« Le billet de Lydie-Léa Chaize » a sélectionné l’exposition « Au fil de l’eau » de Catherine Bonnet-Litzler

« AU FIL DE L’EAU  » * * *

Première exposition d’une artiste inspirée Catherine Bonnet Litzler. Entrer dans l’univers pictural de cette artiste de talent c’est retrouver l’âme d’une nature qui invite à la contemplation.

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Intitulée « Au fil de l’eau », cette première exposition présente une série de tableaux où des poissons impavides semblent se déplacer devant nous, comme dans un défilé de mode… Ils sont là, bien présents dans cet univers aquatique, où leurs couleurs chatoyantes révèlent à l’envie leur côté alanguis, sereins, voire lascifs…

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Tandis que la série de tableaux, représentant des bouquets de fleurs, nous emporte dans la complétude d’un espace unique qui nous pénètre, et dans lequel nous entrons avec joie et contentement. Une peinture toute personnelle, inspirée d’un romantisme sous-jacent, qui donne toute la dimension émotionnelle d’une artiste « vraie » !

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Une exposition à ne pas manquer.

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* * * Galerie 5, 5 rue Jacques Callot 75006 Paris. 

                                                        Jusqu’au 17 octobre 2021

Un bel article sur Adrien Louis, Prix Emile Perreau-Saussine 2021

Adrien Louis, Les meilleurs n’auront pas le pouvoir

Dans l’histoire des idées politiques, André Louis est original. Son propos porte sur le mérite des gouvernants, thème crucial s’il en est de la science politique. Mais s’il convoque Aristote et Tocqueville, auteurs reconnus légitimes en la matière, il introduit Pascal, ce qui est plus inattendu. C’est que l’heure est au pessimisme et Pascal en est le représentant éminent.

Aristote fonde le droit des meilleurs à gouverner

La science du bien est une science politique qui met en œuvre le bonheur des hommes. Si la richesse fait plaisir, le plaisir n’est pas la même chose que le bien qui lui est supérieur. C’est l’excellence humaine qui est la mesure du bien, excellence à comprendre (intelligence) et à agir (caractère). Il s’agit de trouver une juste mesure dans nos passions et sentiments pour avancer en commun. L’homme de jugement a l’intelligence des circonstances, faisant preuve dans l’action de modération et de courage. L’exemple récent d’Angela Merkel est là pour le montrer ; on pourrait citer aussi Churchill, de Gaulle et Obama. Les meilleurs sont sélectionnés par un processus qui conjugue une bonne éducation avec l’expérience. L’image du capitaine de navire est la plus adéquate pour qualifier un gouvernant. L’ironie de Fabius sur Hollande « capitaine de pédalo » était juste sur la forme ; sur le fond, chacun jugera.

Pascal consacre la défaite du mérite

Pour lui, l’amour-propre est le mouvement fondamental de l’âme humaine. René Girard le qualifiait de « désir mimétique », imiter celui que l’on jalouse au prétexte que l’on est son égal. Il y a évidemment contradiction entre sa présomption et son être réel. Le désir de reconnaissance dissimule par les honneurs l’absence de caractère et le paraître assure une domination – ce qui était le propre de l’Ancien régime. Raison et vérité sont incapables de faire naturellement autorité.

Tocqueville analyse le règne des égaux dans le régime américain

Si dans l’Ancien régime le rang social faisait correspondre en chacun l’estime de soi et sa capacité réelle d’agir, dans la société des égaux rien ne fait plus obstacle à l’accès aux positions les plus élevées – mais aussi aux positions les plus basses – car la réussite dépend de son propre mérite. D’où l’angoisse de la responsabilité induite par la liberté. Chacun doit se faire lui-même (self-made man) ; il ne peut donc s’en prendre qu’à lui-même s’il échoue. Ce qui est admis aux Amériques, continent de pionniers, l’est moins en Europe où les médiocres se réfugient derrière l’Etat protecteur de droits (que fait le gouvernement ?). Si le régime démocratique induit à penser par soi-même (les distinctions divines ou « de nature » disparaissent), la foi rationaliste fait se défier de toute autorité. Seule l’opinion majoritaire apparaît comme l’autorité (tout humaine) qui est de raison et acceptable, car l’expression naturelle des égaux. Même si le conformisme dû à « la passion de l’égalité » peut devenir une tyrannie douce et si le politiquement correcte inhibe de penser vraiment par soi-même.

Dès lors, comment concilier ces trois auteurs, qui ont chacun analysé un aspect de l’humain politique ?

« Le meilleur gouvernant, dans notre perspective, est celui qui garde en vue les diverses excellences de l’homme, et qui se montre attentif aux conditions qui les rendent possibles, comme à celles qui pourraient les compromettre », écrit l’auteur. Ces conditions sont « certains biens comme la rigueur critique, le goût de la vérité, la civilité, la délicatesse des sentiments, l’amour de la liberté ». Le tempérament nécessaire aux gouvernants sont des « marques de courage, de justice, d’honnêteté et d’intelligence ». Ce ne sont pas les qualités du plus grand nombre – et les gouvernants ne les ont pas toutes, ni au même niveau.

« Nous voulons que nos dirigeants poursuivent les meilleures des fins de la meilleure des manières ». Mais si le mérite est la manière d’envisager l’accès au pouvoir, les jalousies qu’il suscite de la part des amours-propres blessés des egos égalitaires remettent en question la légitimité même des institutions et même « détruiraient tout régime ». Sauf si une Loi fondamentale y est déjà établie et des biens reconnus qui font consensus. Parmi ces biens, la prospérité ne suffit pas, même si l’on espère son « progrès ». « Il existe une place pour un désir de conservation, s’attachant à des biens tirés du passé national ».

Comment être conservateur soucieux aussi de progrès en temps de populisme ? « Être conservateur, c’est avant tout être attaché à certaines qualités humaines qui ont été plus honorées dans le passé des nations européennes, qu’elles ne le sont dans le présent démocratique », affirme Adrien Louis. Marc Bloch le disait déjà dans L’étrange défaite, écrit juste après l’effondrement de 1940 : « Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ». C’est peut-être cela le « conservatisme » : une écologie des valeurs sociales historiques. Toute distinction n’est pas injuste, l’intelligence et la vertu sont des grandeurs humaines naturelles qui font consensus mais qui sont inégalement partagées du fait de l’histoire de chacun.

L’auteur montre que si la méritocratie n’est pas le meilleur des systèmes, les contre-pouvoirs que sont les lois fondamentales et les biens sociaux (appelés vulgairement « valeurs ») assurent par les élections périodiques et les institutions de contrôle le moins mauvais des systèmes. A comparer avec les différentes formes de domination dans les autres pays… Le « populisme » qui oppose arbitrairement « le peuple » (comme entité mythique non définie) et « les élites » (comme bouc émissaire commode de tous les maux), n’apparaît donc pas comme une analyse juste et opérante en politique mais un simple instrument de propagande. La « radicalité » fait beaucoup parler d’elle mais ne remue pas en profondeur le corps électoral, volontiers conservateur.

Adrien Louis, Les meilleurs n’auront pas le pouvoir, 2021, PUF, 208 pages, €19.00 e-book Kindle €14.99

Le 10ème anniversaire du Prix Emile Perreau-Saussine dans Lettres capitales

Interview. Marie-Christine Perreau-Saussine : Le Prix Emile Perreau-Saussine fête ses 10 ans d’existence

 

Le Prix Emile Perreau-Saussine a été créé en hommage à votre fils Émile Perreau-Saussine, décédé prématurément en 2010 à l’âge de 37 ans, et qui fut un brillant professeur de philosophie politique à l’université de Cambridge et à Science Po. Fondé en 2011, ce prix récompense l’œuvre d’un chercheur de moins de 40 ans en sciences humaines. À l’heure du bilan de ses premiers 10 ans d’existence, nous nous tournons vers vous pour nous parler de la persistance de la mémoire de votre fils à travers ce prix, de la place que ce prix occupe désormais dans le paysage culturel français et de son prestigieux jury.

D’Emile Perreau-Saussine, Pierre Manent écrit, dans la préface de son livre « Catholicisme et démocratie » publié en 2011 :  «Nous ne savons pas quel tour aurait pris l’œuvre d’Émile Perreau-Saussine s’il avait pu la poursuivre. Telle qu’elle est, riche des vertus et des talents de cet homme rare, elle prolonge et nous aide à formuler aujourd’hui l’interrogation augustinienne sur les deux cités».

Quelle est, selon vous, l’empreinte laissée par ce brillant penseur que fut votre fils, malgré sa disparition prématurée, sur la pensée de sa génération ? D’où tenait-il cette passion pour les sciences humaines, quel a été son parcours et quelles étaient ses convictions et ses doutes ?

Je pense que tout cela a été fondé sur la curiosité, parce que lorsque vous regardez ses œuvres, il s’est occupé des choses tellement diverses, et c’est passionnant d’observer cette diversité de sujets qu’il a pu aborder. Il suffit de regarder sa bibliographie qui contient un nombre important d’articles, surtout pour la revue Commentaires, sans compter les livres qu’il a pu publier pendant sa vie ou le livre posthume dont vous venez de citer, un extrait de la préface de Pierre Manent. Ses livres sont : Alasdair MacIntyre, une biographie intellectuelle : Introduction aux critiques contemporaines du libéralisme, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Léviathan », 2005 ; Catholic political thought in a democratic age : a history, Princeton U.P. Catholicisme et démocratie : Une histoire de la pensée politique, préface de Pierre Manent, 2011 (Le Cerf) ; Religions in a Democratic Age, prévu pour 2011.

En 2006, il a été récompensé par le prix Philippe Habert pour sa biographie remarquée d’Alasdair MacIntyre.  Il a enseigné à l’université de Cambridge à partir de l’année 2000, en tant que professeur d’histoire de la philosophie politique au département de politique et d’études internationales de l’université (Newton Trust; Fitzwilliam College; Pembroke College) ; il était également maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris et professeur invité à l’Université Paris II-Panthéon-Assas (Centre Michel Villey).

En 2011, vous décidez de fonder le Prix qui porte le nom de votre fils, Le Prix Émile Perreau-Saussine. Quelles ont été les motivations et la visée culturelle qui ont contribué à cette initiative, sachant qu’il récompense des œuvres d’auteurs de moins de 40 ans ?

C’est avec les deux fils qui me restent, Fabrice et Louis Perreau-Saussine, que j’ai décidé d’instaurer ce prix en ciblant des candidats qui avaient à peu près l’âge d’Émile qui avait 37 ans. Nous voulions surtout savoir comment ils commençaient déjà leur carrière. 

Comment ont réagi les personnalités du domaine culturel et comment s’est constitué son jury ? Nous savons qu’il est composé aujourd’hui de personnalités de premier rang sous la houlette de Pierre Manent, Directeur de recherches émérite à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales.

Pierre Manent a été le professeur tuteur de la thèse d’Émile. C’est lui qui a donc choisi le jury et qui a pris de gens que je ne connaissais pas. Ce sont des gens de tous les bords politiques, de droite comme de gauche : cet équilibre nous a semblé être important. Voici la liste de ce jury : Sophie Basch, Professeur de Littérature française à La Sorbonne (Sorbonne Université), Laurent Bouvet, Professeur de Sciences Politiques à l’Université Versailles Saint-Quentin en Yvelines, Rémi Brague, Membre de l’Institut, Professeur de Philosophie politique émérite de l’Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, Brice Couturier, Journaliste, essayiste, Claude Habib, Professeur de Littérature française à la Sorbonne-Nouvelle, Guillaume Lagane, Haut Fonctionnaire, Frédérique Leichter-Flack, Professeur de Littérature et d’Histoire des idées politiques à Sciences Po Paris, Guillaume Métayer, Chargé de recherche au CNRS, Christophe Ono-dit-Biot, Directeur adjoint de l’hebdomadaire Le Point, Sylvie Pierre-Brossolette, Membre de la Fondation des Femmes, Philippe Raynaud, Professeur de Sciences Politiques à l’Université Panthéon-Assas.

À jury exceptionnel, concurrents exceptionnels. Les domaines que couvrent ces ouvrages appartiennent à des disciplines différentes comme les sciences politiques, la philosophie politique, l’histoire des idées politiques, le droit public, l’économie politique. Comment sont sélectionnés les auteurs et les œuvres, à part le critère d’âge ?

Le critère d’âge est bien entendu important, mais pour sélectionner les candidat, nous faisons des recherches, les membres du jury décident ensuite après des discussions communes.

Citons ici, si vous le permettez, les précédents lauréats du Prix : Guillaume Métayer, Bérénice Levet, Frédérique Leichter-Flack, Paulin Ismard,  Johann Chapoutot, Jenny Raflik, Jean-Vincent Holeindre, Stéphane Perrier, Élie Tenenbaum. Qui sont les finalistes de cette année 2021 ?

Les deux finalistes en 2021 sont Adrien Louis pour son ouvrage Les meilleurs n’auront pas le pouvoir – Une enquête à partir d’Aristote, Pascal et Tocqueville, publié aux PUF et Chloé Morin pour  Le populisme au secours de la démocratie publié dans la collection Le Débat chez Gallimard.

Qu’apporte en termes de notoriété Le Prix Émile Perreau-Saussine à tous ces lauréats ? Il faut préciser qu’il est également doté de la somme de 2000 euros, ce qui n’est pas du tout négligeable pour un jeune chercheur.

Vous savez, le prix n’est pas connu, et malgré ses 10 ans d’existence, la presse s’y intéresse très peu. Récemment, nous avons eu la surprise de voir que le dernier livre de Dominique Reynié paru cette année portait une dédicace « À Émile », comme s’il était encore vivant. Il connait Émile par ses écrit.

Quel est votre sentiment en regardant en arrière à toute cette décennie d’existence de ce prix ? En êtes-vous satisfaite, fière non seulement d’honorer la mémoire de votre fils, mais de contribuer à faire progresser la réflexion politique et philosophique contemporaine ?

C’est très difficile de répondre à votre question que je trouve très intéressante. Je continue à chercher des gens éminents, mais il est très difficile d’en trouver, car très peu de gens de cet âge se lancent dans cette voie. Voilà pourquoi il est très important d’encourager la jeune génération, et de leur dire d’écrire des livres. Ils commencent tous à écrire vers 42-43 ans, mais malheureusement ils ne correspondent plus aux critères de sélection de notre prix.

Propos recueillis par Dan Burcea

Discours prononcé par Pierre Manent, Président du jury du Prix Émile Perreau-Saussine

Chère Marie-Christine, cher Louis, cher Fabrice, chers amis,

         Nous avons attendu avec impatience ce moment de nous retrouver pour le dixième anniversaire du Prix Émile Perreau-Saussine. Ce Prix fut fondé à l’initiative et grâce à la générosité de sa famille. Depuis le début, Marie-Christine en a été la providence, donnant discrètement les impulsions décisives. Émile était une intelligence et un cœur toujours en mouvement. Aucune partie de son être n’était immobile, inerte, inactive. Il souriait de son propre enthousiasme. Il était porté par une force d’impulsion, par une ardeur qui entraînait l’adhésion et l’affection. Plus de dix ans après sa mort, nous constatons que son pouvoir d’inspiration est intact, non seulement en France mais aussi ailleurs, particulièrement aux États-Unis où sa thèse est sur le point d’être publiée. Nombreux sont ceux qui, condisciples, amis ou lecteurs d’Émile, se découvrent membres d’une fraternité ou d’un compagnonnage dont Émile reste le centre vivant. Le jury de notre Prix voudrait encourager et élargir ce compagnonnage. Il serait souhaitable, et j’en forme le vœu en ce dixième anniversaire, que quelques membres des générations nouvelles, qui ont la jeunesse et l’ardeur d’Émile, viennent nous rejoindre et mettent leur marque sur ce Prix qui leur appartient naturellement puisqu’il est destiné aux chercheurs et auteurs de moins de quarante ans.

         Précisément, cher Adrien, vous appartenez à ces générations nouvelles. Votre livre s’inscrit dans ce qu’on pourrait appeler déjà la tradition du Prix, l’esprit du Prix. Il traite d’une grande question politique et morale, celle du meilleur gouvernement, celle plus précisément de savoir si le meilleur gouvernement est le gouvernement des meilleurs. Son titre : « Les meilleurs n’auront pas le pouvoir. », est merveilleusement choisi car on ne sait pas sur quel ton dire ces quelques mots : avec tristesse, dépit, satisfaction, jubilation ?

          Nous parlons des « élites », ou des « premiers de cordée », et symétriquement du « peuple », ou des « premiers de corvée ». Sur une opposition pareille on ne peut rien construire. On s’habitue seulement à l’échange des mépris. Ces notions évoquent des positions sociales bien réelles, elles ne touchent pas la question politique : qui gouverne ? en vue de quoi ? Et  enfin : comment les gouvernés participent-ils à l’action commune en direction de ce but commun ? Vous posez ces questions, et pour bien les poser vous commencez par chercher appui et lumière auprès d’ Aristote, tout simplement parce que c’est Aristote qui les a posées de la façon la plus juste, en analysant l’expérience de la cité grecque qui fut l’expérience politique la plus intense, la plus complète, la plus pure que l’humanité ait connue.

         Les citoyens désirent la vie la meilleure, la vie excellente, ils visent en tout cas une certaine excellence, ils désirent donc que gouvernent ceux qui sont les plus capables et désireux de les conduire vers cette excellence. Cette excellence ne réside pas dans une compétence de spécialiste, mais dans une vie humaine plus accomplie, résultat de l’éducation la plus accomplie possible. Le bon régime, c’est un régime démocratique dans lequel le grand nombre choisit les magistrats et les juge à la fin de leur mandat. Un régime démocratique, mais pas n’importe quelle démocratie. Un pouvoir du peuple, mais pas de n’importe quel peuple. Un peuple inscrit dans une éducation commune tendue vers une certaine excellence. Voilà le premier résultat de votre enquête. C’est la distillation, si j’ose dire, de l’expérience politique païenne.

         Cette tension commune vers l’excellence est cependant chose fragile. Le grand nombre rechigne à y participer, le petit nombre tend à s’approprier l’excellence.  Au fond, qu’il soit peuple ou élite, chacun se préfère, chacun s’aime infiniment. Ce sera la critique chrétienne de la belle ambition du paganisme. Votre second interlocuteur est donc  Pascal. Vous nous rappelez ainsi que l’ Europe a vécu pour la plus grande part de son  histoire en régime de chrétienté. Pascal dit à peu près ceci. Si chacun veut être récompensé selon son mérite, ce sera la guerre de tous contre tous. Mieux vaut obéir au fils du roi, même si c’est un sot : du moins nous éviterons la guerre civile, le plus grand des maux. Le perfectionnement humain s’accomplit pour Pascal en deçà ou au-delà du politique, dans l’ordre chrétien de la charité. Soit, mais on abandonne  alors l’ambition d’une meilleure cité ! Les Européens n’ont pas suivi Pascal, ils ont tourné le dos à la chrétienté, ils ont voulu construire une société humaine toute nouvelle. C’est votre troisième étape.

         Après la cité antique, après la chrétienté, votre troisième étape c’est la démocratie moderne pour laquelle Tocqueville est votre témoin et votre guide.  Vous dégagez de très belle façon le drame de la démocratie moderne tel que Tocqueville le met sous nos yeux. Les principes de la démocratie moderne sont justes, fondamentalement justes, mais en fixant chacun dans son droit individuel, celle-ci risque d’une part de se fermer à l’inquiétude chrétienne, d’autre part de décourager le citoyen de participer à l’action commune. Donc, pour reprendre le terme cher à Tocqueville, la vie démocratique s’affaisse dangereusement si elle n’est pas aimantée par une certaine « grandeur ».

         Ainsi, en convoquant successivement Aristote, Pascal et Tocqueville, vous embrassez l’ensemble de notre histoire politique et morale, vous redonnez vie et pertinence aux questions que le langage contemporain, qui ne connaît que les droits et les valeurs, ne sait plus formuler. Votre livre est l’œuvre d’un citoyen à la fois passionné et impartial. Le zèle de la chose commune vous anime, mais vous prenez en compte les arguments de chacun. Votre souci n’est pas de prendre position, mais de comprendre, puis de parvenir à l’arbitrage pratique le plus judicieux. Vous contribuez ainsi et vous contribuerez de plus en plus à la clarté et à la tenue du débat civique. Le Prix Émile Perreau-Saussine récompense non seulement votre talent, mais aussi, car ce terme chéri des anciens est fait pour vous, il récompense votre vertu !

Le livre de gymnosophie de Anne Bouillon paraît en octobre 2021

La Balustrade de Guilaine Depis vous propose pour la période octobre à mars 2021:
(pour demander un livre, merci d’adresser un mail à guilaine_depis@yahoo.com 
et pour interviewer l’auteure sms 06 84 36 31 85)
 
« Gymnosophie – une pratique du yoga et de la philosophie » 
le nouveau livre de Anne Bouillon 
aux Editions Almora
 
Une pratique joyeuse et décomplexée du yoga et de la philosophie 
 
Parution en octobre 2021
 
* Rencontre, expérience de gymnosophie offerte aux journalistes et cocktail dînatoire le samedi 13 novembre 2021 de 18h à 21h à l’Hôtel la Louisiane 60 rue de Seine 75 006 Paris. Inscription obligatoire par sms 06 84 36 31 85
Le livre : Inspirée par les sages grecs et indiens, la gymnosophie est la méthode que l’auteur a forgée à partir de son expérience de l’enseignement du yoga et de la philosophie. Les questions posées par la réflexion philosophique trouvent des réponses dans la pratique du yoga, et réciproquement, ce que la pratique du yoga laisse en suspens s’illumine par la philosophie. 
Dans ce livre, ponctué d’humour et d’anecdotes insolites, Anne Bouillon nous présente 27 postures en croisant pensée occidentale et pratique ancestrale yogique. Elle tisse ainsi des liens riches et audacieux, afin de nous proposer une interprétation originale et moderne du yoga.
Le yoga et la philosophie sont nés dans les mêmes circonstances : le constat d’une ignorance métaphysique accompagnée de douleur. Pourquoi souffrons-nous ? Pourquoi sommes-nous confrontés à l’angoisse, à l’insomnie, à la tristesse et parfois au désespoir ? Pourquoi tant de difficultés à être, agir et vouloir ? Pourquoi sommes-nous si ignorants de nous-mêmes ? 
En effet, le yoga ne se limite pas à la pratique des postures, (les asanas), mais il englobe aussi la philosophie de la connaissance (sâmkhya), sa base théorique. Le « Connais-toi toi-même ! » de Socrate, le père de la philosophie occidentale, rejoint le questionnement des yogis, sages, guérisseurs et guides, gymnosophes initiés à « l’immobilité », c’est-à-dire au « repos en soi » – expérience comparable à celle du samadhi (l’enstase, comme le dit Mircea Eliade) des grands yogis, et qui n’est autre que le but du yoga. 
De la philosophie au yoga, l’auteur a fait le grand saut, trouvant entre la grande métaphysique occidentale et la philosophie orientale des liens, des invariants, mais aussi des différences de méthode, une sagesse où corps et esprit s’aiment sans se confondre.
L’auteur : Professeur de Vinyasa yoga formée par Gérard Arnaud et docteur en philosophie, discipline qu’elle a enseignée pendant dix années à l’université, Anne Bouillon exerce aujourd’hui à Paris en qualité de «gymnosophe», afin d’allier le yoga et la philosophie, soucieuse que chacun puisse s’approprier ces pratiques à la fois millénaires et actuelles. Elle est notamment l’auteur de « Gilles Deleuze et Antonin Artaud, l’impossibilité de penser » (L’Harmattan, 2016) et de nombreux articles.

Communiqué INNOOO d’octobre 2021 : REQUISITOIRE ACCABLANT DE FRANCES HAUGEN CONTRE FACEBOOK

LE PACTE NUMERIQUE INNOOO DÉPASSE LES 106.000 SIGNATAIRES !

REQUISITOIRE ACCABLANT DE FRANCES HAUGEN CONTRE FACEBOOK POUR RESEAU.INNOOO.FR

Le 4 octobre 2021 facebook a connu une interruption de service historique de 5 heures.

Le 5 octobre Frances Haugen, dirigeante de facebook, est auditionnée par le Sénat américain et dresse un réquisitoire accablant qui dénonce implacablement les agissements de son ancien employeur dont l’objectif est le profit à tout prix sans se soucier ni de la sécurité ni de la santé de ses utilisateurs.

Sa démarche courageuse et ses arguments pertinents émanent d’une dirigeante expérimentée ayant constaté ces dysfonctionnements de l’intérieur de ladite société. Elle rappelle que les effets nocifs de la cigarette étaient connus et que seule l’action de l’Etat a permis de rectifier le tir ; les lobbys du tabac ne cherchant qu’à maximiser leurs ventes. En dévoilant ces faits elle semble réussir à mettre d’accord républicains et démocrates.

Constatant que « Le média social plus sûr agréable et respectueux de la liberté de parole » espéré par Frances Haugen existe à l’adresse Reseau.Innooo.fr , l’association loi 1901 d’intérêt général INNOOO annonce l’ouverture d’un espace de discussion sur Reseau.Innoooo.fr et vous invite à l’utiliser en postant des messages sur ce réseau libre, ouvert, français, sans publicité, acentré (sans système centralisé) et modéré par la communauté INNOOO : En clair le contraire de facebook et twitter

Un petit texte facilitant la prise en main est disponible sur la page d’accueil.

L’intervention pertinente et courageuse de Frances Haugen contribue à révéler la réalité et incite l’association INNOOO à continuer son action militante pour renforcer le succès phénoménal de sa pétition pour l’indépendance et la sécurité internet unique en France: https://www.mesopinions.com/petition/medias/pacte-numerique-independance-securiteinternet-france/26926 Ou www.innooo.fr : plus de 106000 signataires et un flux continu de nouveaux signataires !!!

L’association contacte les candidat(e)s à l’élection présidentielle 2022 en leur demandant de signer son Pacte numérique avant l’élection présidentielle en s’engageant en cas d’élection à mettre en œuvre ses 7 propositions sur la durée du quinquennat Pour l’indépendance et la sécurité internet de la France qui est un enjeu clé du fait des effets nocifs et délétères du GAFAM : accession des enfants à la pornographie à 10 ans en moyenne, cyberharcèlements, suicides, surexposition aux écrans entraînant des troubles mentaux, généralisation des « fake news », violations en tous genres de la vie privée, revente de nos données personnelles, abus de position dominante entravant l’innovation, publicité non régulée incitant à l’addiction et à la surconsommation, développement de la haine en ligne aboutissant à l’assassinat il y a un an de Samuel Paty qui serait vivant sans les réseaux sociaux du GAFAM.

Le livre de l’association précisant nos objectifs, nos actions et le sens de notre combat est envoyé par envoi postal à tout journaliste en faisant la demande à notre attachée de presse ou par mail à contact@innooo.fr (préciser une adresse postale pour l’envoi)

A propos d’INNOOO : l’association milite pour un internet français sans publicité et sans gafam reposant sur des outils conçus, hébergés et maintenus en France :

 un multimoteur de recherche ouvert retournant les réponses les plus pertinentes sans publicité,

 les Actualités du jour garanties sans « fake news »,

 un moteur d’images pour des recherches mettant l’accent sur la sérendipité (capacité de faire une découverte par hasard),

 un réseau social acentré (sans système centralisé), libre et modéré,

 des actions de sensibilisation aux bons réflexes internet : jeu de 160 cartes pédagogiques Coquinou, tutoriels gratuits, conférences dans les lycées, entreprises et universités.

C’est dans ce contexte particulier qu’a germé l’idée du Pacte numérique INNOOO pour tout à la fois lutter contre l’hégémonie du GAFAM tout en servant de fil directeur aux activités présentes et futures de l’association INNOOO : Lien du Pacte numérique INNOOO pour l’indépendance et la sécurité internet de la France : https://www.mesopinions.com/petition/medias/pacte-num-rique-ind-pendance-curit/26926 Plus d’information : www.innooo.fr

Attachée de presse : Guilaine 06.84.36.31.85 – guilaine_depis@yahoo.com

Anne Bouillon sur Europe 1 (émission sur la Gymnosophie)

Connaissez-vous la gymnosophie, cette tendance qui allie le yoga et la philosophie ?

Réécouter l’émission : https://www.europe1.fr/societe/quest-ce-que-la-gymnosophie-cette-pratique-tendance-venue-de-legypte-antique-4071004

Soisic Belin, édité par Solène Leroux , modifié à

Et si on se mettait à la gymnosophie ? Dans « Bienfait pour vous » sur Europe 1, la chroniqueuse Soisic Belin revient sur cette nouvelle tendance, alliant le yoga et la philosophie. L’idée est de réconcilier le physique et le mental, pour finalement mieux se connaître.

« Faire couler un peu de sang de Dionysos dans les veines organiques d’Apollon » disait le philosophe Gilles Deleuze. Une maxime qui résume la pensée de la gymnosophie pour Anne Bouillon, qui a remis au goût du jour cette pratique antique, union de la philosophie et du yoga. L’idée est d’allier une discipline de l’esprit à une pratique physique afin de réconcilier ces deux parties qui ont tendance à se scinder de plus en plus dans la société actuelle. Le but ? Se réconcilier avec soi-même et mettre en pratique la maxime « Connais-toi toi-même » du philosophe Socrate.

Le terme de gymnosophie ne date pas d’hier, il désigne littéralement les « sages nus » en grec ancien. « J’ai mis en lumière ce concept pour rappeler que ces sages nus pratiquaient une forme de méditation », explique Anne Bouillon dans Bienfait pour vous, sur Europe 1. À son sens, « nous pouvons pratiquer le yoga que nous connaissons déjà en utilisant les ressources spirituelles, mythologiques, philosophiques que nous avons accumulées depuis l’Antiquité » pour finalement « utiliser le savoir et le transformer en compréhension de soi-même ».

Une pratique similaire au yoga

Comment se déroule une séance ? Comme pour un cours de yoga, il faut une tenue adéquate et un tapis. « C’est du yoga vinyasa, soit des postures dynamiques », détaille Anne Bouillon. Pour la partie philosophique, elle « propose en plus des suggestions de méditation guidée » où elle utilise des citations et des textes de philosophes. « Je suggère des choses pour laisser aux personnes présentes la liberté d’aller plus loin par elles-mêmes. » Pour la professeure de gymnosophie, « le yoga doit aussi s’accompagner de lectures pour faire vivre la pratique ».

Cette discipline peut-être pratiquée à plusieurs pour profiter de l’énergie dégagée collectivement lors de ces cours. Il ne faut cependant pas négliger la singularité de l’exercice puisque chacun est touché par la gymnosophie de manière différente. Mais ce n’est pas tout : accessible dès 12 ans, cette pratique est donc une manière originale d’initier son adolescent à la philosophie.

Un livre pour se lancer

Dans un cours de gymnosophie, la parole est d’or et ne vient que pour lancer des pistes de réflexion. Anne Bouillon décrit son cours comme une odyssée, un voyage initiatique vers l’inconnu, pour « découvrir qu’on est très différent de ceux que l’on pensait être ». La professeure sort par ailleurs un livre, Gymnosophie – Une pratique du yoga et de la philosophie, où elle y détaille les postures de yoga. Elle y évoque également la philosophie et la mythologie associées à chaque posture. 

Hélène Waysbord à l’Institut Culturel du Judaïsme de Lyon le dimanche 7 novembre 2021 à 15h

L’Institut Culturel du Judaïsme (317 rue Duguesclin 69 007 Lyon) reçoit Madame Hélène Waysbord le dimanche 7 novembre 2021 à 15h

Lecture d’extraits choisis par Hélène Waysbord et échanges avec Patricia Drai et Joëlle Vincent

Réservations indispensables au 04 12 04 05 18 ou contact@icj-lyon.org avant le 31/10/21

Pass sanitaire et port du masque obligatoires

Le Nouveau Cénacle a bien lu le magnifique lire d’Hélène Waysbord, merci à Julien Leclercq

Hélène Waysbord publie La Chambre de Léonie aux éditions Le Vistemboir (avec une préface de Jean-Yves Tadié). Un récit touchant en même temps qu’une analyse très fine de l’oeuvre de Marcel Proust.

Et si la littérature était une affaire de compagnonnage, voire d’amitié ? Et si la lecture était une histoire d’amour, exclusive et particulière, avec un auteur élu parmi tous ? Et si lire était l’affaire d’une vie ? C’est en tout cas ce que suggère Hélène Waysbord dans ce récit particulièrement sensible et intelligent, à travers lequel elle revient sur La Recherche du temps perdu qui a traversé son existence.

Proust apprend à lire comme à se lire, c’est tout l’enseignement du Temps retrouvé. Hélène Waysbord comprend tout de l’oeuvre, y compris la volonté proustienne d’édifier une cathédrale intérieure : « Je n’avais pas pensé jusqu’ici que mon identité juive brouillée, une éducation catholique, un élan vers la beauté qui m’était révélée par cette église, le goût du rituel, était une parenté avec l’auteur, élevé dans la tradition catholique paternelle et si fort amoureux d’une mère juive ». La religion catholique imprègne effectivement La Recherche, non pas comme un objet de foi, mais comme un symbole visible de notre architecture intérieure.

Le judaïsme traverse le récit de Hélène Waysbord, pupille de la nation et fille de déportés à Auschwitz, tout comme le « petit monde » de la Recherche apparaît au fil des pages : Bergotte, Swann, Charlus … Ancienne conseillère de François Mitterrand, la figure de l’ancien Président surgit parfois, tantôt pour restituer une conversation, tantôt pour évoquer une visite chez un libraire qu’il affectionnait.

Léonie et Céleste

L’oeuvre de Proust n’aurait pas été celle qu’elle est sans les femmes. Elles sont présentes dans toute son oeuvre : la mère, bien sûr, mais aussi la grand-mère, Françoise, Albertine et la tante Léonie. Dans sa vie, nous pensons bien sûr à Céleste, que Hélène Waysbord entend à la radio lors du premier confinement, et qui fait ressurgir en elle mille et une impressions.

Céleste, la précieuse Céleste, qui a veillé Marcel jusqu’à son dernier souffle, qui arrangeait ses brouillons, corrigeait ses textes, recueillait ses confidences lorsqu’il rentrait tardivement. Son ange gardien, qui confiait : « L’une de mes fiertés, dans l’aide modeste que j’ai pu lui apporter, est de l’avoir tiré d’affaire dans le problème de ses ajouts. Car le gros de son travail était qu’il ajoutait, ajoutait sans cesse, en corrigeant ».

Le lecteur ressent d’ailleurs au fil des pages une tendresse toute féminine à l’égard de Proust, qu’il inspirait très certainement de son vivant à cause de sa fragilité. La Chambre de Léonie est un texte raffiné, sensible et subtil qui est, en somme, à l’image de Marcel Proust. 

Julien Leclercq