de l’animal », poursuit-il. « Nous savons également que les familles nouent des relations de plus en plus fortes avec leurs animaux. Nous leur proposons donc un accompagnement émotionnel via un ‘’soutien psychologique’’. Notre ambition est de faire d’Esthima la référence des pompes funèbres animalières auprès des 60 millions de propriétaires d’animaux en France. »

Esthima s’appuie sur un réseau de 14 crématoriums dans l’Hexagone et ouvre sa première agence funéraire animalière dans la métropole lyonnaise (à Décines-Charpieu). Prochaine étape : l’ouverture de 5 nouvelles agences sur le territoire en 2021.

C’est un engagement sociétal qui est prône: même dans la mort, l’animal mérite de la considération et du respect. Esthima s’engage pour faire évoluer la législation française sur le respect de l’animal. Aujourd’hui, d’un point de vue réglementaire, le corps d’un animal défunt est considéré comme un déchet et traité comme tel.

La conviction d’Esthima est que l’animal, même après sa mort, mérite de la considération et du respect, tout comme le besoin psychologique pour les maîtres de faire leur deuil via des obsèques dignes. La marque s’engage à continuer à faire bouger les lignes (sociétales, législatives), dans un objectif de progrès (pour l’humain, l’animal, la planète).

Pour en savoir plus…

Le site Esthima : www.esthima.fr ; service client, tél. :03 20 61 22 92

A noter qu’Esthima propose également un cimetière virtuel – L’animorial– afin de permettre aux maîtres d’entretenir le souvenir en mode digital ainsi qu’une sélection d’articles funéraires pour animaux de compagnie sur son site internet (urnes dès 90 €, bijoux cinéraires dès 110 €, articles souvenir dès 26 €, cadre photo dès 44 €)

*Ex La Compagnie des Vétérinaires, groupe créé il y a 25 ans autour d’un projet éthique : offrir une solution de fin de vie digne aux animaux domestiques.

La question se pose pour de nombreux maîtres ayant perdu leur compagnon. Faut-il ou peut-on reprendre un nouvel animal ? Il faut laisser le temps et lorsque cela est envisagé garder à l’esprit que ce sera un nouveau lien d’affection qui se créera avec un autre animal. Il ne viendra pas remplacer celui disparu, ce dernier restera dans votre cœur et ne n’est pas lui faire « offense » ou l’oublier.

L’assurance santé animale SantéVet propose une option garantie décès pour chien et une option garantie décès pour chat.

Cette garantie permet à faire face aux frais liés à la disparition de son animal de compagnie. Voire à retrouver un nouveau compagnon. Ce qui n’est pas trahir la mémoire de celui qui est parti.

Santé Vet

Ensemble, prenons soin de votre animal

Photos : Shutterstock

 

Voyager en pensée grâce à la littérature d’Anne-Lise Blanchard (sur Breizh info)

Anne-Lise Blanchard est née à Alger en 1956. Elle a été successivement danseuse, chorégraphe, puis thérapeute. Depuis 2014, elle travaille au sein d’une organisation humanitaire tournée vers les chrétiens d’Orient. Elle est renommée pour ses recueils de poésie ; une dizaine sont parus à ce jour.

Dans son livre, elle tient un carnet de route minutieux de ses voyages dans le levant entre août 2017 et août 2018. Elle a visité pour le compte de son association de multiples communautés chrétiennes soit pour apporter du matériel, soit pour inspecter l’avancement des travaux financés par son organisation.

Les communautés chrétiennes du Levant sont nombreuses et diverses. À côté des catholiques latins, nous trouvons les maronites (qui sont catholiques), les melkites (terme qui signifie « royaux » en grec, car ils pratiquaient la religion de l’empereur d’orient) qui se sont ralliés à Rome, les orthodoxes qui sont les melkites qui ont refusé de rejoindre l’Église catholique. Nous avons encore l’Église jacobite dite encore église syriaque orthodoxe, qui est monophysite, c’est-à-dire qu’elle ne reconnaît qu’une seule nature au Christ, la divine ayant absorbé l’humaine. Orthodoxes et catholiques estiment eux que les deux natures cohabitent sans se mêler. Entre 1656 et 1830, une partie des jacobites se rallièrent à Rome et fondèrent l’église syrienne catholique.

Un autre grand courant chrétien est l’Église nestorienne. Elle va plus loin que les positions catholiques et orthodoxes en affirmant que deux hypostases l’une humaine et l’autre divine coexistent dans le Christ. On les appelle également Assyriens ou Chaldéens. Une partie d’entre eux s’est ralliée à Rome tandis qu’un schisme s’est produit en 1968, lors de l’adoption du calendrier grégorien qui a été refusé par une partie des fidèles.

Toutes ces communautés sont menacées et le nombre des fidèles décroît dangereusement du fait de l’émigration, le principal pays d’accueil étant l’Australie ravie de renforcer sa population par des personnes qui ne remettront pas en cause le mode de vie australien.

Mme Blanchard est d’abord allée en Syrie, dans des villages ou quartiers entièrement chrétiens d’où elle nous décrit les charmes et les églises. Mme Blanchard est favorable à Bachar El Assad et ne comprend pas la politique française. Il est certain que les soi-disant syriens libres sont en réalité des djihadistes qui s’en sont violemment pris aux chrétiens et non des adversaires démocrates du président El Assad. Les fidèles du Christ sont donc tous du côté du gouvernement de Damas, qui leur assure la sécurité et leur permet de vivre librement. Bachar El Assad a même déclaré récemment : « les chrétiens ne sont ni des invités ni des oiseaux migrateurs. Ils appartiennent aux origines de la nation et sans eux il n’y aurait pas de Syrie. » Aucun président français n’a reconnu avec une telle force que les racines de son pays étaient chrétiennes. Bien sûr, Mme Blanchard est partiale et met de côté les accusations qui pèsent sur M. El Assad, les bombardements chimiques, (dont il est difficile de savoir s’ils ont eu lieu ou pas), les exactions, les exécutions sommaires. La révolte de 2011 n’a pas été importée de l’étranger ; elle est née spontanément au sein d’un peuple qui ne supportait plus son despote. Son drame est d’avoir été confisquée par les islamistes.

Mme Blanchard s’est rendue également en Jordanie, où la communauté chrétienne s’accroche comme elle peut. La pression musulmane qui s’exerce sur elle est forte, par exemple les fidèles du prophète boycottent les magasins et les entreprises des chrétiens ce qui les empêchent de gagner leur vie.

Dans le dernier pays visité, l’Irak le gouvernement autonome kurde protège les chrétiens, mais il ne peut guère faire autrement du fait de la protection que lui accordent les gouvernements occidentaux. Mais lors de l’occupation de Daesh, nombre de terres chrétiennes ont été confisquées par des musulmans qui ne les ont pas rendues à la libération.

Ce livre est un guide de voyage, il permet de voyager en pensée dans des contrées peu connues, mais belles de l’Orient compliqué (dixit le général de Gaulle) et nous dépayse ce qui est le but de toute littérature.

Christian de Moliner

Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine 

Frederika Abbate montre « les dérives auxquelles nos sociétés peuvent déboucher, si elles renoncent à l’éthique »

Dans les colonnes de Wukali, il est exceptionnel que la science-fiction soit mentionnée. Une fois n’est pas coutume, et c’est bien dans ce genre littéraire que nous pouvons sans mal ranger le roman de Frédérika Abbate : Les anges de l’histoire.

Point de problème, que l’on apprécie ou pas la science-fiction, force est de reconnaître qu’elle est une sorte de prospective sur le réalisable dans le futur. Parfois, le temps est cruel pour les auteurs, mais d’autres fois, leurs prédictions se réalisent. Quoi qu’il en soit, l’intérêt et la qualité d’un roman de science-fiction tiennent avant tout dans le côté « réaliste » de la description du futur. Que ce que nous percevons, vivons, pressentons, soit perçu comme un chemin possible, une graine qui va potentiellement germer dans l’avenir. Et c’est le cas dans ce roman.

C’est l’histoire de Soledad (un garçon et non une fille), de son enfance à ce qui peut-être considéré comme son apothéose. Soledad est un artiste, sensible, l’homme d’une passion, d’une sorte de chimère inaccessible, on dirait un romantique. L’art pour lui, passe par l’instrument qu’il découvre lors d’une fugue alors qu’il est adolescent : l’ordinateur. Toute son œuvre est basée sur la cybernétique, tout est mouvement, évolution. Soledad dans ses œuvres entremêle son talent, le cybernétique et le sexe. Car le sexe est très présent dans sa vie et dans son entourage, d’où des descriptions, des scènes que les personnes prudes trouveront très « crues ».

Après un début de vie assez « bohème » qui le mène en Asie et en Russie, il revient dans un Paris en décomposition. Il n’y a plus aucune barrière morale, la « loi de la jungle » règne. C’est le triomphe de l’argent, d’aucuns diront du veau d’or, la pauvreté est partout, les riches défendent leurs privilèges, parfois durement, voire avec cruauté. La vie n’a plus aucun prix. Vision assez apocalyptique.

Il rencontre un groupe de dissidents vivant dans les arbres dans les ruines du faubourg Saint-Germain. Il se trouve confronté à une sorte de complot mondial de transhumanistes, dont le but est le remplacement progressif des humains (enfin des humains qui n’ont pas les moyens). Comme tout est basé sur l’assouvissement des fantasmes les plus fous, on se retrouve avec un vrai zoo humain, mais pas comme ceux des colonialistes, mais avec des personnes génétiquement modifiées en animaux, ainsi des mi-homme, mi-cochon, ou mi-femme mi-panthère (bien sûr ce zoo n’est qu’un vaste bordel de luxe).

Soledad et son groupe vont lutter pour dénoncer ce complot et mettre un terme à ces agissements.

Frédérika Abbate aborde de grands sujets qui parcourent notre société occidentale moderne : les manipulations génétiques à partir des cellules souches, le mythe de l’immortalité grâce à la science, la confusion dans l’identité sexuelle, la confusion générationnelle, la puissance de l’argent roi.

À travers, une vraie fiction, elle nous montre les dérives auxquelles nos sociétés peuvent déboucher, si elles renoncent à l’éthique, si l’individualisme triomphe sur l’intérêt général, sur le vivre social, si l’Art avec une majuscule ne devient qu’un produit commercial comme un autre et non la glorification de l’Homme et de son génie.

« Martin Amalda, un héros de la démocratie en Amérique latine » dans Les Echos

Martin Amalda, un héros de la démocratie en Amérique latine

Un livre témoignage passionnant, qui se penche sur le destin de Martin Almada, victime du régime du général Stroessner.

Publié le 16 oct. 2020 à 06:07

Haletant comme un roman policier, ce livre témoignage raconte l’incroyable histoire de Martin Almada, professeur et avocat au Paraguay, victime du terrible régime du général Stroessner, qui soumettait à la torture ses opposants, avant de mettre la main sur les archives du « plan Condor », dans les années 1990. D’origine modeste, le petit Martin avait réussi, après guerre, à faire des études dans le prestigieux lycée militaire, devenant par la suite un professeur « engagé ». Avec son épouse Celestina, il crée à San Lorenzo une école, l’institut Alberdi, destinée aux enfants dans le besoin. Mal vu par les autorités, il doit partir en Argentine où il entreprend un doctorat en science de l’éducation mais sa vie bascule avec la mort de sa femme, succombant aux mauvais traitements de la police paraguayenne. En exil à Paris, où il trouve un poste à l’Unesco, Almada n’aura de cesse de faire émerger les preuves de ces crimes d’Etat. Il découvre alors qu’ils s’inscrivent dans une opération plus large, lancée par le Chili d’Augusto Pinochet, consistant à mettre en place une coopération sous l’égide de l’anticommunisme entre les nombreuses dictatures sud-américaines des années 1980 : outre le Chili, l’Argentine, le Brésil, la Bolivie, l’Urugay et le Paraguay. C’est le tristement célèbre « plan Condor ».

A la manoeuvre avec la CIA, le chef d’orchestre de ce vaste complot contre la démocratie semble avoir été Henry Kissinger. Après le renversement de Stroessner, de retour dans son pays, Martin met la main sur les archives de la Terreur révélant au grand jour l’ampleur du scandale. « Martin réclame un procès de Nuremberg pour l’opération Condor mais, sur l’ensemble des forces de police, ils ne seront que trois à écoper de peines de prison pour crimes contre l’humanité. » rapporte l’auteur de l’ouvrage, et son confident, le journaliste Pablo Daniel Magee. Menacé de représailles, c’est la force de l’opinion internationale qui lui vaudra protection : Jacques Chirac le fait décorer, début d’une longue série de médailles, le prix Nobel de la paix lui échappe de peu, l’Unesco en fait en 1998 son ambassadeur pour l’anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Amère victoire pour cet ancêtre des lanceurs d’alerte, son tortionnaire Stroessner est mort en toute impunité, dans son exil doré brésilien, à l’âge de 93 ans, le 16 août 2006. De tous les pays complices de Condor, un seul, à ses yeux, a fait un ménage efficace dans sa politique : il s’agit de l’Argentine.

Opération Condor, par Pablo Daniel Magee, Un homme face à la terreur en Amérique latine, préface de Costa-Gavras, éditions Saint-Simon 374 pages, 22 euros

« un premier roman original et personnel qui sort du nombrilisme pour accéder à une quête universelle. » (Argoul)

Emmanuel de Landtsheer, Le petit roi

Le petit roi c’est moi, dit le narrateur qui semble un double de l’auteur. Il conte son enfance en à peine un chapitre, son adolescence sans marquer l’évolution de la pré à la post en passant par la prime. C’est que ce roman est moins autobiographique que réflexion personnelle sur le rapport à soi et aux autres.

Solitaire car fils unique, le petit Jami (diminutif francisé de l’anglais James – Jacques) a décidé à 5 ans de ne plus parler car les adultes, à commencer par ses deux parents, lui paraissent égoïstes et sadiques : ils ne s’intéressent pas aux autres et lui apprendre à nager se résume à lui tenir la tête sous l’eau ! Lorsqu’on est tout amour, il est cruel de découvrir que c’est trop rarement réciproque. Le petit garçon se met en retrait et devient alors observateur : de ces autres en drôles d’animaux avec quelques gentils, comme Rose sa copine pour qui le silence est d’or ; de lui-même en petit être confronté à l’humanité hostile ou indifférente.

Cette construction de soi est longue et ardue, passant par deux fois en hôpital psychiatrique – du fait des autres – pour s’être roulé tout nu de nuit sur la pelouse dans l’exubérance irrationnelle de la puberté, puis pour avoir oublié de respirer au grand dam de sa mère. Les parents, quelle énigme ! Sorti d’eux, Jami ne leur ressemble en rien. Il en souffre et se réfugie dans l’imaginaire puis dans la création. Il commence par la peinture puisqu’il n’a pas les mots, puis la sculpture pour acquérir la troisième dimension.

Mais cette recherche obstinée de la pureté est une illusion… Nul être humain ne peut vivre seul, isolé, hostile. Lorsqu’il va chercher à communiquer, ce sera par le sifflement sur le modèle des oiseaux, puis par le regard, jusqu’à accéder enfin aux mots qui civilisent, disent la mémoire et prouvent l’amour. Une danseuse en fin de vie lui ouvre sa mémoire tandis qu’une fille trop grande à l’hôpital lui ouvre son cerveau tout entier.

Je regrette que l’auteur ait cette manie de revenir à la ligne à chaque phrase comme s’il énonçait une suite de sentences définitives. Un roman n’est pas une bible que l’on écrit en versets ; plus de fluidité s’impose pour éviter l’excès de gravité du propos et l’agacement du lecteur. Reste que Le petit roi est un premier roman original et personnel qui sort du nombrilisme pour accéder à une quête universelle.

Emmanuel de Landtsheer, Le petit roi, 2020, éditions St Honoré, 159 pages, €16.90

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Lise Bloch-Morhange livre une superbe lecture de « Opération Condor » de Pablo Daniel Magee

Pablo et les « archives de la Terreur »

Comment se retrouve-t-on à 26 ans à Asuncion, capitale du Paraguay, pour mener une enquête sans fin sur les quatre tonnes et demi de ces «archives de la Terreur» découvertes en 1992 par Doctor Martin Amalda ?
Peut-être parce deux jours avant sa naissance, sa mère, qui souhaitait une petite fille, avait rêvé qu’elle allait avoir un petit garçon prénommé Pablo ?
Peut-être parce que lors de ses années à l’université londoniennes de Greenwich, Pablo recueillit un jour les confidences d’une professeure ayant travaillé au cabinet de Kissinger? Peut-être parce que sa professeure évoqua à demi-mot, devant quelques élèves, une certaine réunion de diplomates US déterminant leur stratégie d’appui à la dictature chilienne de Pinochet, et prononça ces mots mystérieux «Opération Condor» ?

Peut-être parce qu’ensuite, tout en vantant les vins de Bourgogne pour la société «Made in mouth», Pablo s’engagea parmi les volontaires de l’ONG avignonnaise «Graines d’énergies», et qu’il fit pour cette dernière une première incursion au Paraguay ?
Peut-être parce que lors de ce premier séjour, sa rencontre fortuite au domicile du Doctor Amalda s’était soldé par des heures de conversation sur les rapaces andins et le vol du condor, scellant une fascination mutuelle ?
En tout cas, de retour au pays, Pablo Daniel Magee passa les deux années suivantes à amasser un petit pécule afin de retourner au Paraguay.

Le voilà donc à pied d’œuvre en 2012. Avec près de cinq tonnes d’archives devant lui, et une relation complexe à établir avec cet homme qui a passé mille jours dans les geôles du dictateur local, le général Stroessner. Un jour, raconte Pablo, lorsque leur relation sera bien établie, il osera poser la question à l’ami Amalda, qui lui avouera avoir dénoncé des opposants (plus ou moins imaginaires) pour parvenir à s’échapper vers le Panama et demander l’asile en France. Mais pendant ses dix années à l’UNESCO comme expert international, il n’oubliera ni ses trois années de tortures ni ses frères de combat. C’est ainsi que revenu au pays, il découvrira un jour de 1992, in extremis, ces «archives de la Terreur» enfouies dans un bâtiment périphérique de la police, que cette dernière s’apprêtait à détruire.
Année après année, Pablo s’immerge, s’enfonce dans l’histoire de ce pays et dans cette incroyable accumulation de rapports de police top secret. Chaque opposant, réel ou supposé, chaque arrestation, chaque acte de torture est répertorié. Comment résister à cette immersion, à cette accumulation d’horreurs ? Sans doute en épousant une Uruguayenne avocate à la Cour Suprême, qui devra démissionner. Tous deux seront mis sur écoutes et surveillés, mais ils refuseront la protection policière offerte par l’ambassade de France. Même quand leur fils naîtra.

Il y avait tant de choses à analyser et à connaître, tant de gens, de pays et de continents étaient impliqués. Le moment venu de raconter, Pablo prendra comme fil conducteur, au sens le plus littéral, l’odyssée de l’ami Amalda, adoptant une approche littéraire plutôt surprenante.
Nous allons tout savoir sur Doctor Amalda, depuis son enfance à Puerto Sastre, petite ville industrielle du nord du pays, dans la région du Chaco, le long du fleuve Paraguay. Nous allons tout savoir sur ce petit pays que nous connaissons mal en Europe, à commencer par le fait que plus d’un siècle plus tôt, le premier président de la République, Carlos Antonio Lopez, transmit le pouvoir à son fils :
«Ceux dont la parole créent l’Histoire racontent que ledit fils, le célèbre maréchal Lopez, refusa héroïquement de se soumettre aux exigences économiques de la couronne britannique et que le 1er mars 1870, sur la plaine de Cerro Cora, il hurla «Je meurs avec ma patrie !», juste avant d’être assassiné par les troupes de Louis Philippe Gaston d’Orléans, comte d’Eu, gendre de Pedro II du Brésil, au terme de la guerre de la Triple Alliance».

Plus d’un siècle plus tard, pour Pablo dans les pas de Martin, l’histoire de tous les jours continue à se vivre sur fond d’Histoire et d’incessants coups d’État dans l’ensemble de l’Amérique latine : coup d’État portant au pouvoir au Paraguay, en 1954, le général Stroessner s’appuyant sur le parti Colorado (lors de sa visite d’État, Nixon le baptisera «Our man in Paraguay») ; révolution cubaine assurant le régime de Castro en 1959 ; dictature militaire en Bolivie depuis 1964 ; dictature militaire au Brésil à partir de 1967 ; dictature militaire en Uruguay depuis le coup d’État du 27 juin 1973 ; bientôt le général Pinochet renversera Allende au Chili en septembre 1973.
Le régime du dictateur paraguayen ne voit pas d’un bon œil l’institut d’études Alberdi, fondé en 1959 par Martin Amalda et sa femme Celestina à San Lorenzo, à une dizaine de kilomètres de la capitale. Il y règne une atmosphère un peu trop progressiste, et le séjour de deux ans du directeur dans une université argentine n’a rien arrangé. Car son doctorat inclut des informations sur une certaine «opération Camelot» à l’initiative de l’armée américaine en 1964.

Le ton du livre change, et se fait plus sobre et factuel, pour raconter l’arrestation du Doctor Amalda en décembre 1974, et le début de mille jours de torture. Comment survit-on à mille jours de torture ? Quelques jours après le début de son martyr, sa femme Celestina, son âme sœur, mourra d’une crise cardiaque, le médecin ayant refusé de la soigner (Créée par son mari, «La Fondation Celestina» œuvre pour la mémoire de la justice.).
L’opération Condor fait son apparition dans le livre page 201. Amalda est prisonnier depuis plus d’un an lorsqu’un compagnon de cellule occasionnel, le colonel déchu Corrales, prononce ces deux mots, évoquant «Une opération top secrète imaginée par le général Pinochet et le général Contreras, le chef de la Dina, les services secrets chiliens.»Le colonel déchu explique à voix basse : «Au Panama, Doctor Amalda, il y a ce qu’on appelle l’École des Amériques. Les Yankees l’ont ouverte après la seconde guerre mondiale, à l’aube de la Guerre froide, pour former la police et les militaires d’élite de notre continent à leurs méthodes et, ainsi, nous intégrer au bloc idéologique américain dans le cadre de leur logique de guerre froide.»
Tout cela, poursuit le colonel, remonte à une vingtaine d’années, et implique la collaboration des services secrets, dont celle de la CIA, mais «le colonel Contreras est devenu fou ! En somme, l’opération Condor détourne les armes que les Yankees nous ont données pour renforcer par la terreur les régimes de la région, y compris contre les Etats-Unis». Le mystérieux colonel a encore le temps d’ajouter que le renseignement extérieur de la France et de l’Allemagne sont impliqués, avant d’être emmené hors de la cellule.

Pablo Daniel Magee, photo: Yasmine Ferhat

Doctor Amalda se jure de tout révéler s’il parvient à survivre, miracle rendu possible avec l’aide matérielle et les incessantes campagnes menées par le Comité inter-Églises, la Croix Rouge et Amnesty international en faveur de ce célèbre intellectuel. Il est libéré le 3 décembre 1977. Il arrive donc en France via le Panama et devient expert international à l’UNESCO. Il pourra enfin revenir chez lui en 1992, le terrible Stroessner ayant été renversé par un coup d’État le 3 février 1989, après 35 ans de dictature. Et l’année de son retour, raconte Pablo suivant pas à pas Amalda dans Asuncion, l’ancien prisonnier découvrira dans une annexe éloignée de la police quatre tonnes et demi de cartons, ces «archives de la Terreur» liées à l’opération Condor, en passe d’être détruites.
En 2002, le docteur Martin Amalda sera nommé lauréat du prix Nobel alternatif de la paix. «En 2009, conclut Pablo, ce que les journalistes surnomment les archives de la Terreur seront inscrites au programme « Mémoire du monde » de l’UNESCO en tant qu’elles sont les seules archives intégrales au monde d’une dictature, assurant à jamais la préservation du fruit de sa lutte pour la justice.»

 

Lise Bloch-Morhange

« Opération Condor »
« Un homme face à la terreur en Amérique Latine » Pablo Daniel Magee, éditions Saint-Simon, 22 euros

« Avis de tempête » par François de Coincy (sur la crise sanitaire et sa gestion)

Avis de tempête

Quand une tempête autrefois causait des dommages sur la grange ou l’étable d’un agriculteur, ce dernier sans attendre décuplait ses efforts pour compenser par un travail supplémentaire de réparation les effets de ce mauvais sort, tout en continuant à assurer le travail quotidien.

Lorsque la crise financière a éclaté en 2008 les gouvernements et les autorités monétaires, qui avaient la responsabilité du système monétaire, ont pris des mesures plutôt efficaces pour donner de la liquidité et en éviter le tarissement qui aurait généré un effondrement des échanges. Bien menée en France par Nicolas Sarkozy, cette politique réglait les mouvements financiers mais ne pouvait avoir d’effet sur les pertes de l’économie réelle. Face à cette difficulté, il y avait une réelle opportunité, un « momentum », pour demander aux Français de faire un effort de travail pour compenser cette catastrophe, on aurait pu ainsi obtenir une adhésion populaire à la suppression des 35 heures. C’est quasiment le contraire qui a été décidé en organisant une quasi relance financée par l’emprunt et non par le travail, ce qui a permis aux Français de mieux préserver leur pouvoir d’achat en comparaison de ce qui se passait dans d’autres pays. Mauvais calcul : on doit rembourser les emprunts ce qui pénalise nécessairement la consommation future alors que le produit du travail est définitivement acquis. On a fait comme si les gens ne pouvaient payer que ce dont ils sont directement  responsables et que l’Etat doit les prémunir contre l’imprévu.

Lorsque la crise sanitaire est survenue le gouvernement a activement pris en charge sa résolution. Afin d’éviter le blocage de l’économie, il a mis en place quelques mesures fortes plutôt bien pensées.  Face à cette crise, pourquoi n’a-t-il pas demandé aux Français de faire un effort de travail complémentaire pour compenser le chômage forcé dû aux mesures sanitaires, pourquoi a-t-il préféré recourir massivement au déficit budgétaire c’est à dire à l’emprunt remboursé par l’impôt  qui va pénaliser notre pouvoir d’achat dans l’avenir?

Il y a deux réponses à cette question :

La première tient à la méconnaissance profonde des ressorts économiques. L’opinion, y compris celle de nos responsables,  pense que l’argent est le moteur de l’économie alors que seul le travail produit de la richesse. Les opérations monétaires sont utiles à court terme pour gérer les échanges mais elles ne sont pas créatrices de valeur.

Si on est obligé d’emprunter pour absorber les crises, l’emprunt ne pourra se solder que par un travail futur. Si nous avions accumulé suffisamment de richesses alors nous pourrions absorber les aléas. Nous sommes démunis et plutôt que de faire des efforts aujourd’hui, nous continuons à brader notre patrimoine net en augmentant nos dettes. Quand il ne restera plus rien, personne ne voudra prêter  à nos petits-enfants.

La deuxième est politique. On a peur de déplaire à la majorité de la population, on évite de lui demander des efforts.  Il y a là une erreur de jugement : C’est dans les périodes de crises que les Français sont prêts à apporter leur solidarité pour que le pays s’en sorte, encore faut-il le leur demander.

C’est dans ces moments difficiles que l’on peut trouver le momentum gaullien ; encore faut-il avoir le politique qui ait le courage de l’assumer.

Quel capitaine ne rêve pas de la tempête où il va rencontrer son destin ?

On a l’impression que plutôt d’affronter son équipage en lui demandant de ramer plus fort, le capitaine a préféré alléger le bateau en jetant une partie de la cargaison par-dessus bord.

Ce n’est pas en niant l’évènement qu’on va souder l’équipage. Les circonstances exceptionnelles sont l’occasion de changer les choses.

Emmanuel Macron, avez-vous lu Lord Jim ?