France inter sélectionne « Souvenirs souvenirs » de Marianne Vourch et Abdel Rahman El Bacha

Un jour, une idée cadeau : voici le calendrier de l’Avent 2023 du service culture de France Inter

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9 décembre : le livre-disque « Souvenirs souvenirs »

Voilà un cadeau qui va contenter à la fois les amoureux de la chanson française, les pianistes en herbe, et les fans de karaoké : un livre disque de vingt chansons, avec paroles et partitions, dans lequel Abdel Raman El Bacha donne à entendre Barbara, Trenet, Brel, Brassens, avec la voix de son piano.
Abdel Rahman El Bacha est un immense pianiste classique, qui a grandi à Beyrouth : là-bas, c’est grâce à la radio qu’il a connu ces chansons françaises entrées dans son coeur. De Piaf à Brel, en passant par Azanavour, Barbara et Montand, Abdel Rahman El Bacha sublime ces chansons avec ses nouveaux arrangements, dont certaines sonnent vraiment classique, à l’image de cette tarentelle d’Yves Duteil, dans la lignée des autres célèbres tarentelles de Rossini ou Chopin.

« Souvenirs, souvenirs » : 20 chansons françaises au piano, aux éditions Villanelle. 24€.

Le site de référence Actualitté recommande « Le Journal intime de » de Marianne Vourch

Et si Mozart avait publié son journal intime

Mozart voit publier son Journal intime aux Éditions Villanelle, en fait écrit par Marianne Vourch, qui en avait produit une série de sept épisodes sur France Musique au cours de l’année 2023. L’autrice est un personnage intournable de la scène classique française et elle le prouve une fois de plus en s’adressant magnifiquement à nos enfants. Par Margaux Catalayoud.

À l’antenne, le texte est lu par le comédien Nicolas Vaude d’une voix qui ravit autant les grands que les plus petits.

Une lecture naïve

La lecture par un adulte de ce supposé journal intime peut être naïve, elle s’adresse à un jeune enfant précédé d’une personne un peu plus savante. En effet, même si la plume figure celle d’un candide, certains mots viendront pimenter le langage d’un enfant d’aujourd’hui.

Le lexique du jeune prodige engage à définir ce que sont les Dolomites, l’émail ou encore l’étourneau. Heureusement, des illustrations bienvenues ponctuent le journal intime de Mozart qui pourrait aussi bien être un carnet de voyage à la première personne !

Une leçon de vie

Cette autobiographie à l’apparence un peu anodine ne relate pas simplement la naissance et la gloire en devenir de l’enfant miraculeux à l’oreille absolue. Les différents voyages de son adolescence menés dans les Cours prestigieuses de Paris, de Vienne ou encore de Londres, sont autant un apprentissage géo-social qu’un continuum éducatif purement musical.

Wolfgang Amadeus se montre, se gonfle de l’admiration qu’on lui voue mais s’épuise aussi. Aux difficultés qui marqueront sa vie tels que le deuil, le manque d’argent, les incompréhensions, s’ajoute la santé fragile que le film de Milos Forman avait bien représenté en 1984. Plus encore, le réalisateur avait mis l’accent sur le caractère maniaque du compositeur, ce qui ne manque pas d’apparaître çà et là dans le récit de Marine Vourch.

La leçon de vie qu’il nous faut surtout tirer réside dans le tournant impulsé par la censure du prince-archevêque Colloredo qui, indirectement, le chasse de Salzbourg – sa ville natale – : davantage d’espaces sont nécessaires aux mouvements de sa créativité grandiose et Colloredo n’est pas à la hauteur de cette exigence artistique, cantonné qu’il est à son goût incapable de nouveauté.

La beauté est simple

Malgré la facilité de cette courte biographie, la grandeur de la musique de Mozart ne passe pas inaperçue. La beauté est simple et il ne fait aucun doute que Mozart vivait comme il composait, l’autrice fait dire à l’enfant : « […] Comme un petit oiseau vient picorer des graines pour les mettre dans son nid, je picorais des sons pour garnir le nid de mes futures compositions. »

Marianne Vourch n’hésite pas à lui donner la densité qui saura piquer la curiosité d’un enfant et enchanter tout lecteur sensible pour qui ces mots déclenchent une symphonie : « Le silence faisait résonner le son de la clarinette dans mes songes. J’entendais en moi sa couleur joyeuse de nostalgie. » Pourvu que chacun tende vers cette synesthésie !

En résumé, il n’y a pas meilleure éducation musicale : l’enfant s’amuse, le parent révise et, ensemble, ils jouent « à mettre le ton comme quand le Monsieur de la radio » interprète le texte de Marianne Vourch, qui nous transmet sa passion pour la musique qui élève l’âme.

Cet ouvrage s’inscrit dans un coffret du journal intime de Bach, Mozart, Chopin.

La suite du « Souper » selon Argoul, sur Nathalie Ganem « Rendez-vous à l’Elysée »

Nathalie Ganem, Rendez-vous à l’Élysée

La France, nation de commandement disent les historiens. Et quoi de mieux que Napoléon 1er pour l’incarner ? Mais, en 1815 à Waterloo, « morne plaine », les armées impériales sont vaincues par une coalition de l’Europe entière, sous la houlette des Anglais. Et non sans quelques trahisons côté français… Car des collabos, il y en a toujours eu, il y en aura toujours. Par jalousie, envie, ressentiment – tous ces beaux sentiments de la Morale du Bien qui excuse tout, n’est-ce pas ?

La pièce de théâtre en trois actes de Nathalie Ganem met en scène le nœud de l’histoire. Napoléon 1er, vaincu après les Cent jours, revient à l’Élysée plutôt que de rester parmi son armée. Il se croit la France, comme d’autres avant et après lui. Démesure de l’orgueil : si les Français lors du retour de l’île d’Elbe l’ont acclamé sur la route, c’était parce qu’ils en avaient assez du « roi » sempiternel et du vieux Louis XVIII réactionnaire. La Révolution était passée et l’empereur, malgré tout, l’incarnait. Mais aussi, suggère Fouché, ministre de la Police, parce qu’ils avaient peur de l’armée.

Sauf qu’ils en ont désormais assez des batailles incessantes contre le monde entier, de croire avoir raison contre tous et de la saignée d’un million d’hommes sur 30 millions d’habitants à l’époque, qui allait affaiblir la France durablement face à la future Allemagne. Assez de guerres et de conquêtes, enfin la paix ! C’est ce que Napoléon n’a pas compris. Il espère l’union nationale mais les Chambres ne sont pas prêtes à le lui accorder, car le peuple qui vote n’est plus prêt à le suivre.

La mobilisation générale finit par fatiguer la jeunesse ; l’enthousiasme des passions n’a qu’un temps. Un temps court. Sur le temps long, ce qui importe est la paix, la vie paisible au travail, la prospérité, la famille et les enfants. Choc entre la gloire et la durée, entre la jeunesse et la maturité, entre la guerre et la paix (Tolstoï s’y essayera dans une œuvre célèbre). Le peuple choisit plutôt une vie longue et terne à une vie courte et brillante. Le peuple n’est pas Achille.

Fouché, fait duc d’Otrante en 1809, a manigancé l’abdication car il sent le peuple et suit tous les méandres de la chose du peuple, la république, par goût de la survie. Il a été et sera de tous les régimes et réchappera à tous. Joseph Fouché, né en 1759 en Bretagne et fils de matelot devenu capitaine, ami de Robespierre et franc-maçon, mitrailleur au canon des contre-révolutionnaires à Lyon (la guillotine allait trop lentement), est ministre de la Police sous le Directoire, le Consulat, l’Empire et la Seconde Restauration. Après l’abdication de Napoléon 1er en faveur de son fils Napoléon II (qui n’a que 5 ans), Fouché devient président du gouvernement provisoire et négocie avec l’Angleterre. Il remet sur le trône Louis XVIII et devient son ministre de la Police. Mais il a voté la mort de Louis XVI et finit par être rattrapé par son passé. Il mourra en exil en 1820 et brûlera ses archives, laissant des Mémoires arrangées.

Napoléon envisageait en 1815 un second coup d’État pour dissoudre les Chambres et instaurer une dictature temporaire en levant une nouvelle armée de 150 000 hommes. Mais à quel prix ? La France est exsangue et une guerre civile en plus de la guerre européenne la mettrait à genoux. Mieux vaut négocier avec l’ennemi avant d’être dominé (ce que tentera Pétain en 40).

Pour éviter l’affrontement de deux mâles dominants, l’autrice ajoute en féministe Hortense de Beauharnais, fille adoptive de Napoléon, qui lui conseille de négocier avec sa belle-famille de l’empire d’Autriche. Ce que le petit Corse parvenu refuse, comme de bien entendu. Sa femme et son fils sont réfugiés à Vienne, ils y restent.

Telle est l’histoire en trois actes du douloureux passage à la modernité. Elle est incarnée par le brillant dictateur et par le machiavélique ministre, chacun jouant son rôle, le premier de gloire et d’étendre les Lumières, le second de prospérité et des nécessaires adaptations. Hortense joue la Femme, celle qui incarne les valeurs de la famille et de la continuité. Mais ni l’un ni l’autre ne l’écoutent vraiment.

Cette pièce est un peu la suite du Souper, dont Édouard Molinaro a tiré un film d’une pièce de Jean-Claude Brisville qui met en scène Joseph Fouché et Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord en 1815 sur le retour du roi.

Plusieurs représentations ont lieu à Paris, au théâtre de Nesle8 rue de Nesle dans le 6èmeles vendredis et samedis, du 2 décembre 2023 au 209 janvier 2024Elles sont jouées par les acteurs Benjamin Arba, Sarah Denys, et en alternance, Blaise Le Boulanger et Jean-Charles Garcia, mise en en scène de Nathalie Ganem. Durée 1h20, prix €22.00, tarif réduit étudiants et ayant-droits, €16.00

Nathalie Ganem, Rendez-vous à l’Élysée, 2023, L’Harmattan Théâtres, 73 pages, €11,00

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

La Théâtrothèque recommande « Rendez-vous à l’Elysée » de Nathalie Ganem

 RENDEZ-VOUS À L’ÉLYSÉE : UNE ODYSSÉE AU CŒUR DE L’HISTOIRE DE FRANCE


  • Du 02/12/2023 au 20/01/2024
    Le Vendredi à 19h et le Samedi à 15h.

    Théâtre de Nesle
    8, rue de Nesle
    75006 PARIS
    Métro Odéon

    01 46 34 61 04

Au Théâtre de Nesle, Nathalie Ganem nous convie à une épopée théâtrale captivante, “Rendez-vous à l’Élysée”, plongeant dans les tumultes de l’histoire de France. Cette pièce subtilement écrite et mise en scène offre une immersion inédite dans les derniers jours de Napoléon Bonaparte, au palais de l’Élysée, le 21 juin 1815.

  

La Maestria de Nathalie Ganem : Quand le talent renoue avec l’Histoire

Nathalie Ganem, comédienne, auteure, metteure en scène, et productrice, dévoile dans “Rendez-vous à l’Élysée” une maîtrise artistique qui trouve son écho dans son riche parcours. Formée au Cours Simon, elle a d’abord brillé sur les planches avant de se plonger dans l’écriture et la mise en scène. Sa première création, “Sand et Musset correspondance amoureuse,” au théâtre Les Déchargeurs, a été le prélude à un parcours artistique engagé. “Je suis Dreyfus dans l’Affaire,” pièce recommandée par la LICRA et sélectionnée pour la Nuit du Droit, a confirmé sa capacité à explorer les moments clés de l’Histoire. En 2021, commémorant le bicentenaire de la mort de Napoléon, elle a écrit et mis en scène “La Dictée,” recevant le label “2021, Année Napoléon” de la Fondation Napoléon. Son talent polyvalent et son engagement profond s’entrelacent harmonieusement dans “Rendez-vous à l’Élysée,” où elle offre une vision captivante des derniers jours de Napoléon, confirmant sa place éminente dans le théâtre historique contemporain.

Un rendez-vous manqué avec l’Histoire

La pièce dépeint la France post-Waterloo, où Napoléon, défait, cherche à rallumer l’enthousiasme national. Nathalie Ganem nous entraîne dans un ballet verbal entre deux titans politiques, Napoléon et Fouché, donnant vie à un moment décisif qui change le destin de toute une nation. Comme l’écrivait Albert Camus, “L’Histoire n’est qu’une suite d’événements, et le drame est une suite d’actions.” Dans ce dialogue tendu, les paroles de Camus illustrent la tragédie inéluctable de ces protagonistes historiques.

Duel réthorique au Palais de l’Élysée

Le palais devient le témoin silencieux d’une tragédie politique intense. Les dialogues incisifs entre Napoléon et Fouché, portés par des citations historiques, mettent en lumière les enjeux cruciaux de cette confrontation. Comme le soulignait Hannah Arendt, “Le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument.” Cette maxime, illustrant les jeux de pouvoir et la rivalité politique, résonne à travers les murs du palais, accentuant le drame politique qui se déroule.

Un drame historique précis et ambitieux

Nathalie Ganem s’attache à la rigueur historique, décrivant avec minutie les circonstances du 21 juin 1815. Les délibérations politiques, les aspirations de Napoléon, et les jeux de pouvoir se révèlent dans une narration vive et précise. Pour paraphraser Voltaire, “L’Histoire est le tableau des crimes et des malheurs.” Dans cette dernière danse politique, on se remémore les paroles de Voltaire soulignant les tragédies de l’ambition et du pouvoir.

Une exploration captivante de l’histoire de France

“Rendez-vous à l’Élysée” transcende le cadre théâtral pour devenir une expérience émotionnelle et historique. La pièce, publiée chez L’Harmattan, offre une réflexion profonde sur le destin de Napoléon, suscitant la curiosité de tous les passionnés d’Histoire. Nathalie Ganem, auteure, metteure en scène et actrice, s’impose avec ce texte comme une voix incontournable dans le théâtre historique contemporain. Comme l’écrivait Victor Hugo, “On résiste à l’invasion des armées; on ne résiste pas à l’invasion des idées.” Cette pièce est ainsi une puissante invasion intellectuelle, réverbérant à travers le temps et l’Histoire française.

Le théâtre temporel : Revivre l’Histoire à travers les costumes et les mots

L’expérience de “Rendez-vous à l’Élysée” prend une dimension extraordinaire lorsque les comédiens revêtent les costumes d’époque, insufflant une vie palpable à l’Histoire. Comme l’exprimait William Shakespeare, “Toute la vie est un théâtre, et tous les hommes et femmes ne font que des acteurs.” Dans cette pièce, les comédiens deviennent les acteurs d’une époque révolue, transportant le public dans l’intimité des couloirs du pouvoir du XIXe siècle.

Lorsque Napoléon, joué avec conviction par Benjamin Arba, se tient face à Fouché, incarné par Jean-Charles Garcia, le spectateur est immergé dans une dimension où chaque mot sonne comme une page dépliée de l’Histoire. Le talent des comédiens, mêlé aux costumes d’époque, réveille des émotions oubliées, faisant écho aux mots de Constantin Stanislavski, “Le théâtre est le reflet de la vie.” Les costumes authentiques, minutieusement choisis par Frédéric Morel deviennent des toiles vivantes, transformant la scène en une fenêtre ouverte sur le passé.

Les mots de Nathalie Ganem, tissés dans la trame dramatique, se mêlent aux répliques de Napoléon, à la manière de Molière écrivant “L’homme est un acteur qui joue beaucoup de rôles.” Ainsi, voir cette pièce interprétée par des comédiens en costumes d’époque offre une expérience immersive unique, permettant au public de vivre l’Histoire au plus près. Comme l’affirmait Antonin Artaud, “Le théâtre devenu impossible est devenu indispensable.” Et dans l’impossible reconstitution du passé, cette pièce devient indispensable pour capturer l’essence et l’émotion de cette page cruciale de l’Histoire de France .

Yves-Alexandre Julien  

07/12/2023  

« Le jour où » de Thierry Paul Millemann par Cendrine Genty sur VIVRE FM

Cendrine Genty reçoit Thierry Paul Millmann dans « Le jour où…, l’Auteur du livre « Ondes  et énergies cérébrales dans la physique quantique : l’immortalité dans un monde parallèle. »Docteur es Sciences, économiste, universitaire et ancien professeur . 

A quel moment Thierry Paul Millmann s’intéresse-t-il à l’immortalité ? De quelle immortalité s’agit-il ? Pour quelles raisons, à la suite de sa présentation d’hypothèses à l’Académie des Sciences, ces derniers l’encouragent-ils à partir conquérir les preuves  ?  Qu’est-ce-que Thierry Paul Millmann a-t-il découvert ? Quels messages nous partagent-il ? Qu’est-ce-que cette plongée au coeur de la physique quantique et de la biologie moléculaire l’a-t-elle entrainé à vivre, jusqu’aux rencontres confidentielles aux plus hauts sommets d’Etats  ? 

Thierry Paul Millman nous explique et nous dévoile l’ensemble de ses découvertes, de manière décryptée, imagée. Et passionnée. 

« Napoléon c’est la France ! » entretien philosophico-politique avec Nathalie Ganem dans Entreprendre

Napoléon, c’est la France !

Plutôt que d’aller voir le Napoléon de Ridley Scott, qui n’a pas su se détacher de l’image que s’en sont fait les Anglais depuis 200 ans, allez donc assister à la pièce de Nathalie Ganem , « Rendez-vous à l’Élysée », dialogue entre Napoléon et Fouché après Waterloo, et qui sera joué entre décembre et janvier, au théâtre de Nesle. Entretien avec Nathalie Ganem.

Marc Alpozzo : Ces jours-ci, sort sur les écrans français le film de Ridley Scott, avec Joaquim Phoenix dans le rôle-titre. Le film a reçu un accueil très mitigé, notamment pour sa cohérence historique : par exemple, à l’ouverture du film, on voit Napoléon assister à la décapitation de Marie-Antoinette, ce qui est historiquement faux. Avez-vous eu le temps de voir ce film ? Que pensez-vous de cette interprétation de Ridley Scott, qui est en grande partie woke, car on y trouve, entre autre, un amalgame entre Napoléon, Hitler et Staline, que l’historien du droit et des institution Philippe Fabry confirme dans un entretien à Marianne ? Le film de Ridley Scott est une œuvre crépusculaire, dont l’objectif, même pas déguisé, est de caricaturer l’Empereur. Les contrefaçons historiques étant si nombreuses, que l’on peine à parler d’approximations ou d’erreurs. On dira plutôt que Ridley Scott montre son mépris pour la France et pour les Français. Il a d’ailleurs déclaré à la sortie de son film dans les salles françaises, que les Français ne s’aimaient pas. Qu’en pensez-vous ?

Nathalie Ganem : Ridley Scott est réalisateur et non pas historien. Il a réalisé une fiction et non pas un documentaire. C’était un véritable challenge pour lui. J’ai trouvé le film magnifique et les acteurs remarquables notamment, Tahar Rahim, dans le rôle de Barras. De plus, ce film a le mérite d’avoir suscité l’intérêt et l’enthousiasme pour Napoléon ! Ce qui est regrettable, c’est que ce film ne soit pas français, écrit et réalisé par des Français.

Et je m’étonne que les mêmes qui s’offusquent de certaines incohérences ou contrefaçons historiques dans le film, tolèrent que les programmes d’histoire enseignés à nos élèves soient sans cesse revisités, voire parfois travestis. Concernant l’ouverture du film, je crois que ce qui dérange dans cette scène est que Ridley Scott  réveille notre culpabilité d’avoir décapité notre roi et notre reine dans notre inconscient collectif. Enfin sur sa déclaration « que les Français ne s’aimaient pas eux-mêmes », les arguments que je viens de vous dérouler peuvent nous interroger…

Vous avez, vous-même, monté une pièce de théâtre « Rendez-vous à l’Élysée » qui est jouée actuellement au Théâtre Nesle dans le VIe. Vous y mettez en scène le rendez-vous manqué de Napoléon Bonaparte avec la France et les Français, le 21 juin 1815, après sa défaite à Waterloo, et son affrontement avec son pire ennemi, Joseph Fouché, qui décidera malheureusement de son sort. Pour vous, disons-le, Napoléon, c’est la France. Est-ce que cette pièce peut rassembler notre France actuellement fracturée, sur le sort et le destin de Napoléon, ou pensez-vous qu’il est déjà trop tard ?

Nathalie Ganem : J’ai écrit cette pièce afin de sensibiliser et de mieux faire connaître au plus large public l’histoire napoléonienne. J’observe en effet qu’il existe aujourd’hui deux France dressées l’une contre l’autre : une patriote et l’autre qui ne l’est pas. Napoléon Bonaparte, c’est la France. Son histoire peut rassembler ces deux France. Car elle est un repère pour tous ceux qui veulent apprendre ou réapprendre à aimer la France et un rempart contre tous les prêcheurs de sa détestation. Et j’espère aussi à travers cette pièce faire rêver les spectateurs qui viendront la voir d’un Napoléon Bonaparte qui nous donnerait rendez-vous à l’Élysée…

À la différence du film de Ridley Scott, votre texte met en lumière les fêlures de Napoléon, que vous avez refusé de magnifier de manière béate. Vous lui donnez un aspect humain, alors que le film de Ridley Scott, dans une brume épaisse et une lumière basse, montre un Napoléon faible, affaibli par son amour pour Joséphine, à qui il doit tous ses succès, ce qui le conduit également à sa perte. Encore, j’imagine, un effet du wokisme américain ! Que pensez-vous de cette interprétation de l’amour que Napoléon porte à Joséphine ? Vous avez préféré miser sur la présence féminine de la Reine Hortense dans votre pièce. Croyez-vous qu’elle s’imposait tant que cela ? Pouvez-vous nous rappeler qui était cette dame ?

Nathalie Ganem : Cette pièce est un huis clos entre trois personnages et se déroule au cœur du pouvoir, le palais de l’Élysée. Elle met en scène la confrontation entre Napoléon Bonaparte, vaincu après la défaite de Waterloo, et Joseph Fouché son ministre de la police. La reine Hortense, fille adoptive de Napoléon sera le témoin direct de cette scène de l’Histoire. Elle est l’une des rares de la famille impériale à être présente pour soutenir son beau-père et défendre sa famille face à Fouché qu’elle ose affronter. Elle incarne également dans la pièce une réminiscence affective de Joséphine de Beauharnais.

Ce qui m’a inspiré à écrire deux pièces sur Napoléon Bonaparte La dictée puis Rendez-vous à l’Élysée et un court-métrage Tête-à-tête à Malmaison ce n’est pas le personnage historique, mais uniquement la personne. C’est lorsqu’il est déshabillé de sa redingote de gloire et qu’il se dévoile humain, trop humain, qu’il apparaît alors fascinant. J’ai voulu montrer ce Napoléon qui n’est pas tout-puissant au-dessus des autres et le révéler avec ses failles et ses imperfections humaines. Par son interprétation, Joaquin Phoenix met en lumière également le côté vulnérable de Napoléon Bonaparte à travers cette passion avec l’Impératrice. Il est vrai que Napoléon était très amoureux de Joséphine de Beauharnais.

Ma pièce se termine d’ailleurs par une scène où Napoléon, après sa seconde abdication, demande à Hortense de l’accompagner au château de Malmaison. Peut-être, désirait-il se remémorer une dernière fois avant de quitter la France, le souvenir des moments partagés avec Joséphine…

René Rémond dans son livre Les droites en France rapproche le courant bonapartiste du courant gaulliste. Approuvez-vous cette typologie des droites ? La France aurait-elle pu rester la France si Napoléon n’était pas apparu pour la ressouder ? On sait tous que l’histoire de France s’est faite grâce à des grands hommes, dont il serait long de dérouler la liste des noms, des hommes qui ont eu le courage et la volonté de soudain se lever pour la sauver du danger. Or, on voit aujourd’hui ce pays en très mauvaise posture : divisé, attaqué, fracturé. Que vous inspire l’actualité récente ? Pensez-vous qu’un grand homme de la taille morale et historique, comme Napoléon ou De Gaulle, pourrait apparaître dans le paysage politique dans les années à venir, sorte de nouveaux personnages puissants ? Ou croyez-vous que nous allons inexorablement vers la disparition de la France et des Français ?

Nathalie Ganem : Napoléon Bonaparte comme le général de Gaulle ont été au « rendez-vous » pour sauver la patrie. C’étaient deux hommes d’honneur qui n’étaient ni de droite, ni de gauche, mais des amoureux de la France. Et, hélas, je ne vois pas apparaître aujourd’hui un homme providentiel ou puissant capable de faire un autre « 18 Brumaire » ou de lancer un autre « appel du 18 juin ». Je pense que c’est par le peuple français guidé par l’amour de la patrie que la France peut encore être sauvée. À la question posée à De Gaulle : « Qu’est-ce que le peuple, mon général ? » Il répondait : « La France ! »

Propos recueillis par Marc Alpozzo
Philosophie et essayiste
Auteur de Seuls. Éloge de la rencontre, Les Belles Lettres.

Réaction de Jacques-Olivier Boudon professeur d’histoire contemporaine spécialiste de Napoléon

Réaction de Jacques-Olivier Boudon professeur d’histoire contemporaine spécialiste de Napoléon

Vu hier après-midi « Rendez-vous à l’Elysée », pièce écrite et mise en scène par Nathalie Ganem, au théâtre de Nesles, qui raconte les dernières heures de Napoléon à l’Elysée avant sa seconde abdication, le 22 juin 1815, au cours d’échanges croisés avec Fouché et Hortense de Beauharnais. Le texte est juste, le décor sobre, mais surtout les acteurs sont très présents et incarnent leur personnage. Je recommande !