« Un livre PASSIONNANT » pour La Cause littéraire

Opération Condor, Un homme face à la terreur en Amérique latine, Pablo Daniel Magee (par Jean-Jacques Bretou) 

Ecrit par Jean-Jacques Bretou 11.03.21 dans La Une LivresCritiquesLes LivresHistoire

Opération Condor, Un homme face à la terreur en Amérique latine, Pablo Daniel Magee, Éditions Saint-Simon, octobre 2020, 377 pages, 22 €

Enfant, Martin, entouré de sa grand-mère Sarah et de sa mère Lidia, habite un petit village dans la région du Chaco paraguayen. La famille est pauvre. Malade, il sera guéri par le chaman de la tribu indigène chamacoco qui dira à son endroit : « garçon doit vivre, garçon très important ». Plus tard, il fait la connaissance d’Ogwa, un petit Indien guarani avec qui il joue. Il passe des heures insouciantes près de la rivière avec son camarade et un harpon pour pêcher le poisson. En 1947, avec sa famille, il rejoint par le bateau la ville de Notre-Dame-Sainte-Marie-d’Asunción, pour s’installer à San Lorenzo. Comme ils sont pauvres, Martin après avoir bu uneguampa (récipient) de maté tôt le matin va vendre des empanadas de mandioca (sorte de beignet salé) avant de rejoindre l’école España où il fait l’apprentissage de l’espagnol, le castellano. C’est un bon élève. Diplômé d’agronomie, il fait la rencontre en 1954 de sa future femme, Celestina. En 1963, ils décident avec son épouse de créer une école qu’ils baptiseront Juan Bautista Alberdi en souvenir d’un éducateur argentin, et utilisent une méthode pédagogique inspirée du Brésilien Paulo Freire s’adressant aux plus défavorisés. Martin s’engage dans le syndicalisme. Parallèlement, il poursuit ses études de droit et devient avocat en 1968.

Puis, grâce à une bourse, il part en Argentine étudier à l’Université Nationale de La Plata. En 1974, il obtient un doctorat en éducation. Sa thèse, titrée Paraguay, Educación y Dependencia, attire l’attention de la police paraguayenne. Le régime militaire d’Alfredo Stroessner, el rubio (le blond), au pouvoir depuis le coup d’État du 4 mai 1954, le classe comme « terroriste intellectuel » et communiste. Il est emprisonné et torturé pendant un mois en 1974. On téléphone à sa femme pour lui faire entendre ses cris durant son supplice, on l’appelle pour lui demander de venir chercher son cadavre, elle meurt à trente-trois ans d’une crise cardiaque. Lui est toujours vivant, enfermé à la prison d’Emboscada où il fait une grève de la faim pendant trente jours. Cependant, grâce à des ONG et surtout à Amnesty, il sera libéré en 1977, exfiltré au Panama puis en France où il rejoint l’Unesco, où il écrit un livre sur sa détention.

En 1992, alors que le Paraguay se démocratise, il y retourne, c’est là qui va découvrir dans des bâtiments désaffectés de la ville de Lambaré les documents qui mettent à jour l’Opération Condor qui seront appelés Archives de la terreur. L’Opération Condor est le nom de code donné à une campagne d’assassinats et de lutte anti-guérilla conduite conjointement par les services secrets du Chili, de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay, avec le soutien tacite des États-Unis au milieu des années 1970.

Une partie des archives transformées en microfilms ont été ramenées en France par le sociologue Alain Touraine en 2000, et sont conservées à La Contemporaine, dans le fonds Martin Almada.

Le livre de Pablo Daniel Magee est passionnant, il se lit très bien ; c’est tout un pan de l’histoire récente et terrible de l’Amérique du sud et même du monde contemporain à l’époque de la guerre froide qui nous est conté. La découverte de ces archives aura permis de faire le procès d’anciens dictateurs ou de leurs suppôts. On peut par ailleurs y lire la crainte des Etats occidentaux de voir basculer le monde sud-américain, séduit notamment par les icônes que représentent Castro et Che Guevara, dans le camp communiste. Alors que le portrait fait de Kissinger est très féroce, et la France où s’est réfugié Almada reste le pays de la guerre d’Algérie, inventeur de techniques de guerre subversive, telle la recette « des crevettes Bigeard », et celui de Jean-Paul Sartre.

Cependant, Magee manque de la rigueur que réclame son métier lorsqu’il ressort, sans preuves, de vieux serpents de mer, telle la participation de Giscard d’Estaing à l’attentat du Petit-Clamart.

Néanmoins, ce livre se devait d’exister. Jacques Chirac a remis la médaille des Droits de l’homme à Alamada en 1997, et en 2002 ce dernier a reçu le prix Nobel Alternatif.

Jean Jacques Bretou

Pablo Daniel Magee, journaliste et écrivain français, né en 1985 à Paris, étudie les sciences politiques, la littérature, la philosophie et le journalisme à l’université londonienne de Greenwich. En 2012, il s’installe au Paraguay, où il commence à enquêter sur le Dr Martin Alamada et le plan Condor.

Droit de réponse de l’auteur de l’ouvrage

Ce livre ne sous-entend en rien la culpabilité du président Valéry Giscard d’Estaing dans l’attentat du Petit-Clamart. Le récit fait simplement état des soupçons bien connus (qui sont un fait historique traité par les historiens) dont l’ancien président français faisait l’objet, qui ont été rapportés au protagoniste de l’ouvrage à l’époque des faits relatés. De fait, l’ouvrage Opération Condor s’appuie sur une rigoureuse bibliographie académique de quelques 500 références, 200 heures d’entretiens avec des témoins d’époque et quelques 800 heures d’entretiens avec le protagoniste au long de sept années d’enquête.

Pablo Daniel Magee

Age Village parle de « De mon balcon – chroniques d’un confinement parisien »

Photo : De mon balcon – chroniques d’un confinement parisien

AUTEUR RAPHAËLLE MURIGNIEUX – TEMPS DE LECTURE 1 MIN – DATE DE PUBLICATION 08/03/2021 0 commentaires

A 85 ans, le photographe Philippe Enquin saisit « des étincelles d’humanité »

Devenu photographe il y a quelques années, Philippe Enquin a commencé à immortaliser le quotidien du confinement en avril. Quelque 3000 clichés pour une chronique d’un événement hors norme, où les gestes du quotidien se mêlent aux élans d’entraide et de solidarité. Il édite aujourd’hui un beau livre composé d’une sélection de 140 photos.

De son balcon au deuxième donnant sur le boulevard Voltaire, Philippe Enquin voit tout. Un Paris vide, limpide.

Mais aussi les voisins aux fenêtres, un pas de danse esquissé au soleil, un baiser volé, une sortie à vélo pour profiter de son heure quotidienne de liberté, des mains anonymes qui applaudissent les soignants et tous les héros de ce premier confinement, les sans domicile fixe, seuls Parisiens à ne pouvoir se confiner, les bénévoles des Restos du cœur et tous ceux qui ont assuré des services essentiels au printemps derniers.

La vie sous pandémie, captée avec bienveillance et poésie, qu’il partage d’abord sur son site. Une parenthèse lumineuse malgré les circonstances, des circonstances qui « peuvent aussi susciter une autre façon de regarder, de témoigner, de réfléchir et permettre de concevoir une source inédite d’inspiration et de création », souligne le peintre Alain Kleinmann dans la préface de l’ouvrage.

Car aujourd’hui, Philippe Enquin publie un livre de photos, De mon balcon. Un bel ouvrage, un témoignage en images à retrouver sur le site internet de l’artiste.

Photographies extraites du livre De mon balcon – Chroniques d’un confinement parisien

 

Ludovic Bonnet craque pour Philippe Enquin dans Masculin.com

Masculin a aimé Philippe Enquin

Le 17 mars 2021 marque le “premier anniversaire” du confinement total prononcé pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Pendant six semaines, la France a ainsi vécu au ralenti, les villes ont été désertées… C’est cette période pas comme les autres que le photographe Philippe Enquin a choisi d’immortaliser dans son livre intitulé De Mon Balcon.

Le premier samedi du mois est un jour très attendu par certains hommes… notamment ceux abonnés à une célèbre chaîne cryptée. Sur Masculin.com, on vous propose un rendez-vous mensuel d’un autre type, à la même date : le livre du mois. Beau livre de photographies, roman, BD : il devrait y en avoir pour tous les goûts !

Philippe Enquin, un jeune photographe de 85 ans

Philippe Enquin, photographe

Il n’y a pas d’âge pour se découvrir de nouveaux talents ou débuter une nouvelle carrière. C’est le cas de Philippe Enquin, né à Buenos Aires, en Argentine, en 1935, mais dont la première expo photo remonte à… 2018 !

Installé en France en 1962 avec son épouse Gladys Aslan, il a effectué toute sa carrière professionnelle en tant que consultant en stratégie et management. Rien à voir avec la photo, donc.

Mais après le décès de sa femme, Philippe Enquin s’est penché un peu plus sur son histoire personnelle et a voulu explorer d’autres horizons. Lui le grand voyageur a “pris conscience” de son appartenance au peuple juif et de ce passé où des migrants nés en Russie sont partis s’installer en Argentine avant de débarquer en France. Ainsi a-t-il publié son premier livre “Mots croisés, trois générations de Juifs argentins” en 2014.

C’est finalement en 2018 que la photographie devient son activité principale. A 83 ans et grâce à ses nombreux voyages, il livre des portraits touchants, que les Parisiens peuvent découvrir dans différentes galeries. Malheureusement, en 2020, la tendance est au “voyage immobile”. Pas de quoi décourager Philippe Enquin pour autant, qui se mue alors en “chroniqueur photographe” et nous raconte le confinement parisien directement depuis son balcon.

De Mon Balcon, le confinement vu autrement

De mon balcon: Chroniques d'un confinement parisien, photo de Philippe Enquin
De mon balcon: Chroniques d'un confinement parisien - Philippe Enquin
De mon balcon - applaudissements pendant le confinement

Pour cet ouvrage atypique imaginé pendant une période tout aussi insolite, Philippe Enquin a eu recours au financement participatif. L’histoire de “De Mon Balcon” débute donc sur KissKissBankBank, où 73 contributeurs permettent de récolter un peu plus de 3000 euros et lancer l’impression du livre.

Depuis le balcon de son appartement situé Boulevard Voltaire, le photographe jouissait d’une position privilégiée pour raconter son confinement : “J’ai pris conscience de la chance unique que j’avais de pouvoir observer de mon balcon du deuxième étage des scènes reflétant toute la palette des émotions, des scènes pleines d’humanité.

Ce sont ces scènes que l’on retrouve dans le livre, avec un préambule de François Morel : 140 photos en noir et blanc où l’on (re)découvre un Paris sans voitures et avec très peu de passants. Mais ces piétons (et quelques cyclistes) témoignent du caractère exceptionnel de cette période que nous venons de traverser (sans en être complètement sortis).

Des amoureux qui s’embrassent sur un passage piéton, des gens masqués dont on essaie de deviner le sourire, des gens qui applaudissent les soignants à leur fenêtre à 20 heures… mais aussi des SDF confinés sur les trottoirs. Philippe Enquin a pris 3000 photos pendant ces 2 mois, il en a conservé 140. Le résultat est beau et émouvant et nous permet de jeter un oeil dans le rétro avec une certaine nostalgie. A défaut de regretter le confinement, on aurait presque envie de le regarder avec une nouvelle tendresse et davantage d’optimisme. C’est déjà un bon début !

Ludovic Bonnet

Chez Masculin.com depuis 2009, j’ai commencé par vous parler d’automobile et de culture (cinéma, musique, jeux vidéo…). Aujourd’hui, je vous parle aussi de mode et de high-tech… et de plein d’autres choses !

 

Breizh info s’intéresse au dernier livre publié par Pierre-Guillaume de Roux

Christian de Moliner : « Les racialistes et les racisés imposent leurs délires sans rencontrer d’opposition »

Christian de Moliner, que nos lecteurs connaissent sans doute puisqu’il écrit souvent sur Breizh-info, vient de sortir un livre intitulé « la croisade du mal pensant » aux éditions Pierre-Guillaume de Roux.

Voici la présentation du livre :

Samuel Meiersohn, un universitaire désabusé et proche de la retraite, entame une croisade contre des étudiants et des professeurs « racisés » qui veulent créer au sein de sa faculté, un espace sans Blancs. Rejetant le prétendu « privilège blanc »,  il va se heurter à son administration et à la démission de la société française si prompte en 2019 à accepter les thèses radicales, aussi absurdes qu’elles soient.

La croisade du mal-pensant est un roman passionnant et mélancolique qui brosse le portrait tout en nuances d’un homme au soir de sa vie.

Nous avons interroge l’auteur au sujet du livre.

Breizh info : votre roman « la croisade du mal-pensant » évoque la cancel culture, le prétendu privilège blanc, la volonté des racialistes d’interdire certains lieux aux Blancs. Avez-vous été inspiré par la déferlante Black Lives Matter ?

Christian de MOLINER : en fait non : j’ai écrit ce roman en février 2020, bien avant la vague de l’été 2020. Le phénomène était déjà sous-jacent. Black Lives Matter n’a fait que le rendre visible.

Breizh info : le titre de votre ouvrage utilise le mot « croisade ». C’est un terme fort.

Christian de MOLINER : il  évoque d’une part le côté sacré de la mission que se donne mon personnage principal, lutter contre les racialistes qui veulent créer un espace sans Blancs au sein de la faculté où il exerce. En même temps, il est lié au pensum auquel « mon héros » Samuel Meiersohn consacre une grande partie de son temps libre depuis 15 ans. Historien de formation, il écrit un ouvrage sur les croisades en choisissant une perspective uchronique. Que se serait-il passé si les croisés l’avaient emporté à Harran en 1104 ? Si Saladin avait été tué à Montsigard en 1177 ? Samuel baigne dans l’esprit des croisades et naturellement il assimile son combat à celles-ci. Sans réfléchir, sans penser aux conséquences, il se lève et se lance dans une lutte qu’il n’a pratiquement aucune chance de remporter parce qu’il l’estime juste et nécessaire.

Breizh info : ce qui je trouve frappant dans votre roman, c’est la démission totale de la hiérarchie de Samuel. « Pas de vagues »  est le slogan de la direction.

Christian de MOLINER : en effet, c’est malheureusement le reflet de la société actuelle. Les racialistes et les racisés imposent leurs délires sans rencontrer d’opposition. Ils organisent des réunions excluant  les Blancs sans être poursuivis par la justice. Des locaux sont prêtés par les universités sans sourciller pour un usage qui contrevient d’une manière grave à la loi. Quand des activistes décident d’interdire une pièce ou la conférence d’un orateur qui leur déplaît, les doyens de facultés annulent ces manifestations sans état d’âme, sans résister.  Marc, le président de l’université de Samuel partage les vues de ce dernier, pense comme lui, pourtant il le désavoue totalement. Il ne le soutient pas. Il cherche juste à lui éviter les conséquences les plus funestes. Marc pratique sans vergogne la politique des accommodements raisonnables, qui en fait ne le sont pas et cachent mal une capitulation totale. En cela, son comportement est typique de beaucoup de responsables actuels qui sont paralysés face au racialisme. Il suffirait que tous ensemble ils se lèvent pour dire « non », pour que la farce prenne fin, mais ils se couchent et accèdent à toutes les demandes même les plus saugrenues.

Breizh info : dans votre livre, vous qualifiez les racialistes de racistes.

Christian de MOLINER : oui en effet. Prétendre qu’un être humain du fait de sa couleur de peau blanche, serait nécessairement arrogant, méprisant ou posséderait je ne sais quel défaut lié à sa « race » est une attitude abjecte et est caractéristique du racisme. La prétendue « race », la couleur de peau n’ont rien à voir avec les qualités d’une personne et affirmer le contraire est passible des tribunaux. Hélas, personne ne poursuit les racialistes pour ce qu’ils sont : de vulgaires racistes. Si on le faisait systématiquement cette idéologie mortifère serait en recul. Le pire est la complaisance avec laquelle ces thèses malsaines sont accueillies par les « élites ». Une grande entreprise américaine a ainsi organisé des séminaires pour apprendre à ses employés leucodermes à être moins blancs. Ses dirigeants, ceux qui ont permis ce délire, devraient à mon sens être jugés et être sévèrement condamnés. Imaginez que dans les années 30, une société ait mis sur pied un stage pour que  ses employés professant la religion de Moïse apprennent à être moins juifs ? Nous aurions touché l’horreur absolue, le racisme le plus abject. Il n’y a pourtant absolument aucune différence avec le stage organisé pour apprendre comment être moins blanc.

Breizh info : à côté de la lutte de Samuel contre un espace excluant les Blancs, « La croisade du mal-pensant » développe une intrigue assez triste, voire poignante. Est-elle inspirée par votre propre vie ?

Christian de MOLINER :  pas du tout ! Heureusement pour moi ! Présenter la vie personnelle de Samuel Meiersohn était à mon sens une nécessité, car elle ne se dissocie guère de son combat contre la cancel Culture. C’est aussi en partie parce qu’il se sent dans une impasse qu’il se révolte contre les racialistes. Je me suis efforcé de dresser des portraits psychologiques crédibles de mes différents personnages. Au lecteur de dire si j’ai réussi.

Propos recueillis par YV

Photo d’illustration : DR
[cc] BREIZH-INFO.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Gaston Bessay a repéré Laure Minassian dans Le Monde

Pourquoi l’image de la voie professionnelle est dévalorisée ?

Pour la sociologue Laure Minassian, les objectifs contradictoires donnés à la voie professionnelle en France expliquent son image dévalorisée. (Interview dans le Monde,Extrait)

Laure Minassian, docteure en sociologie, ingénieure de recherches à l’université de Nantes, rattachée au laboratoire CIRCEFT-EScol de Paris-VIII, signe L’Enseignement professionnel, entre promotion et relégation (éditions Académia – février 2021). Elle revient sur les évolutions historiques, et récentes, de la voie professionnelle en France.

En France, la voie professionnelle souffre souvent d’une image d’enseignement de relégation. Pourquoi ?

Dans son histoire, l’enseignement professionnel n’a pas toujours eu cette image de voie de relégation. Des années 1930 jusqu’aux années 1960, alors que les besoins en main-d’œuvre qualifiée explosent, il jouit d’une très bonne réputation, celle d’un lieu de formation et d’élévation du citoyen par la culture technique. Mais les crises économiques successives vont avoir raison de cette visée émancipatrice de la voie professionnelle.

Dès les années 1970, la prolongation de la scolarité obligatoire et le fort taux de chômage des jeunes réduisent son objectif à l’insertion professionnelle rapide des élèves. Mais son rôle devient aussi progressivement de « délester » l’école des jeunes, souvent issus de milieux défavorisés, qui n’y réussissent pas, ou qui ne répondent pas aux attendus scolaires. L’image de relégation trouve son origine dans cette double injonction et dans le cumul des difficultés et des objectifs parfois contradictoires. Puis le lycée professionnel devient le fer de lance de l’objectif de « 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac » du ministre Jean-Pierre Chevènement, en 1984. Mais on estime que les résultats de la filière professionnelle ne sont pas à la hauteur en termes d’emplois, qu’il faut donc rapprocher la formation des besoins des entreprises, au détriment des enseignements généraux donnés aux élèves. L’image d’une voie « à part » des autres se renforce ainsi, jusqu’à aujourd’hui.

Pour la sociologue Laure Minassian, les objectifs contradictoires donnés à la voie professionnelle en France expliquent son image dévalorisée. (Interview dans le Monde)

Laure Minassian, docteure en sociologie, ingénieure de recherches à l’université de Nantes, rattachée au laboratoire CIRCEFT-EScol de Paris-VIII, signe L’Enseignement professionnel, entre promotion et relégation (éditions Académia – février 2021). Elle revient sur les évolutions historiques, et récentes, de la voie professionnelle en France.

En France, la voie professionnelle souffre souvent d’une image d’enseignement de relégation. Pourquoi ?

Dans son histoire, l’enseignement professionnel n’a pas toujours eu cette image de voie de relégation. Des années 1930 jusqu’aux années 1960, alors que les besoins en main-d’œuvre qualifiée explosent, il jouit d’une très bonne réputation, celle d’un lieu de formation et d’élévation du citoyen par la culture technique. Mais les crises économiques successives vont avoir raison de cette visée émancipatrice de la voie professionnelle.

Dès les années 1970, la prolongation de la scolarité obligatoire et le fort taux de chômage des jeunes réduisent son objectif à l’insertion professionnelle rapide des élèves. Mais son rôle devient aussi progressivement de « délester » l’école des jeunes, souvent issus de milieux défavorisés, qui n’y réussissent pas, ou qui ne répondent pas aux attendus scolaires. L’image de relégation trouve son origine dans cette double injonction et dans le cumul des difficultés et des objectifs parfois contradictoires. Puis le lycée professionnel devient le fer de lance de l’objectif de « 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac » du ministre Jean-Pierre Chevènement, en 1984. Mais on estime que les résultats de la filière professionnelle ne sont pas à la hauteur en termes d’emplois, qu’il faut donc rapprocher la formation des besoins des entreprises, au détriment des enseignements généraux donnés aux élèves. L’image d’une voie « à part » des autres se renforce ainsi, jusqu’à aujourd’hui.

Senior Actu annonce le livre de Philippe Enquin

De mon balcon, chroniques d’un confinement parisien de Philippe Enquin, un photographe de 85 ans (livre)

Le 17 mars 2021, ce sera « l’anniversaire » du premier confinement. Un an déjà. A cette occasion, Philippe Enquin, un photographe de 85 ans a décidé de publier un témoignage unique sur les deux mois du premier confinement à Paris avec un livre de 140 photos toutes prises depuis son balcon. Compter 26 euros.

De mon balcon Philippe Enquin
Voici un ouvrage intéressant. Un témoignage vu d’un balcon parisien à travers le regard et l’appareil photo d’un monsieur de 85 ans qui, pendant les deux mois du premier confinement de 2020, a pris des clichés visant à rendre compte de cette vie au ralenti.
 
Préfacé par l’écrivain et peintre Alain Kleinmann et proposant un texte de François Morel en préambule, ce livre a pu voir le jour grâce au crowdfunding, au financement participatif qui permet à tout un chacun d’investir quelques euros dans un projet qu’il aime et/ou auquel il croit.
 
« Ses photos ne sont pas dans l’air du temps, elles sont dans le souffle de l’instant, quand la vie ne se résigne pas à baisser les bras, quand l’humour devient un acte de courage (….) quand le regard bienveillant devient la plus belle arme pour résister à la morosité (….) » écrit de lui le comédien François Morel également chroniqueur à France inter.
 
Philippe Enquin s’est passionné pour la photographie suite au décès de sa femme, Gladys, il y a quelques années. Elle était peintre, il va alors devenir photographe et découvrir par la même occasion la vie parisienne ainsi que sa propre potentialité artistique.
 
Comme il le dit lui-même, « la vieillesse est un très bel âge quand on a des passions. Être vieux
c’est continuer à progresser, à se fixer soi-même des challenges, à se choisir des projets pour continuer à être en mouvement, physiquement et spirituellement ».
 
Philippe Enquin a réalisé sa première exposition « Rencontres éphémères » à la Galerie Argentine en de janvier 2018. Il a également participé à l’exposition « Résistances. Mémoires libres » en octobre 2018 dans la ville de Guyancourt. Il a aussi publié « Mots croisés – Trois générations de Juifs argentins » (2013) sur l’histoire de sa famille.

Le Monde de l’Education interview Laure Minassian (merci à Séverin Graveleau)

 

 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/03/02/l-ambition-politique-de-faire-de-l-enseignement-professionnel-une-voie-d-acces-vers-le-superieur-n-est-elle-pas-revolue_6071647_3224.html


Séverin Graveleau 
www.lemonde.fr
« L’ambition politique de faire de l’enseignement professionnel une voie d’accès vers le supérieur n’est-elle pas révolue ? »
Pour la sociologue Laure Minassian, les objectifs contradictoires donnés à la voie professionnelle en France expliquent son image dévalorisée.

Cet entretien paraît dans « Le Monde de l’éducation ». Si vous êtes abonné au « Monde », vous pouvez
Laure Minassian, docteure en sociologie, ingénieure de recherches à l’université de Nantes, rattachée au laboratoire CIRCEFT-EScol de Paris-VIII, signe L’Enseignement professionnel, entre promotion et relégation (éditions Académia – février 2021). Elle revient sur les évolutions historiques, et récentes, de la voie professionnelle en France.

En France la voie professionnelle souffre souvent d’une image d’enseignement de relégation. Pourquoi ?

Dans son histoire, l’enseignement professionnel n’a pas toujours eu cette image de voie de relégation. Entre les 1930 jusqu’aux années 1960, alors que les besoins en main-d’œuvre qualifiée explosent, il jouit d’une très bonne réputation, celle d’un lieu de formation et d’élévation du citoyen par la culture technique. Mais les crises économiques successives vont avoir raison de cette visée émancipatrice de la voie professionnelle.

Dès les années 1970, la prolongation de la scolarité obligatoire et le fort taux de chômage des jeunes, réduisent son objectif à l’insertion professionnelle rapide des élèves. Mais son rôle devient aussi progressivement de « délester » l’école des jeunes, souvent issus de milieux défavorisés, qui n’y réussissent pas, ou qui ne répondent pas aux attendus scolaires. L’image de relégation trouve son origine dans cette double injonction et dans le cumul des difficultés et des objectifs parfois contradictoires. Puis le lycée professionnel devient le fer de lance de l’objectif de « 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac »du ministre Jean-Pierre Chevènement en 1984. Mais on estime que les résultats de la filière professionnelle ne sont pas à la hauteur en termes d’emplois, qu’il faut donc rapprocher la formation des besoins des entreprises, au détriment des enseignements généraux donnés aux élèves. L’image d’une voie « à part » des autres se renforce ainsi, jusqu’à aujourd’hui.

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Votre ouvrage s’arrête sur la question du rapport aux savoirs qui résulte de ce positionnement ambigu entre les mondes professionnel et scolaire, et peut mettre en difficulté les élèves…

On dirige spontanément vers l’enseignement professionnel les élèves qui ont des difficultés avec la forme scolaire traditionnelle et les attendus de l’école, en se disant qu’ils s’en sortiront mieux en « accrochant » les savoirs scolaires enseignés à un métier. Mais cette frontière entre monde scolaire et monde professionnel n’a rien d’évidente, ni pour les élèves ni pour les enseignants. Il faut « scolariser » les connaissances et compétences qui sont de l’ordre du métier et « professionnaliser » en même temps les savoirs scolaires.

On se dit qu’une situation vécue en stage professionnel peut être transformée facilement en savoir scolaire, mais plusieurs études ont montré que cela marchait difficilement et pouvait mettre en difficulté des élèves -déjà fragilisés- qui ne comprennent pas ce décodage, car au fond il s’agit rien de moins que de déduire d’une expérience personnelle des savoirs génériques, ce qui reste extrêmement complexe. Cette traduction pédagogique, qui fait peu débat, ne va pas de soi, elle nécessite une formation importante des enseignants qui n’est pas toujours au rendez-vous. La réforme de « transformation de la voie professionnelle » lancée en 2018 développe, dans cette philosophie, la co-intervention en classe d’enseignants de disciplines professionnelles (industries graphiques, biotechnologies, etc.)et d’enseignants de discipline générale (lettres-histoire et géographie par exemple, pour rappel les enseignants des disciplines générales sont bi-disciplinaires) parfois utilisent les mêmes mots pour designer des notions disciplinaires différentes, qui ne visent pas les mêmes objectifs pédagogiques…par exemple, les mathématiques  dans le numérique et  les mathématiques « pures » recouvrent des domaines différents : d’un côté on se concentre sur les méthodes mathématiques appliquées dans des situations réelles qui peuvent accepter une certaine approximation, de l’autre sur les mathématiques pour les mathématiques qui n’acceptent aucune approximation. C’est extrêmement subtil et difficile à distinguer pour les élèves, surtout si on ne les familiarisent pas à faire cette distinction.

Quels sont alors les leviers d’amélioration de la voie professionnelle ?

Outre sa revalorisation symbolique vis-à-vis des voies générales et technologiques, je crois que l’amélioration de la formation des enseignants des disciplines professionnelles est une priorité. Car la relégation de la voie professionnelle s’illustre aussi par le niveau d’exigence moindre qu’on a vis à vis du bagage des enseignants qui y travaillent. Comment se fait-il qu’un master 2 soit nécessaire pour un enseignant d’une matière générale de la voie « pro » contre un bac +2 pour les disciplines professionnelles accompagnée d’expérience professionnelle et un simple baccalauréat avec une expérience professionnelle pour prétendre au concours d’enseignant dans la section des métiers ? 

En outre, il faut outiller les enseignants sur les questions pédagogiques très spécifiques à la voie professionnelle. Les aider, via la formation continue surtout, à prendre du recul sur le lien entre les différents savoirs, ainsi que sur leurs pratiques pédagogiques en adossant cette formation à la recherche  car force est de constater qu’on a bien souvent laissé les acteurs de terrain seuls.

Il faut aussi que la voie professionnelle fasse un gros travail sur les inégalités sociales et scolaires. Genre, origine sociale, niveau scolaire, etc. : la pédagogie et l’approche proposée dans cette filière ne permettent pas aujourd’hui d’améliorer significativement le destin professionnel des élèves.

Quel regard portez-vous sur la réforme de la voie professionnelle amorcée en 2018 ?

La réforme du lycée général et technologique a mobilisé toute l’attention depuis 3 ans, en laissant de côté celle de la voie professionnelle qui touche tout de même près de 700 000 élèves (sur plus de 2 millions de lycéens au total). Il est assez curieux qu’on demande désormais aux élèves qui entrent en terminale professionnelle de choisir immédiatement entre un module « insertion professionnelle » et un module « poursuite d’études » supérieures. Cela ne risque-t-il pas de freiner leurs ambitions ?

Cela s’accompagne d’une baisse des enseignements généraux (et des enseignements professionnels aussi d’ailleurs), en raison notamment de la place prise par ces deux modules et par le nouveau « chef-d’œuvre », qui fait craindre aux enseignants une moins bonne préparation pour affronter l’enseignement supérieur. On peut se demander si l’ambition politique de faire de l’enseignement professionnel une voie d’accès vers le supérieur n’est pas révolue ? C’est pourtant cette perspective qui faisait de la filière, malgré ses défauts, un espace de promotion sociale pour les trois quarts d’élèves défavorisés qui l’a composent.

Cette réforme a été menée simultanément à celle de l’apprentissage…

L’apprentissage constitue un modèle intéressant dans lequel les jeunes inscrits sont en général très engagés et motivés. On peut se réjouir de la hausse record du nombre d’apprentis recruté en 2020. 500 000 : le chiffre est exceptionnel mais il est avant tout le résultat de la prime donnée aux entreprises qui recrutent (5 000 euros pour un apprenti mineur, 8 000 pour un majeur). On peut logiquement craindre que cet effet d’aubaine s’estompe à l’avenir en même temps que cette aide financière…

Mais la loi « Avenir professionnel » de 2018 laisse surtout de manière inédite la main libre aux branches professionnelles dans le pilotage de l’apprentissage afin que les centres de formations des apprentis (CFA) répondent plus finement aux besoins des entreprises. Avec le risque de voir les branches professionnelles porteuses sanctuariser leurs CFA, et celles qui le sont moins fermer les leurs et ainsi appauvrir l’offre de formation. C’est un retour en arrière inédit.

Eurotribune a sélectionné « Un tourbillon inversé » de Bruno Salazard

Eurotribune a sélectionné « Un tourbillon inversé » de Bruno Salazard

Un soir, en rentrant du travail, Samuel découvre que son fils a disparu de la maison d’Ardèche. Il soupçonne rapidement sa compagne, qui souffre de troubles psychologiques. Avec l’aide de Christian, un ami fidèle, Samuel part à la recherche de son petit garçon. 

Sur leur route, ils font la rencontre de Johnny, Marie-Philomène ou encore Charles, des personnages hauts en couleur, à l’existence cabossée. Touchés par la quête de Samuel, ceux-ci décident de l’aider à retrouver le petit Alexandre. Ensemble, ils traversent la France, de Marseille à Dunkerque, sur les traces de l’enfant.

Bruno Salazard nous plonge dans un roman sensible et poignant sur la famille, la paternité et l’amitié.

Auteur:

Bruno Salazard vit au milieu des arbres, près de Toulouse. Des années à rechercher l’émotion dans une vie multiple, hachurée d’échecs et de bosses mais aussi de rêves et de rires.
Chirurgien, il a parcouru le monde pour apporter ses connaissances et ouvrir son cerveau aux influences et vécus des terres lointaines, des traditions orales et écrites.
Poser les mots, imaginer des personnages atypiques, est un besoin, quand la parole est difficile.

Editeur : Librinova

Nbres de pages : 134 pages

Prix : 12,90 euros

Eurotribune a sélectionné « L’Eternité et deux mains » de Bruno Salazard

Eurotribune a sélectionné « L’Eternité et deux mains » de Bruno Salazard

En 2023, à New York, Alexandre naît sans mains. Les docteurs Jefferson, pédiatre expérimenté, et Kogino, chirurgien de la main, décident d’équiper le nouveau-né de prothèses myoélectriques intelligentes reliées à son cerveau.

Malgré cette prouesse médicale, Jefferson se questionne sur l’existence de cet enfant. Pour quelles raisons Alexandre semble-t-il si concerné par son absence de mains, alors qu’il vient à peine de naître ?

Les recherches du pédiatre lui révèlent que la vie d’Alexandre a débuté trente millénaires plus tôt et qu’il renaît éternellement… De la grotte de Maltraviesco, en passant par l’apprentissage des hiéroglyphes et les métiers manuels, Alexandre a toujours fait de l’usage de ses mains le centre de sa vie. De quoi sera faite sa nouvelle destinée ?

Plongez dans L’Éternité et deux mains, un roman intemporel qui nous transporte de siècle en siècle sur les traces d’un homme aux vies multiples.

Auteur:

Bruno Salazard vit au milieu des arbres, près de Toulouse. Des années à rechercher l’émotion dans une vie multiple, hachurée d’échecs et de bosses mais aussi de rêves et de rires.
Chirurgien, il a parcouru le monde pour apporter ses connaissances et ouvrir son cerveau aux influences et vécus des terres lointaines, des traditions orales et écrites.
Poser les mots, imaginer des personnages atypiques, est un besoin, quand la parole est difficile.

Editeur : Librinova

Nbres de pages : 117 pages

Prix : 12,90 euros