« Le Temps des orphelins » de Claude Rodhain, « un bon livre populaire »

Claude Rodhain, Le temps des orphelins

« Comment un enfant abandonné au lendemain de la guerre, qui craint de finir dans un caniveau comme un chat crevé et s’échine à gravir les échelons de l’échelle sociale dans le seul but de séduire celle qui l’a délaissée. C’est la suite de mon autobiographie, Le destin bousculé », déclare dans un entretien (référence en bas de la note) l’auteur de son nouveau roman 2022. Il s’agit donc d’un roman, d’une enfance, de l’abandon, des services sociaux, de la méritocratie – et d’un fort parfum d’autobiographie.

Claude Rodhain a calqué le roman du petit Charles sur sa propre existence de bébé abandonné à l’Assistance publique durant l’Occupation par un père ivrogne et violent et par une mère dépassée avec ses cinq enfants qu’elle ne parvient plus à nourrir. A 7 ans, le bébé se retrouve en institution, pensionnat disciplinaire où l’on fait payer aux petits délaissés leur rejet. Certaines surveillantes, sadiques, se font un plaisir malin à fouetter nus les jeunes corps attachés aux sommiers métalliques des lits ou a les assommer par une douche glacée. Au point de susciter la haine, et une réaction surprenante de maturité chez l’enfant, à 12 ans.

Il décrit l’univers carcéral et la cantine infecte, sa camaraderie de solidarité avec les autres, son évasion et ses trois mois passés dans la campagne à se nourrir de lait pris au pis des vaches consentantes, d’œufs volés aux poules et de légumes déterrés en plein champ ; ses pieds ornés d’ampoules, ses galoches en capilotade, ses vêtements en ruine. Il veut rallier Versailles pour savoir auprès de l’Assistance où est sa mère, celle qui l’a abandonnée mais qui ne peut pas l’avoir oublié, à moins qu’elle ne soit morte. C’est cette image de la Mère qui va faire tenir le garçon ; il voudra sans cesse s’en rendre digne, lui montrer. Pour cela réussir : auprès de ses copains, à l’école, en apprentissage, au CNAM, dans son premier emploi… Il rencontrera au fil de son histoire son frère aîné Robin, puis une sœur qu’il ne soupçonnait pas.

Encore puceau à 19 ans (ce qui était fréquent dans les années cinquante et au début des années soixante), Eva la pute le dépucellera avec tendresse une fois ; puis il se mettra avec Sophie, 16 ans, qui deviendra sa femme au retour de son service militaire comme sergent en Algérie, puis la mère de sa fille Charlotte. Pris par un conseiller juridique de multinationales qui veut sa capacité à travailler beaucoup et à bien parler, il s’épanouira en adulte – même si ce n’est pas le seul hasard qui l’a fait entrer dans la profession. Il saura trop tard pourquoi. Son mentor mort, il fonde son propre cabinet, qu’il mènera jusqu’à passé 75 ans. Il divorcera de Sophie sur la demande de son épouse, lasse de ses trop nombreuses absences, et se mettra avec Valérie, qui lui donnera un fils. Sa propre fille enfantera un jeune Guillaume. La partie adulte est plus au galop que la partie enfance ; elle résume trop le personnage devenu. Ce sont évidemment les jeunes années qui vont intéresser le plus le lecteur, par empathie.

City éditions n’est pas Robert Laffont et ne fait pas son plein métier d’éditeur. Des coquilles subsistent, comme haillon mis pour hayon de voiture, ou des incongruités chronologiques comme cette expression « cool » qui ne surgira que dans les années 1990 et n’avait vraiment pas cours dans les années cinquante ; pas plus que « zen », ni « Black » : on désignait les Noirs par le terme de Nègres jusqu’aux indépendances et à la fin de l’apartheid aux États-Unis, soit vers le milieu des années 1960 ; on n’ose même plus dire « Black » aujourd’hui mais on euphémise, et même « Coloured » devient mal vu, trop typé ; « Afro-American » a eu la vogue pour un temps, bien qu’il soit connoté un brin affreux ; on dit plutôt « African-American » (ce qu’on ne dit pas des Chinois, ni des Indiens…). Quant au département de l’Essonne, il n’a été créé qu’en 1968 ; dans les années 50 et 60, c’était encore la Seine-et-Oise.

Au soir de sa vie, après le Covid, Charles fait retour sur son existence mouvementée, qui n’était pas gagnée. L’enfant de personne, laissé pour compte comme un chat crevé dans le caniveau, a su montrer sa volonté. Celle de vivre et celle de s’ouvrir aux autres comme au monde. Il montre la résilience et sa puissance lorsqu’on rencontre enfin quelqu’un qui vous écoute et vous soutient. Ce fut pour lui le cas d’un homosexuel qui lui a donné des cours de rattrapage en primaire, l’a encouragé à prendre des cours au CNAM pour devenir ingénieur, et l’a mis en contact avec un employeur. Il montre aussi que la méritocratie existe, ouverte même aux plus défavorisés, à condition de vouloir et de s’accrocher. Le travail et l’effort : deux valeurs oubliées par notre époque d’assistanat et d’hédonisme.

L’auteur a été tout cela en son temps, bébé abandonné en 1942, orphelin à l’Assistance ballotté entre institutions, victime des sévices d’un aîné en famille d’accueil ; il est devenu ingénieur CNAM, avocat spécialisé en propriété industrielle, fondateur d’un cabinet qui porte son nom. Puis écrivain aux dix romans à ce jour.

Un bon livre populaire.

Claude Rodhain, Le temps des orphelins, 2022, City éditions, 301 pages, €19,00 e-book Kindle €13,99

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Entretien de juin 2022 sur Boojum

Biographie de l’auteur

La suite romancée du best seller « Destin bousculé » de Claude Rodhain (ROBERT LAFFONT, 1986)

La Balustrade de Guilaine Depis vous propose pour la période juin à décembre 2022 :
(pour interviewer Laurent Sedel / recevoir son livre : merci de contacter guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85)
Le Temps des orphelins (suite romancée du grand succès « Destin bousculé » (Robert Laffont, 1986) – City éditions – parution rentrée littéraire 2022
Parution du 13ème roman de Claude RODHAIN
site officiel : http://clauderodhain.com/
« Je veux séduire ma mère. Cette femme qui n’a pas pu m’aimer pour l’enfant que j’étais, devra m’aimer, pour l’homme que je deviendrai. » C. R.
 
* « il faut provoquer sa chance » C.R. 
 
* La sublime résilience d’un enfant abandonné par ses parents 
 
* 1O% de Jean-Luc Lahaye, 90% de Bernard Tapie, Claude Rodhain se pose en battant.

Ce roman est la suite du Destin bousculé (Laffont, 1986), récit autobiographique qui avait provoqué une tornade médiatique (Le Figaro, Le Point, L’Express, Télé 7 jours, Elle…) et des éloges flatteurs :

·      Robert LAFFONT : « (…) Durant ma vie de cinéaste et d’éditeur, j’ai rencontré des politiques en panne de publicité, des malfrats repentis, des forçats (Papillon), mais une vie comme la vôtre, jamais ! »

·      Rachida DATI. « Je pense, Claude, en vous voyant, à une phrase de Paulo Coello, dans La Cinquième Montagne : « L’homme est né pour trahir son destin ». Si ces mots ont un sens, alors, assurément, vous êtes un grand homme. Votre ascension est un modèle de la méritocratie. »
. Patrice LECONTE : « (…)Vous m’aviez annoncé un « parcours hors du commun », et c’était peu dire. Votre vie, chaotique, aventureuse, est à peine croyable. Tant de péripéties qu’on pourrait croire purement romanesques (comme chez Émile Zola) si elles n’avaient pas été vécues. Tout cela est prenant et émouvant. (…). »
 
Résumé : Charles, 7 ans, est abandonné au cours de la Seconde Guerre mondiale. Seul au monde, une image tourne en boucle dans sa tête : il va finir dans un caniveau comme un chat crevé et personne ne réclamera sa dépouille. Alors commence le cycle infernal des orphelinats, foyers, familles d’accueil, maisons de correction, des humiliations, punitions, sévices, ruptures, déracinements…
Mais Charles va faire mentir le destin. Rage au ventre, cœur à la dérive, pieds en sang, il traverse la France pour dénoncer les sévices qu’il subit. Recherché par les gendarmes, il vit dans la forêt, s’alimente d’œufs, de fruits, de légumes volés, boit le lait au pis des vaches… Devenu adulte, il gravit les échelons de l’échelle sociale, devient ingénieur, avocat, plaide pour les plus grandes multinationales, enseigne à HEC…

Mais, que reste-t-il du gamin aux galoches cloutées ? Pourquoi cette fuite en avant ? Pour séduire la mère qui l’a abandonné, lui donner des regrets, et l’entendre enfin prononcer ces mots obscènes et maudits qu’il n’a jamais entendus : « Mon fils ». Cette mère impossible, ne l’a-t-il pas trop rêvée ? 

 

L’auteur : Claude Rodhain

– 1986 : 2ème prix des lectrices du magazine ELLE ;

– 2000 : 1er prix du roman au concours littéraire Maestro ;

– 2017 : Prix Scriborom.

Ingénieur-brevet dans un important cabinet parisien, spécialisé en propriété industrielle, responsable des services techniques, puis fondé de pouvoir, il quitte l’entreprise, après le décès de son fondateur. Ayant réussi l’examen et obtenu le titre de Conseil en Propriété Industrielle délivré par l’INPI, il fonde son propre cabinet à Paris, en 1974. Au bout de 20 ans, son entité, forte de plus de 40 ans collaborateurs, (ingénieurs, juristes et traducteurs) représente les intérêts de près de 1.000 entreprises, dont une bonne centaine de multinationales, telles que Agence Spatiale Européenne, J.C.Decaux, Robert Bosch, Guerlain, Samsung, la Ratp, M.A.N, Mitsubishi, Monsanto, JVC, Job, Kobe Steel…

Trésorier, puis secrétaire de la Compagnie Nationale des Conseils en propriété industrielle, il est, durant 15 ans, chargé d’enseignement à HEC, au C.N.A.M et à PARIS VI où il forme plusieurs milliers de jeunes ingénieurs et juristes. Il cède son cabinet en 1994 à un groupe européen et rejoint le barreau de Paris. Avocat certifié en propriété industrielle, il a plaidé durant 20 ans de nombreux dossiers de brevets, marques, modèles et droit d’auteur.

Commandeur dans l’Ordre National du Mérite, il obtient le titre « d’avocat honoraire », délivré par le Conseil de l’ordre. Il assure enfin, durant 25 ans, la vice-présidence de l’association caritative Cent familles, présidée par son fondateur Jean-Luc Lahaye.