Pour télécharger la version PDF de l’argumentaire de « Choc » de Dana Ziyasheva, merci de cliquer ICI
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Guilaine Depis, attachée de presse (Balustrade)
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Abdel Rahman El Bâcha : Un pianiste entre Orient et Occident
Abdel Rahman El Bâcha, pianiste de renom, transcende les frontières musicales. Son travail approfondi sur l’écriture pianistique et l’harmonie offre des versions instrumentales uniques, comblant le vide laissé par l’absence des voix et des paroles. Pour lui, le qualificatif “classique” englobe aussi les chansons populaires, témoignant de leur résilience à travers le temps.
Marianne Vourch et les Éditions Villanelle : Une connexion musicale profonde
Depuis mars 2020, Marianne Vourch, conférencière musicale et productrice à France Musique, orchestre avec passion les Éditions Villanelle. Ces éditions ont pour vocation de révéler la musique dans sa dimension historique et personnelle. Avec Abdel Rahman El Bâcha, elles donnent vie à “Souvenirs Souvenirs”, un album qui revisite 20 joyaux de la chanson française.
Un voyage musical à travers le temps
Dans ce recueil, Marianne Vourch nous convie à une promenade mélodique, offrant non seulement les chansons mais aussi leur histoire. De “La mer” de Charles Trenet à “La Java Bleue” de Frehel, chaque titre résonne avec une histoire unique. Le livre audio, pensé comme un vinyle acidulé, est agrémenté d’un QR code et d’un CD en fin d’ouvrage. Ce dernier ouvre les portes des coulisses de chaque chanson, avec des anecdotes et les paroles, invitant chacun à retrouver le plaisir de chanter ces classiques intemporels.
Les chansons à l’épreuve des courants actuels
Dans ce panorama musical, “Souvenirs Souvenirs” fait écho aux courants actuels. Les titres de l’album guident le lecteur intrinsèquement à travers des thèmes tels que le wokisme, la vague Me Too, ou les débats sociétaux: Pourrait on encore écrire aujourd’hui la chanson d’Yves Dutheil « Prendre un enfant par la main » ?
Ces chansons, empreintes d’une époque révolue, réveillent des questions importantes sur la pertinence culturelle dans un monde en constante évolution.
Échos d’Émancipation : Les Passantes et La Tendresse”
Dans l’album “Souvenirs Souvenirs”, deux joyaux, “Les Passantes” de Brassens et “La Tendresse” de Jacques Brel, émergent comme des phares éclairant l’émancipation féminine et la remise en question du machisme. Brassens, avec “Les Passantes” (1972), offre un hommage musical aux femmes dans une époque où le mouvement de libération de la femme (MLF) s’exprime avec force pour le droit à l’avortement et à la contraception. Cette chanson devient ainsi une ode à la lutte féminine, capturant l’esprit de l’émancipation.
Jacques Brel, avec “La Tendresse”, brise les stéréotypes de la masculinité en montrant qu’un homme peut pleurer. En choisissant ces deux chansons emblématiques, Marianne Vourch transcende la simple compilation musicale pour offrir une réflexion profonde sur les évolutions sociales de l’époque. À travers ces mélodies, l’album devient un témoignage sonore du combat pour l’égalité des sexes.
Le pouvoir des chansons: Une analyse sociologique
Le sociologue Pierre Bourdieu, dans son ouvrage “La Distinction”, souligne le rôle puissant des chansons dans la construction sociale. Il explore comment la musique peut influencer et refléter les normes culturelles de la société. En choisissant des chansons thématiques comme “Les Passantes” et “La Tendresse”, l’album “Souvenirs Souvenirs” est un recueil culturel en paroles et en musiques qui ose s’engager. Il contribue à l’abolition des obscurantismes machistes en ouvrant un dialogue sonore sur l’émancipation féminine et la redéfinition des rôles de genre. Ces mélodies transcendent le temps pour inspirer l’égalité et la tendresse dans notre société contemporaine.
Barbara, témoin de l’Histoire
A l’heure du conflit israélo-palestinien, “Souvenirs Souvenirs” offre un reflet poétique de l’horreur de la guerre, proposant une méditation sur notre temps. Les paroles de “Mon Enfance” de Barbara résonnent comme un écho des temps sombres, évoquant son vécu en tant que jeune juive pendant l’occupation. L’album ouvre une fenêtre sur l’histoire, rappelant les souffrances de la guerre et la nécessité de préserver la paix.
De Gottingen à la réconciliation
La chanson “Gottingen” explore une autre facette, offrant une vision de la jeunesse allemande post-guerre. Elle transcende les stéréotypes pour révéler une jeunesse en quête de renouveau. À travers ces deux chansons, “Souvenirs Souvenirs” devient un véhicule puissant pour la réconciliation. Marianne Vourch, à travers ses choix, construit un pont musical entre des expériences de guerre divergentes, invitant à dépasser les divisions historiques.
La sagesse antique et la construction de la paix
Les philosophes antiques nous enseignent que la paix ne réside pas seulement dans l’absence de guerre, mais dans la compréhension mutuelle et le respect. Comme Sénèque l’a dit : “La paix, c’est l’harmonie des choses contraires.” “Souvenirs Souvenirs” nous rappelle cette harmonie à travers les notes de Barbara et les mélodies apaisantes d’Abdel Rahman El Bâcha. En revisitant ces chansons, nous sommes invités à réfléchir sur notre propre contribution à la paix, à déconstruire les préjugés et à construire des ponts d’empathie.
Ainsi, cet album constitue plus qu’une collection de chansons, il est un appel à l’action pacifique. En mêlant l’histoire personnelle à la trame collective, “Souvenirs Souvenirs” est une sorte de célébration de la diversité, un rappel de notre humanité partagée et une invitation à construire un avenir empreint de compréhension et de paix.
En revisitant ces chansons, Marianne Vourch et Abdel Rahman El Bâcha nous offrent bien plus qu’un simple album : une expérience immersive, un lien entre passé et présent, où la musique résonne comme une mémoire collective, intemporelle et éternelle. “Souvenirs Souvenirs” célèbre la richesse de la chanson française, laissant une empreinte indélébile dans le paysage musical contemporain.
Yves-Alexandre JULIEN
Longtemps considéré comme l’épicentre des tensions mondiales, le conflit israélo-palestinien est l’illustration parfaite d’une situation à la fois inextricable et ancienne. La chronique d’un affrontement immémorial qui, depuis sa genèse, a fauché la vie de milliers de personnes, mettant à mal l’équilibre fragile de la région et créant une discorde internationale persistante.
Par Dominique Vian et Quentin Tousart, auteurs de « Partir de soi pour changer le monde à son échelle » avec les méthodes effectuales (https://effectual-impact.com/
Dans ce contexte de crise aiguë, la situation humanitaire à Gaza représente une urgence des plus critiques. La diplomatie s’efforce alors de concentrer ses efforts autour de l’aide humanitaire, tâchant de réduire les pertes humaines conséquence d’une intervention israélienne en cours. Mais ne faudrait-il pas aussi envisager d’autres moyens d’agir, en tirant parti des dimensions plus complexes de la situation ?
C’est ici que nous devons prendre un moment pour réfléchir à notre processus de prise de décision. En général, nous avons tendance à suivre une séquence systématique : nous identifions un problème, nous déterminons la cause que nous jugeons principale, puis nous cherchons une solution qui annule cette cause. Dans le cas présent, le raisonnement pourrait être le suivant : le Hamas a attaqué Israël, le Hamas est une organisation terroriste qui veut la mort d’Israël, donc il faut l’éliminer. C’est un raisonnement réflexe, une réponse instinctive à une situation de crise.
Cependant, ce type de raisonnement peut nous enfermer dans une logique de confrontation et nous empêcher de voir d’autres options. Il est important de comprendre que chaque problème est un nœud dans un réseau complexe de causes et d’effets. En se concentrant uniquement sur la cause immédiate, nous risquons de négliger d’autres facteurs qui pourraient offrir des pistes pour agir efficacement et durablement.
Pour sortir de ce raisonnement réflexe, nous pouvons proposer une expérience de pensée. Au lieu de se concentrer sur le problème immédiat (l’attaque du Hamas), nous pouvons nous demander : « Qu’est-ce qui changerait si ce problème était résolu ? » En d’autres termes, nous pouvons envisager les implications globales d’une résolution du conflit.
Cette approche nous permet de voir au-delà du conflit immédiat et de comprendre comment sa résolution pourrait affecter d’autres domaines. Par exemple, la fin du conflit pourrait permettre le développement des échanges commerciaux entre Israël et la Palestine, apaisant ainsi les tensions régionales. Elle pourrait également ouvrir la voie à une cohabitation pacifique entre Israéliens et Palestiniens, transformant ainsi les relations internationales.
Face à un problème insoluble, une possibilité inattendue peut émerger d’un raisonnement non intuitif. C’est ici qu’intervient la méthode FOCAL qui propose de systématiser une réflexion autour des effets du problèmes qui se trouvent être des enjeux de notre volonté d’agir. Plutôt que de se focaliser exclusivement sur le conflit lui-même, la méthode FOCAL propose d’élargir notre regard pour englober ses implications plus larges.
Imaginez un instant une situation où les dirigeants israéliens et palestiniens s’accordent sur une solution à deux États. Les effets d’une telle résolution seraient loin de se limiter à la cessation des hostilités. Ils déborderaient bien au-delà des frontières de ces deux nations, ayant un impact sur l’économie, la politique et la société sur une échelle globale.
L’un des premiers effets serait le développement des échanges commerciaux entre les deux États et leurs partenaires internationaux. Cela apaisera non seulement les relations avec ces derniers, mais aussi celles des pays accueillant d’importantes diasporas israéliennes ou palestiniennes. Les peuples israélien et palestinien eux-mêmes pourraient envisager un futur de cohabitation pacifique.
Mais les conséquences s’étendent encore plus loin. La résolution du conflit pourrait débloquer des coopérations internationales sur des enjeux majeurs, tels que le climat, qui sont souvent relégués au second plan en temps de crise. Elle pourrait aussi marquer le début d’une ère de coopération inédite ouvrant la voie à une transformation majeure du paysage diplomatique mondial. Si une coexistence pacifique entre Israël et la Palestine devient possible, alors elle deviendrait envisageable partout. Ainsi, par cette démarche, nous sommes amenés à reconsidérer nos connaissances et à envisager de nouvelles possibilités d’action mais cette fois-ci au niveau des effets.
Agir en considérant l’enjeu climatique permet de penser que le terrorisme et de nombreux états qui veulent changer l’ordre mondial sont très souvent financés grâce à la manne financière du pétrole, du gaz ou du charbon. C’est le cas notamment des États comme l’Arabie saoudite, l’Iran qui finance le Hezbollah, le Qatar et la Russie.
Ainsi, il semble que le climat et la sobriété énergétique deviennent de potentielles clefs pour la paix, non seulement au Moyen-Orient, mais aussi dans nos propres contrées. En reliant les problèmes entre eux, on ouvre de nouvelles perspectives d’actions et l’on trouve ici de nouveaux arguments pour accélérer la transition énergétique.
Parallèlement, le changement climatique perturbe le Moyen-Orient avec des sécheresses de plus en plus fréquentes et des migrations de population à venir. En accélérant la transition énergétique, nous pourrions faire d’une pierre plusieurs coups : assécher les sources de financement de nombreux Etats voyous, réduire les migrations de populations, sources de perturbations géopolitiques supplémentaires.
Dans un monde complexe comme le nôtre, n’est-il pas temps d’affronter nos problèmes en exploitant toutes les possibilités offertes par la logique moyens effets (logique effectuale). En somme, la méthode FOCAL nous invite à repenser nos modes de raisonnement, pour affronter avec ingéniosité et pragmatisme les défis majeurs de notre époque.
Finalement, ce mode de raisonnement n’est pas nouveau et à montré que dans l’histoire, certains ont su nous faire sortir d’impasses. C’est le cas de l’abolition de l’esclavage en Angleterre au 19° siècle très bien décrit dans le film Amazing Grace de Michael Apted (2012). William Wilberforce aidé de l’avocat James Stephen a lutté pour l’abolition de l’esclavage en décidant de s’attaquer à un maillon critique du système : le transport maritime. En retirant la protection des navires sous pavillon de complaisance américain, l’esclavage est devenu non rentable car le coût du transport des esclaves a été immédiatement renchéri. Plus aucun armateur ne voulait risquer de perdre son bateau devenu impossible à assurer. Une main d’œuvre locale payée devenait moins chère qu’un travail gratuit de personnes transportées. Ceci met en lumière trois règles pour surmonter des défis complexes.
La première règle est de ne jamais s’attaquer frontalement à un système, car il se défendra. C’est ce qu’a appris William Wilberforce, qui a lutté pour l’abolition de l’esclavage. De même, le Hamas s’est retranché dans ses tunnels et mobilise ses alliés pour se défendre.
La deuxième règle est de s’attaquer à un maillon critique du système. Dans le cas de l’esclavage, c’était le transport maritime. Pour le conflit israelo palestinien, c’est la transition énergétique.
La troisième règle est que tout ce qui ne se voit pas ne se conçoit pas. Agir sur la périphérie du système permet d’éviter les réactions des détracteurs. Toute action de transition énergétique semble déconnectée du problème pour la plupart des gens, ce qui n’est pas le cas.
Ces règles s’appliquent à toute transformation d’un système en place et elles soulignent l’importance de comprendre comment agir dans un système complexe pour transformer des problèmes apparemment insolubles.
C’est en changeant notre façon de voir les choses et de raisonner, que nous pourrons enfin trouver des moyens d’agir en face de problèmes les plus inextricables.
Dominique Vian et Quentin Tousart
Dominique Vian est professeur associé en cognition entrepreneuriale à SKEMA Business School. Docteur en sciences de gestion de Telecom ParisTech, Dominique Vian est l’auteur de six méthodes effectuales déjà utilisées dans une soixantaine d’incubateurs, pépinières, technopoles, mais aussi par des consultants en stratégie d’entreprise, des directions générales et d’innovation (notamment ISMA360 et FOCAL).
Quentin Tousart a créé à l’âge de 22 ans, la startup e-commerce Webdistrib qu’il a pu revendre prospère en 2006. Avec un esprit créatif et novateur, il a alors créé Webpulser, une agence e-commerce qui connaît également un joli succès. Ses valeurs principales sont la coopération, l’espoir et la liberté.
Par Caroline Marquet – Napoléon “Rendez-vous à l’Élysée” au Théâtre de Nesle, plonge les spectateurs dans les méandres du destin de Napoléon Bonaparte, mettant en lumière le tournant crucial du 21 juin 1815. Après la défaite à Waterloo, l’Empereur revient en hâte au palais de l’Élysée, cherchant à raviver l’enthousiasme du peuple et à restaurer l’union nationale.
Napoléon ce n’est pas seulement le film de RidleyScott (truffé d’erreurs historiques soit dit en passant), c’est surtout et avant tout la pièce de théâtre de Nathalie Ganem “Rendez-vous à l’Elysée”. La pièce explore les couloirs du pouvoir, avec le palais de l’Élysée comme toile de fond emblématique. Les murs du palais deviennent le théâtre d’un rendez-vous manqué entre Napoléon et le destin de la France, symbolisant l’ultime tentative de l’Empereur de réécrire l’histoire à son avantage.
Le 21 juin 1815 marque un moment décisif dans l’histoire de Napoléon. Défait à Waterloo, il se hâte de retourner au palais de l’Élysée, désireux de reprendre les armes et de reconquérir le soutien de la population. C’est une tentative désespérée pour inverser le cours de son destin politique.
Alors que Napoléon parcourt les murs du palais, il croise le chemin de Joseph Fouché, son pire ennemi politique. L’ombre de Fouché plane sur le destin de l’Empereur, et c’est lors de ce rendez-vous à l’Élysée que Fouché scelle malheureusement le sort de Napoléon.
“Rendez-vous à l’Élysée” dépeint avec intensité la tragédie politique qui se joue entre les murs du pouvoir. Les espoirs de Napoléon, ses aspirations à rallumer la flamme de l’enthousiasme national, se heurtent à la réalité implacable de la politique et des intrigues.
L’évènement sur scène est bien plus qu’une simple pièce de théâtre. C’est une exploration émotionnelle et historique, une plongée dans les intrigues politiques qui ont scellé le destin de Napoléon Bonaparte. Une pièce incontournable pour ceux qui cherchent à comprendre les complexités de l’histoire française.
La pièce, publiée en septembre 2023 dans la collection “Théâtres” des éditions L’Harmattan, offre une réflexion profonde sur le destin de Napoléon et son dernier acte désespéré à l’Élysée. Les spectateurs sont invités à plonger dans cette exploration captivante d’un moment clé de l’histoire française.
Auteur : Nathalie Ganem
Artistes : Benjamin Arba, Sarah Denys, et en alternance, Blaise Le Boulanger et Jean-Charles Garcia
Metteur en scène : Nathalie Ganem
Représentations du 2 décembre 2023 au 20 janvier 2024- les samedis 15 h/vendredis 19 h (relâche le 9/12)
Théâtre de Nesle – 8 Rue de Nesle, 75006 Paris
téléphone : 01 46 34 61 04
Tarif : 22 euros
Durée : 1h20
Jean-François Charles, compositeur et professeur à l’université d’Iowa, et Anika Kildegaard, soprano engagée, fusionnent leurs talents dans un projet singulier. Leur récente création, “Agnus Dei,” nous plonge dans les profondeurs de la Balade des Pendus de François Villon, et pourrait offrir une réflexion contemporaine sur les intégrismes de la pensée ou des religions.
François Villon : entre appel à l’humanité et dénonciation de l’injustice
En revisitant la Balade des Pendus, écrite en 1463 depuis les entrailles d’une cellule de condamné à mort, Anika Kildegaard et Jean-François Charles réactualisent l’appel poignant de Villon. Le message, implorant l’humanité de ne pas juger ses semblables avec mépris et ignorance, résonne toujours plus de cinq siècles plus tard. La vidéo qui accompagne le single évoque également la Danse macabre du Cimetière des Innocents, soulignant notre égalité face à la mort.
De Verlaine à Rimbaud par la force d’une tessiture
Pour éclairer notre compréhension des dangers des intégrismes en tous genres, il est essentiel de se tourner vers les poètes français qui ont sondé les abysses de l’âme humaine. Paul Verlaine et Arthur Rimbaud, figures emblématiques du XIXe siècle, ont exprimé dans leurs œuvres une sensibilité poétique profonde. Les thèmes de la révolte, de la quête spirituelle, et de la dénonciation des injustices résonnent dans leurs écrits, faisant écho aux préoccupations contemporaines.
Des artistes qui portent la flamme de la révolte
Il est crucial de considérer les voix contemporaines qui portent la flamme de la dissidence. Anika Kildegaard, s’inspirant de rappeuses francophones comme La Gale et Kenny Arkana, réinvente la manière de déclamer les textes poétiques. Cette fusion de genres musicaux traduit l’urgence de transmettre des messages intemporels dans un langage moderne.
De la pensée littéraire aux débats d’idées dans le tumulte sociétal
Au-delà de son exploration poétique, “Agnus Dei” se pose comme un reflet poignant des enjeux sociétaux contemporains. Face aux questionnements complexes autour de l’immigration et de la laïcité, le single évoque involontairement les travaux d’auteurs et sociologues éminents.
Les pensées de Michel Foucault et Émile Durkheim résonnent, comme des échos intemporels, dans la quête de sens et d’équité. Tout comme François Villon plaidait pour la compréhension et la compassion, ces penseurs appellent à la nécessité d’un dialogue ouvert et inclusif, défiant les frontières sociales et culturelles pour construire un avenir commun. En empruntant en quelque sorte ces voies intellectuelles, “Agnus Dei” transcende le simple acte musical pour devenir une expression vivante des préoccupations humaines universelles.
Slam, Rap et spiritualité pour un avenir pacifié : François Villon revisité
“Agnus Dei,” bien que puisant dans les racines poétiques de François Villon, trouve également un écho moderne dans le monde vibrant du Slam. Des poètes contemporains tels que Grand Corps Malade et Abd Al Malik, s’inspirant du langage cru et direct de la rue, explorent les thèmes universels de l’injustice et de la quête de sens, des préoccupations partagées avec le poète médiéval.
Dans cette fusion temporelle, « Agnus Dei » se projette vers l’avenir avec le Rap inspiré des rappeuses francophones comme La Gale et Kenny Arkana, pour déclamer le texte de François Rabelais dans le Kyrie.
Un futur transcendé et une lueur d’espoir dans l’obscurité
Dans une époque troublée par les convulsions de la guerre et les conflits persistants, “Agnus Dei” devient une lueur d’espoir. La dimension spirituelle de l’œuvre, portée par la voix puissante d’Anika Kildegaard, offre une perspective transcendante. Dans cette quête d’élévation spirituelle, le single devient un appel à la paix, un antidote face aux tourments mondiaux.
Émanations politiques et perspectives pacifiques
En évoquant la question de la paix, “Agnus Dei” se connecte subtilement aux travaux de politologues spécialistes des conflits, tels que Rashid Khalidi et Shlomo Ben-Ami. Leur expertise sur la question israélo-palestinienne enrichit la dimension politique de l’œuvre. “Agnus Dei” s’inscrit ainsi dans un dialogue complexe, transcendant les barrières culturelles pour offrir une vision de l’avenir ancrée dans la spiritualité et l’espoir.
Villon, les pendus, et l’univers carcéral moderne et ses attentes
La Balade des Pendus de François Villon, écrite en 1463 dans les limbes d’une cellule de condamné à mort, continue à résonner au sein de notre univers carcéral contemporain. Les mots de Villon, empreints d’une profonde humanité, traversent les siècles pour atteindre les cœurs des détenus d’aujourd’hui.
Le pouvoir libérateur de la musique et l’évasion temporelle par le chant
“Agnus Dei,” porté par la voix envoûtante d’Anika Kildegaard, opère une traversée temporelle. Dans la douleur de la Balade des Pendus, il y a un espoir qui se formule pour les condamnés. La musique devient ainsi une clé qui ouvre les portes de l’âme, offrant aux prisonniers modernes une échappatoire émotionnelle, un lien avec le passé, et une promesse d’un avenir différent.
Anika Kildegaard, en interprétant cette balade ancestrale, devient la passeuse du temps. Son chant brise les barreaux pour atteindre les consciences des détenus contemporains. À travers cette interprétation, elle tisse un fil entre les souffrances d’hier et d’aujourd’hui, offrant aux prisonniers une échappée émotionnelle. La Balade des Pendus devient ainsi un récit intemporel, murmuré à travers les âges, portant un message d’espoir à ceux qui ont connu l’obscurité des cellules.
Le défi de la réhabilitation
En explorant la persistance de la Balade des Pendus dans le contexte carcéral actuel, on soulève le défi crucial de la réhabilitation. Les paroles de Villon appellent à la compréhension, à la clémence, et à une seconde chance. “Agnus Dei” prend part à cette conversation, offrant non seulement une expérience musicale, mais aussi un miroir tendu vers la société, incitant à repenser notre approche de la justice et de la rédemption.
Euphonies du passé et retentissements sur le présent : « Agnus Dei » un chant qui résiste au temps
“Agnus Dei” offre une plongée profonde dans les méandres poétiques de François Villon, révélant des échos saisissants avec les préoccupations actuelles liées aux intégrismes de tous poils. En empruntant des voix du passé, telles que Verlaine et Rimbaud, et en intégrant des perspectives contemporaines, ce projet musical dépasse le temps, invitant l’auditeur à réfléchir sur les défis persistants de l’humanité face aux extrémismes.
la Balade des Pendus demeure un cri de l’âme humaine, une expression universelle de la douleur et de l’espoir.
Le chant d’Anika Kildegaard, appelle à méditer en atteignant les coins les plus sombres de notre pensée parfois elle aussi emprisonnée d’aprioris. “Agnus Dei” devient ainsi le témoin d’une traversée du temps particulière et un rappel de notre responsabilité collective envers ceux qui portent encore le poids des chaînes.
Yves-Alexandre JULIEN
23 novembre 2023
Souviens-toi de moi dans les ténèbres[1] : derrière ce titre désespéré emprunté à Paul Claudel dans Partage de midi, se cache le récit d’une enfance hors norme, un témoignage d’entomologiste sur les violences psychologiques intrafamiliales. Par rapport à d’autres biographies sur l’enfance malheureuse, celle-ci n’invoque pas l’injustice sociale ou la fatalité, elle convoque une seule responsabilité : celle d’une mère. Alors que l’auteur a quatre ans, son père, militaire, décède au cours de la guerre d’Indochine et sa mère le place presqu’immédiatement, ainsi que ses trois sœurs, dans un pensionnat réservé aux enfants de troupe. Il y restera jusqu’à ses 18 ans. Il faut dire que cette éducation gratuite fournie aux pupilles de la nation est bienvenue pour une femme qui vit de petits boulots et qui, rêveuse et instable, entend surtout vivre sa vie à sa guise.
Devenu médecin, presque par miracle pour un enfant élevé dans le plus complet dénuement, Thierry Gineste se spécialise en psychanalyse : un choix qui ne doit rien au hasard et peut être rapporté à la profonde dépression qui traverse son enfance et affleure tout au court de sa vie. Son récit se déploie selon un souffle puissant : la description clinique du sentiment d’abandon. Toute une vie à rechercher des traces de ce père qu’il n’a presque pas connu puisqu’il est parti au front alors qu’il avait deux ans, toute une vie à s’accabler des ambivalences de sa mère qui, après son veuvage, n’a obéi qu’à une seule voix intérieure : « moi d’abord ». Toute une enfance et une adolescence claquemurées dans la discrétion d’une institution éducative, où la tristesse du décor rivalise avec la rigueur des règles du quotidien, et où s’exercent à l’occasion et sans vergogne, presque en toile de fond des aléas du monde ordinaire, les agissements d’adultes pédophiles.
Parmi les mères dysfonctionnelles, on connait la célèbre Mommy du cinéaste canadien Xavier Dolan, mais bien d’autres aussi que décrivent des auteurs comme Kerry Hudson (Basse Classe[2]) ou Norbert Alter (Sans classe ni place[3]), des histoires que j’ai chroniquées dans Telos, et la mère de Thierry Gineste tient remarquablement la rampe avec ces dernières. Comme elles, elle cultive un comportement si extravagant que, à la peine d’être négligé et mal ou peu aimé, s’ajoute pour l’enfant la honte d’avoir une génitrice qui se met en scène et se ridiculise à la moindre occasion.
Première décision après son veuvage, elle rompt radicalement avec la famille du père dont un membre avait émis quelques remarques désobligeantes à son encontre – mue par une haine passionnelle, elle ne les reverra jamais et tiendra ses enfants à l’écart de la lignée paternelle. Puis, progéniture sous le bras, elle part pour Paris où elle obtient un logement social exigu qu’elle habitera toute sa vie. Le fils lui reconnaît quand même deux qualités : le courage et la débrouillardise. Pour le reste le portrait est cinglant. Elle enchaîne une quantité impressionnante de petits boulots et encore plus d’aventures sentimentales qui se déroulent selon un scénario imperturbable : emballement accéléré, installation d’un nouveau couple, suivis d’une déception abyssale : « De la foudre au déluge, de la grêle à la canicule, ses méandres émotionnels ne cesseront jamais au rythme de ses tocades et de ses répudiations ou de ses ruptures. » Lors d’un de ses retours à Paris pour les vacances scolaires, l’enfant découvre la transformation physique de la mère – elle est devenue le sosie de Marilyn Monroe – et apprend qu’elle vit maintenant avec une femme. Assez vite leur appartement se transforme en une sorte de gynécée où se rencontrent et cohabitent les amitiés féminines de la mère : « J’ai 6 ans et je regarde ces invités étranges et sauvages, félins femelles provocantes ou chattes roucoulantes et gentilles : je ne connais pas bien le sens du mot égocentriques, mais j’en ressens le contenu, la menace. » Au fils des désillusions amoureuses de la mère, survient un événement surréaliste qui se déroule alors que l’auteur a 16 ans : une des maîtresses de la mère séduit une de ses sœurs et s’enfuit avec elle. Il ne la reverra que trente ans plus tard.
Enfermé dans sa pension, il ne sort que lors des vacances scolaires, à partir desquelles il est souvent immédiatement redirigé vers une des colonies de vacances organisées par les œuvres sociales de l’Armée. La mère ne vient voir son fils que de manière sporadique, quand ça l’arrange, et là elle adopte un comportement insolite dont on ignore s’il relève de la cruauté, de l’inconscience ou s’il figure comme l’indice d’une extrême pauvreté : elle l’emmène au restaurant où elle mange seule devant lui, le jeune garçon se précipitant ensuite pour prendre son repas au réfectoire de la pension – sous le regard méchamment inquisiteur de ses camarades de chambrée interloqués par le fait qu’il ne déjeune pas avec sa mère. Puis elle le rejoint pour assister au film projeté le dimanche après-midi, et s’éclipse avant la fin. « Ses visites furent si rares, si brèves, et si menaçantes par leur brièveté et leur rareté ! Les trimestres s’écoulèrent comme des viols interminables, subis, résignés, débarrassés de tout espoir, soumis à l’adversité désespérante et noire. La seule vérité que je veux regarder sans tourner la tête et sans lui opposer une réponse indécidable, c’est que j’eus la certitude d’être abandonné et que je n’ai pourtant manifesté aucune protestation. Par lâcheté, par résignation, par sidération ? »
Dans un tel contexte ce père qu’il n’a presque pas connu tient à la fois de référence fantasmée – il imagine l’Indochine comme un décor de western –, d’obsession émotionnelle et en même temps comme il a peu d’éléments auxquels se raccrocher, son image sombre dans l’oubli. Muni de bribes d’indices, il tentera de reconstituer le parcours scolaire, professionnel et finalement militaire du père – il explore dans le moindre détail les évaluations fluctuantes effectuées par la hiérarchie militaire sur sa personnalité. Le lieutenant Gineste est mort dans une embuscade lors d’une opération à laquelle il ne devait nullement participer : il s’est porté volontaire pour prendre, au pied levé, la tête de sa section pour une sortie de surveillance afin de permettre à un collègue d’aller voir son épouse sur le point d’accoucher à Saïgon. Redoublement du hasard : ce personnage était lui-même en remplacement d’un capitaine affecté provisoirement ailleurs. C’est le fils de ce même capitaine qui, plus de soixante ans après les faits, découvrant les carnets de son père qu’il vient d’enterrer, le contacte et lui permet de sortir de l’ombre les derniers jours du lieutenant Gineste : « Votre père est mort au poste occupé par mon père six semaines plus tôt, votre père a sauvé la vie du mien. Et j’ai été conçu à son retour d’Indochine. » Cette résurgence de la figure du père, cet imbroglio dans l’enchevêtrement des destinées, enclencheront l’écriture du livre.
Thierry Gineste n’encastre pas son récit dans une perspective sociale ou psychanalytique, bien que sa plume soit précise dans la description de son milieu d’origine (très petite classe moyenne de province), du dénuement matériel, et des trauma affectifs qui jalonnent son enfance et son adolescence. Il restitue le regard effaré de l’enfant qui se demande bien ce qu’il a pu faire pour mériter un tel sort, la sidération qu’une telle douleur ait pu lui être infligée et qu’aucun adulte, ou presque, ne se soit trouvé sur son chemin pour le protéger. Ce qui transperce de cette narration, c’est la souffrance, la solitude à l’état brut et, sans fard, une sourde rage contre l’inconséquence maternelle. Devenu adulte, et ayant gagné, grâce à sa réussite dans les études (un aspect qui comblait sa mère), une place enviée dans le monde social, il ne manifeste pas la jubilation éclatante, la pulsion d’une revanche, que l’on décèle chez beaucoup de transfuges de classe[4]. En vérité, il semble que rien ne puisse le consoler.
Sa mère est décédée avant la parution du livre, et avec le même zèle que son père a accompli son devoir de soldat, il a accompagné sa vieillesse jusqu’à la fin, ce qui rajoute une énigme affective à une histoire qui en dénombre beaucoup d’autres. Ce roman-document sur les cruautés humaines est déroulé au rythme de la langueur d’une langue proustienne : il se présente comme un règlement de comptes exécuté avec une patte de velours.
[3] Monique Dagnaud, « Le roman biographique d’un sociologue hors-classe », Telos, 13 février 2023.
[4] Monique Dagnaud, « Le transclasse est-il si rare et si malheureux ? », Telos, 29 mars 2023.
Entretien avec le docteur Thierry Gineste qui s’est illustré dans l’étude des enfants abandonnés, et notamment Victor de l’Aveyron, dernier enfant sauvage, premier enfant fou.
Par Marc Alpozzo, philosophe et essayiste
Connu et reconnu par ses pairs, Thierry Gineste est membre fondateur de la Société internationale d’histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse, et ancien psychiatre-expert près la Cour d’appel de Paris. Pour la première fois, il lève non sans émotion le voile de pudeur qu’il avait jeté sur ses blessures les plus intimes et indélébiles. Il a fait paraître un récit aux éditions de l’Harmattan, Souviens-toi de moi dans les ténèbres qui ne laisse pas indifférent. Rencontre…
Marc Alpozzo : Ce qui m’a frappé dans votre livre Souviens-toi de moi dans les ténèbres (Éditions de l’Harmattan, 2023) c’est d’abord sa couverture : on vous voit enfant recevant des mains du Général Monclar la Légion d’honneur, décernée à titre posthume à votre père, mort pour la France. C’est d’abord assez courageux, surtout quand on sait l’idée de la France que se fait une partie de l’intelligentsia française. Est-ce véritablement le souvenir fondateur de votre sensibilité ? Quand vous revoyez cette photo, que ressentez-vous pour le petit garçon que vous étiez ?
Thierry Gineste : Un immense chagrin, une immense fierté, le sentiment d’un inguérissable abandon. Je n’ai jamais vécu loin de cette prise d’armes dans la cour d’honneur des Invalides au cours de laquelle le Général Monclar, héros de la bataille de Narvick en juin 1940 à la tête de deux bataillons de la 13ème DBLE, s’est penché vers le petit bonhomme que j’étais pour accrocher sur ma vareuse les insignes de la Légion d’honneur décernée quelques semaines plus tôt à mon père, mort pour la France. Je me souviens de mon arrivée dans la cour des Invalides, après un voyage en autobus, le 58, depuis la Porte Didot où nous habitions une HLM, matinée grise, battue par le vent et la pluie ; je me souviens de ma mère en tailleur noir, ses cheveux ramenés en chignon couronnés d’un béret blanc.
Elle est au premier rang de la foule massée sous les arcades. Un fonctionnaire m’a pris en charge et m’incorpore au rang que forment au centre de la cour dix autres futurs décorés. Je ne quitte pas ma mère des yeux, au loin, comme un phare à l’approche d’une côte dangereuse. Je me souviens de mon inquiétude et de ma tristesse que j’ai emportées quelques semaines plus tard en pension où je suis entré à six ans en cours préparatoire ; et je me souviens de ma rage de me battre confusément contre le pire. Je ne sais pas si ce souvenir est fondateur de ma sensibilité. Mais il est la fondation héroïque de la trace en moi de ce père que je n’ai pas connu et dont les imperceptibles bribes de son souvenir étaient déjà noyées pour toujours dans l’amnésie infantile ordinaire.
Vous faites partie de ces petits garçons qui n’ont pas eu de père. Bienvenue au club. J’en suis ! Que pensez-vous de cette croyance que l’on diffuse aujourd’hui dans notre société, prétendant que le père n’est pas indispensable à l’éducation d’un garçon ? On vit une véritable cabale contre le père, que l’on confond bien maladroitement avec le patriarcat, le paternalisme, etc. Bref, on ne montrera pas assez toutes les confusions de l’idéologie dominante, essentiellement néo- féministe. Vous avez cependant réussi, ce qui montre chez vous une bonne dose de résilience. Lorsqu’on a 4 ans, et aucun souvenir de son père vivant, où est-il possible de puiser l’énergie pour avancer ? A quoi vous êtes-vous accroché ?
À 6 ans, je suis entré en pension, le lundi 13 septembre 1954 après- midi. Ma mère avait réquisitionné un ami pour m’y conduire en voiture. Je n’ai pas oublié la 4 cv Renault qui m’y emmène : sur la banquette arrière, serré contre ma petite valise verte à poignée de bakélite blanche, les yeux accrochés dans le ciel par l’ouverture du toit, je regardais les arbres se balançant dans le vent pendant que je luttais contre le désespoir. Et lorsque est apparu le gigantesque portail d’entrée en fer forgé, j’ai compris que je n’avais aucune issue de secours. Une fugue pourtant restait possible : pour m’arracher au-dessus du désespoir, je m’échapperai de moi-même, ni cri ni larmes. Pour lutter contre l’enfer et pour tenter de tenir debout, je jouerai au bon élève. Âgé de deux ans, j’avais une première fois franchi les portes de l’abandon lorsque mon père m’avait été arraché par la guerre ; il sauta sur une mine télécommandée quelques jours avant mon quatrième anniversaire, sans m’avoir revu ; et dix-huit mois plus tard, ma mère m’abandonnait dans cet ancien orphelinat pour cas sociaux de l’armée.
Pour l’inconscient qui se moque de la nuance en écrivant l’histoire à gros traits jusqu’à la caricature, j’avais eu un mauvais père et une mauvaise mère, ils n’avaient pas pu ou pas su remplir leur mission de parents. Ce ne furent pas de mauvaises personnes, persécutrices d’enfants ; mais les aléas de l’existence de mon père engagé en Indochine, ainsi que le choix de ma mère de confier ses enfants à des pensionnats après la disparition de leur père, se sont conjugués pour me déporter vers un destin de Petit Poucet perdu, contraint de bricoler sa survie psychique. Comme le dit Donald Winnicott, pédiatre et psychanalyste britannique de génie, ils ne furent pas des parents suffisamment bons « not good enough ».
Et ma liberté depuis lors est l’autre nom de la reconnaissance de cette double défaillance parentale, dussé-je en payer le prix exorbitant. Pourrais-je ne pas m’interroger sur les proclamations actuelles à l’emporte-pièce qui prétendent qu’un père n’a pas d’autre utilité que d’apporter du sperme, même pas son sperme, proclamations entonnées d’abord par les lobbys lesbiens, puis par la loi sur la PMA pour toutes ? S’il est vrai qu’il y a de mauvais pères, il faudrait être bien naïf pour ignorer qu’il existe également de mauvaises mères – entendu au sens winnicottien évoqué plus haut, et il n’y a aucune raison psychologique ou statistique invalidant une répartition 50/50. Une mère pas suffisamment bonne c’est par exemple une mère qui meurt durant la première enfance de son enfant.
Sans aller jusqu’à la caricature de cette défaillance totale, il existe des personnes qui, pour des raisons psychologiques propres – horreur ou panique inspirées par la vue ou le contact des organes sexuels du sexe anatomique opposé par exemple – se rallient aux thèses pseudo- anthropologiques de l’aliénation par la structure patriarcale de la famille, thèses derrière lesquelles elles confortent et transmettent leurs complications passionnelles et leurs limites névrotiques.
Qui est assez sot, hormis les contempteurs du patriarcat, pour imaginer qu’une structure matriarcale de la famille soit moins aliénante qu’une structure patriarcale ? Le double gouvernement de la famille par une femme et par un homme est sans doute le seul barrage contre la folie de la prétention de l’un ou l’autre sexe à gouverner la famille et le monde., c’en est en tous cas la moins mauvaise garantie.
À la lecture de votre récit, on est bouleversé par la précision de vos recherches. Vous dressez à votre père une sépulture de papier. L’affect peut-il jouer un rôle majeur pour restituer une vérité historique ? Avez-vous le sentiment que votre livre, parce qu’il est chargé d’émotions, apporte un témoignage flamboyant qui magnifie la Grande Histoire à travers celle de Paul Gineste ?
On ne fait rien de bon avec les seuls bons sentiments, ni bonne littérature ni bonne histoire. Pourtant vous avez raison, mon livre est un tombeau littéraire construit pour ce père chassé par l’administration vietnamienne de son premier tombeau du cimetière Massiges de Saïgon, trente ans après sa mort. Sans le moteur puissant de l’affect, ce livre n’aurait pas vu le jour. Vous n’ignorez pas que je suis le biographe du plus célèbre des enfants abandonnés depuis Œdipe, Moïse et Romulus et Rémus.
Certes, ce sont mes études de médecine qui m’ont mené à Victor de l’Aveyron, qui est considéré comme le premier cas de la psychiatrie infanto-juvénile naissante, au tournant de l’année 1800. Jeune interne en psychiatrie, j’ai pris exemple sur Michel Foucault qui avait entrepris l’étude du cas Pierre Rivière, ce jeune schizophrène normand qui, un dimanche matin, a égorgé à la hache sa mère, sa sœur et son frère le 3 juin 1835 à 13 heures lorsqu’ils sont rentrés de la messe. Avec son équipe, Foucault avait pris le parti de rechercher l’ensemble des documents contemporains de cet assassinat – dossiers de police, dossiers médicaux notamment expertal, dossier journalistique etc. – et de les exposer de façon chronologique, accompagnés de commentaires et d’explications. Le livre est paru chez Gallimard/Julliard en 1973, année où je suis reçu au concours de l’internat. Huit ans plus tard, après avoir soutenu mon mémoire de psychiatrie sur l’étude de la première année de la vie de cet enfant sauvage, Michel Leiris accueille Victor de l’Aveyron, dernier enfant sauvage premier enfant fou, dans sa collection Les hommes et leurs signes des éditions du Sycomore, reprise bientôt par Hachette Pluriel.
Après trois éditions successives de cette biographie de l’enfant sauvage de l’Aveyron, j’ai entrepris de décrire l’univers psychique des deux médecins qui ont transformé cet enfant en monument de la médecine mentale, Philippe Pinel et Jean Marc Gaspard Itard ; je me suis appuyé pour cela sur la galerie de tableaux et de gravures que j’ai retrouvés dans leurs appartements grâce aux inventaires après décès.
Ce fut Le lion de Florence, paru chez Albin Michel, chasse aux trésors à la poursuite des Pères fondateurs : je rôdais sans le savoir sur l’insaisissable trace de mon propre père. L’énergie que j’ai mise à rechercher méthodiquement tous les témoignages manuscrits ou imprimés contemporains de cet enfant, abandonné dans une forêt après que son père a tenté de l’égorger, ainsi que ma passion pour m’approcher des arcanes du psychisme des fondateurs de la psychiatrie moderne, doit beaucoup aux conditions désastreuses de ma propre enfance.
Et, dès cette époque, j’avais effectué parallèlement quelques premières fouilles aux Archives de la guerre à Vincennes à la recherche de mon père perdu. Mais ce qui m’imposa de me jeter dans l’écriture de Souviens-toi de moi dans les ténèbres, ce fut l’appel téléphonique d’un inconnu le 5 mai 2020. Fils d’un compagnon d’armes de mon père en Indochine, dont il relisait les notes manuscrites, Christian de Malleray m’apprit que l’état-major de la 13ème DBLE avait décidé d’honorer la mémoire de mon père par la construction d’un poste fortifié à cinquante kilomètres au nord de Saïgon, à trois kilomètres du lieu de sa mort.
Pendant soixante-dix ans j’avais ignoré cet hommage minuscule et grandiose. Comment Christian de Malleray m’a-t-il retrouvé ? Très simplement, grâce à l’article que m’avait commandé, l’année précédente, la revue de l’état-major de l’armée de terre, INFLEXIONS, pour son numéro 37 en préparation, entièrement consacré aux enfants dans la guerre : j’y racontais « ma décoration » par le Général Monclar, article qu’il a trouvé en trois clics sur Internet en tapant « Lieutenant Paul Gineste » ; la bio succincte de l’auteur de chaque article lui a permis de faire le dernier pas, et mon téléphone a sonné. Ma rencontre avec le Colonel Christian de Malleray n’a tenu qu’à un fil du destin, une succession de hasards miraculeux.
Quelques jours auparavant, je venais d’apprendre que ma fille attendait pour septembre son premier enfant. Sans aucun délai, je me suis précipité dans les archives militaires, redoutant qu’à son tour mon petit-fils soit irrémédiablement ignorant de la distinction dont l’armée avait tenu à honorer mon père, son arrière-grand-père. Qui d’autre, lorsque j’aurai disparu, pour transmettre la mémoire ?
Alors que nous vivons une curieuse période, où tout le monde se prend pour un écrivain (la maison Gallimard vient de décider une trêve dans la réception des manuscrit « sauvage », submergée depuis la période du COVID), quelle est pour vous la réelle mission de l’écrivain ? En quoi consiste-t-elle ? Pensez-vous que l’écrivain a pour seule mission la transmission ? Considérez-vous complémentaire la lecture de votre livre à celle des livres d’histoire ? Avez-vous songé à associer votre plume à celle d’un historien pour raconter ensemble le XXe siècle ?
Non seulement je n’ai pas songé à écrire à quatre mains l’histoire de mon père à l’intérieur de la grande histoire de France ; mais de surcroît j’en ai repoussé la proposition qui me fut faite par mes deux sœurs ainées de mutualiser et de fédérer nos souvenirs. Toutes deux se souviennent de notre père. Seule ma jeune sœur, née après son départ en Extrême-Orient, et qui n’en garde pas même une trace mnésique inconsciente, n’a pas souhaité se joindre à cette proposition. « Écris tout seul, écris avec ton sang », m’a-t-elle dit. J’avais déjà publié de nombreux articles, deux livres et plusieurs participations à des ouvrages collectifs, le dernier en date dans La vérité d’une vie, études sur la véridiction en biographie, aux éditions Honoré Champion, long cheminement de réflexions sur quelques biographies échelonnées au long cours d’une quarantaine d’années, allusions frappant sans cesse aux portes de ma conscience pour rappeler la mémoire du père perdu. J’étais seul à pouvoir en témoigner depuis le sommet « peu praticables des vivantes échasses » de mes souffrances et de mes années de petit garçon trimballé, balloté, au psychisme maltraité, ces années que contemple le Narrateur de La Recherche, effrayé par l’immensité et la solitude du travail à accomplir. Du moins, à son exemple, je n’avais pas d’autre avenir que de me mettre à écrire.
Un père absent, une mère déboussolée : avez-vous eu d’autres modèles qui vous ont nourri et aidé à devenir celui que vous êtes ?
Un traumatisme psychique de la petite enfance échappe à toute possibilité de guérison.
Pour se tenir à distance de l’effroi qui irriguera jusqu’’à son dernier jour la vie de l’enfant qui en est victime, la pensée contemporaine a inventé l’hypothèse de la résilience. En physique des matériaux, la résilience est la capacité d’un corps à encaisser une agression, des chocs, une déformation, puis, après une étape d’adaptation et de remaniements, à revenir à son état antérieur. Pour parler comme Molière, avec cette « sottise extrême » de la psychologie dite positive, on se tient chaudement à distance de toute inquiétude métapsychologique, de cet au-delà de la parole, de cette frontière où commence l’impossibilité de dire l’irreprésentable. Un petit enfant qui traverse des catastrophes psychiques demeurera un survivant au malheur impensable, infecté par les catastrophes qu’il a traversées. Il restera une forme autre de l’être humain. En ce qui me concerne, j’ai su, dès le jour de mon entrée en cours préparatoire à l’ancien orphelinat des armées, que je n’avais aucune chance de m’en sortir.
« Pourquoi ma mère ne s’enfuit-elle pas en m’emportant dans ses bras », me suis-je dit dans la longue file d’attente de mon incorporation. Je n’avais pas de mots pour penser la catastrophe, mais j’étais submergé par elle. Je suis resté cramponné à l’idée folle que ma survie tiendrait à mon application scolaire. J’ai joué au bon élève, prix d’excellence, prix de camaraderie et tutti quanti. Mes maitres m’appréciaient, je les séduisais par mes résultats, par l’apparence aussi de la joie de vivre. M’ont-ils aimé ? C’est le goût d’apprendre, la fureur de découvrir et de chercher, la pulsion de savoir, qui furent mes seuls vrais maitres. J’étais habité par une interrogation incessante et crucifiante sur ma déréliction et mon exil, Mais j’étais seul en dépit du jeu social où je m’étais réfugié et où j’ai réussi à survivre.
Dans votre roman, vous parlez des maltraitances psychiques que vous a infligées votre mère. Un parent toxique peut-il davantage nuire que l’absence de parent ?
Récit plutôt que roman, Souviens-toi de moi dans les ténèbres est l’histoire de mon lien à chacun de mes parents, mon père et ma mère. Tous les deux furent défaillants et leur défaillance à fait de moi l’homme que je suis pour toujours. C’est la défaillance qui est toxique, quelle qu’en soit la cause ou la forme : disparition, séparation, troubles psychiatrique grave non pris en charge, maladie somatique grave etc.
Même si c’est difficile à entendre, l’éloignement de mon père quelques jours après mon deuxième anniversaire, puis sa disparition deux ans plus tard sans que nous nous soyons revus, doivent être compris comme une forme de maltraitance traumatique, de la même façon que le choix de ma mère de me placer en pension dix-huit mois après la mort de mon père. Vaut-il mieux ne pas avoir de mère ou avoir une mère déséquilibrée ? Avec l’expérience de la perte vraiment trop précoce de mon père, je réponds sans barguigner : tout sauf la perte définitive, tout sauf le deuil.
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Aujourd’hui, vous êtes psychiatre. Quels sont les points communs entre ce métier et celui d’écrivain ? Pouvez-vous nous dire en quoi l’écriture de ce livre a été une nécessité absolue ? S’agissait-il de catharsis ?
Y-a-t-il des points communs entre le métier de psychiatre et l’écriture ? Aussi loin que je me rappelle j’ai toujours eu envie de lire et envie d’écrire, bien avant de choisir de devenir médecin puis psychiatre. Je me rappelle les petits bouts rimés que j’offrais pour les anniversaires, devenus des sonnets bien avant l’entrée en sixième. Je me rappelle les rédactions que mes maitres publiaient dans le journal de la pension. Je me rappelle mon premier prix d’excellence à la fin du cours préparatoire. C’était Le petit lord de Fauntleroy de Frances Hodgson Burnett, l’histoire d’un très jeune enfant, Cédric, dont le père vient de mourir. Après les livres du Père Castor que, parait-il, je dévorais, ce roman a célébré mon entrée en littérature.
J’ai passé mon enfance et mon adolescence à lire ; et mes professeurs de lettres, après m’avoir présenté au Concours général en classe de rhétorique – c’est ainsi que l’on appelait la classe de première – m’avaient inscrit en hypokhâgne à l’approche du baccalauréat. Les tempêtes émotionnelles familiales m’ont détourné de cette orientation., convaincu que ces conditions météorologiques catastrophiques me mèneraient à l’échec, dont je ne voulais pas.
J’ai opté pour la médecine, choix où s’exprima aussi une espérance thérapeutique, ma détermination de sortir des contraintes psychopathiques de mon milieu familial menaçant mon propre équilibre. Je n’ai pourtant jamais perdu la passion des livres, peut-être métaphore utérine consolante et structurante qui aura compensé les approximations psychiques de ma mère défaillante.
Revenons à l’Histoire, pouvez-vous à travers la vie de votre père nous rappeler la (ou les) singularités (s) de la Guerre d’Indochine par rapport à d’autres guerres ?
La guerre d’Indochine ne peut être séparée du mouvement général de décolonisation orchestré par les puissances occidentales. Mais s’ajoute à ce fonds général de l’histoire du monde, les particularités de la fin de la seconde guerre mondiale dans ce qui était un protectorat français. Vous n’ignorez pas que les Japonais, alliés d’Hitler, avaient envahi la péninsule indochinoise dès 1940.
Et c’est parce qu’ils se refusaient à se soumettre aux conditions de la capitulation que furent décidés les bombardements du 6 août 1945 sur Hiroshima et de Nagasaki. Les états indochinois étant alors associés à la France, le Général de Gaule nomme, aux fins d’en chasser les Japonais et les Chinois, l’amiral Georges Thierry d’Argenlieu – rallié à la France libre dès le 30 juin 1940, premier chancelier de l’Ordre de la Libération – Haut-Commissaire et Commandant en chef en Indochine le 16 août 1945 ; en même temps que le Général Leclerc, également Compagnon de la Libération, est chargé de l’entrainement du corps expéditionnaire en Indochine. La guerre d’Indochine fut d’abord une guerre de libération du joug nazi, ce n’est que dans un second temps qu’elle prit la dimension d’une guerre de décolonisation selon les préconisations du couple Staline-Roosevelt.
Il y a dans votre livre le témoignage bouleversant de cet homme, Christian de Malleray, qui devait son existence à votre père. Il y a là une rencontre poignante, comme si l’amitié pouvait se poursuivre à travers les générations, plus forte que la mort, pour conjurer le destin. Et puis, que de Paul dans votre livre, le Paul Mari évoqué pour conclure en beauté peut-il être le frère dont vous auriez rêvé ? Y a-t-il une filiation spirituelle entre vous ? Nous, Enfin, lecteurs, on se questionne : comment avez-vous su sortir comme cela de la culpabilité due à une enfance malheureuse ? Évidemment, le thérapeute en soignant se soigne. Mais on a l’impression que ça n’a pas été suffisant, et qu’il vous a fallu le biais de l’écriture pour dépasser ce destin meurtri par la guerre, n’est-ce pas ?
Au fur et à mesure qu’avançait ma carrière de psychiatre et d’historien de la psychiatrie, j’ai fait revivre dans mes publications plusieurs personnalités oubliées. Tout d’abord l’enfant sauvage de l’Aveyron ; son médecin, Jean Marc Gaspard Itard, unique survivant d’une fratrie de cinq enfants ; le docteur Maurice Dide, responsable dans le mouvement Combat du Noyautage des administrations publiques de la région R4 pendant la seconde guerre mondiale, mort de septicémie à Buchenwald le 26 mars 1944 âgé de 72 ans, après qu’on lui a imposé l’avilissante corvée de latrines pendant laquelle les molosses se sont jetés sur lui lorsqu’il s’est effondré dans la pisse et la merde ; le Père Komitas, moine arménien musicologue ayant fait partie de la longue file de suppliciés du génocide de 1915, devenu fou après avoir échappé aux massacres, interné jusqu’à sa mort le 22 octobre 1935 dans l’hôpital où, des années plus tard, j’occuperais un poste d’interne ; le peintre chilien Alfredo Valenzuela Puelma, mort le 27 octobre 1909 dans ce même hôpital des complications neurologiques démentielles d’une syphilis tertiaire ; et tant d’autres, humbles sans grade ou héros perdus de la mémoire, dont au fil des jours je me suis acharné à ressusciter les derniers battements du cœur et à ranimer le souvenir « puisqu’il n’est qu’un acte, dit André Malraux sur lequel ne prévalent ni les négligences des constellations, ni le murmure éternel des fleuves : c’est l’acte par lequel l’homme arrache quelque chose à la mort. »
Dans l’acharnement de chacune de ces biographies, j’écrivais déjà sans le savoir Souviens-toi de moi dans les ténèbres. Après l’invraisemblable successions de circonstances miraculeuses ayant permis notre rencontre, l’appel téléphonique du Colonel Christian de Malleray m’a semblé provenir du champ de bataille de My Phu, où la mort a cueilli mon père le 11 janvier 1952 à l’âge de 33 ans, comme l’ordre péremptoire d’écrire la page oubliée, la page manquante de ma vie.
À chaque page de votre récit on trouve un amour inconditionnel pour la littérature et l’art. Votre texte semble être un peu comme un message passé à votre père aujourd’hui, puis à votre mère. S’ils étaient devant vous, que leur diriez-vous ?
Je resterais silencieux, j’espère qu’ils me prendraient dans leurs bras.
Propos recueillis par Marc Alpozzo