Gynocide algérien : Rassemblement ce lundi 10 mai de 18 h à 20 h devant l’Ambassade d’Algérie. Venez nombreuses !

Présidente : Antoinette Fouque

 

 COMMUNIQUĖ (repris sur Mediapart le 9 mai 2010)

  

LUTTE, SOLIDARITE, VIE !

 

 

Actuellement, comme en 2001, dans le Sud de l’Algérie, à Hassi Messaoud, des hordes d’hommes se livrent à de véritables pogroms contre des centaines de femmes venues travailler dans la région. Ils viennent les chercher dans leurs habitations pour les voler, les violer, voire les tuer. L’Etat algérien n’intervient pas.

La mobilisation est vitale pour exiger qu’il poursuive les criminels et apporte aide, réparation et sécurité aux femmes.

 

Hassi-Messaoud-manif-10-mai-2010-.JPGL’Alliance des Femmes pour la Démocratie se joint aux associations algériennes et françaises ainsi qu’aux partis qui appellent à un rassemblement devant l’ambassade d’Algérie lundi 10 mai, de 18 à 20 heures, place Narvik, Paris 8ème,  métro Courcelles, en solidarité avec les femmes agressées à Hassi Messaoud.

 

Les violences misogynes sont chaque jour plus nombreuses et plus meurtrières. Il est très important de manifester un engagement à les combattre là-bas et ici, comme partout dans le monde. 7 mai 2010

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Contact : 06 86 44 59 29

Courant alternatif (avril 2010) remarque notre livre de Eve Ensler

mots.jpgCOURANT ALTERNATIF – AVRIL 2010
 
Des Mots pour Agir contre les violences faites aux femmes, Sous la direction d’Eve Ensler et Mollie Doyle. Traduit de l’anglais par Samia Touhami. Editions Des femmes-Antoinette Fouque. 326 p., 18 euros
 
Ce livre est le nouvel opus dirigé par Eve Ensler, l’icône marketing d’une partie du mouvement féministe depuis la parution, en 1996, des Monologues du Vagin.
 
Malgré le fait que l’ouvrage ait été édité par Antoinette Fouque dont le rôle dans le mouvement des femmes peut prêter à débat, et que la préface de la version française ait été rédigée par Rama Yade ( ! ), l’ouvrage présente l’intérêt d’offrir une autre perspective sur les violences faites aux femmes.
 
Ce recueil de 50 textes courts et poèmes se présente sous une forme plus artistique que politique. Mais un art qui se veut engagé et dont le but est de mettre des mots, une parole, sur des maux muets qui traversent continents et classes sociales.
 
Certes, ce livre n’aura, en tant que tel, qu’une portée limitée. Il est difficilement imaginable qu’un tel ouvrage tombe entre les mains des bourreaux et fasse écho. Mais la plupart de ces textes ghrondent d’une colère sourde contre cette épitaphe charnelle de la domination patriarcale.
 
A la lecture, certains textes sont plus forts que d’autres, je n’en ferai pas ici une liste exhaustive, car il me semble qu’elle ne serait pas représentative tant ce recueil appelle un regard et un ressenti propres à chacune.
 
 Là où la dynamique de Eve Ensler éveille mon intérêt, c’est au niveau de l’idée plus globale. Des Mots pour Agir Contre la Violence faite aux Femmes, en tant que livre, n’est qu’une maille du projet. Son envie serait de mettre, par ces textes, la question des violences sur le devant de la scène. Ainsi, son projet est d’organiser à travers le monde des journées où ces textes, comme les Monologues du Vagin, sont récités, proclamés. Le but : sensibiliser les masses populaires en posant cette problématique des violences dans l’espace public et ainsi, soutenir les associations qui luttent contre ces violences. C’est ainsi qu’est né le festival « Until the violence stops » (« jusqu’à ce que les violences cessent ») qui a déjà eu lieu dans 112 pays sur les 5 continents.
 
En 2010, la question des violences conjugales a été daclarée « grande cause nationale » en France. Du coup, des campagnes de pub ont vaguement défilé sur le petit écran et dans les journaux entre la Saint-Valentin et la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, dite « Journée de la Femme ». entre temps, rien qu’en France, 22 femmes sont décédées du fait des violences physiques et psychologiques qu’elles ont subies. Car si officiellement une femme décède tous les 3 jours sous les coups de son compagnon, les associations de défense des femmes parlent, elles, d’une à plus d’une femme par jour qui meurt du fait de ces violences.
 
Dès le départ, les dés sont pipés, alors quand on ajoute les coupes budgétaires dont pâtissent ces associations et les structures d’hébergements qui en dépendent, il est normal de s’interroger sur la volonté réelle du gouvernement de lutter contre ce fléau.
 
C’est sans oublier Najlae expulsée vers le Maroc après avoir voulu porter plainte contre son frère qui la battait. Grâce à la mobilisation et à la médiatisation, elle a pu rentrer chez elle. Mais pour une jeune fille sauvée, combien de femmes sont expulsées dans leur pays d’origine ? Combien de femmes se taisent par peur de cette expulsion ?
 
Alors certes, la lecture seule ne sert à rien. Mais en parler toujours et toujours plus fort, fera peut-être se délier les langues, mettra à mal les chaînes de la domination patriarcale et sauvera sans doute des vies.
 
« FEMME, POUR EN FINIR AVEC LA VIOLENCE FAITE AUX FEMMES, HISSEZ-VOUS SUR VOS PIEDS PARFAITEMENT LIBRES ! NOUS AVONS PERDU LA TERRE EN VIVANT A GENOUX » Alice Walker.
 
Géraldine

Le site www.purepeople.com s’intéresse à Eve Ensler (08.01.10)

enslerr.jpgL’auteure des Monologues du vagin est… la mère adoptive du héros d’une série télé ! Lequel ?

News publiée Le Vendredi 8 Janvier 2010 à 19:48
 
 Après avoir dévoilé Les Monologues du vagin, pièce qui se joue sur les scènes françaises depuis dix ans avec une multitude de stars telles que Jenifer ou encore Rachida Brakni, l’auteure américaine Eve Ensler revient avec un recueil de textes qui dénonce les violences familiales et sexuelles à travers le monde, Des mots pour agir (aux éditoins Des Femmes-Antoinette Fouque). Madame Figaro a eu l’occasion d’interroger l’écrivain sur ses combats et celle-ci se confie sur sa vie privée.

« J’ai adopté mon fils [l’acteur Dylan McDermott] quand il avait 15 ans ; moi j’en avais 23 ans. J’ai épousé son père. La mère de cet adolescent avait été tuée quand il avait 5 ans. Nous avions huit ans de différence, et j’ai voulu qu’il ait une mère pour la vie. Je l’ai adopté dans les règles. C’est aujourd’hui un superbe acteur et un homme magnifique. »

C’est d’ailleurs elle qui l’a poussé dans la carrière théâtrale, ce qui a sans doute contribué à ce qu’il devienne ensuite l’un des membres incontournables de la série The Practice ! Sensible aux luttes de sa mère, il est fier de ses combats. Divorcé de Shiva Afshar Rose, Dylan est le père de Colette (13 ans), et Charlotte Rose (4 ans). Eve ajoute dans son entretien : « Je suis grand-mère de deux petites-filles merveilleuses. »

Son fils a 48 ans, elle a 56 ans. Cela paraît surprenant mais finalement, elle a réussi à tout faire pour que la mort de sa mère biologique ne brise pas sa vie. Pour l’artiste, son combat est personnel et universel.

Rayhana, manifestation samedi 16 janvier à 14h30.

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Alliance des Femmes pour la Démocratie

Présidente : Antoinette Fouque

 

Communiqué du 15 janvier 2010

 

 

Appel au rassemblement pour Rayhana

 

 

L’Alliance des Femmes pour la Démocratie exprime sa profonde solidarité avec  l’auteure et comédienne franco algérienne Rayhana.

Dans sa dernière pièce, neuf femmes d’âge et de conditions différentes témoignent de la violence politique, sociale et sexuelle en Algérie à la fin des « années noires ».

Alors qu’elle se rendait à la Maison des Métallos pour jouer cette pièce, le 12 janvier, plusieurs agresseurs l’ont insultée, aspergée d’essence et ont tenté de la brûler vive. Le soir même, sans se laisser intimider, elle est remontée sur la scène. Nous admirons son courage.

 

Cette nouvelle agression physique et verbale est une violence politique intolérable contre les femmes qui affirment leur liberté et se battent pour leurs droits.

 

Femmes d’ici et d’ailleurs, toutes solidaires !

 

Avec de nombreuses associations de femmes nous appelons toutes les forces démocratiques et laïques, à se rassembler en solidarité avec Rayhana et avec toutes les femmes menacées parce qu’elles sont en première ligne des combats pour nos libertés.

 

Samedi 16 janvier à 14h30, devant la Maison des Métallos,

94, rue Jean-Pierre Timbaud à Paris 11ème

 

Contact presse : Guilaine Depis

Tel : 06 84 36 31 85

 

AFD: www.alliancedesfemmes.fr

E-mail:alliance.des.femmes@orange.fr

Tel: 01 42 60 22 68

Madame Figaro aime autant que nous Eve Ensler, youpi :o) (interview du 9 janvier 2010 par Marie-Christine Deprund)

EVE ENSLER, « SEUL LE THEÂTRE PEUT CHANGER LE MONDE »

eve-ensler.jpgLe succès planétaire des Monologues du vagin permet à cette auteure de soutenir les femmes en détresse. Aujourd’hui, Des mots pour agir, le recueil de textes qu’elle publie (1), dénonce les violences familiales et sexuelles à travers le monde. Retour en six mots-clés sur le parcours de cette infatigable militante.

Paru le 09.01.2010 , par Marie-Christine Deprund

Frange noire sur des yeux rieurs, Eve Ensler est à la fois sombre et lumineuse. Elle nous a donné rendez-vous dans l’île Saint-Louis, à deux pas du nouvel appartement où cette globe-trotteuse de la condition des femmes aime trouver refuge. Voilà bientôt dix ans que l’on peut écouter dans les théâtres de la capitale ces variations autour de la sexualité féminine, recueillies après quelque deux cents interviews de femmes, et lues sur scène tour à tour par Fanny Cottençon, Rachida Brakni, Marilou Berry, Bernadette Lafont ou Sara Giraudeau ; en écho aux Jane Fonda, Cate Blanchett et autre Winona Ryder, qui, à New York, ont égrené le même texte. À chaque fois, les recettes des représentations – 50 millions de dollars à ce jour – financent des actions de soutien aux femmes en détresse. On savait Eve Ensler acérée, audacieuse et drôle. On la découvre passionnée, généreuse, plus que jamais prête à en découdre.

SUCCÈS
« Les Monologues du vagin ont été traduits en cinquante langues, et joués dans cent trente pays. Jamais je n’avais imaginé un tel succès. Pourquoi cet engouement ? Sans doute parce que la pièce dit à voix haute ce que les femmes pensent, mais n’avaient pas osé dire. Au début, j’ai joué la pièce dans un petit théâtre de New York. Par la suite, de temps en temps, je remontais sur scène. Beaucoup de femmes venaient me voir et me disaient : “Je vais vous raconter mon histoire.” Je pensais qu’elles allaient me confier leur plaisir sexuel… Pas du tout ! Elles parlaient d’inceste, de viol, de sévices physiques. Voilà pourquoi de ces confessions j’ai tiré un nouveau texte. Dans le même temps, une autre pièce, The Good Body (« Un corps parfait », NDLR), est en train de parcourir les scènes du monde entier. Elle parle des femmes qui sont obligées de changer leur apparence pour s’adapter à leur culture. Ici avec le Botox ou les régimes, au Pakistan avec la burqa. Cette pièce sera bientôt montée en France. »

ENFANCE
« Je suis le pur produit de mon enfance dévastée. Vue de l’extérieur, ma famille américaine était un modèle de respectabilité. À l’intérieur, c’était un enfer, tenu par un père violent et incestueux. Petite, je me haïssais. À l’adolescence, j’ai noyé mon mal de vivre dans l’alcool et la sexualité débridée. Je voulais mourir. Par chance, j’ai rencontré des gens qui m’ont aidée. Dès que j’ai su que je survivrais à ce que j’avais subi, je me suis rapprochée de femmes qui avaient vécu la même chose que moi. J’avais besoin de cette solidarité. »

Ensler_couv.JPGFÉMINISME
« J’ai rejoint le féminisme aux États-Unis dans les années 70, et c’est comme si une la fenêtre s’était ouverte. J’ai compris que je pouvais être maîtresse de mon destin, libre et active. Le féminisme réellement m’a sauvé la vie. »

HOMMES
La violence faite aux femmes détruit aussi la vie de leurs fils, de leurs frères, de leurs pères, de leurs maris. J’ai adopté mon fils (l’acteur Dylan McDermott, NDLR) quand il avait 15 ans ; moi, j’en avais 23. J’ai épousé son père. La mère de cet adolescent avait été assassinée quand il avait 5 ans. Nous avions huit ans de différence, et j’ai voulu qu’il ait une mère pour la vie. Je l’ai adopté dans les règles. C’est aujourd’hui un superbe acteur et un homme magnifique, je l’adore ! Et je suis grand-mère de deux petites-filles merveilleuses. Je crois que mon fils a toujours été fier de mon combat. Tous les hommes sont concernés par cette lutte contre la violence, c’est pourquoi ils sont de plus en plus nombreux à rejoindre notre cause, et j’en suis très heureuse. Je crois que dans l’avenir, les mouvements féministes seront mixtes. »

THÉÂTRE
« Je crois que seul le théâtre peut réellement changer le monde, et mettre fin aux violences. La politique, c’est fini. J’ai commencé à écrire quand j’avais 10 ans. Je tenais un journal que je retrouvais chaque fois que mon père m’avait agressée. L’écriture est devenue une part de moi-même. J’ai choisi le théâtre parce que c’est un lieu fédérateur, un des derniers lieux révolutionnaires. Il transmet, il insuffle de l’énergie. Brecht, Pinter, Tennessee Williams ont changé notre conscience. À chaque représentation des Monologues, j’ai vu les spectateurs indiens, anglais ou américains rire et pleurer aux mêmes passages du texte. Je les ai vus boire les paroles des femmes et se transformer. En 1998, j’ai organisé une lecture des Monologues réunissant des comédiennes très connues comme Glenn Close, Whoopi Goldberg, Susan Sarandon… Et c’est le jour de cette première que nous avons lancé V-Day (sur www.vday.org). »

V-DAY
« V comme victoire sur la violence, Saint-Valentin, vagin, volupté… Partout dans le monde, des femmes ont répondu à l’appel, et à une vitesse grand V ! Le mouvement est entièrement financé par les représentations des pièces. Grâce aux 5 à 6 millions de dollars collectés chaque année, nous faisons vivre des safe houses, des maisons où peuvent se réfugier des petites filles et des femmes victimes de violences. Il en existe deux au Kenya, deux en Haïti, une au Caire, une au Pakistan, deux en Irak. Nous ouvrons actuellement une très grande Maison de la joie au Congo, où la situation des femmes est la pire au monde. Nous assurons l’éducation des résidentes jusqu’à ce qu’elles puissent voler de leurs propres ailes. »

(1) Codirigé par Mollie Doyle, aux éditions Des femmes-Antoinette Fouque.

Têtu annonce les deux livres phares d’Antoinette Fouque de cet hiver ! (comme auteure et comme éditrice !) (janvier 2010)

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Mémento
Après L’Imparfaite, revue sociologique érotique décloisonnée des étudiants de Sciences-Po Paris, voilà Monstre, une revue « gay » qui revitalise un adjectif qui n’était plus assez transgressif, devant les très à la mode bobo ou queer. C’est « justement cela qui laisse le champ libre à sa réactivation », dixit les fondateurs de Monstre. * Aux éditions Bourin : Qui êtes-vous Antoinette Fouque ? Interviewée par Christophe Bourseiller, elle expose sa pensée phare, qui place la procréation au coeur de l’éthique et de la libido des femmes. A méditer… * Fouque encore, avec, aux éditions Des femmes « Des mots pour agir contre les violences faites aux femmes. Souvenirs, Monologues, Pamphlets et Prières », édition augmentée des Monologues du Vagin, sous la direction d’Eve Ensler et de Mollie Doyle.

France Infos interviewe Antoinette Fouque lors de la Journée Internationale de lutte contre les violences faites aux femmes (le 25 novembre 2009 à 15 h 46) – Questions posées par Laurence Jousserandot

afouque.jpgRésumé

L’invitée du jour est Antoinette Fouque, cofondatrice du MLF , présidente de l’Alliance des femmes pour la démocratie et éditrice, elle lutte contre les violences faites aux femmes. Elle réclame un Grenelle sur la condition des femmes. La violence faite aux femmes a été déclarée « Grande cause Nationale » pour 2010. Antoinette Fouque vient de publier « Qui êtes vous, Antoinette Fouque ? » chez Bourin-Editeur (le 13.11.09). 

Interview par Laurence Jousserandot
 
 – Cofondatrice du MLF, Présidente de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie, éditrice aussi, la lutte contre la violence faite aux femmes grande cause nationale pour 2010, c’est ce que vous réclamiez, vous depuis longtemps, c’est une victoire ou c’est le constat aussi d’une catastrophe ?
 
 – Les deux, mon colonel. Vous savez, depuis quarante ans la planète se dégrade mais en 2002 Jacques Chirac a dit « La maison brûle, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas » à Johannesburg et depuis il y a eu un Grenelle de l’environnement et tout, toutes les politiques de droite et de gauche intègrent la dimension écologique.
 
Depuis quarante ans – je réponds à votre question – la situation des femmes s’est mondialement dégradée, comme toutes les situations humaines – il y a la crise – mais nous avons fait plus de progrès en quarante ans qu’en deux mille ans, avec la maîtrise de la fécondité, l’entrée massive des femmes dans le monde du travail, surtout en Occident. Il y a quarante ans, les femmes possédaient 1% des richesses mondiales ; aujourd’hui, c’est 2%. Vous me direz « ce n’est rien », mais elles produisent deux tiers des richesses mondiales. Les femmes produisent deux tiers des richesses mondiales, donc j’appelle depuis des années à quelque chose comme un Grenelle des Femmes, qui serait à la fois une prise de conscience et surtout une volonté politique, une globalisation d’un programme politique sur la condition des femmes, comme ça a été fait en Espagne, je l’ai signalé, depuis près de vingt ans.
 
Donc prendre conscience des violences, de la misère des femmes, de la pauvreté – ce sont les pauvres parmi les pauvres – mais aussi de la formidable richesse qu’elles donnent à l’humanité. Sans planète Terre il y a plus d’humanité, c’est pour ça qu’il faut sauver la planète. Si les femmes deviennent une espèce en voie de disparition comme les ours blancs, plus d’humanité non plus.
 
 – Alors, Antoinette Fouque, vous avez quand même beaucoup parlé du phénomène de « retour de bâton », est-ce que vous pourriez nous expliquer en quelques mots ?
 
 – Non, le retour de bâton, écoutez : une longue évolution, comme celle dans laquelle nous sommes entrées, de condition historique des femmes, qui est très récente puisque le droit de vote pour les femmes est du début ou de la fin du XXème siècle – il y a encore des pays où c’est très problématique – il y a des avancées mais pas de manière linéaire.
 
Il faut compter les avancées, tous les droits acquis et surtout compter avec une contamination par le bien. S’appuyer sur le progrès, prendre conscience de ce qui reste à faire, avoir des politiques globales puisque le monde c’est chez nous. Il y a une jeune femme d’origine indienne qui a été brûlée, comme Sohane a été brûlée vive en 2002, comme Ghofrane a été lapidée – peu importe leurs pays d’origine – c’est chez nous que ça se passe. Là c’est à Meaux, donc il faut globaliser ces politiques, penser non seulement les violences, que les femmes sont des victimes mais surtout que les femmes sont des créatrices de richesses et peut-être la dernière ressource de l’humanité pour sortir de la crise de toutes les crises que nous allons encore traverser.

Christine Clerc rend compte du spectacle de Eve Ensler et du nouveau livre d’Antoinette Fouque (Valeurs actuelles du 3 décembre 2009)

cclerc.jpgQuelle semaine ! Par Christine Clerc
Pour un peu de tendresse
Christine Clerc le jeudi, 03/12/2009
dans VALEURS ACTUELLES

Attention! Là, nous entrons “dans le dur”! Il ne s’agit plus de discuter du sexe des anges – de savoir si les femmes constituent “une minorité visible” ou plus de la moitié de l’humanité. Il n’est plus temps de se déterminer pour ou contre la parité. Le sujet, c’est la mort. Cent cinquante-sept femmes tuées chaque année,rien qu’en France, par leur compagnon ; des dizaines, des centaines de milliers violées, torturées, massacrées dans le monde. À l’invitation des Éditions des Femmes, la dramaturge américaine Eve Ensler, auteur des Monologues du vagin (traduits en 45 langues et joués en France devant plus de 700 000 spectateurs) réunit ce lundi soir au Théâtre Michel plusieurs stars – Marie-Christine Barrault, Andréa Ferréol, Christine Orban, etc. – qui lisent chacune un témoignage.

42061081.jpg5342.jpgDéfilent les villages africains en flammes, les femmes enceintes éventrées, les fillettes excisées, les petites prostituées asiatiques qui mourront du sida à 17 ans, l’adolescente bosniaque emmenée par les soldats… Pourquoi cette haine,parfois attisée par les grands prêtres, du corps de la femme ? Et pourquoi cette lâcheté générale devant les atrocités qu’on lui fait subir ? « J’aimerais que tous ces événements ne se soient pas déroulés comme je vous les ai racontés », conclut l’écrivain Carol Michele Kaplan dans le beau texte lu par Daniel Mesguich, où elle imagine qu’un homme, témoin de l’horreur, s’est dressé en chevalier blanc pour intervenir. «Mais ce n’est pas le cas : le soldat a tué… et je n’ai pas pris la parole pour défendre la jeune fille fouettée à mort. J’ai tourné le dos… »

La philosophe Antoinette Fouque a son explication, qu’elle nous livre dans un ouvrage d’entretiens avec Christophe Bourseiller : contrairement à ce qu’ont prétendu Freud et Lacan,les femmes n’envient pas le sexe des hommes,mais les hommes envieraient – certains,jusqu’à la fureur– la capacité des femmes à donner la vie. (…)

Livres Hebdo n’a pas oublié de noter la sortie du livre de Eve Ensler ! (27.11.09)

Ensler_couv.JPGLIVRES-HEBDO / Le 27 novembre 2009 Br. 18 euros / ISBN : 978-2-7210-0585-4

00908 Des mots pour agir contre les violences faites aux femmes : Souvenirs, monologues, pamphlets et prières / Eve Ensler et Mollie Doyle, préfaces de Rama Yade et Nicole Ameline, postfaces de Jane Fonda et Antoinette Fouque – Paris, éd. Des femmes-Antoinette Fouque, 2009 – 280 p., 21 x 14  cm *** Des textes aux genres et aux styles d’écriture divers sur la violence faite aux femmes sous toutes ses formes : sadomasochisme, violence conjugale, travail etc Ils ont été écrits à l’origine pour être mis en scène lors du festival Until the violence stops organisé en 2006 à New-York. La version française contient aussi des textes de T. Nasreen et C. Berling ainsi que des données européennes. Tout public.

Laureline Amanieux, superbe spectatrice des lectures du livre de Eve Ensler – Publié sur Agoravox.fr (26.11.09)

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eve.jpgRencontrer Eve Ensler, l’auteur américaine de Les Monologues du Vagin, et les femmes qui s’engagent avec elle, c’est marquer un tournant décisif dans sa propre vie. Parler, écrire, quelle que soit d’ailleurs la forme d’expression que nous pratiquons, cela ne peut plus, tout à coup, se concevoir en dehors de l’engagement concret, d’une transmission du réel afin d’engendrer une répercussion sur ce réel pour le meilleur, ou plutôt comme le déclarait sur www.ted.com la romancière militante Isabelle Allende, pour que « le monde ne soit pas meilleur, mais pour qu’il soit bon ».


Un monde bon, ce serait un monde où la violence cesse. Lundi 23 novembre, au théâtre Michel, à Paris, une lecture publique, bénévole, s’est déroulée contre les violences faites aux femmes et aux petites filles partout dans le monde. Cette manifestation mettait en scène des textes extraits du livre « Des mots pour agir », paru aux éditions des Femmes-Antoinette Fouque, le 13 novembre 2009, et dirigé par Eve Ensler.


ensler.jpg« Des mots pour agir », c’est un recueil de textes écrits par une cinquantaine d’auteurs américains, auxquels s’ajoutent des inédits français. En introduction, Eve Ensler déclare que nous pouvons aujourd’hui « nous fier aux écrivains », car « plutôt que de chercher à nous dominer, ils nous libèrent ».


Pour avoir assisté à ce spectacle, je lui donne raison. Les lectures ont été incarnées par les comédiennes actuelles, investies, de Les Monologues du Vagin : Stéphanie Bataille (également à la mise en scène), Marie-Christine Barrault, et la dramaturge et comédienne Maïmouna Gueye, également par Aurore Auteuil, Bérangère Bonvoisin, Sylvie Bourgeois-Harel, Fanny Cottençon, Andréa Férréol, Sèverine Ferrer, Marianne James, Christine Orban, Jacques Frantz et Daniel Mesguich. 


Ce soir-là au théâtre Michel, ce que la parole libère en nous, c’est d’abord la conscience, politique, idéologique, celle qu’on a enfermée dans un cadre clos, ronronnant, délimité par les seuls problèmes de notre quotidien. Ce que la parole libère en nous, c’est une quête de justice, même si elle est d’abord un cri de colère avant de se convertir en soin pour autrui.

Pu
is elle libère le désir d’agir, de mettre son énergie au service de ce qui est non seulement beau mais nécessaire. Si la beauté peut sauver le monde, ce ne sera pas sans intervenir chacun à notre échelle individuelle pour transformer la conscience et les réalités collectives. La beauté, c’est celle de ces mots et de ces voix, ce soir-là, portant de tout leur être les récits des victimes, jouant souvent jusqu’aux larmes, parce qu’il ne s’agit pas tant de jouer que d’accueillir la déchirure vécue par d’autres. Et l’agir, c’est la trace brisée jusqu’en nous de ces voix, parce que ces mots-là agissent jusque dans nos propres chairs et nous rendent capables de combat.


taslima.jpgLes textes « Des mots pour agir » témoignent, mordent, bousculent, mais ils enchantent aussi, ils nous rappellent que l’écrivain n’est plus cet « enchanteur pourrissant » chanté par Apollinaire, mais un enchanteur renaissant, celui qui peut changer l’horreur en un terreau d’espoir, celui qui proclame le destin que des femmes ont repris en main, leurs libérations volontaires, leur transformation d’une tragédie personnelle en un don pour les autres, pour que plus jamais d’autres ne subissent ce qu’elles ont subi, celui d’hommes aussi qui cherchent à veiller sur elles. L’écrivain est l’enchanteur qui consacre la voix des démunis et la porte jusque dans l’obscurité la plus moite de nos consciences, pointe le moment où l’on aurait pu agir, où on ne l’a pas fait. Mais au lieu de nous engourdir dans la culpabilité, il nous électrifie pour agir, aujourd’hui. Il nous re-connecte au monde tel qu’il est et tel que nous pouvons le changer.  

mandre.jpgEve Ensler est de ces écrivains-là, et tous ceux qui participent au recueil « Des mots pour agir » et tous ceux qui portaient ces mots ce soir-là sur scène. Elle a conclu cette manifestation par un discours -en français- pour rappeler les violences continues en France : une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint et ce Lundi-là, une femme est brûlée vive à l’essence par son mari ivre à Meaux. Le mouvement V-day, qu’Eve Ensler a fondé, soutient partout dans le monde des actions contre les violences faites aux femmes. Chacun d’entre nous peut organiser une vente de bienfaisance, ou jouer par exemple localement une représentation de Les Monologues du Vagin et reverser les recettes à une association qui lutte pour les femmes. Ou tout simplement acheter le livre « Des mots pour agir » dont les bénéfices reviennent au V-day.


Sur scène sont également intervenues les politiques françaises Michèle André et Nicole Ameline, l’écrivain engagée Taslima Nasreen, et Christine Schuler Deschryver, la représentante de V-day au Congo et directrice d’un centre qui accueille les femmes et filles victimes de violence (http://www.vday.org/meet-vday/activist-spotlights/christine-schuler-deschryver). Son témoignage, que les larmes interrompaient, est un de ces moments qui vous écarquillent l’âme de façon définitive. Au sujet de la guerre civile au Congo, dont l’arme principale est le viol des femmes et des toutes petites filles jusqu’à la mutilation et la mort, je vous invite à lire les deux témoignages de Eve Ensler, traduits en français sur ces adresses : http://sisyphe.org/spip.php?article3329

et

http://www.alterinfo.net/Congo-l-homme-qui-sauvait-des-femmes-laissees-pour-mortes_a22280.html


NicoleAmeline.jpgSe sont inscrits pour toujours dans ma mémoire les phrases les plus vives de cette soirée, la bienveillance d’Eve Ensler avec qui j’ai échangé avant la représentation, l’intensité renversante du regard de Maïmouna Gueye me tendant son texte en cours de représentation, la force qui nous a reliés, tous, et qui nous a permis de toucher du doigt ce que pourrait être « un nouveau contrat humain » comme l’écrit Antoinette Fouque, la fondatrice des éditions des Femmes et co-fondatrice du M.L.F (Mouvement pour la Libération des Femmes), un contrat dont les impératifs ne sont ni économiques, ni raciaux, ni de l’ordre de l’arraisonnement d’autrui, mais un contrat qui fait triompher en nous, autour de nous, l’universelle capacité de compassion. Et d’agir.


Laureline Amanieux.