La Gentilhommière du Bonheur – un projet du philosophe Emmanuel Jaffelin (« Eloge de la gentillesse », « Célébrations du bonheur »)

La Gentilhommière du Bonheur – un projet du philosophe Emmanuel Jaffelin (« Eloge de la gentillesse », « Célébrations du bonheur »)

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Qu’est-ce qu’une école de philosophie ? Disons-le simplement : c’est une école antique créée par quelques grecs[1] et destinée à sculpter ses élèves pour en faire des sages. Pas des singes : juste des sages !

A noter : Justinien, l’empereur romain d’Orient (Justinien 1er ou Le Grand, né en 482, mort en 565 à Constantinople), est réputé comme étant le plus grand empereur byzantin: chrétien fervent, il, décida de fermer « toutes » les écoles de philosophie au VIe siècle après Jésus Christ.

Résultat : la philosophie est morte depuis 15 siècles. Morte ?  à travers un strict onanisme intellectuel, philosopher au XVIIe siècle comme au XXI e siècle se réduit à penser ! Avancer vers la sagesse, sculpter son âme et celle des élèves est tout simplement im-pensable pour la majorité des enseignants de philosophie ( aux lycées comme dans les universités) . Cette Sculpture de l’âme est seulement pensée aujourd’hui par le philosophe de la gentillesse  comme le fondement même et donc le but de la philosophie!

Solution : créer une école de philosophie privée, indépendante de l’État et donc de son ministère de l’Education Nationale afin de former des sages qui aideront l’humanité à préparer le monde qui vient, un monde écologiquement menaçant et auquel la sagesse apportera une des solutions !

Homologoumenon te phusei[2]

Pour créer cette Gentilhommière du Bonheur, le philosophe de la gentillesse cherche un Mécène qui lui offrirait :

1- la possibilité de créer cette école dans une belle maison bourgeoise (voire un château).

2- Il souhaiterait également voir le montant de son salaire d’agrégé versé par le Mécène

3- et il aurait besoin de rémunérer d’autres intervenants.

4- Il a également besoin de moyens pour faire la publicité de cette école qui sera payante ainsi que pour en ouvrir des antennes dans d’autres villes de France, voire dans d’autres pays francophones. Cette école ne sera pas une secte et restera très ouverte à la science.

Vivons, cher lecteur, conformément à la nature !

[1]-Platon crée l’Académie, Aristote le lycée, Epicure le Jardin et les stoïciens Le Portique

[2]– formule stoïcienne signifiant, vivre conformément à la nature, ce terme « nature » désignant le destin !

François de Combret, grand entretien sur Musil dans Lettres Capitales

Interview. François de Combret : La Substantifique moëlle de l’Homme sans qualités

 

Dans La Substantifique moëlle de l’Homme sans qualités, François de Combret se penche sur Der Mann ohne Eigenschaften, le roman inachevé de l’écrivain autrichien Robert Musil, publié en 1931-1932 et traduit en français par Philippe Jaccottet en 1954. Il s’agit selon lui « d’une des œuvres majeures de la littérature du XXe siècle ». Ancien magistrat honoraire à la Cour des Comptes, François de Combret nous propose une analyse dense, qui se penche avec rigueur sur les 1800 pages que contiennent ces deux volumes du roman de l’écrivain autrichien.

En 2019 vous vous êtes déjà fait connaître à travers la publication d’un Bréviaire de La recherche du temps perdu. Or, dans la Préface de La Substantifique moëlle de l’Homme sans qualités que vous venez de publier aux Editions du Palio, vous mettez sur la même échelle de valeurs le roman de Robert Müsil avec le chef-d’œuvre proustien et avec Ulysse de James Joyce. Quels ont été, selon vous, les critères qui ont permis au roman inachevé de l’écrivain autrichien d’occuper cette place honorable au même rang que les deux autres ?  

Au même titre que « La recherche » et « Ulysse », l’« HSQ » renouvelle l’art romanesque. En effet, le livre ne correspond en rien à la définition stendhalienne du roman : « un miroir qu’on promène le long d’un chemin ». En quatrième de couverture du tome 2, l’éditeur définit ainsi le caractère novateur du livre : « Musil a pour principe de choisir de minces coupes de vie qu’il modèle en profondeur et donne à sa description du monde une ampleur universelle. Sous prétexte de décrire la dernière année de l’empire austro-hongrois, il soulève les questions essentielles de l’existence de l’homme moderne pour y répondre d’une manière absolument nouvelle, pleine à la fois de légèreté ironique et de profondeur philosophique. Narration et réflexion s’équilibrent.»

Autrement dit, pour Musil, l’intrigue romanesque importe peu. Elle n’est qu’un prétexte de mise en scène pour analyser le cœur humain. Le thème de l’HSQ est le questionnement de l’essentiel.

Et pourtant, le roman, écrivez-vous, « est difficile d’accès tant il déroute le lecteur ». En quoi consiste cette difficulté ? Est-elle due à la complexité de genre dont il fait preuve ?

Le livre est déroutant, d’abord, par sa dimension : près de 2.000 pages.

 Il est déroutant aussi par la pauvreté de l’intrigue :  le récit des réunions du cénacle  de « l’Action Parallèle », procédure de préparation de l’année jubilaire destinée à célébrer  les 70 ans de règne de l’Empereur d’Autriche-Hongrie , est un thème artificiel et abstrait qui ne tient aucunement le lecteur en haleine.

Il est déroutant enfin parce qu’il n’appartient à aucun genre connu. Il n’a ni précédent ni descendance. Il est un kaléidoscope disparate au confluent du conte philosophique, du traité métaphysique, du pamphlet politique, de la satire des mœurs, de la science-fiction, de délicieuses histoires d’amour et de la poésie de géniales métaphores ….

Finalement, le livre ressemble à une longue pièce de théâtre classique dont il respecte les trois règles d’unité : unité de temps (non pas un seul jour mais une seule année), unité de lieu (Vienne) et unité d’action (l’Action Parallèle). Les acteurs sont peu nombreux (une vingtaine), rarement plus de deux ou trois ensemble sur le plateau, et ils  alternent, entrant et sortant de scène  à tour de rôle, tout au long des 161 levers de rideau.

Inouï et du jamais vu.

Pourtant, au-delà de cette difficulté de classification, l’Homme sans qualités impressionne par ses qualités esthétiques et son inventivité. Vous le rapprochez également du style de George Orwell. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet aspect ?

L’HSQ a été publié en 1930. « Animal Farm » date de 1945 et « 1984 » de 1949. Je ne sais si George Orwell avait lu Musil mais ses livres, qui n’ont pas la densité ni l’épaisseur de l’HSQ, sont, à certains égards, de la même veine : allégorique et satirique.

Dans « Animal Farm », George Orwell systématise l’allégorie animalière, forme de métaphore fréquente dans l’HSQ. Musil s’attache en effet à associer à chacun de ses personnages une espèce animale, si bien que les analogies entre hommes et bêtes abondent tout au long des 2.000 pages, formant un contraste saisissant avec la cérébralité de l’œuvre. A la page 389 du second tome, Musil écrit : « nous portons notre peau de bête avec les poils à l’intérieur et nous ne pouvons pas l’arracher. » En plus de tout le reste, l’HSQ est aussi un bestiaire.

Comme « 1984 », l’HSQ est aussi une « dystopie », c’est-à-dire le récit d’une fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur. Comme « 1984 », l’HSQ s’apparente ainsi à  une utopie qui vire au cauchemar et conduit à la contr’utopie.

Nous le disions en introduction, votre livre est impressionnant de rigueur, digne d’un compte-rendu d’une lecture suivie. Comment avez-vous conçu votre livre ? Y a-t-il une similitude avec le Bréviaire sur l’œuvre de Proust ou vous éloignez-vous de la méthode de ce dernier qui utilise les entrées par ordre alphabétique ?

L’intention des deux ouvrages est identique : faciliter l’accès à un chef d’œuvre réputé hermétique. Mais les méthodes  utilisées sont différentes parce que  Proust et Musil ne s’appréhendent pas de la même façon.

Les 3.000 pages de « La Recherche » forment un ensemble compact en six tomes alors que les 2.000 pages de « L’HSQ » sont ordonnées en 161 chapitres. Proust a agencé son récit aussi méticuleusement que Musil le sien, mais il a effacé presque toutes les traces de construction, laissant au lecteur le soin de se débrouiller pour trouver les césures et les jointures.

En conséquence, « La recherche » se déguste par « fragment », pour reprendre l’expression de Paul Valéry, selon lequel « Proust, l’intérêt de ses ouvrages réside dans chaque fragment », alors que « L’HSQ » se délecte par chapitre.

Pour « La Recherche », mon maître a été Paul Valéry : le « Bréviaire » est formé par une collection de  « fragments », classés par ordre alphabétique . J’ai détricoté « La recherche ».

S’agissant de l’HSQ, j’ai suivi le conseil de Rabelais : « c’est pourquoi fault ouvrir le livre et soigneusement peser ce qui y est déduict. Puis, par curieuse leçon et méditation fréquente, rompre l’os et sucer la substantifique moëlle ».

Mon travail s’est apparenté à une dissection : j’ai   analysé l’HSQ chapitre par chapitre et j’en tenté d’en extraire la quintessence sous forme de citations , présentées en lettres italiques et guillemets.

Vous parlez abondamment de métaphores, de poésie, de personnages puissants. Quels ont été, tout au long de votre lecture, les motifs les plus récurrents dans l’univers narratif de ce roman, les plus précieux à vos yeux ? Lequel vous a-t-il marqué le plus ?

La trame du roman entrelace plusieurs histoires dont le déroulement est sinusoïdal : les personnages apparaissent, disparaissent et resurgissent, inopinément, tout au long des levers et baissers de rideau des 170 chapitres scéniques.

Les intrigues entrecroisées sont au nombre d’une vingtaine et les épisodes en reviennent régulièrement sur le devant de la scène tels des leitmotivs. Si ces épisodes étaient regroupés par sujet et rassemblés, le livre   prendrait la forme d’une vingtaine de chapitres consacrés à des histoires distinctes, avec des rapports plus ou moins distants entre elles .

Sans prétendre à l’exhaustivité : Ulrich et son père, Ulrich et Bonadéa, Ulrich et Diotime , Ulrich et Arnheim, Ulrich et le comte Leinsdorf ,Ulrich et Walter, Ulrich et Clarisse, Walter et Clarisse, Arnheim et Diotime ,  Diotime et Tuzzi, Moosbruger, le général Stumm von Bordewehr, le couple Fishel, Gerda et Hans Stepp, Rachel et Soliman , Ulrich et Agathe, Agathe et Gottlieb ….

Le personnage central du livre est sans conteste « l’homme sans qualités » lui-même, prénommé Ulrich : Ulrich est le pendant musilien du narrateur de « La Recherche » : c’est autour de sa personne que se dessinent la plupart des épisodes. Progressivement, par petites touches, tel un peintre impressionniste, Musil dessine le portrait de ce personnage auquel le lecteur s’attache de plus en plus et finit par se lier d’amitié. « L’homme sans qualités » est en réalité un homme d’extrême qualité, habité par l’ironie, la tolérance et le doute.

Et, enfin, quelle recommandation pourriez-vous donner aux futurs lecteurs de votre livre afin de les aider à mieux utiliser ces notes dans la connaissance du roman que vous analysez ou pour inciter les novices à mieux faire leurs premiers pas ?

S’agissant du débutant , j’espère faciliter sa lecture  en  raccourcissant  l’œuvre des trois-quarts, par élimination  surtout de la plupart des passages ésotériques.

Il arrive en effet fréquemment que Musil, au beau milieu d’un récit, prenne  lui-même la place de ses personnages pour  se lancer  dans des digressions  philosophiques  abstraites. Par exemple, au chapitre 88 du tome 1, Musil fait irruption sur scène pour déclarer abruptement : « il y a déjà longtemps que nous aurions dû faire mention d’une circonstance effleurée par nous en plus d’une occasion, et qui pourrait se traduire par cette formule : il n’y a rien de plus dangereux pour l’esprit que son association avec les Grandes Choses. » « Les Grandes Choses » ? Suivent quatre pages difficiles à comprendre…

J’ai épargné au lecteur la plupart des incidentes de ce genre, qui sont sans doute de grand intérêt pour les initiés mais risquent de rebuter les néophytes.

S’agissant des initiés, j’espère que mon ouvrage pourra les intéresser en ce sens qu’il a un effet de loupe sur ce qui est essentiel dans l’œuvre de Musil et que j’ajoute des commentaires pour montrer la postérité de l’œuvre, notamment dans le courant existentialiste et le théâtre de l’absurde.

Ainsi, mon travail ambitionne d’être à un précis pour les uns et une exégèse pour les autres.

Propos recueillis par Dan Burcea©

François de Combret, La Substantifique moëlle de l’Homme sans qualités, Éditions du Palio, 2022, 449 pages.

Roberto Garcia Saez, un romancier engagé dans le monde humanitaire et dans la cause LGBT

Roberto Garcia Saez

Romans régulièrement montés au théâtre en France et à l’étranger où il est question de sida, de paludisme, de santé, de sexualité, de drogue, d’LGBT, de mondialisation, de diversité, de solidarité, d’inégalités sociales, d’ ego. 

Recevoir le(s) livre(s) / interview : merci de contacter guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

https://www.robertogarciasaez.com

Le monde onusien, arrière-cours et dépendances

Un éléphant dans une chaussette (acte I) *Réédition de « ONU soit qui mal y pense »

suivi de

Dee Dee Paradize (acte II)

Après le succès de son premier ouvrage ONU soit qui mal y pense (paru en 2011 aux éditions des Etoiles), republié sous le titre Un Éléphant dans une chaussette, Roberto Garcia Saez nous livre la suite des aventures de Patrick Roméro et du policier Paul Harrisson dans Dee Dee Paradize. Des années plus tard, la traque du golden boy de l’humanitaire reprend. Dans cette histoire en deux actes, on vit le destin croisé de deux ego masculins que tout semble opposer. « Chacun est la tique sanguinolente de l’autre. Jusqu’à l’extinction des feux. Mensonge, vérité, c’est 50-50. Sauf pour ceux qui n’ont pas les moyens de miser ».

Dans cette nouvelle fiction qui file en trombe entre l’Asie et l’Afrique, Roberto Garcia Saez nous replonge dans l’univers pachydermique et abracadabrantesque des Nations Unies et des grandes ONG où, derrière la noblesse des luttes qu’elles mènent contre des fléaux comme le sida, s’épanouissent en marge turpitudes et bassesses.

Son personnage principal, Patrick Roméro, expert en santé publique et lutte contre le VIH Sida, aussi libertin que prodigue, revient dans ce deuxième roman blanchi des perfides accusations dont il avait fait l’objet et qui auraient bien pu gripper l’engrenage bien huilé de sa réussite. Mais le flic Harrisson, dont la vie a ranci depuis que Roméro lui a échappé, entend bien éteindre une bonne fois pour toute le sourire narquois de ce soi-disant chevalier blanc de l’humanitaire. Sur leur route tombent des Dee Dee « comme autant de belles fleurs piquouzées jusqu’à plus soif pour se sauver de leurs vies de traviole ».

Entre les lignes de cette course poursuite déjantée, l’auteur livre son regard nourri par une expérience de terrain sur des questions dont la réponse ne se trouve pas au café du commerce : santé publique, place des institutions internationales dans l’échiquier mondial, la justice sociale, lutte contre les inégalités, dictature de la transparence, corruption, réforme sanitaire, esclavagisme sexuel, etc.

Ce livre propose aussi une réflexion sur l’importance de renforcer la sécurité sanitaire mondiale à travers des approches multilatérales. À l’heure où sévit la Covid 19, la vocation de cet ouvrage est d’interpeller le public, en particulier la jeunesse, sur la gestion des pandémies à venir, et la nouvelle donne mondiale dans laquelle le multilatéralisme devient une nécessité évidente.

A propos de l’auteur

Roberto Garcia Saez est un expert reconnu du monde humanitaire qui a ce titre effectue des missions d’aide au renforcement des politiques de santé depuis 25 ans. Il a alterné des postes à l’Union Européenne, au Fonds Mondial, de fonctionnaire à l’ONU, et d’expert indépendant pour diverses organisations internationales en Afrique, Asie, New York et Genève. II dirige aujourd’hui une société de conseils stratégiques pour différentes agences des Nations Unies, le Fonds Mondial et gouvernements www.hmsteam.org. Pour écrire ce roman où se mêlent cynisme et humour, Roberto s’est inspiré de son expérience dans la lutte contre les grandes pandémies à travers le monde notamment le VIH Sida, le Paludisme et de l’enjeu que représente la justice sociale dans la santé mondiale. www.robertogarciasaez.com – Facebook roberto garcia saez – LinkedIn: Roberto Garcia Saez – Twitter: @garcia_saez  

Son engagement

Roberto Garcia Saez a décidé de s’engager avec ses livres pour des causes qui lui tiennent à cœur en lançant l’opération 1 livre = 1 don : pour chaque livre vendu, un euro sera reversé à deus associations, une fondation de soutien aux victimes de violences sexuelles en République Démocratique du Congo, et à une organisation qui donne des opportunités aux enfants défavorisés au Cambodge.« Les fléaux que sont le sida, le paludisme et la tuberculose frappent encore aujourd’hui des centaines de millions de personnes dans le monde et auront tué 3 millions de personnes en 2020. Ces livres sont une manière pour moi de partager mon expérience dans la lutte contre ces grandes pandémies et de sensibiliser les jeunes sur le fait que cette lutte n’est pas terminée. Il m’a semblé naturel que ces livres, à travers cette opération, participent à ce combat qui fait partie intégrante de ma vie professionnelle ». Roberto Garcia Saez

Les associations « coups de cœur » de Roberto Garcia Saez

A propos de la Fondation Dr Denis Mukwege

« Nous tenons à remercier Roberto Garcia Saez pour son soutien à notre engagement envers notre objectif de mettre fin à la violence sexuelle en temps de guerre et de lutter contre le VIH et les autres infections sexuellement transmissibles qui sont souvent le produit de la violence sexuelle liée aux conflits. » La Fondation Dr. Denis Mukwege.

La Fondation Dr Denis Mukwege est une organisation internationale de défense des droits humains qui œuvre en faveur des victimes de violences sexuelles liées aux conflits. En attirant l’attention sur les crimes les plus honteux commis pendant les conflits, la Fondation envisage un monde dans lequel la violence sexuelle en tant qu’arme de guerre n’est plus tolérée. La Fondation travaille pour que les victimes de ces crimes reçoivent les soins holistiques dont ils ont besoin et obtiennent des réparations ; pour qu’elles aient la liberté de s’exprimer et de s’organiser à l’échelle mondiale pour mettre fin à la violence sexuelle en temps de guerre. 

A propos de la Fondation Krousar Thmey (Nouvelle Famille en Khmer)

« Roberto nous a connus en 2000 au Cambodge lorsqu’il était le Directeur du projet de lutte contre le paludisme pour l’Union Européenne. Après la création de maisons et de petits centres à taille humaine pour des enfants orphelins ou abandonnés, nous avons lancé dès 1994 les toutes premières écoles pour enfants aveugles ou sourds du pays, avec la création du braille khmer et de la langue des signes cambodgienne. En 2019, après 10 ans d’une collaboration progressive pour la reprise des écoles par le ministère de l’éducation, ce transfert se réalisait. Cet acte majeur devrait être le but de toute ONG qui se respecte. C’est cet esprit de développement que soutient Roberto ». Benoît Duchateau-Arminjon, Fondateur de Krousar Thmey

La Fondation Krousar Thmey a été créée en 1991 par Benoît Duchateau-Arminjon pour aider des enfants abandonnés dans les camps de réfugiés de Thaïlande. Elle propose un éventail de programmes interconnectés pour une prise en charge complète des enfants défavorisés qu’elle accueille au sein de ses structures. Plus de 2500 enfants y sont accueillis. La Fondation s’attache à former et responsabiliser les acteurs locaux. Reconnue internationalement, elle a vocation à être gérée par les Cambodgiens pour les Cambodgiens. Ainsi, elle emploie plus de 60 salariés cambodgiens, et uniquement 4 volontaires internationaux sur des postes spécifiques : communication, relations donateurs et finance. www.krousar-thmey.org

 

Philippe Rosenpick, avocat d’affaires passionné de street-art

Philippe Rosenpick, avocat d’affaires passionné de street-art

Pour recevoir ses écrits, l’interviewer : contact presse guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

Il publie des articles sur l’éclairage qu’apporte le Street-art sur l’Histoire, la société et le monde dans Forbes, l’Opinion Internationale, Graffiti Art.

Il est notamment à l’origine d’événements de street-art tels que par exemple sur la place des invalides à l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, en l’honneur du Bleuet de France, et de l’organisation du Festival de street art de Grimaud avec son épouse. 

Aujourd’hui, en voyant le monde rattrapé par des anciens démons auxquels sa génération a échappé, il aspire à écrire de plus en plus et à prendre la parole pour transmettre ses idées politiques et économiques pour un monde plus équilibré et plus juste. Cela lui tient vraiment à coeur et il a fait a ce titre une conférence sur la notion de « give back ».

L’homme pressé

Très tôt frappé par la mort de son père encore jeune, Philippe Rosenpick prend conscience que la vie est éphémère, que Thanatos peut apparaître à tout instant et rafler son souffle. Alors, comme la vie peut être très courte, il sera un homme rapide et impatient, afin d’en profiter au maximum mais aussi d’apporter comme il le peut sa contribution conformément à ses convictions. Son impressionnant parcours d’avocat d’affaires fait de lui un avocat respecté en France dans son domaine.

Fuyant l’immobilisme, la médiocrité, la paresse, l’ennui et les parcours conformistes, son insatiable appétit de vivre n’a d’égal que son désir de transmettre les leçons qu’il a retirées de la sienne. Parce qu’il a beaucoup reçu de la vie, il considère qu’il se doit de « give back » et de contribuer aux débats sociétaux. Le goût des défis et un profond humanisme colorent tous ses engagements professionnels et citoyens depuis plus de 30 ans.

Pour ses prochaines années qui dit-il « doivent swinguer » et être encore plus dans l’action – il vit chacun de ses anniversaires comme une année en moins – il souhaite prendre part de plus en plus au débat public, diffuser ses idées pour davantage de justice sociale afin de rendre à nos sociétés le sens et le gout du rêve et de l’avenir, ce qu’il juge essentiel et salvateur dans le monde de plus en plus fracturé qui s’annonce. 

En 2022, c’est Charles Pozzi qui à l’occasion de la nouvelle concession Ferrari de Levallois , leur demande de faire intervenir des street artistes pour mettre en valeur l’histoire, l’intemporalité et la modernité de Ferrari. 

Philippe Rosenpick est passionné par l’art. Précurseur pour décoder le Street-art, il s’adonne depuis 2014 avec son épouse Françoise Rosenpick au déchiffrage et à l’analyse de la société qui nous entoure par le prisme du Street-art. Il fait ainsi émerger une lecture originale du monde. 

Couple-équipe, ils sont à l’origine de très belles réalisations, comme un grand bleuet devant les Invalides réalisé en 2018 par le graffeur Crey 132, choisi par leurs soins.

En mars 2022, c’est à la concession Ferrari de Levallois qu’ils sont chargés de sélectionner des artistes.  Soirée d’inauguration prochainement – Présentation à la presse le 15 mars de 9h à 11h30

Son parcours professionnel : 

Recruté en 1988 à sa sortie d’université par le cabinet anglais Freshfields, Philippe Rosenpick exerce ensuite au sein du cabinet américain Shearman & Sterling où il effectue beaucoup d’opérations internationales, de droit boursier et de “financement structuré” (1992-1998)

Il est ensuite recruté pour créer une pratique transactionnelle au sein du cabinet Francis Lefebvre. Il est notamment à l’origine de la création d’une équipe d’une cinquantaine de personnes. Il obtient de nombreux prix professionnels, participe à l’internationalisation du cabinet en le faisant adhérer au réseau CMS et dirige le cabinet dans son ensemble de 2008 à 2012.

Fin 2015, il part pour développer un petit cabinet (Desfilis) qui n’avait pas de pratique transactionnelle reconnue. Cinq/six ans après, ils sont une trentaine d’avocats et obtiennent en 2020 le prix de la meilleure équipe de fusions acquisitions sur le segment Mid to large, un prix en Private Equity et un prix en Restructuring, le cabinet étant désormais habitué aux opérations de place. 

Dans le cadre de son exercice professionnel, il lance un Cercle de réflexion, le Cercle One, qui réunit régulièrement des chefs d’entreprises et décideurs avec des intervenants prestigieux sur des thèmes choisis. Dernière réunion fin 2021 avec Fany Létier (ancienne patronne du CIRI, directrice du cabinet d’Arnaud Montebourg) et créatrice du fonds Généo sur le thème de “la finance positive”.

Un parcours militaire remarquable

Préparation militaire parachutiste (1984) ; École d’officiers de Coetquidant (1987) ; Service militaire à la Légion Etrangère au 1er RE (1987) ; Brevet parachutiste au 2ème REP. ;

Certificat de gratitude de la Légion Etrangère (2012) par le général Saint Chamas pour son implication pour la Légion Etrangère : activités de lobbying, conférences, création avec le capitaine Jofredo de la course de vélo “la Solidaire”, défilé de la légion Étrangère à Saint Tropez etc…

Rugby, vin et Légion d’Honneur

Il est Chevalier de la Légion d’Honneur, décoration qui lui a été remise par son ami Jean pierre Rives, capitaine emblématique de l’équipe de France. 

Il a participé deux fois à la vente (et au sauvetage du stade français) et a été membre de la commission d’appel de la FFR ainsi que de la commission mise en place par Thierry Braillard sur le sport professionnel. Philippe Rosenpick a lui meme joué au rugby pendant plus de 20 ans et avait organisé chez Freshfields le premier tournoi de rugby « inter cabinets ».

Amateur « éclairé » en matière de vin, il a participé à plusieurs émissions de radio « in vino BFM ».

Comme citoyen engagé, il a accompagné avec deux amis une trentaine de jeunes aux États-Unis dans le cadre de la campagne américaine présidentielle de 2016, pour des séances de travail et de questions réponses avec les représentants des candidats démocrates et républicains.

L’écrivain Pierre Cormary livre une lecture très personnelle du premier roman de Pierre March

Passion fixe – A propos de La petite fille qui regardait le Bosphore, de Pierre March

C’était une autre époque, celle du Minitel rose, du 36 15 ULLA mais aussi de 36 15 DOMINA, FETISH et, pour les happy few que nous étions, MISSM, le site de référence SM régenté par la mythique Maîtresse Françoise, reine de Paris, et sous le fouet duquel se pâmèrent tant de notables nationaux ou internationaux. Combien d’heures passées sur ce forum à discuter, fantasmer, s’imaginer mille cuisantes amours et parfois en vivre – car, que les « normaux » ne se méprennent pas, l’on recherche toujours l’amour, l’acceptation, le lait de la tendresse humaine et nous autres, les errants de la chair, plus que quiconque. Sans compter toutes ces merveilleuses disputes virtuelles que nous avions pendant des jours, des semaines, des mois, à propos de l’Ave Maria sadomasochiste à tenir ou de la meilleure interprétation de l’essai de Gilles Deleuze sur Sacher-Masoch, Le froid et le cruel, notre Évangile, et qui serait susceptible de plaire le plus à Françoise.Ne nous cachons pas, nous nous connaissions tous.

Il se faisait appeler Hugo Boss, elle se faisait appeler Marine, je m’étais prénommé Parsifal. Autant les échanges avec le premier étaient aigres-doux (lui-même reconnaissant dans son texte qu’il n’était pas un interlocuteur facile et à mille lieux de nos concours de cravache intello), autant les rares dialogues que j’eus avec elle et qui, grâce à ce Bosphore, me reviennent en mémoire, me rappellent une personne d’une profondeur et d’une délicatesse effrayantes. Marine était une femme d’abîme à laquelle, bien trop jeune et matamore, je n’aurais pu accéder. Grâce à Dieu (à Artémis plutôt), je me rattrapais avec « Mathilde », la pétulante blonde aux riantes torgnoles ; « Karin Für », la pasteure norvégienne et qui fut, un 13 août 1993, ma stricte dépuceleuse – et par dessus-tout, Juliette O. « Jeux de dames », notre chère et regrettée Armande, sorcière sexuelle s’il en est, sachant comme personne transformer notre plomb en or, et qui ensorcela tous ceux (et toutes celles) qui eurent le privilège de la croiser. Ô souvenirs ! printemps ! aurore ! 

Et voilà tout ce monde qui ressuscite sous la plume sensible et hard de Pierre « Hugo Boss » March, écrivain peut-être non professionnel mais qui offre là un récit qu’aucun écrivain professionnel n’aurait pu offrir, pulvérisant au passage des produits de consommation aussi télécommandés que Cinquante nuances de Grey. Car cette Petite fille qui regardait le Bosphore est une histoire vraie, tragique et que l’auteur a su rendre inoubliable autant pour lui que pour nous. Grâce à son héroïne d’abord, cette juive originaire d’Istanbul, scientifique de renom, spécialisée en génétique et qui, dans les années 80, créa en France le premier laboratoire privé de séquençage d’ADN. Drôle de « soumise » en vérité – et qui d’ailleurs, n’en était pas une stricto sensu, et comme l’explique Maîtresse Françoise elle-même dans un entretien qui ouvre le livre, c’est-à-dire non pas une femme paumée qui tombe sous l’emprise d’un pervers narcissique et devient son objet de foire mais une vraie « masochiste », une Ariane des lanières, une « mystique qui n’avait pas besoin de maître pour être initiée » et qui ne se donnera qu’à l’homme qui la mérite et pour leur plaisir mutuel. Lorsque Marine dit à Hugo « Maître, disposez de moi », il faut entendre « faites-moi jouir. »

Certes, certaines scènes de cravache pourront faire frémir le lecteur (la lectrice !) non averti(e) quoique risquant de les égayer à leur corps défendant (car on ne choisit pas ses désirs pas plus, d’ailleurs, que tout le reste) – et un livre qui donne envie est un livre réussi. Pour autant, la vertu de cette Petite fille ne réside pas seulement dans sa dimension érotique. Tout en reconnaissant de manière parfaitement honnête la dimension déviante du SM, March transcende le pathologique par le romantique, la perversion par la passion, la domination/soumission par la fusion des corps et des âmes. Et à la fin, ce n’est pas tant à Krafft-Ebing ou à Theodore Reik que l’on pense mais bien à George Bataille, André Masson ou au Dernier Tango à Paris. Alors, pulsion de mort sans doute – mais aussi et surtout expérience des limites, goût des gouffres, surhumanité dangereuse.

Et il ne faut pas se leurrer. Dans ce récit d’amour fou, la vraie perversion est moins sexuelle que conjugale. Le vrai dominateur, le vrai « méchant », ce n’est pas le fouetteur spectaculaire mais le mari fadasse et qui se révèle bientôt procédurier infernal – ce « futur-ex » que Marine épousât naguère, à qui elle donna deux enfants, mais qui ne représenta jamais pour elle qu’un devoir social et religieux. C’est là l’aspect proprement subversif de ce beau livre imprescriptible. Le SM, c’est la liberté, la confiance, l’effusion. La pince à seins fait bien moins mal que la bague au doigt. La « fiche de dressage » (reproduite page 40 pour les plus pressés) est bien moins aliénante que les codes du mariage. Et l’on suit avec passion ce couple hors-la-loi, obligé de traverser la France pour se retrouver et s’aimer à sa façon, laissant ses traces ses zébrures à Nice, Marseille, Étretat. Ah ! La scène où Hugo fouette Marine sur la plage au risque d’être vu par les promeneurs quoique plus « occupés à éviter l’eau qui montait au gré du ressac » et pouvant mouiller leurs chaussures qu’à regarder « ce qui pouvait se passer près des dunes. » Ou celle où Hugo ordonne à Marine d’aller chercher des cierges dans une église pour un usage moins iconique qu’iconoclaste. On ne dira jamais assez que le SM est une saturnale – y compris quand c’est l’homme qui domine, soumis au désir toujours en avance de sa dionysiaque de « soumise ».  « Devant ce déchaînement pulsionnel, il n’est de réponse que dans l’exagération et seule la cravache finissait par venir à bout de ses désirs. » De punitions « vespérales » en corrections solaires, l’excès s’installe dans ce couple limite et avec lui, l’amertume, le désespoir, l’impossible. L’amour physique est sans issue, chantait Gainsbourg – et Marine était au-delà de la petite mort.

À la fin, Hugo aura ce mot superbe : « me manque aussi ce sentiment d’être Maître du monde alors que j’avais triomphé de toi ». Aujourd’hui, il y a ce livre, véritable mausolée de l’amante que l’auteur a mis vingt-six ans à oser et qui figurera désormais en bonne place dans l’enfer de nos bibliothèques, son héroïne au paradis. Car on l’aimera à jamais cette Marine.

Questions à Pierre March « Hugo Boss »:

Vingt-sept ans pour écrire et publier ce livre. C’est le temps qu’il vous a fallu pour faire le deuil de votre amour ?

On ne peut pas faire un tel deuil, du moins ne l’ai-je pas pu. Le temps lave peu à peu les larmes et adoucit les peines profondes et puis, un jour, on se retrouve face à des photos, des souvenirs et j’ai éprouvé alors le désir irrépressible que cette histoire, cette femme plutôt, ne sombre pas dans l’abîme de l’oubli. Femme d’abîme sans aucun doute mais femme de chair et de sang, de joie, d’éclats de rires et de larmes cachées et donc inoubliable. Elle ne m’a jamais vraiment quitté mais je ne l’ai jamais voulu non plus… Je sais que je retournerai un jour dans ce cimetière d’Arnavütkoy, pour un nouvel Adieu sans fin.

En avant dernière page du livre, vous insérez l’avis de décès que vous aviez envoyé au Monde, le 28 août 1995. Marine, dites-vous, n’aurait pas voulu que son départ sombrât dans l’oubli. Était-ce parce qu’elle souhaitait qu’on retienne ses travaux scientifiques ou parce qu’elle espérait aussi inscrire votre aventure unique dans l’actualité comme pour l’officialiser aux yeux du… monde, justement ?

 Cela se situe sur un autre plan. Marine était indéniablement et à juste titre fière d’un parcours peu commun. De la petite fille qui accompagnait son père dans ses parties de pêche sur la mer de Marmara à la scientifique interlocutrice d’instituts de recherche prestigieux comme l’Inra par exemple, il y a un chemin que peu de personnes sont capable de parcourir avec succès et à aussi grande allure. Elle en était fière, d’une manière enfantine, étonnée elle-même, ou pas? « d’y être arrivée ». Notre histoire amoureuse devait restée cachée au début et elle ne l’envisageait que comme un domaine extrêmement privé qui ne pouvait être partagé en raison de son « anormalité »

Vous avez tenu à ce qu’une photo d’elle apparaisse en quatrième de couverture. On y voit une femme riante courir dans l’eau comme une petite fille. Pouvez-vous nous raconter l’histoire de cette photo sur laquelle on revient très souvent lors de la lecture de votre livre comme pour la scruter et comprendre le mystère de cette femme – parce que oui, on veut connaître Marine ?

Une escapade en couple…alors que cela nous était interdit en réalité. Nous avions réussi à programmer ce long weekend du 29 avril au 1er mai 1995 et je rêvais de l’emmener au château de Sassetôt-le-Mauconduit, sur la côte d’albâtre, à quelques encablures de Fécamp. C’est un lieu magique ; une ancienne résidence d’été de Sissi, non loin des falaises des vaches noires. Le château est superbe, le parc ne l’est pas moins et les chambres, avec leurs grands lits à baldaquins, offrent des colonnes très opportunément placées aux quatre angles… comme il se doit.

Un week-end ensoleillé, de longues heures allongées sur les galets inconfortables de la plage d’Étretat, des moments de grâce, de silence, de tendresse. Une parenthèse presqu’ordinaire, empreinte d’une conjugalité dont elle rêvait déjà consciemment quand j’étais en retard d’un métro je crois ! Je n’ai jamais pu retourner à Étretat.

Dans la réédition, cette photo est à l’intérieur du livre.

La famille de Marine est-elle au courant de ce livre et si oui, comment l’a-t-elle pris ?

Quelques temps après son décès, son laboratoire a été vendu par son mari qui est retourné à Istanbul avec leurs deux fils. Je ne sais s’il revient en France et si le hasard le mettra en présence de ce livre. Je ne suis pas certain de le souhaiter. Cette femme n’était pas la sienne…

Marine était « une femme intelligente surdouée, qui savait aimer et ne savait pas vivre », écrivez-vous. Que représentait le SM pour elle ? Une façon de survivre, de dépasser la vie ? Même question pour vous.

Marine, Gila plutôt, comme je l’ai écrit, avait attendu l’âge de trente-six ans pour se faire opérer d’un appendice nasal caricatural qui la défigurait. Raisons financières ? Religieuses? Je ne sais et ne veux pas accabler un homme que je ne connais pas. Ce visage caricatural, que je n’ai connu qu’en photo, lui interdisait toute forme de séduction, c’est certain et je ne vois rien, de ce que je sais de son enfance à Istanbul, qui ait pu générer chez elle ce masochisme profond qui la poussait vers le fouet avec autant de passion. Elle avait souffert au delà du dicible de cette infirmité et il m’a semblé qu’elle se punissait d’avoir tant attendu pour vivre enfin. Elle avait un caractère excessif, passionné, emporté parfois « off limits » et je me suis attaché à la rendre « raisonnable » si tant est que cela était possible. Sa déraison était si attractive aussi ! Le graal de l’orgasme ne lui était accessible qu’à travers des « punitions » d’une sévérité extrême et je n’y ai vu de pulsion morbide que bien tardivement.

En ce qui me concerne, il y a eu Marine, et le reste de mes historiettes sadomasochistes n’a pas de réelle importance. J’y ai vu principalement l’affirmation d’un pouvoir. J’ai toujours assumé d’être un « dinosaure », un des derniers, un rescapé du Crétacé pour emm… les neo-féministes!

En vous lisant, j’ai pensé à Georges Bataille ou Pierre Klossowski. Vous ont-ils influencé dans votre écriture, eux ou d’autres ?

Il m’a fallu un temps infini pour écrire ce récit. J’en ai rédigé la moitié d’un trait, alors même que j’arrivais à Istanbul, quelques mois après la mort de Gila, la nuit, dans ma chambre d’hôtel et ensuite j’ai « lambiné » sans doute un peu tétanisé par une douleur sourde qui ne me quittait pas quand j’écrivais. J’ai pris conscience de ce remords à la lumière d’une réflexion de Catherine Robbe-Grillet qui me demandait récemment pourquoi je me sentais coupable. C’est ce remords plutôt qui a guidé ma plume, bien plus que des réminiscences de Georges Bataille dont mes lectures furent adolescentes et que Klossowski que je ne revois que dans le film de Bresson  Au hasard Balthazar où il jouait mais dont je n’ai rien lu ( Diable…devais-je donc avouer cela aussi ingénument?…), mon style n’appartient donc qu’à moi, pour autant est que j’en aie un !

Vous qui avez connu l’époque du Minitel rose, des sites SM, « primitifs » si j’ose dire, comment voyez-vous l’évolution de ce monde trente ans après ?

J’ai eu plaisir à lire sous votre plume que j’avais « pulvérisé au passage des produits de consommation aussi télécommandés que Cinquante nuances de Grey« . Je n’imagine pas que cette Petite fille aura un jour autant de succès que cette triste pochade mais il me plaît de penser que j’ai contribué à rendre vivant, intense et vibrant un amour placé sous les auspices du fouet, de la douleur et de l’acmé d’une osmose physique et intellectuelle.

Le monde que j’ai connu a disparu je crois, il n’en reste que des remugles frelatés et/ou commerciaux. Je me souviens de soirées chez Françoise, qui trônait, hiératique figure de la Mère Originelle (un peu fouettarde tout de même) tandis que les heureux élus abusaient les uns des autres, de façons très diverses et variées mais dans une authenticité indéniable.

Cinquante nuances de foutre…. ça rapporte! Mais ça n’a rien de SM.

Il y a une personne extraordinaire que vous évoquez dans votre livre, décédée elle aussi (le 15 août 2012 – jour de l’Assomption), mythe minuscule mais mythe quand même de notre ancien monde, et qui fut une très chère amie à moi, Juliette O. « Elle était belle. Elle savait le jeu et ses arcanes les plus secrètes. Elle m’intimida. », écrivez-vous. Je rajouterai à votre portrait que c’était aussi quelqu’un qui mettait formidablement à l’aise y compris dans les plus indicibles situations. Pourriez-vous en dire plus ?

Je ne veux pas risquer de « réduire » cette femme que j’ai un peu connue, mais pas assez puisque d’une part de toute évidence elle était attirée par Marine qui, elle, n’avait aucune inclination homosexuelle, et que cela limitait un peu la mise en  » tentation » telle que je la décris dans la scène à Bagnolet, et que d’autre part j’ai quitté le monde SM après la mort de Marine, ce qui m’a coupé d’une personne que j’appréciais beaucoup mais qui m’aurait rappelé Gila de façon trop cruelle. Ce qu’elle avait d’intimidant pour moi résidait dans son expérience tellement plus riche que la mienne alors que je l’avais invitée à assister à une séance avec Marine et que je craignais un peu que ce ne soit bien banal, alors qu’en vérité, elle me le confia peu après, elle avait été très émue de ce moment partagé ; mais les formes délicieuses de Marine devaient aussi y être pour quelque chose….

En revanche, vous êtes plutôt sévère avec « Mathilde », « la belle de ce monde SM, au demeurant plutôt minaudière et finalement assez quelconque ». Voulez-vous que je vous envoie mes témoins, Monsieur, pour votre muflerie rétroactive ?

Bah, je ne voulais certes pas vous offenser mon cher, comme vous l’écrivez nous nous connaissions un peu à travers ces forums où nous ferraillâmes autrefois… mais celle que je nommais dans l’intimité  » la belle en cuisses » (en raison de tenues assez courtes qui les dévoilaient à l’envi) représentait un contraire absolu de la femme qu’était Marine qui était agacée, jalouse peut-être un peu je crois, de voir une bande de  » rémoras » accrochés à ses basques au demeurant fort courtes… Marine se vivait toujours laide en réalité et supportait difficilement qu’un physique agréable pût apporter des conquêtes ; et pourtant elle était belle !

Heu…Vous préférez l’épée ou le 1858 Navy à poudre noire? (à vingt-cinq mètres je n’y suis pas mauvais!)

Et pour finir, un mot sur Maîtresse Françoise, notre reine à tous ?

Que dire de cette maîtresse femme qui a traversé bien des vicissitudes, des épreuves, et a néanmoins réussi à devenir et rester en effet la Reine de ce monde SM?…

Je lui dois cette rencontre, je lui dois Marine, je lui dois Gila. Je lui dois une des plus belles amours de ma vie ; étrange et dramatique à coup sûr mais… Je lui dois enfin d’avoir vécu ce moment unique dans la vie d’un homme où une femme lui demande de porter son enfant, sans rien attendre en retour que ce qu’il voudra bien lui donner de son temps et de son amour.

Ce moment est un marque au fer rouge et c’est à Françoise que je dois cette brûlure et je ne l’en remercierai jamais assez !

Merci à vous enfin, qui m’avez fait revivre quelques instants délicieusement pervers, quand bien même c’est douloureux de réactiver cette blessure.

Débat « Sommes-nous en démocratie en France ? » lundi 28 février 2022 au 10 rue Croix des Petits Champs 75 001 à 20h

Sommes-nous en démocratie en France ? 

Invitation conférence-débat

Lundi 28 février 2022 à 20h

Le Cercle Aristote reçoit Dominique Motte,

auteur du livre « De la démocratie en Suisse »

publié aux Editions La Route de la Soie

Le lieu : 10 rue croix des petits champs 75 001 Paris

Entrée gratuite pour les journalistes s’inscrivant obligatoirement auprès de guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

Pour les non journalistes, c’est 5 euros l’entrée et les inscriptions se font après de revue.libres@gmail.com

 

ENTRETIEN AVEC ANNE-CÉCILE HARTEMANN sur « Métamorphose »

ENTRETIEN AVEC ANNE-CÉCILE HARTEMANN

Bonjour Anne-Cécile, j’ai beaucoup apprécié votre livre que je compare à un couteau Suisse du développement personnel. Tous les angles du travail à fournir sont abordés et à ce titre il est particulièrement complet. Où en êtes-vous de votre Métamorphose ? Pensez-vous être enfin devenue un papillon ? La mue est-elle achevée ?

Bonjour Sophie, je suis ravie de lire que vous avez apprécié mon livre et trouve votre image du couteau Suisse très adaptée, merci pour cette idée que je me permettrai de partager en parlant de l’ouvrage. À propos de la Métamorphose, je crois que c’est le chemin d’une vie. Je pense bien avoir pris mon envol à plusieurs égards, notamment dans la création de différents projets en lien avec le sujet du livre. J’ose mettre en mouvement mes idées grâce à la confiance que j’ai gagnée au fur et à mesure de mon cheminement. Je vois cependant le processus de transformation en constante évolution à travers toutes les sphères de ma vie, mon corps, mon rôle de maman, d’amoureuse, d’amie et mon activité professionnelle. À chaque nouvelle expérience j’apprends et j’évolue. Il y a des périodes d’envol et de nouvelles mues, laissant le temps aux couleurs de s’affiner. Tout le travail que je décris dans le livre m’a offert une base sur laquelle je peux m’appuyer lorsque je rencontre des peurs, des obstacles. En ce sens je peux dire que j’ai une meilleure connaissance de mes forces et de mes faiblesses mais cela ne m’empêche pas de passer par des moments plus difficiles. Je suis mieux outillée pour les traverser avec douceur.

  • P70, vous notez l’importance de la connexion au corps, vous avez réussi à changer votre mode de vie, mais comment éviter la frustration, le manque (d’un verre de vin ou d’une viande rouge) ? Comment véritablement effacer l’envie ?

 Ce changement de mode de vie s’est fait sur une longue période. Je crois que c’est justement en accueillant la frustration et le manque que j’ai pu opérer une transformation en profondeur. J’en parle d’ailleurs dans le petit chapitre sur le chocolat. Quand l’envie se fait sentir, il s’agit d’aller voir si l’on part d’un manque ou d’une envie de se faire plaisir. J’aime bien cette phrase qui me ramène souvent à la réponse « quand il y a urgence, il y a dépendance ». La privation, sans porter attention à tout ce qu’elle renferme de manque au niveau affectif par exemple, ne fera que repousser ou reporter la consommation d’une substance toxique. Le travail sur soi accompagné ou non par un thérapeute engendre la métamorphose qui nous amène non pas à contrôler ou à effacer l’envie mais à ne plus la générer. Le corps finit par ne plus demander la substance compensatrice.

En revanche, selon moi, si l’on part d’une envie de se faire plaisir, de partager un moment avec des amis autour d’un bon verre de vin, il est alors bon de saisir cette occasion et d’en profiter pleinement mais sans excès, en restant à l’écoute de son corps, il sera alors plus à même de bien l’assimiler 

  • P108, vous expliquez que vous croyiez en la complémentarité des approches, avez-vous suivi une analyse classique (type Freudienne ou Lacanienne) ?

 Chaque approche a ses vertus et il est important pour moi de dire que j’ai un grand respect pour toutes les personnes qui ont contribué à faire évoluer la psychologie. Adolescente et jeune adulte, j’ai été accompagnée par des thérapeutes formées avec des approches analytiques classiques, une pédo-psychiatre et plusieurs psychologues, une en France et 2 au Québec.

  • Si oui, quelle serait, selon vous, la différence entre une psychanalyse classique et un travail de développement personnel ? L’un peut-il fonctionner sans l’autre ?

 Le travail psychanalytique est défini comme tel : « il explore l’inconscient et fait remonter à la conscience certains événements pour régler des conflits internes à l’origine des symptômes. C’est un travail qui s’étale sur plusieurs années ». Le développement personnel est lui défini comme : « un ensemble hétéroclite de pratiques appartenant à divers courants de pensées qui ont pour objectif l’amélioration de la connaissance de soi, la valorisation des talents et potentiels, l’amélioration de la qualité de vie et la réalisation de ses aspirations et de ses rêves ». Ce dernier pouvant s’effectuer sur une durée beaucoup plus courte. J’adhère à ces définitions et, d’un point de vue personnel, je n’aurais pas pu effectuer cette transformation sans comprendre l’origine de mes comportements insatisfaisants. L’un peut-il fonctionner sans l’autre ? Tout dépend de la problématique rencontrée par la personne qui souhaite consulter et de son degré de souffrance. Une phobie d’avion ne nécessitera peut-être pas 10 ans d’analyse alors que des relations toxiques répétitives pourront faire l’objet d’un travail plus en profondeur.

  • P89 vous décrivez votre rapport à l’alcool, pensez-vous que vous aviez développé ce qu’on appelle l’alcoolisme mondain ?

 J’ai été me renseigner sur ce qu’est l’alcoolisme mondain après avoir lu votre question. Je savais que je pouvais être sujette à cette dépendance étant donné un antécédent familial. J’ai donc toujours été consciente de mon rapport à l’alcool. Il est certain que je pouvais facilement me déresponsabiliser de ma consommation par les différentes occasions de boire qui s’offraient à moi mais j’ai toujours été attentive de ne pas plonger dans des extrêmes. C’est lorsque j’ai commencé ce travail de connexion au corps et aux émotions que j’ai compris que je pouvais boire de l’alcool pour anesthésier un malaise ou une souffrance. Plus j’ai développé la capacité à accueillir ces émotions désagréables et à les comprendre, moins j’ai eu besoin de les anesthésier.

  • Pour revenir sur la complémentarité des approches, vous connaissez l’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing) ? Qu’en pensez-vous et pourriez-vous nous expliquer la différence avec l’hypnose ?

 Je parle de l’EMDR dans le livre car je connais plusieurs personnes qui y ont fait appel et pour qui cela a été aidant. Par le mouvement des yeux, la technique de l’EMDR, permet, le traitement du syndrome du stress post-traumatique et des phobies. La thérapie par l’hypnose vise à rendre accessibles au sujet des ressources peu exploitées de son cerveau et à activer ses pouvoirs d’auto-guérison à l’aide de suggestions réalisées durant cet état modifié de conscience. Il est délicat pour moi de vous en dire davantage dans la mesure où je ne suis pas une spécialiste et que je n’ai expérimenté aucune des 2 approches.

  • P111 Vous expliquez que l’on peut réellement changer sa façon de penser. Cela semble difficile à comprendre pour un profane. Comment être profondément convaincu de ce changement de réflexion et surtout y a-t-il, parfois des « rechutes » ?

 Je compare souvent les pensées limitantes à un chemin. Nous avons été conditionnés par la société, l’école, l’éducation de nos parents. Parce que le cerveau suit plus facilement les chemins connus, nous les avons pris des centaines de fois, ils sont devenus des autoroutes. Il est très facile d’y retourner. Transformer ses pensées demande beaucoup de travail en commençant par identifier les pensées toxiques qui nous empêchent d’avancer. Ce chemin par lequel nous sommes passés des centaines de fois est si facile à prendre qu’il peut y avoir de nombreuses rechutes. Le mot « courage » n’est pas dans le titre de mon livre par hasard. Il faut d’abord s’arrêter sur le bord de l’autoroute pour ensuite décider de prendre un nouveau chemin qu’il sera, dans les premiers temps, difficile d’emprunter. Plus on ira, plus le chemin sera facile. Dans ma pratique thérapeutique avec l’Approche non directive créatrice, ANDC® on parle de zones sensibles, cet espace vulnérable où l’on peut accueillir avec empathie pourquoi nous avons si souvent emprunté l’autoroute. Une fois cette prise de conscience effectuée, on peut choisir une nouvelle voie et trouver plus de satisfaction dans notre vie.

  • P113 « Au lieu de mettre mon attention sur l’amoureux que je n’avais plus, j’ai commencé à voir tout l’amour qu’il y avait autour de moi », pourtant, comme l’a écrit Lamartine,  « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » ?

 Je trouve toujours important de remettre les citations dans leur contexte. Selon mes recherches, Lamartine a vécu une histoire passionnelle avec une femme. Ils se sont promis l’amour mais quand Lamartine revient l’année suivante pour la retrouver, elle est grièvement malade et meurt. Hors contexte, cette phrase pourrait évoquer de la dépendance affective alors qu’il semble s’agir davantage d’une étape de deuil. Un de mes thérapeutes m’avait soufflé, après la séparation du père de mes enfants en parlant de l’amoureux, « un plus quand il est là mais pas un moins lorsqu’il n’est pas là ». Lorsque « tout est dépeuplé » quand un seul être vous manque, c’est soit qu’il s’agit d’une étape de deuil, incontournable, soit qu’il s’agit d’un trouble de l’attachement si la souffrance perdure de façon excessive. Il peut être intéressant de se pencher sur le rapport aux peurs de perdre, d’abandon, de rejet qui pourrait guider nos vies. L’amour de soi et l’amour des autres personnes significatives autour de nous (familles, amis, collègues, etc.) constituent une manière de garder l’équilibre lorsque l’amoureux ou l’amoureuse n’est plus là.

  • P173, Concernant le test des neufs signes de la dépendance affective, ne pensez-vous pas que tout le monde peut répondre oui à au moins cinq questions ? Il y a dans l’amour une forme de dépendance. Comment faire la différence entre le « normal » et le « pathologique » ?

 J’ai envie de parler du besoin légitime d’amour, plutôt que d’une dépendance à l’amour. Le besoin d’amour est universel et nous avons le pouvoir de nous en occuper. La dépendance se subit en souffrance, laissant le pouvoir à l’extérieur de nous, sans capacité d’agir. Pouvoir répondre non à toutes ces questions implique un travail de responsabilisation qui permettra de retrouver le pouvoir sur sa vie. Selon moi, l’état de souffrance est indicateur d’une relation pathologique puisque l’amour est bienveillant.

  • Toujours sur la dépendance affective, P218/219, ne pensez-vous pas qu’il y a une dépendance « originelle » dans l’amour maternel ?

Oui, l’être humain est le plus dépendant des espèces du règne animal dans la durée avant l’autonomie. Pour des raisons biologiques d’abord mais aussi affectives. Sans amour maternel ou d’une figure d’attachement sécure, le développement psychique du bébé est affecté. Dans ce cas, il faut parfois des années pour s’en affranchir. Mais dans le cas d’un attachement sécure, il ne devrait pas y avoir de basculement vers la dépendance affective.

  • P229 Vous écrivez « j’aime les êtres humains », en effet tout au long de la lecture de votre livre, on décèle un profond humanisme, dans quelle mesure celui-ci a contribué à votre métamorphose ?

 « Seul on va vite, ensemble on va plus loin ». J’aime bien l’image des boules à facettes pour illustrer la relation à l’autre. Tantôt ombre, tantôt lumière, les différentes facettes de notre être peuvent s’éclairer de façon plus intense grâce au reflet de l’autre. La relation peut exposer à des parties de nous que nous n’aimons pas voir mais elle peut aussi être source de compréhension, de soutien et d’amour. C’est en étant conscient, que l’on peut accueillir et transformer la souffrance. Jamais je ne me serais rendue aussi loin sans cultiver les relations qui m’entourent. La relation aide, c’est d’ailleurs le nom que porte mon métier Thérapeute en relation d’aide. Pour ma part elle contribue à m’apaiser, m’accepter, me propulser, m’aimer. Au fil des années, j’ai appris à développer des relations authentiques dans toutes les sphères de ma vie, elles me permettent de trouver du réconfort pour passer à travers un moment plus difficile, elles me poussent à approfondir des réflexions dans des occasions de partage, elles sont aussi source d’enrichissement lorsque je m’ouvre à la différence, grâce à elles, j’avance, j’évolue, je me métamorphose.

  • Connaissez-vous le « modèle » de Brooke Castillo :
  • C = les circonstances (elles sont complètement neutres, je ne peux pas les changer, ex : je me suis fait emboutir ma voiture)
  • P = la pensée (celle qui découle des circonstances, ex : la personne aurait pu laisser son nom, elle est malhonnête)
  • E = l’émotion (qui découle de la pensée et non de la circonstance ex : je suis en colère)
  • A : l’action (ex : je m’énerve)
  • R : le résultat (je pleure et je pense que les gens sont méchants)

      Le raisonnement de BC est de démontrer que tout part de la pensée que nous avons à la suite de la circonstance et que le résultat  est donc lié à la pensée. Si nous changeons notre pensée, nous pouvons nous éviter beaucoup de souffrance, mais ne s’agit-il pas là d’une forme d’auto persuasion ?

 J’ai déjà entendu parler de ce modèle mais n’ai pas eu l’occasion d’approfondir. Avec les personnes que j’accompagne en thérapie, je travaille beaucoup à discerner l’imaginaire de la réalité. Nous perdons effectivement beaucoup de pouvoir lorsque nous sommes guidés par certaines pensées. J’entendais ce matin une émission sur la colère. Marguerite Duras y était citée « il est beaucoup plus difficile de se défaire d’une habitude de pensée que de lancer un pavé dans une vitrine ». Ce que j’ai compris et expérimenté au cours de mes formations et thérapies, c’est qu’un événement extérieur peut raviver des blessures du passé. Il peut s’avérer nécessaire de prendre un pas de recul pour comprendre d’où peut venir une réaction excessive et inappropriée. C’est alors qu’il est possible de réagir de façon plus adaptée aux événements qui surviennent. Dans ce cas, il ne s’agit plus d’auto-persuasion.

  • Avez-vous la Foi ?

 Au cours des dernières années, je me suis intéressée à la spiritualité. Au moment où j’écris ces lignes, ce que je peux dire, c’est que grâce au travail que j’ai fait sur moi, j’ai développé une confiance en moi et je crois que c’est cette confiance qui me permet de trouver une sécurité intérieure qui me propulse et m’aide à trouver des ressources lorsque j’en ai besoin. C’est aussi en apprenant à lâcher prise lorsque je vis des moments d’impuissance que je peux trouver du réconfort et que finalement les problèmes trouvent des solutions. Je crois que nous avons des ressources insoupçonnées en nous et autour de nous, dans la relation à soi, aux autres et au monde avec tout ce que la nature a d’inspirant à nous offrir.

  • A la fin du livre, vous remerciez longuement vos parents, vous leur avez donc pardonné ? Vous semblez complètement satisfaite de la teneur de vos relations, notamment avec votre père. Vous êtes allée vers lui, mais est-il venu vers vous aussi ?

 Le chapitre sur le sujet du pardon a été pour moi un moment important du livre mais aussi une étape cruciale de mon cheminement. On m’a d’ailleurs invitée à témoigner avec mon père dans le cadre d’une émission de radio au Québec à ce sujet il y a quelques jours. Je crois que l’élément déterminant dans le processus du pardon a été d’accueillir le vécu souffrant, par moi d’abord avec l’aide de mes thérapeutes, en relation ensuite avec mes parents. Je suis certes allée vers eux, mais ils m’ont accueillie. Je suis toujours touchée de repenser à ce cadeau que nous nous sommes offerts en dépassant la culpabilité et les peurs. En reconnaissant l’histoire difficile et le vécu souffrant qui en découlait, j’ai trouvé une forme de paix intérieure. Le pardon m’a aussi amenée à accepter mes parents tels qu’ils sont avec leurs failles. Ils ont fait ce qu’ils ont pu avec le peu d’outils qu’ils avaient à l’époque. C’est en établissant cet équilibre entre accueillir les émotions de colère, de peine, d’insécurité, d’impuissance et accepter le parcours de vie, que j’ai pu commencer à composer avec ce que je suis. Je peux dire aujourd’hui que la relation avec mes deux parents est équilibrée. Grâce aux outils de communication consciente auxquels je me suis formée, je suis en mesure d’exprimer les malaises mais aussi les joies en relation avec eux, j’identifie plus facilement les zones sensibles, les limites, les besoins et je suis capable d’en prendre soin. Fascinée par le pouvoir de cette communication, j’ai décidé de me former à la thérapie relationnelle. J’accompagne aujourd’hui des dyades et des couples à développer, l’écoute, l’empathie et l’expression de ce qu’ils vivent en relation. C’est une façon pour moi de contribuer à un monde meilleur, une relation à la fois.

Sophie Rey a consciencieusement lu « Métamorphose » de Anne-Cécile Hartemann

MÉTAMORPHOSE (Le courage d’aller vers soi)

Anne-Cécile Hartemann

“Ce qui ne me tue pas me rend plus fort” écrit Nietzsche dans Crépuscule des idoles ; c’est l’histoire d’Anne-Cécile Hartemann. C’est l’histoire d’une combattante revenue victorieuse  d’une guerre qui l’aura mené jusqu’au plus profond d’elle-même.

 Forte de son expérience, Anne-Cécile nous offre un livre témoignage, mais aussi un véritable manuel d’apprentissage du développement personnel.  Pédagogique, on y trouve une multitude d’exercices et de références à suivre, qui permettent au lecteur d’emprunter le même chemin que l’auteure.

 « L’intention de ce livre est par conséquent de mettre en lumière les outils auxquels j’ai eu recours, d’en parler avec mes mots, à partir de mon expérience et, de façon concrète de vous laisser le soin de les explorer à votre convenance. P18 »

 Le livre est composé de trois partie suivant un ordre chronologique : Partie un, la préparation à la métamorphose, partie deux la connexion à soi, à son corps et aux autres, partie trois le passage à l’action.

Après douze ans de vie commune, le père des deux enfants d’Anne-Cécile la quitte brutalement en l’espace de quinze jours. C’est l’élément déclencheur d’une longue et profonde remise en question. Elle prend conscience de sa dépendance affective.

Ce sont les crises qui font avancer l’humanité, à l’image de celle-ci, Anne-Cécile Hartemann en est le parfait exemple.

Malgré la douleur de la séparation d’avec son compagnon, Anne-Cécile trouve la force en elle d’affronter cette souffrance et décide de se remettre en question avec courage et honnêteté.

Elle réalise alors qu’elle n’a jamais guéri des souffrances de son enfance.

Issue de parents séparés alors même qu’elle était encore dans le ventre de sa mère, l’auteure grandi dans une insécurité affective, puis, à l’âge de sept ans doit supporter un beau père toxique et manipulateur.

Elle comprend qu’elle doit trouver le courage de faire face à cette enfance malheureuse. Anne-Cécile est une résiliente, elle commence alors à soigner ses maux.

« J’ai été porté par une puissance incroyable, et j’ai reçu une aide très précieuse que je décris dans cette essai. Ce soutien m’a permis de regarder la plaie et de m’armer pour commencer à la soigner. Patience, courage, confiance, ce mantra m’a habité et m’habite toujours. C’est ainsi que j’avance. P23 »

 Ainsi, au fil des pages, Anne-Cécile nous livre des pistes de développement personnel, à travers  des exercices simples et ludiques mais qui, lorsqu’ils sont pratiqués régulièrement et sérieusement sont d’une puissance insoupçonnée.

C’est la notion de neuroplasticité.

« Depuis plusieurs années, la recherche fait des découvertes fascinantes sur le cerveau humain, et nous n’avons pas fini d’en apprendre sur la neuroplasticité. La possibilité de modifier les circuits neuronaux est aujourd’hui prouvée. Je l’ai moi-même expérimenté. Notre identité n’est jamais définitive, rien n’est figé. P24 ».

Quel merveilleux espoir alors, puisque tout est entre nos mains !

Un second outil dont nous parle Anne-Cécile et qui est évoqué dés le début de l’ouvrage est l’ANDC (approche non directive créatrice).

« L’approche non directive créatrice est une approche relationnelle, professionnelle de nature affective. Elle favorise le développement de l’amour de soi et de la confiance en soi. Elle favorise également l’épanouissement de la créativité, le cheminement vers l’autonomie et la liberté d’être, dans le respect du fonctionnement global de l’être humain et du rythme de progression des étapes de son évolution, de sa croissance et de son autocréation. P30 »

 S’ouvrir à son monde émotionnel et comprendre ses besoins. Accepter le changement avec courage, patience et gratitude pour se libérer et s’épanouir. Lâcher prise en douceur et avec confiance. Savoir dire merci.

Exercice 1

La métamorphose commence à s’accomplir, les premiers résultats se font sentir.

Anne-Cécile change sa façon de consommer, devient flexitarienne et pratique le jeûne. Le Yoga est sa nouvelle passion.

Elle dort mieux et lorsqu’elle est stressée préfère faire un exercice de cohérence cardiaque ou de méditation plutôt que de déboucher une bouteille de vin.

Nous n’avons pas tous les mêmes valeurs, mais pour bien se connaître et aller au plus profond de soi-même, il faut connaître celles qui nous correspondent. Là encore Anne-Cécile nous propose un exercice simple, mais si puissant qu’il peut véritablement être un pilier du changement.

Valeurs
Besoins

La loi de l’attraction ainsi que l’intuition «  Les synchronicités peuvent se manifester dans toutes sortes de situation, et pas seulement pour des évènements majeurs. Si on écoute sa petite voix intérieure, qu’on est résolu à la suivre et qu’on est à l’affût des signes qui nous confirment qu’on fait bonne route, il y a de bonnes chances que ce que l’on souhaite, parfois même inconsciemment, se produise, et sous une forme inattendue. P213 », la pensée positive, la confiance en soi et en l’avenir, l’empathie font l’ensemble des notions qui participent à son évolution personnelle.

« L’empathie demande de se connecter à sa propre vulnérabilité pour être en mesure de ressentir la fragilité de l’autre. P156 ».

 Ne nous méprenons pas, même si le livre est une bouffée d’espérance pour tous les cabossés de la vie, et même si Anne-Cécile nous dévoile tous les outils nécessaires à ce changement, celle-ci, en toute honnêteté, nous explique aussi que cette construction personnelle ne se fait pas sans peine. L’auteure insiste sur le fait qu’il faut faire preuve de patience, de courage et de confiance. Peut-être même de Foi. Foi en l’univers et Foi en soi même.

L’honnêteté, et la sincérité sont ce qui définissent d’ailleurs Anne-Cécile. Son ouvrage est une prise de risque personnelle car elle ose se livrer à ses lecteurs en toute transparence.

« J’ai longuement hésité à aborder la question de cette partie sombre de mon être. Traiter de la dépendance affective, dans sa dimension pathologique (la dépendance étant inhérente à l’être humain), demande de me dévoiler en cohérence et en authenticité(…).P171 »

 « Ce qui est différent dans ce livre est ce qui m’appartient en propre : j’écris avec cœur et authenticité, avec ma personnalité et mes particularités. P 200 »

 Avec cœur et authenticité effectivement, et cela se ressent tout au long de la lecture.

Ce livre est une mine d’or, un ouvrage majeur dans le monde du développement personnel.

A lire, à relire, à garder sur sa table de chevet.

Un livre soutien, un livre intelligent et nécessaire.

Depuis sa lecture nous mettons en pratique les exercices et nous avons beaucoup d’espoir de suivre le chemin d’Anne-Cécile Hartemann.

Edition du CRAM

Attachée de presse : Guilaine Depis

Le trompe-l’œil des résultats économiques de Bruno Le Maire. Par François de Coincy

Le trompe-l’œil des résultats économiques de Bruno Le Maire

La présentation statistique peut relever de l’art du trompe l’œil.  On ne sait en constatant la mine réjouie du ministre annonçant la croissance « historique » du PIB en 2021 s’il se grise de sa capacité de manipulation des chiffres ou s’il en est sa propre victime.

Reprenant les pourcentages d’évolution vantés par Bruno Le Maire, le graphique ci-contre, diffusé dans le Figaro du 29 janvier, est particulièrement trompeur :

Cette image ne représente pas l’évolution du PIB de la France mais l’évolution du pourcentage de croissance du PIB et pour montrer à quel point cela n’est pas la même chose, regardons-en la comparaison sur les trois dernières années.

L’évolution du pourcentage (graphique A) est bien plus flatteuse que l’évolution de la valeur (graphique B), alors que c’est bien cette dernière qui correspond à celui du PIB réel. Le graphique présenté (A) n’est pas faux en soi, mais c’est une manière trompeuse de nous présenter la réalité. Si on veut être correct, il faut afficher le graphique en valeur tout en indiquant les pourcentages (B).

Le graphique de gauche (A) laisse croire que le PIB a dépassé celui des années antérieures alors qu’il n’en est rien. De plus l’image indique « +7% » alors que le trait reliant à l’année précédente a une valeur de 15% (7+8).

Ce trompe-l’œil en cache un autre.

Lorsque nous calculons le PIB, alors que la valeur ajoutée des entreprises est calculée sur ses recettes, celle de l’Administration est basée sur ses coûts sans tenir compte du solde budgétaire de l’Etat. (Cette méthode absurde fait que si l‘Etat embauchait en plus 1 million de personnes à ne rien faire, le PIB augmenterait alors que cela n’apporterait aucune production réelle).

Ce n’est pas bien grave quand le déficit est faible ou lorsqu’il est identique d’une période à l’autre, mais les circonstances actuelles font qu’il donne une image déformée de la réalité.

Que donne le PIB corrigé du déficit de l’Etat ?   Les déficits ont été de 75 milliards en 2019, 211 milliards en 2020 et 155 milliards en 2021. Les PIB corrigés sont donc respectivement de 2260, 1934 et 2140 milliards d’euros (graphique C).  On est donc loin d’avoir retrouvé en 2021 le niveau de 2019 puisque on est même en dessous de 2017 (2187 milliards).

On peut ajouter qu’en général, l’accroissement de la dette publique correspond plus ou moins au déficit budgétaire mais que ces deux dernières années l’accroissement de la dette a été supérieur de 100 milliards au déficit de la période. Cette situation accroit encore le doute qu’on peut avoir sur la solidité d’une reprise sous perfusion monétaire.  

Quelle qu’en soit la représentation, nous savons l’immensité de la dette générée qui aurait pu être atténuée si on avait associé un effort populaire aux soutiens nécessités par la pandémie. Ce sujet risque d’être absent du débat électoral car si Emmanuel Macron n’a pas intérêt à en parler pour ne pas ternir le bilan du « quoi qu’il en coûte », ses compétiteurs non plus, qui seraient obligés d’en tirer des propositions de redressement peu alléchantes pour les électeurs. Ce serait aux médias d’imposer ce sujet, plutôt que de rester sur la question facile de l’immigration autour de laquelle s’est constitué un surprenant quasi-consensus national.

Après les élections, l’ère de l’argent facile va se terminer et le successeur de Bruno Le Maire risque de ne pas afficher le même optimisme. Il lui faudra un grand pouvoir de persuasion pour faire passer les pilules : l’art du trompe-l’œil n’est pas près de s’éteindre.

François de Coincy, Chef d’entreprise à la retraite, François de Coincy avait publié en 2020 Mozart s’est-il contenté de naître ? renouvelant l’analyse de la théorie économique à partir des idées qu’il a accumulées au cours de sa vie professionnelle sur l’efficacité de la liberté dans le monde économique. Ce premier essai lui a donné une crédibilité lui permettant de publier des articles dans Figaro Vox ou Economie Matin. Il publie en 2022 Sept idées libérales pour redresser notre économie (L’Harmattan) afin de nourrir les programmes des candidats à l’élection présidentielle de la France.