Rediffusion « Empreintes » de Simone Veil sur France 5 dimanche 14 octobre à 9 h 49 (Simone Veil y dit à deux reprises son admiration, son amitié et sa gratitude pour Antoinette Fouque)

Empreintes : « Simone veil, la loi d’une femme »

France 5, dans le cadre de sa case documentaire « Empreintes », a diffusé, vendredi 12 octobre 2007 à 20 heures 40, le documentaire écrit et réalisé par Caroline Huppert, « Simone veil, la loi d’une femme ».

Elles ont marqué notre société de leur ’empreinte’. Hors du commun, ces personnalités françaises sont issues du monde des arts, de la culture, des sciences, du spectacle, du sport de la société civile… La collection ‘Empreintes’ leur rend hommage.

Simone Veil, la loi d’une femme : Ce documentaire mesure l’empreinte laissée par Simone Veil : la loi sur l’avortement qui porte son nom, son combat pour l’Europe, son action pour le devoir de mémoire de la Shoah. Il propose un lien entre son héritage personnel et ses champs d’action : son enfance, son éducation, sa mère, puis pendant l’adolescence, l’horreur d’Auschwitz.

Simone Veil est l’une des personnalités françaises les plus respectées. Son engagement l’a placée au-dessus des contingences politiques.

‘Simone Veil, la loi d’une femme’ se propose de faire comprendre ce phénomène inhabituel et la femme exceptionnelle qui l’a rendu possible.

Rediffusion :

Dimanche 14 Octobre 2007 à 09 heures 49

« Les livres prennent du volume » par Anne-Sophie Lechevallier – Illsurtration Matthias Petit (Paris-Match du 11 au 17 octobre 2007)

ladernierefemmesdesfemmes.jpgarielle_dombasle_reference.jpgLES LIVRES PRENNENT DU VOLUME

Sur cassette, C.D. ou via M.p.3, les voix de Fanny Ardant, Jean Rochefort ou Catherine Deneuve donnent à entendre nouvelles ou livres pour enfants. De quoi dresser l’oreille !

Par Anne-Sophie Lechevallier – Illustration Matthias Petit

Pour Antoinette Fouque, il s’agissait d’abord de permettre à ceux qui ne savaient pas lire d’accéder aux textes. La fondatrice des éditions Des femmes et de sa Bibliothèque des voix fut la première à enregistrer des livres sur des cassettes au début des années 80 : « Je me suis aperçue que, entre le théâtre et l’écrit, une série d’actes avait disparu, comme celui de lire à haute voix un texte. » Depuis, une vingtaine d’éditeurs ont suivi. Les comédiens, dont la parole, d’ordinaire, est indissociable du corps, sont nombreux à avoir prêté leurs voix. Rochefort, Ardant, Giraudeau ou Deneuve ont tous passé entre trois et cinq jours en studio. « Les comédiens apportent à la lecture ce que l’auteur n’a pas forcément entendu du texte », explique Antoinette Fouque, qui a immortalisé les voix de Marguerite Duras ou de Jacques Derrida.

2 527 TITRES AUDIO DISPONIBLES SUR LE MARCHE

41Pnvb1P1mL__SL290_.jpgUn exercice parfois difficile pour l’écrivain, comme le constate Marc Levy : « La première fois que j’ai lu un de mes textes, j’ai eu le sentiment que cela devenait impudique. Toute la distance et le second degré dans les dialogues disparaissaient. Puis, progressivement, j’y ai pris du plaisir. Je le fais surtout pour les personnes malvoyantes ou non-voyantes. » Ces dernières restent le public de base des livres audio, explique Serge Eyrolles, président du Syndicat national de l’édition.

Car la France, avec son minuscule marché de livres audio, est une exception. Les 2 527 titres disponibles ne représentent que 0,4% des ventes de livres. Soit dix fois moins qu’en Allemagne. Bien moins aussi qu’en Suède, où ils occupent 10% de la production éditoriale, et aux Etats-Unis, où, l’an passé, presque un Américain sur quatre a écouté un livre de ce genre. Tout le monde joue le jeu, jusqu’à Bill Clinton, qui a lu le millier de pages de son autobiographie.

« Je suis persuadé que cela va se développer en France », assure Serge Eyrolles. En attendant, le paysage des éditeurs de livres audio se réorganise. Pour l’instant, ils sont une vingtaine à se partager le marché, tels Frémeaux, Thélème ou V.d.b., dirigé par Christine Van den Bosch, une petite maison qui enregistre entre 30 et 40 livres par an. Sa meilleure vente est « le Da Vinci Code », mais avec seulement 7 000 versions audio. Une goutte d’eau rapportée aux 6 millions d’exemplaires imprimés. Quant à Gallimard, il a commencé à utiliser les cassettes il y a une vingtaine d’années, pour « provoquer la rencontre entre le livre et l’enfant », explique Hedwige Pasquet, directrice générale de Gallimard Jeunesse, avant de créer, en 2004, une collection « Ecoutez lire », qui compte une centaine de titres. La même année, Audible, qui vend des livres audio à télécharger, a vu le jour chez France Loisirs. Et cet été, ce sont Hachette Livre, France Loisirs et Albin Michel qui se sont réunis pour créer une société baptisée provisoirement AudioPoche, dont les douze premiers titres verront le jour en janvier prochain. « Un gros éditeur ne peut pas faire décoller un marché tout seul. Nous pensons que la visibilité de ces C.d. dans les librairies sera déterminante, surtout qu’ils sortent en même temps que les livres », analyse Valérie Lévy-Soussan, directrice de la structure audio chez Gallimard. Tous comptent sur les formats M.p.3 pour baisser les prix et multiplier les ventes. Ainsi, les dix-sept heures d’enregistrement du « Da Vinci Code » occupent 17 C.d. « normaux », mais seulement 2 C.d. M.p.3. ! Moins encombrant et peut-être plus facile à embarquer en voiture pour faire passer le temps da,s les embouteillages…

UN LAPIN SACHANT CONTER

Jusqu’à présent, ce lapin – relié à Internet et à l’ordinateur par Wi-Fi – lisait les mails, la météo ou le journal. A partir de novembre, le Nabaztag racontera des histoires des enfants. A commencer par « La belle lisse poire du prince de Motordu » de Pef, publiée par Gallimard en 1980. Il suffit de « faire renifler » la couverture à ce lapin (plus exactement la puce R.f.i.d. collée dessus) pour que Pef – ou le lapin – se mette à lire l’histoire. Lui tourner une oreille fait avancer d’un chapitre. Un geste intuitif suffit, explique Rafi Haladjian, inventeur du Nabaztag. Les enfants n’auront plus besoin de demander à leurs parents de mettre une cassette. Et le livre pourra devenir interactif. « Grâce, notamment, à des jeux qui exploiteront le texte. L’auteur, Pef, se réjouit : « A chaque lecture du « Prince de Motordu », je retrouve la même émotion quand j’ai écrit cette histoire, un après-midi de 1978. » Le Nabaztag lira quatre autres livres de Gallimard l’an prochain.

A. – S.L.10961578_tml.jpg

« Parlez-moi la vie » avec Catherine David (6 octobre sur idFM 98), évocation de la Birmanie par Jocelyne Sauvard

Jocelyne Sauvard évoque Aung San Suu Kyi dans son émission « Parlez-moi la vie » dont Catherine David (livre audio « Simone Signoret ou la mémoire partagée », dont Antoinette Fouque a récemment fait l’éloge dans cette même émission, réédité sous peu, cf prochain communiqué – argumentaire déjà en pièce jointe pour vous donner l’eau à la bouche !) est l’invitée sur idFM 98 (qui repasse samedi 6 octobre à 16 h).

Coordonnées Jocelyne Sauvard :
* site http://www.jocelynesauvard.fr
* émission sur idFM 98 : http://88.191.12.229/index10.php

« Crise en Birmanie : Bouddhisme et politique », sujet de « Travaux Publics » sur France Culture, le 2 octobre !

Michèle Idels s’exprime sur France Culture dans l’émission Travaux Publics de Jean Lebrun mardi 2 octobre

Clin d’oeil à Jean Bernard Chardel (www.jbchardel-art.com ), très concerné par les questions de femmes en lutte (cf Ingrid Betancourt), qui m’a rappelé le matin-même la programmation radio de Jean Lebrun, « Travaux publics », sur France Culture, consacrée à la cause birmane (titre : Crise en Birmanie : Bouddhisme et politique) mardi 2 octobre. Elle est encore disponible à l’écoute ici : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/travaux/index.php Vous pouvez y entendre Michèle Idels, qui a accompagné Antoinette Fouque passer trois jours à Rangoon auprès d’Aung San Suu Kyi en 1995 y présenter « Se libérer de la peur », le SEUL livre des écrits d’Aung San Suu Kyi herself, publié aux Editions Des femmes en 1991. (et en déduire que sur ce coup-là AUSSI, Antoinette Fouque a été la pionnière, se situe à l’avant-garde de TOUT)

A l’occasion de la rencontre entre l’émissaire de l’ONU et le chef de la junte, Twan Shwe, Jean Lebrun a consacré son émission à la place de la politique dans le Bouddhisme avec Raphaël Liogier, directeur de l’Observatoire du religieux à Aix-en-Provence et Guy Lubeigt, géographe, spécialiste de la Birmanie.

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, le principe « Travaux publics » est le suivant : En direct du café El Sur (35 boulevard Saint-Germain, Paris 5ème) à Paris : un ou deux invités, pas davantage, quelques témoins dont le nom importe moins que l’expérience réelle et un public tout proche, très présent, dont Jean Lebrun et son équipe voudraient faire des questionneurs et des chroniqueurs du temps moderne.

Joyeux Anniversaire à Antoinette Fouque !

Les Balances des Editions Des femmes

Antoinette Fouque, auteur de « Gravidanza » (argumentaire en pièce jointe), anniversaire le 1er octobre

Le signe du charme, de l’élégance et de l’intellect par excellence ! Moins fantasque que le Verseau et moins épuisant que le Gémeau. Il n’est pas surprenant qu’Antoinette Fouque soit née sous le signe de la Balance, iie gouvernée par Vénus. Je suis en tous cas satisfaite que Le Parisien ait songé à mentionner ses 71 bougies soufflées le 1er Octobre. (et vive l’astrologie !)

Sihem Habchi, nouvelle Présidente de Ni Putes Ni Soumises est venue saluer Antoinette Fouque à l’occasion du très réussi cocktail qui a eu lieu le 19 septembre à l’Espace Des femmes, 35 rue Jacob, Paris 6ème. Un bien prometteur contact s’est également noué ce soir-la entre la cofondatrice du MLF et l’irradiante Frigide Barjot, venue accompagnée de ses poussins, Bastien de Koch et Constance Barjot. http://www.jalons.fr/frigide/index-frigide.html Amusant de voir se retrouver sur Ségolène la grande intellectuelle, ancienne députée européenne socialiste et matérialiste avec la fantasque chrétienne Gaulliste (dont j’aime à la folie les jaloniennes chansons ! On peut en écouter lààààà : http://www.jalons.fr/frigide/chansons-index.html)…

Grande manifestation pour Aung San Suu Kyi au Trocadéro le 29.09.09 AVEC ANTOINETTE FOUQUE

Antoinette Fouque était présente à la grande manifestation pour la Birmanie, samedi 29 septembre, Place du Trocadéro

L’Alliance Des femmes était venue en nombre avec les magnifiques panneaux de la publicité dans Le Monde daté du 30 septembre, Jane Birkin était là aussi, Le Premier ministre du gouvernement birman en exil aussi, Irène Frain et Claire Julliard étaient présentes par la pensée. Et tant d’autres, certainement ! Coucou à mon amie Ilse.

On m’aurait reconnue, aux côtés d’une militante de l’Alliance Des femmes sur LCI dans le flash infos du soir. (j’accepte de signer les autographes !)

14 h au Trocadéro, Antoinette Fouque (et moi !) avec Aung San Suu Kyi

Le menu est juste après la poésie – d’Aung San Suu Kyi HERSELF ! – dont l’abus n’a pas les mêmes conséquences que celui de la cigarette ni de celui de l’alcool !

« Nous pouvons être
Froids comme l’émeraude,
Comme l’eau au creux des mains,
Mais nous pourrions être
Comme des éclats de verre
Au creux des mains. »

Explications pour comprendre le haïku (comment ça, je vous sous-estime !? ) :
Le peuple birman était las de cette situation précaire, las de subir la peur, las d’être comme « l’eau au creux des mains » du pouvoir. Le plus petit de ces éclats de verre a la force tranchante pour se défendre contre la main qui cherche à le briser ; il est le vivant symbole de cette étincelle de courage nécessaire à qui veut se libérer de l’oppression qui l’écrase ». Aung San Suu Kyi, Se libérer de la peur, éditions Des femmes, 1991

Aung San Suu Kyi : la pousuite de l’action menée depuis 16 ans par Antoinette Fouque pour l’encourager

A. Les manifestations de soutien à la cause birmane : toujours plus nombreux !

1) Celle de jeudi 27 septembre devant l’ambassade de Birmanie

La manifestation de jeudi 27 septembre, à Paris, à laquelle je vous avais conviés pour soutenir l’opposition birmane dans sa lutte contre la junte au pouvoir, a rassemblé quelques 400 personnes (évaluation personnelle). En attendant le reportage bien plus brillant de deux étudiants du CELSA, un petit film, disponible sur le site du Monde, vous donnera un aperçu : http://www.lemonde.fr/web/video/0,47-0@2-3224,54-960464@51-947750,0.html
Notons qu’à 14 heures, en semaine, avec une information relayée si peu à l’avance, 400 personnes, ce n’est pas si mal ! Hauts les coeurs !

Le « succès » de cette manifestation trouve sa source dans la présence de Jane Birkin http://www.fr.janebirkin.net/, dans celle de Philippine Leroy-Beaulieu http://filmos.actricesdefrance.org/L/Philippine_Leroy_Beaulieu.html, dans celle de Ségolène Royal http://www.desirsdavenir.org/ … ou moins modestement dans la portée de mon émile de la veille ! (on peut TOUT imaginer ! Laissez-moi rêver !)

Trève de plaisanterie, l’Alliance des Femmes http://www.alliancedesfemmes.fr/ était aussi venue en nombre, et j’ai pu reconnaître Irène Frain http://www.irenefrain.com/ et Nicole Guedj http://www.nicole-guedj.fr/ dans la foule.

2) Les Rendez-vous politiques de ce samedi 29 septembre

a. RUEZ-VOUS SUR le quotidien « LE MONDE » ! La quatrième de couverture d’une jolie couleur orange est offerte par les éditions Des femmes en témoignage de notre fidèle affection à Aung San Suu Kyi et de notre sensibilité extrême aux horreurs qui se déroulent en Birmanie ces jours-ci.

b. 14 h, Place du Trocadéro – PRESENCE D’ANTOINETTE FOUQUE EN CHAIR ET EN OS, QUI A PROLONGE SON SEJOUR A PARIS SPECIALEMENT POUR PROUVER SON FERVENT APPUI A LA RESISTANTE DE LA PAIX BIRMANE.

Antoinette Fouque (argumentaire de son nouveau livre, « Gravidanza », en pièce jointe) a passé trois jours avec Aung San Suu Kyi à Rangoon en 1995. Elle n’a jamais cessé depuis de prendre des nouvelles de Miss Non-Violence, ni de faire parler d’elle et de diffuser ses écrits autant que possible.

Appel à manifester pour arrêter le massacre de l’Alliance des Femmes pour la démocratie, Alliance Birmanie Démocratie, Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les peuples, Parti Communiste Français, Reporters sans frontières, Les Verts, Ligue Communiste Révolutionnaire etc

c. 17 h 30, Devant l’ambassade de Birmanie, 60 rue de Courcelles, Paris 8ème

Si vous avez le coeur à droite (puisqu’on sait – MERCI VGE ! – que la gauche n’en a pas le monopole), ou si vous souhaitez simplement être PARTOUT (Ciel ! n’y voyez aucune référence à Brasillach !) pour Aung San Suu Kyi, l’UMP – Jeunes Populaires, Moins jeunes et moins populaires, Philippe Goujon et Patrick Devedjian compris – appelle à manifester, également ce samedi 29 septembre et pour les mêmes raisons, à 17 h 30 devant l’ambassade de Birmanie (où on était jeudi), 60 rue de Courcelles, Paris 8ème, métro Courcelles, station Vélib à deux pas.

B. Les deux préfaces de « Se libérer de la peur », écrits de Aung San Suu Kyi, publiés pour la première fois en France en 1991 par les éditions Des femmes. (envoi du livre sur simple retour d’émile mentionnant une adresse postale)

1) Préface de François Mitterrand (CADEAU ! Chuuuuuuuuuut ! )

« L’illusion de la tyrannie consiste à croire, encore aujourd’hui, que l’on peut freiner la marche d’un peuple vers la liberté en mettant au secret ceux qui sont les hérauts de cette aspiration.
L’exemple d’Aung San Suu Kyi prouve, après tant d’autres, la vanité de cet espoir.
Femme, irréductible, Aung San Suu Kyi lutte, au péril réel de sa vie, pour l’avenir de son pays et de son peuple. Rien ne semble pouvoir l’arrêter dans son combat, consubstantiel à celui de millions de Birmans. Pour elle, comme pour eux, il s’agit de survie.
C’est pour cela que j’ai tenu à rendre hommage à Aung San Suu Kyi et accepté de préfacer le recueil de ses écrits politiques.
Fille du résistant birman Bogyoke Aung San, héros de la lutte pour l’indépendance de son pays, qui périra assassiné en 1947, Aung San Suu Kyi rejoint, naturellement pourrait-on dire, les grandes figures de l’histoire, celles qui ont su conduire leur peuple vers la liberté moins par des voies politiques traditionnelles que par des comportements indomptables. Elle fait déjà partie de ces saints ou sages combattants dont l’Asie a fourni quelques modèles remarquables et ce n’est pas par hasard que l’on retrouve dans les écrits d’Aung San Suu Kyi tant de références au Mahatma Gandhi.
Un texte, celui qui donne son titre à l’ouvrage, a tout particulièrement retenu mon attention, il s’intitule « Se libérer de la peur ».
Quelle force et quelle vertu dans cette réflexion qui fait apparaître que « ce n’est pas le pouvoir qui corrompt mais la peur », la peur de ceux qui détiennent le pouvoir et redoutent de le perdre, la peur des opprimés qui s’accrochent au malheur et craignent qu’il n’empire. Quel appel aussi au courage, celui qui est donné et celui qui est gagné, chaque jour, au prix d’une méticuleuse ascèse personnelle.
Aung San Suu Kyi n’est pas une rêveuse mais une femme d’action, l’écho grandissant de sa cause en témoigne. Être de science et de raison, elle ne prêche pas l’impossible.
Elle évoque enfin pour moi l’époque de la Résistance au cours de laquelle des hommes et des femmes de mon pays ont réussi à s’élever au-dessus d’eux-mêmes, par un effort acharné, pour affirmer leur confiance dans l’avenir et la faire triompher.
Ce combat en faveur de la liberté et de l’humanité, incarné aujourd’hui par Aung San Suu Kyi, il est toujours le nôtre. » François Mitterrand

2) Préface de Vaclav Havel (extrait)

« Le Prix Nobel de la Paix 1991 a fait connaître au monde entier la lutte d’Aung San Suu Kyi contre la tyrannie, pour la liberté et la dignité. Nul autre qu’elle ne méritait davantage cet honneur. Tous ses discours sont empreints d’une égale vigueur et de la même fermeté. Elle a refusé l’exil qu’on lui proposait pour acheter son silence. Assignée à résidence, elle a choisi la vérité. Elle est donc le plus admirable symbôle de ce pouvoir que possèdent même ceux qui semblent n’en avoir aucun.
J’ai eu le grand honneur de la proposer pour le Prix Nobel, et je me joins maintenant à tous ceux qui saluent le choix du jury d’Oslo. (…) » Vaclav Havel

Je vous laisse : Courez jusqu’à la manif ! Sautez dans le bus 63 ! Engouffrez-vous dans le métro ligne 6 ou 9 ! Z’ou ! Ouste ! Filez !

« C’est dans l’air » du 28.09.98, excellent reportage d’Agathe Lanté sur le thème de la sexualité des Françaises après Mai 68, interview EXCLUSIVE avec Antoinette Fouque !

La fidèle retransmission (la chance que vous avez de m’avoir !) des propos d’Antoinette Fouque dans l’émission « C’est dans l’air » du 28 septembre, consacrée à la sexualité des Françaises – Un très bon reportage d’Agathe Lanté pour l’équipe d’Yves Calvi

« C’est dans l’air » : il s’agit du magazine d’Yves Calvi http://www.france5.fr/cdanslair/index.cfm sur France 5 du 28 septembre dont le sujet était : « Sexe : la position des françaises » – Champions de la séduction et éternels insatisfaits, les Français entretiennent une relation parfois complexe à leur sexualité. Face aux « nouvelles Eve », indépendantes et libérées, les hommes peinent à trouver leur place. Les invités du plateau étaient : Catherine Solano, médecin sexologue et andrologue (consultable ici : http://www.pannes-sexuelles.com/), Janine Mossuz-Lavau, sociologue directeur de recherche au Centre d’étude de la vie politique française (laboratoire du CNRS), Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste, spécialiste de la vie de couple et Gérard Salama, gynécologue accoucheur à l’Hôpital américain de Paris

Agathe Lanté a réalisé un reportage de jolie qualité sur les conséquences de Mai 68 sur la sexualité des Françaises. Elle a interrogé Françoise Picq, universitaire spécialiste du féminisme (qui a notamment dit « L’idée dominante c’était quand même que les femmes ont un destin tout tracé qui est de se marier, de s’occuper de la maison et de faire des enfants » ) puis Antoinette Fouque (propos soigneusement recopiés par mes bons soins en vert ci-dessous) :

S’émanciper, s’affranchir, transgresser, les tabous se lèvent et les femmes prennent leur émancipation. Les femmes s’organisent et prennent la parole avec la création du MLF, le mouvement de libération des femmes. Objectif : changer la vie et transformer le rapport au pouvoir, à la masculinité et au savoir. Parmi les fondatrices, AF aujourd’hui directrice des éditions des femmes (A. Lanté) :

« La première revendication des femmes, c’est un enfant si je veux quand je veux. Donc et puis après assez de violence assez de femmes battues assez d’inceste sur les petites filles C’est ça la libération, c’est la libération d’un véritable esclavage, d’une colonisation du corps par l’économie, le pouvoir, le patriarcat, comment dire le pouvoir mâle en général » (A. Fouque)

Sous l’impulsion du MLF, les femmes gagnent leurs batailles juridiques et la première d’entre elles celle de l’avortement avec le vote de la loi Veil en 75 elles obtiennent aussi le remboursement des contraceptifs puis de l’ivg la reconnaissance du divorce par consentement ou encore la requalification du viol comme crime. Mais pour les féministes d’hier, la désillusion est là : les femmes se cherchaient force est de constater pour elles que certaines n’ont pas trouvé leur place Pour AF la société vit même une régression. (A. Lanté)

« La libéralisation économique s’est conjuguée à un libertinage si on veut sexuel c’est à dire le capital et le phallus se sont liés pour prendre le pouvoir sur les banques et sur les corps et que au lieu de la libération pour laquelle nous luttons il y a une libéralisation massive du corps des femmes à travers l’industrie du sexe, de la pornographie à la prostitution industrialisée. » (A. Fouque)

Des femmes pas assez ou trop libérées. Pour les féministes de la première heure la société du phallique a repris le dessus. Aujourd’hui elles repassent le flambeau et attendent les victoires de la prochaine génération. (A. Lanté)

Aung San Suu Kyi, Antoinette Fouque, même combat : la non-violence (livre aux Editions des femmes)

Appel à un grand rassemblement en présence de Jane Birkin devant l’ambassade de Birmanie (60 rue de Courcelles, Paris 8ème – métro Courcelles) à partir de 14 h jeudi 27 septembre. (« mail » (pour une fois, le sujet s’y prêtant vraiment, je fais des efforts de sérieux !) à transférer massivement autour de vous – Merci !) L’inoubliable interprète de « Di doo dah », ainsi que la comédienne Philippine Leroy-Beaulieu, relaient aujourd’hui les efforts – en pensée comme en actes – entrepris depuis plus de seize ans par Antoinette Fouque (qui prolonge de quelques jours son passage à Paris UNIQUEMENT pour sa chère « Dame de Rangoon » et qui malgré un agenda ultra chargé pourrait peut-être répondre à toutes vos questions sur ce point brûlant de l’actualité : Comme au loto, 100% des gagnants auront en tous cas tenté leur chance…), suite à un coup de coeur et de conscience, pour sauver Aung San Suu Kyi.

Pionnière dans tous les soutiens aux combats de femmes et engagée dans toutes les politiques pour la paix, Antoinette Fouque appartient naturellement au cercle étroit des personnes s’étant rendues jusqu’à Rangoon pour rencontrer Aung San Suu Kyi en chair et en os (1995).

Lui apportant son indéfectible et fervent appui depuis le début, Antoinette Fouque avait notamment tenu à assister à la cérémonie de remise du Prix Nobel de la Paix à la Dirigeante de la Ligue Nationale pour la Démocratie en Birmanie, déjà en 1991.

Un livre est né de la prise de position d’Antoinette Fouque en faveur de l’apôtre de la non-violence en Birmanie : Se libérer de la peur (éditions Des femmes, 1991). Exceptionnellement doté de préfaces du Président de la République, François Mitterrand et de Vaclav Havel (Président de la République Tchèque d’alors), ces écrits d’Aung San Suu Kyi sont introduits et rassemblés par Michael Aris, leur traduction étant coordonnée par Thérèse Réveillé.

N’ayant jamais cessé de prendre des nouvelles d’Aung San Suu Kyi ni de lui témoigner son admiration, Antoinette Fouque, en l’aidant autant qu’elle le peut à faire connaître sa cause, garde un lien privilégié avec elle et sera éternellement à ses côtés. Ce n’est pas étonnant quand on observe qu’à l’instar de la grande intellectuelle française cofondatrice du MLF, la lumineuse Birmane, soeur spirituelle de Gandhi et Mandela, choisit la non-violence pour faire avancer son peuple et par conséquent, à son niveau, l’humanité.

« Si la peur, d’Est en Ouest, peut être aujourd’hui considérée comme universelle parce que simplement humaine, alors la fidélité à soi, le respect de l’autre, l’effort inlassable, la résistance acharnée, l’action humblement quotidienne, le sens des responsabilités, de la dignité, la sagesse d’Aung San Suu Kyi l' »indomptable » peuvent aussi devenir, par sa lutte exemplaire, des vertus universelles, elles aussi simplement humaines.

L’ascèse quotidienne par laquelle, chaque jour dans l’épreuve, le courage et la sagesse triomphent de la peur et de la folie destructrice, c’est le don non violent qu’Aung San Suu Kyi fait, à nous et au monde, et que nous devons savoir accepter pour tenter de l’arracher à l’ombre et au silence de sa prison, et la rendre à ceux qui l’aiment et ont besoin d’elle. » Antoinette Fouque, Passages, décembre 1991

« Ce n’est pas le pouvoir qui corrompt, mais la peur : la peur de perdre le pouvoir pour ceux qui l’exercent, et la peur des matraques pour ceux que le pouvoir opprime… Dans un système qui dénie l’existence des droits humains fondamentaux, la peur tend à faire partie de l’ordre des choses… Mais aucune machinerie d’Etat, fût-elle la plus écrasante, ne peut empêcher le courage de resurgir encore et toujours, car la peur n’est pas l’élément naturel de l’homme civilisé. » Aung San Suu Kyi

« Comme des enfants qui auraient peur du noir, en ces sombres temps, le parler de Suu Kyi nous éclaire. » Antoinette Fouque

Envoi du livre d’Aung San Suu Kyi aux Editions Des femmes, PREMIER LIVRE d’Aung San Suu Kyi en France, sur simple mention d’adresse postale en retour de courriel.

Je reste à votre entière disposition et vous remercie par avance de votre attention à ce communiqué éminemment urgent et important.

Antoinette Fouque par Jocelyne Sauvard (sitarmag)

Le lien de Sitartmag :
* http://www.sitartmag.com/afouque.htm

* Ne pas oublier la plus belle interview du monde d’Antoinette Fouque (comme sur la beauté de l’article, que les talentueuses précédentes plumes n’en prennent pas ombrage, c’est de la com !), aussi par Jocelyne Sauvard, et encore disponible à l’écoute à cette adresse :
* http://www.jocelynesauvard.fr/pages/radio.html

ANTOINETTE FOUQUE
Portrait et entretien

Gravidanza
Editions des femmes, 2007
Il y a deux sexes
Gallimard, Le débat

Livres CD et DVD : Bibliothèque des Voix, Bibliothèque du Regard, Editions des femmes

Au jardin

Psychanalyste, philosophe, cofondatrice du MLF, éditrice, depuis quatre décennies, Antoinette Fouque enrichit la psychanalyse et la philosophie, les sciences humaines et les sciences politiques, de ses avancées théoriques sur la différence des sexes. Elle décrypte le monde et l’ouvre à la création féminine. Elle fraye de nouvelles voies pour le 21ème siècle. Et sa pensée, dit Alain Touraine, est au cœur de la mutation civilisationnelle en cours. Pour nous, elle est aussi, et peut-être même tout d’abord, écrivain.
Portrait d’une femme livre au jardin.

Intellectuelle, celle qui riche de savoirs, de connaissances, d’expériences, parle, analyse, débat et qui, par sa pensée, son action, rend conscient, fait évoluer le monde des femmes et de la création, Antoinette Fouque, femme politique et femme d’honneur, femme de lettres et femme de plumes, dont la voix a sa musique qui peut s’inscrire sur une partition, possède un style qu’on reconnaît d’emblée par sa ligne poétique, caractéristique du grand écrivain. Longtemps en réserve, cette passion de l’écriture la fait vibrer depuis la petite enfance. De prime abord, elle lui est venue par les contes, les récits qu’on lui donnait à entendre à la maison, et très vite par la lecture. Puis les mots peuplant le jardin secret, ceux qu’on griffonne et dont on ne parle pas, ceux qui résistent à la publication, deviennent au fil du temps, et des études, pratique régulière, autant qu’objets de recherche. Mais l’écriture qu’elle aime est loin du narcissisme ; c’est « une écriture qui ne refoule ni n’exploite l’oralité première », une écriture qui, s’en prenant à « l’empire du signe sur le corps », s’« articule à la chair, à la pensée génésique », une écriture non « matricide » mais « matricielle », où se symbolise la « libido creandi » des femmes. Une écriture qui ne se limite pas à l’écrit puisque c’est l’histoire aussi qu’il s’agit pour elle d’écrire. Ce n’est plus alors uniquement pour son propre compte, mais également pour celui de ses consoeurs, qu’Antoinette explore ce territoire mystérieux et privé, saturé de couleurs, le jardin où vit le verbe.

JARDIN du SUD

Très vite ce jardin n’habitera plus seulement une métaphore, mais une réalité de terre, de parfums et d’eau. Quand elle n’est pas à Paris, au cœur battant de sa maison d’édition, ou sur les routes, y compris aériennes, pour mener combats et colloques, Antoinette vit au jardin. Palmes, cistes et grappes mauves plantés sur les rocs de l’Esterel s’ouvrent sur le bleu de la mer, et elle partage son temps entre les livres et cette autre bibliothèque. Celle des feuilles, des écorces, des pétales et des essences. Son cabinet de pins, de lauriers roses, d’oliviers, de lavandes vous transporte immédiatement dans un jardin de Provence, ou de la Riviera, en Balagne, ou à Syracuse, au jardin des Hespérides ou au jardin d’Epicure. Mais l’Arbre à plumes qui ombrage la pelouse, l’Orgueil de Chine, et l’eau, élément essentiel, vous font pencher un instant pour le Yuan ming yuan, puis pour les jardins de la Résidence de Calcutta, à cause des toits rouges qu’on aperçoit. Le bambou qui s’élève au fond évoque Long Hai, le caoutchouc, Angkor, l’ophys tyrrhena vous emmène à Nara, la serre chez George Sand, et juste au moment où, interpellée par un grand poirier blanc, par les arbustes, dieux étrangers, vous cherchez la petite pièce sentant l’iris, et que parfumait aussi un cassis sauvage*, voilà qu’un cep de vigne vous rappelle que vous êtes tout près des coteaux varois. Et que c’est là qu’Antoinette Fouque écoute le ressac, le mistral et le cheminement des pensées qui vont faire des livres. Le dernier, est-ce un hasard, a pour titre Gravidanza, peut-être, parce qu’au bout de l’allée, chapeautée par un petit temple d’amour, chuchote une source ? « Les femmes venaient ici il y a longtemps y tremper la main ou boire cette eau, symbole de fertilité. » Antoinette accompagne la remarque d’un sourire. « Gravidanza », lui rappelle cette phrase de Simone Weil : « Toutes nos lois sont régies par la pesanteur, sauf la grâce ». « Il y a dans ce titre « gravide » et  » danza « , la pesanteur et la grâce, le poids de porter l’enfant et la grâce d’être légère, la légèreté de l’ espérance de l’enfant à venir », ajoute-t-elle.

JARDIN INTERIEUR

« Il fallait donc qu’il y ait une terre, un jardin premier, pour qu’en effet, ne fût-ce qu’une femme écrivain puisse savoir qu’elle avait un lieu où écrire », souligne Antoinette Fouque dans ce deuxième essai de féminologie qui rassemble une trentaine de communications, entretiens, textes et articles. Ceux-là même qui fondent, au cours des quatre dernières décennies, ce qu’Alain Touraine définit, dans la préface, comme son « postféminisme ».
Et cette terre sauvage, souterraine, celle où naît l’écriture — interdite aux femmes longtemps, très longtemps — et sur laquelle elle travaille depuis des années, elle s’emploie à la faire émerger à la conscience et à la rendre accessible à un lectorat toujours plus important.
Défendue aux femmes, tant en Occident qu’en Orient, l’écriture (et par là le savoir, la réflexion et l’exhumation de la pensée) n’a pu, pendant des millénaires, être mise au jour par elles ou très peu ; ou de manière clandestine. Elle a pu aussi rester ignorée. Il en va différemment aujourd’hui, certes, mais « la misogynie perdure ». C’est ce que pointe Antoinette dans le texte de 1974, toujours d’actualité, semble-t-il, au moment de la publication du livre, trente-trois ans plus tard : « Une femme porteuse d’une écriture créatrice, neuve, n’est pas la mieux accueillie parmi les écrivains. » Mais alors, dans les sociétés autres que littéraires, qu’en est-il ? Certaines ont renoncé, d’autres se sont battues, se battent encore ou subissent l’interdit, et Antoinette d’ajouter de vive voix depuis son éden : « Le jardin c’est la part du paradis et la part des femmes. C’est le lieu du non lieu, le lieu que nous inventons, quand nous n’avons pas droit au monde, à la parole ou à l’écriture. A cette heure, 80% des analphabètes sont des femmes, parce qu’on ne les autorise pas à apprendre à écrire – pour des raisons culturelles et cultuelles – et parce qu’elles travaillent sans arrêt. »
L’analphabétisme, Antoinette Fouque l’a non seulement cerné ici, là-bas, dénoncé sans relâche, mais aussi ressenti au sein de la cellule familiale : ses parents nés aux tout début du siècle – 1899, pour sa mère –, en Calabre et en Corse, n’avaient pas fréquenté l’école, ou si peu, qu’ils étaient restés dans les « couches illettrées de la population ». Mais des lettres, au sens de la culture littéraire, ils en avaient, et d’impérissables, qui se transmettaient par la parole.

JARDIN MARITIME

Toute une tradition orale passait par la branche familiale : « Mes parents appartenaient à la tradition méditerranéenne, la grande Grèce, pourrait-on dire en englobant la Corse, la Sicile, régions éminemment cultivées. Ma mère parlait beaucoup, racontait des histoires, me disait qu’elle était poète, ma grand-mère aussi. Mon grand-père maternel racontait des légendes ou des morceaux sortis tout droit d’Orlando furioso de l’Arioste, comme s’il les inventait. »
Et le père d’Antoinette, venu de Corse, peu bavard, « homme de peu de mots », qui avait navigué, portait avec lui la connaissance de la terre et de la mer, des départs, de l’endurance, les voix du vent, de la houle et de la méditation éloquente. Une polyphonie des silences.

La famille est montée à Marseille. C’est là qu’Antoinette voit le jour. Grandir avec en soi la passion de la littérature, dans un milieu de culture orale, pourrait paraître contradictoire, mais cela ne l’était pas. Ses parents, outre un art de vivre et de dire, professaient un immense respect pour la chose écrite, l’instruction, la culture et les diplômes. « Non pas pour franchir les échelons sociaux que cela supposait mais plutôt comme moyen de garder ou vivifier une culture qui soit héritière de la culture qu’ils avaient eux-mêmes. » Quant à leur fille, dès l’adolescence, il lui faut s’en aller, loin, très loin de l’eau saline, à une heure de train, à Aix ! Un monde de grès jaune et de Sainte(s) Victoire(s), pour se colleter à ces fameuses études, et le devenir, diplômée es lettres.

Le cours Mirabeau et la fac — où elle rencontre, très jeune, celui qui deviendra son mari et le père de sa fille — c’est encore le Sud, qui lui donne son assiette, mais ce n’est plus là où elle est née, près des calanques.
« C’est le sud qu’il ne faut pas perdre en regardant la mer, note Antoinette, je ne veux à aucun prix perdre le sud, c’est-à-dire ma mère ; le nord, il n’y a pas de risque, je sais où est le père. » Ainsi, Antoinette n’égare aucun des repères cardinaux, d’ailleurs elle a pris l’œil vert Corse qui pétille et le bouclé brun de l’Italie méridionale. En prime, bien sûr, elle a récolté l’amour du travail bien fait, du conte, de la stance et de son rythme, qu’elle a bientôt retranscrits. La voix, relevée d’une pointe de thym, chante un peu, transporte empathie, curiosité et désir de rendre les propos lumineux, sur fond discret de jeux de mots qui renvoient à l’inconscient. Cette voix, venue de l’intérieur, est retenue pour cause de pudeur.
« C’est vrai que j’ai mis beaucoup de temps à me faire entendre : j’ai commencé à parler en public, outre l’enseignement, vers 32 ans, en Mai 68, en créant le MLF. J’étais d’une timidité maladive. Et puis, un jour, comme beaucoup de femmes, j’ai parlé. Et quand on parle, on ne s’entend plus, alors j’ai continué à parler. Après est venue l’écriture… Enfin, j’ai toujours écrit, mais l’écrit publié, c’est autre chose. »

JARDIN PUBLIC

Après la fondation du MLF, du groupe « Psychanalyse et Politique », en 1968, c’est la maison d’édition Des femmes, qu’elle crée en 1973. Laquelle maison d’édition, née « après deux ans de réunions hebdomadaires ouvertes, et venue du désir de faire avancer la libération des femmes — non de créer une maison d’édition féministe » — a pour vocation de défendre une position originale. Ainsi quand elle publie une femme écrivain, Antoinette, elle, s’intéresse à toutes ses dimensions, intellectuelles, artistiques et humaines : « Ce n’est pas seulement l’écrivain, c’est aussi la femme ». Loin des conservatismes entretenus par la surmédiatisation, le succès commercial ou le scandale, sa démarche d’éditrice a pour objectif de favoriser l’éclosion de la veine artistique et intellectuelle de ses semblables.
« Depuis le début, je voulais construire, donner un lieu, tracer des voies positives… mettre l’accent sur la force créatrice des femmes, faire apparaître qu’elles enrichissent la civilisation, et qu’elles ne sont pas seulement les gardiennes du foyer, enfermées dans une communauté d’opprimées ». « La maison d’édition était, est toujours pour moi, le lieu du temps de la vie, du temps à venir, qui renoue avec le premier amour, ce que j’appelle l’homosexualité native, avec les forces de gestation qui animent chaque femme, qu’elle fasse ou non des enfants » (Gravidanza).
Simultanément, elle ouvre la première librairie des Femmes à Saint-Germain des prés ; très vite, d’autres suivent, en région, en Europe.
Directrice de recherches à Paris-VIII, psychanalyste, fondatrice de l’Alliance des femmes pour la démocratie, députée au Parlement européen (1994-1999), Antoinette Fouque par le mouvement qu’elle a créé, par la pensée qu’elle fait émerger et qui imprègne plusieurs générations, a subtilement mais radicalement bouleversé les fondements les plus méconnus des idéologies et des savoirs dominants. Elle joue un rôle moteur dans la vie culturelle, politique, sociale française et internationale. C’est elle qui, la première, défend, amène à la lumière et publie Duong Thu Huong, Taslima Nasreen, Aung San Suu Kyi, condamnées, la première à la détention, la seconde à la mort, la troisième à la privation de toutes les libertés. Pour la seule raison qu’elles sont femmes et écrivains, de romans ou d’écrits politiques, c’est tout un.

Elle défend de même tant d’autres, moins célèbres, coupables d’être nées filles, seulement, et se rend sur tous les fronts où les femmes souffrent. Parfois, c’est juste ici, en bas de la rue. Ainsi, quand en 2002, Sohane, dix-sept ans, est « brûlée vive dans le local à poubelles d’une H.L.M. de banlieue où elle avait été emmenée de force et enfermée par un amoureux éconduit, épaulé par plusieurs garçons de la cité », elle alerte, dénonce, questionne et écrit. Lettres articles, analyses, manifestes, dossiers sont publiés, entre autres, dans Libération et le Nouvel Observateur, certains seront par la suite repris dans Gravidanza.
En 1995 paraît chez Gallimard le mémorable Il y a deux sexes, qui rassemble en un volume plusieurs écrits d’Antoinette Fouque et constitue le premier essai de féminologie. Il sera réédité en une édition revue et augmentée en 2004.

La féminologie, c’est, dit celle qui en a élaboré le terme, « la création d’un champ épistémologique, les Sciences des femmes, aux côtés des Sciences de l’Homme, une promesse d’enrichissement réciproque ». C’est s’efforcer « de comprendre notre savoir forclos, à la fois inconscient et exclu. » C’est « mettre la génésique au centre de la pensée », « c’est la pensée de la gestation ou la gestation comme mode de pensée ».
Comme le dit encore Alain Touraine : « L’expérience de la grossesse, associée à la revendication de liberté et d’égalité, lui permet d’aller beaucoup plus loin que la simple égalité : d’abord, vers la reconnaissance de la différence, et, vite, vers l’affirmation de la production génitale qui donne aux femmes la possibilité de se libérer de ce qu’elle nomme un faux modèle dans une démocratie hantée dès l’origine par l’exclusion de l’autre, par « l’envie de l’utérus », qu’elle a très tôt identifiée par la haine de la femme-mère, l’expropriation et la forclusion de son corps comme lieu de création de l’être humain, du vivant-pensant. »… et aussi, par «l’appropriation par les hommes de la création intellectuelle, scientifique et artistique, de la création par le cerveau ». Antoinette relève qu’un même verbe, creare en latin, signifie indifféremment création et procréation. Et ajoute : « La symbolisation phallique est un substitut à ce qui est perçu et envié par le petit garçon, ce qu’il perçoit de la créativité du corps femelle quand il voit sa mère enceinte. Cet énorme battage autour du phallus n’est que le cache à l’envie de l’utérus qui est l’envie de Dieu ».
« La vraie création, la vraie poiesis – de  » poien  » qui veut dire  » faire » en grec —, le faire génital, génial, se passe pour les femmes à l’intérieur du corps, à l’intérieur du jardin aménagé — pour ne pas rejeter le corps étranger — comme espace d’hospitalité. Alors que le faire anal, phallique, le faire technique de l’écriture ou des avions, qui volent comme des oiseaux mais ne sont pas des oiseaux, se passe, comme la procréation pour les hommes – en dehors du corps. »

JARDIN PRIVE

Antoinette Fouque n’est pas que la personnalité aux multiples activités, engagements, et missions, elle est aussi écrivain, au sens du Robert : personne qui compose des ouvrages littéraires. Qui puise au plus près de la poésie. Exemple.
« Il pleut. Ciel bas, noir outremer à l’est. Mer formée, lourde, de plomb ou d’obsidienne, selon les fonds. Le petit bouquet du jour, crocus et narcisses, arrive avec le café et mes trois quotidiens… »
Alain Touraine compare son « imagination créatrice et révélatrice de secrets à celle de Rimbaud ». Mais Antoinette s’en défend : « Je suis aussi éloignée de Rimbaud que la cigale du jardin que nous avons entendue l’est de Mozart. Mais, si l’on veut bien considérer que cette cigale fait sa petite musique à elle, alors, pourquoi pas. »
Il n’en est pas moins vrai qu’elle écrit « sur la vie…Où luit la liberté ravie…» Et, qui sait, elle écrit peut-être aussi pour permettre à « la femme…vue dans la ville et à qui j’ai parlé et qui me parle »** de s’exprimer ?
Et si elle écrivait également pour le bonheur d’écrire ? Et parce que ça vient comme ça, du profond, du très loin. « Le jardin. Soleil ce matin. Vent tiède. Ciel lavande. Mer intense. Chaque vert, propre, encore luisant de pluie. Longtemps je me suis réveillée de très bonne heure pour embrasser ma mère qui partait travailler avant le jour. » Et ce faisant, elle donne à lire sous la couverture blanche et à peine gaufrée Des femmes, amour pour la langue, exigence, respect, transmission, mémoire. « La petite catleya orange offerte par MC il y a six ans, fleurit d’un désir inguérissable. ».
La phrase, son rythme, l’évocation du désir et ce nom de catleya (sans que rien d’autre dans l’agencement des mots ne le rappelle) font surgir immédiatement le souvenir de Proust. Passion de toujours chez Antoinette. Le thème de la mère dans La Recherche du Temps perdu , elle l’approfondit depuis les années de licence et le redécouvre sans cesse. « La tradition orale est présente chez Proust, rappelez-vous au début de La recherche, quand il ne peut pas s’endormir et que sa mère lui lit François le Champi toute la nuit — scène qu’on pourrait qualifier de scène incestueuse. Il est dit de ce texte que George Sand l’avait recueilli des conteurs oraux et sa mère retrouvait pour le lire la voix de ces conteurs. Il ajoute que c’est le premier roman qu’il ait lu, alors qu’en fait il l’a entendu avec sa mère, sa grand-mère et George Sand. » C’est cette tradition orale qui a guidé Antoinette dans la création de la Bibliothèque des Voix. Les œuvres lues, enregistrées, éditées sous formes de livres-cassettes, puis livres-CD.
« Cette tradition, orale, vocale, devenue temps perdu, chair perdue, corps maternel perdu est la voix des femmes. »
Elle a créée aussi sa collection pour que sa mère « folle de grande musique et de poésie, puisse écouter du Duras, du Sarraute. Il y a la voix dans le texte, et la voix du texte. Alors il faut l’écouter.» Dans son œuvre d’éditrice comme dans son écriture, Antoinette est une femme de tendresse.

JARDIN FRUITIER

Antoinette est une femme entourée. Elle a une famille, un petit-fils, Ezéchiel, trois chiens, des amies, des amis, des oiseaux en liberté. Une maison, harmonie de bleu et de vert, que les soleils marins teign(ai)ent de mille feux.*** Et, à Paris, entre l’impasse des anges et la rue Jacob, au bout d’une allée fleurie, un espace — blanc et paisible — qu’elle projette de rendre prochainement accueillant aux créatrices et aux créateurs qu’elle rencontre ou publie, et où elle a déjà ouvert une librairie. Soit dit en passant, le livre-DVD de Georges Kiejman, Les grands procès de l’Histoire, qui inaugure la Bibliothèque des Regards, a reçu le prix Charles Cros, de même que le livre-Audio La maladie de la mort, de Marguerite Duras, lu par Fanny Ardant.

Antoinette est douée de « bravitude », comme aurait dit Ségolène Royal. Et pour fermer la bouche de ceux qui ont moqué l’audace verbale de la candidate, elle a été rechercher, ce poème de Rilke, « Gravitude », cité par Heidegger dans « Chemins qui ne mènent nulle part ». Elle l’évoque dans un des derniers textes de Gravidanza : « Pourquoi une femme en temps de détresse » ?
Antoinette est une vaillante. Elle a dit un non sans réplique à la maladie qui voulait, de longtemps, la priver de déplacements. Aux commandes de sa machina électrique, elle sillonne à tout berzingue les allées du jardin, parfois avec Ezéchiel : « Poursuites dans les allées, chacun sur son engin électrique. Allegretto. »
Elle parcourt aussi les chemins qui mènent à Rome, et bien plus loin, dans d’autres continents. Le continent qu’elle étudie le plus volontiers, sans se déplacer, le plus mystérieux, celui qui est longtemps resté inconnu, ce « continent noir » dont parle Freud, Antoinette l’explore. Non d’après les présupposés masculins, encore moins d’après ceux de Lacan (« la femme n’existe pas »), mais bien dans la perspective d’une libération de la création. Ce continent noir, pour elle, « c’est la gestation, l’utérus » qu’il s’agit de « libérer de l’esclavage phallocentrique », de « décoloniser », pour qu’ils deviennent, « partie intégrante de la sexualité, de la pensée de la fécondité » (Area). Ainsi développe-t-elle « une théorie de la génitalité » qui vient s’ajouter à l’édifice toujours en construction de la psychanalyse. Parce que « Notre terre de naissance est un corps de femme. » Et parce que « la chair pense ». Enfin parce que « La chair est mémoire ». Lieu de conception et d’élaboration d’une oeuvre. « S’avance la libido creandi, matérialisme charnel, philosophie politique du vivant-pensant » dit-elle. « Changement de logiciel, de méthode » : « Exit la Miséricorde divine. S’exprime la générosité utérine de concevoir l’autre en soi et de s’en séparer pour qu’il-elle naisse. Exit le Pouvoir. S’annoncent les pouvoir-faire. Exit la Genèse. S’annonce, sans messianisme, la génésique laïque, humaine, œuvre de femme et d’homme. Œuvre géni(t)ale, œuvre d’être. ». S’annonce un avenir pour l’humanité.

Quoi d’autre ?
Des tas de projets, de publication — un livre, Génésique, dont le contenu relatif à l’écriture, reste encore un tout petit peu secret — et des projets de vie, comme on dit à l’école, de mouvement et de méditation, de solitude et de rencontres, de voyage et de repli poétique. Sans jamais perdre de vue la mer. Ni le jardin.

Jocelyne Sauvard
(septembre 2007)

Remerciements à Antoinette Fouque, Elisabeth Hinacoli

Citations : * : Proust, ** : Rimbaud, Baudelaire***

Jocelyne Sauvard est écrivain (romans, théâtre) et journaliste. Elle anime aussi une émission littéraire sur Idfm98, « Parlez-moi la vie ». http://www.jocelynesauvard.fr