« Juste avant ma mort » : un héros vraiment antipathique ou simplement humain ?

Juste avant la mort de Christian de Moliner, suite au Panégyrique de l’empire

 Augustin Miroux, le héros, un personnage pour le moins peu sympathique 

Here an author who features his hero under not very congenial facets

Dans son dernier livre, Juste avant ma mort, Christian de Moliner, remet en scène Augustin Miroux, ce personnage très antipathique que nous avions connu dans le précédent roman : Panégyrique de l’empire.

Revenu de Prague, notre personnage est sous traitement car il est atteint d’un cancer. Ne supportant pas le traitement, un jour au lieu d’aller à l’hôpital, il prend le train pour se rendre à Dijon. Il sait que sa femme va être inquiète, mais il est loin de culpabiliser : tout d’abord il sait qu’elle a un amant avec qui elle doit partir à Venise après son décès, mais en plus il craint qu’elle n’arrive à le convaincre de revenir. Dijon, ville de son enfancequ’il a quittée pour ses études et dans laquelle il n’est jamais revenu. Dijon, ville de son premier amour, mais aussi des premiers ravages qu’il a fait aux autres. Hélène, ne s’est-elle pas suicidée de sa faute ? Il a fui et Dijon et lui-même après qu’elle se soit jetée de la tour de Bar de l’ancien palais ducal. De fait, on apprend les causes de ce suicide, et il est certain qu’Augustin par son égocentrisme et son total irrespect de ce qui n’est pas son nombril y est pour beaucoup ( lui, il s’absout en quelque sorte en se disant qu’à l’époque il n’était qu’un jeune homme immature. De fait il n’a pas beaucoup évolué !).

Mais il est quand même capable de faire pire. A Dijon il prend contact avec Caroline, la fille d’Hélène et quand celle-ci lui dit qu’il est son père, après de très brefs moments de scrupules, il ne fait rien pour la détromper. Il trouve une excuse à tout (en plus il va mourir et est très occupé à se lamenter sur son sort). Il sait qu’il fait du mal, mais en quelque sorte ce n’est pas de sa faute, toujours celles des autres (s’il a des relations plus que distendues avec ses fils c’est qu’ils ne l’ont pas compris et qu’ils refusent de lui pardonner ses absences et ses turpitudes, Caroline est en souffrance, ce serait la faire encore plus souffrir que de lui dire la vérité (du moins de son vivant, il se promet de prendre les mesures nécessaires pour qu’à sa mort son notaire lui dise qui est son vrai père en lui versant une assurance-vie)) et tout à l’avenant. De fait il explique sa vie, essentiellement parce qu’il est issu d’un milieu modeste et que les autres n’étaient que des bourgeois. Et oui, il est méchant et envieux !

Bon, il a quand même des scrupules, surtout d’avoir couché avec la belle Lizaviéta à Prague, et il est très fier de lui d’avoir résisté aux pulsions sexuelles le poussant à faire de même avec Caroline. Et puis il devient lucide se trouvant : « inconséquent, incohérent, grotesque et méchant ». Mais cela ne l’empêche pas de se plaindre beaucoup sur ses malheurs.

Autant Caroline est touchante dans sa quête de son père, prête à se rattacher à n’importe qui, pourvu qu’il la fasse rêver, autant Augustin est vraiment ignoble, lâche et vraiment très, très antipathique.

Rare sont les romans où le personnage est autant dénué d’empathie et avec un ego si sur-développé.

Émile Cougut


Juste avant ma mort
Christian de Moliner

éditions Picollec. 14€


Christian de Moliner est né le 2 décembre 1956 à Dijon.
Il est marié à Sylvie et est le père d’Anne. Il est agrégé de mathématiques et à été longtemps professeur de classes préparatoires au lycée Wallon de Valenciennes.
Il est passionné d’histoire et de chroniques anciennes. Il a publié une vingtaine de romans et deux livres d’informatique
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