Charles Juliet & Valérie Dréville, duo gagnant pour les blogs (23.02.09)

36251126_p.jpg23 février 2009
à l’écoute

J’ai toujours beaucoup apprécié les livres-CD, écouter les histoires, une voix au calme… ce qui est difficile aujourd’hui – trouver un peu de calme, mais j’ai réussi! J’ai cherché… livre-parlant lu par Charles Juliet et Valérie Dreville, 38 pistes de lecture de quelques minutes chacune teintée parfois de musique classique, des voix chaudes, bouleversantes, poétiques. J’ai passé un moment reposant en écoutant ces petits bouts de vie souvent empreints d’une grande tristesse, des histoires d’amour, de rupture, de deuil, des moments que l’on traverse tous et qui nous parlent… L’écriture de Charles Juliet me touche beaucoup et l’entendre rassure… Je vous livre un passage de la piste 18 qui je pense parlera à beaucoup d’entre nous… « … certains livres m’ont causé de vives et durables émotions, d’autres m’ont profondément bouleversé. A tel point qu’il m’est arrivé parfois au sortir d’une lecture de me retrouver comme drogué. La réalité ambiante ma parassait lointaine, j’avais le plus grand mal à reprendre pied dans mon existence ( … ) je vivais sous influence… » D’autres pistes sont encore plus touchantes…

JULIET, Charles. DREVILLE, Valérie. J’ai cherché… La Bibliothèque des voix, 2008.

Merci à Guillaume et à Babelio!

http://charlotteauchoco.canalblog.com/archives/2009/02/23/12672884.html

Tchekhov et Marina Vlady appréciés sur les blogs (22.02.09)

vlady.jpgdimanche 22 février 2009
Marina Vlady, « Le violon de Rotschild » et « La Princesse »

Livre critiqué dans le cadre de l’opération « Masse critique » de Babelio

Résumé :

Iakhov est fabricant de cercueils. Violoniste à l’occasion dans un orchestre de mariage, il éprouve une réelle aversion pour le jeune flutiste juif Rothschild. Si, auprès de son violon, il trouve quelques instants de réconfort, il se plaint tout le jour des difficultés que rencontre son commerce. Au crépuscule de sa vie, Marfa, sa femme, évoque les rares instants de bonheur auprès de leur petite fille morte des années auparavant, mais dont Iakhov a oublié jusqu’à l’existence… Seul, il songe à sa vie passée, gâchée, et tout lui apparaît n’avoir été que perte.

La Princesse Véra Gavrilovna, une grande propriétaire terrienne de la Russie rurale, a coutume de prendre sa retraite estivale dans un monastère, pour y « soigner son âme ». Habituée du lieu, elle est entourée de tous les égards dus à son rang et croit éveiller « chez ces hommes simples et austères » une tendresse bienveillante que lui vaut sa bienfaisance. Au cours d’une de ses délicieuses promenades, elle reconnaît dans le médecin du couvent une vieille connaissance, à qui elle tient à exprimer sa sympathie. Très vite, pourtant, le docteur se montre distant, et lui livre une vision hideuse de la générosité dont elle se targue.

Mon avis :

Je n’ai pas l’habitude de lire des livres audios, et ce livre confirme bien ce fait : je n’en ferais pas une habitude, en fait je n’aime pas les livres audios. Je n’éprouve pas le même plaisir à écouter un livre qu’à le lire, le fait de tourner les pages m’a manqué.

En ce qui concerne ces deux nouvelles de Tchekhov, ce sont de bons textes, surtout « La Princesse », par lesquels on pénètre au plus profond de la Russie prérévolutionnaire. D’ailleurs on sent déjà un certain bouillonnement dans « La Princesse » lorsque le médecin dit ses quatre vérités à ladite princesse. Même si j’ai dit plus haut que je n’aimais pas les livres audios je dois malgré tout dire que le texte est admirablement bien servi par Marina Vlady dont la voix et le talent véhiculent à merveille l’âme russe.

Publié par Giwago à l’adresse 17:56

Libellés : livre audio, nouvelles, Tchekhov

http://cultureconfiture2.blogspot.com/2009/02/marina-vlady-le-violon-de-rotschild-et.html

« J’ai cherché… » critiqué sur les blogs (17.02.09)

desingel_11767.jpgmardi 17 février 2009
« J’ai cherché » de Charles Juliet, lu par l’auteur et Valérie Dréville, CD

Charles Juliet, écrivain français né en 1934, a abordé dans son oeuvre presque tous les genres littéraires : journal, récit intime avec « Lambeaux » et « L’année de l’éveil », nouvelles, théâtre, poésie. « J’ai cherché » est un recueil de poèmes en prose où, dans une langue sculptée, précise et épurée, Juliet explore la solitude, son passé et la rédemption par l’écriture.
Dans ce livre audio, la diction précise et le timbre clair de Valérie Dréville illuminent le texte de Juliet. L’actrice au parcours riche – elle a joué avec Vitez, Régy, Vassiliev- artiste associée du festival d’Avignon 2008 est bien connue des amateurs d’un théâtre expérimental, risqué et exigeant. Son interprétation sobre et musicale donne à entendre la matière vive de la langue de Juliet.

« J’ai cherché » de Charles Juliet, lu par l’auteur et V. Dréville, CD audio , éditeur « Des femmes », collection La bibliothèque des voix, 18 €.
à l’adresse 12:42
Libellés livre audio, poésie

http://empreintedesmots.blogspot.com/2009/02/jai-cherche-de-charles-juliet-lu-par.html

Legenditempus aime les Bêtes de Colette (blog 17.02.09)

36030267_p.jpg17 février 2009
COLETTE, Dialogues de bêtes

On ne présente plus Colette (1873-1954), l’amoureuse, l’amie des animaux. Ce sont ses très beaux « Dialogues de bêtes » (1904) que j’ai eu, grâce à Antoinette Fouque, l’occasion d’écouter. La lecture est agrémentée de morceaux musicaux doux et paisibles : Introduction et allegro pour harpe, avec accompagnement d’un quatuor à cordes, d’une flute, d’une clarinette, de Maurice Ravel. Modulant sa voix suivant qu’elle se fait Toby-Chien ou Kiki la Doucette, Liane Foly nous offre une interprétation remarquable. Elle nous dresse les portraits d’un chien Toby, goguenard et sympathique, bon caractère et d’une chatte Kiki, rusée et capricieuse.

Premier dialogue :

Un après-midi au soleil à évoquer leurs maîtres, Elle et Lui, leurs occupations préférées, leur amours. Le dialogue se termine avec l’espoir d’une promenade.

Deuxième dialogue :

Une très belle description de l’atmosphère étouffante d’une journée d’orage et de pluie. On y est ! On se croit comme Toby sous l’armoire occupé à regarder tomber les grêlons. Enfin l’orage s’apaise et Toby a envie de bondir dans le jardin mais reste auprès d’Elle.

Troisième dialogue :

Toby-chien évoque ses souvenirs de « travail » : six semaines passées au music-hall avec Elle.

Quatrième dialogue :

Dans un jardin à Auteuil, une tortue fait le tour du jardin.

Colette, Dialogues de bêtes, lus par Liane Foly, Des Femmes (La Bibliothèque des voix), 2008.

Merci à Babelio!

http://legenditempus.canalblog.com/archives/2009/02/17/12587069.html

Le célibat ne passera pas etc a critiqué Liane Foly (blog 15.02.09)

DF059.jpg15-02-2009
Dialogue de bêtes de Colette – lu par Liane Foly

Dialogue de bêtes, c’est toute mon enfance… comment oublier Toby chien et Kiki la doucette, leurs chamailleries et leur complicité ?

Ce livre, je l’ai lu et relu… mais jamais je ne l’avais entendu. C’est la raison pour laquelle la version lue par Liane Foly m’apparaissait comme… intrigante. Allais-je aimer ces voix « imposées » ? N’allais-je pas regretter de ne pas me faire mes propres voix dans ma petite cervelle ? Mon imagination allait-elle moins travailler ?

Passé le premier étonnement, j’avoue que je me suis prise au jeu d’écouter Liane Foly imiter, et elle imite bien, on le sait, les personnages de cette histoire.

Je conseillerais cependant de s’installer dans un canapé et de fermer les yeux, pour mieux savourer l’histoire, passque moi, je l’ai écouté en vaquant à d’autres occupations, et je trouve que ces occupations, justement, m’ont distraite de mon but : écouter Liane.

Et puis, par rapport à mon enfance et à cette idée d’écouter… il manque un petit détail : la sonnerie qui signale qu’on peut tourner la page… il manque donc, je trouve… un livre… ce qui me confirme que décidément, je suis plus faite pour les vrais livres, faits de papier, que l’on lit à sa guise, qui permettent d’inventer les personnages, leur physique, leurs attitudes et leurs voix.

Ce cd me semble toutefois un chouette moyen de faire découvrir Colette aux enfants.

15-02-2009, 12:36:51 Anaïs
Anaïs et sa collection de magazines et livres

http://le-celibat-ne-passera-pas-par-moi.skynetblogs.be/post/6720573/dialogue-de-betes-de-colette–lu-par-liane-fo

Marina Vlady et Tchekhov appréciés des blogueurs ! (blog 12.02.09)

vv.jpgJeudi 12 février 2009
Le violon de Rothschild, suivi de La Princesse, Anton Tchekhov
J’ai fait plusieurs découvertes avec cette œuvre de Tchekhov. Tout d’abord, et ce n’est pas rien, je n’ai pas lu ces deux nouvelles mais les ai écoutées. Puis, après Tchekhov auteur de théâtre, j’ai pu apprécier ses talents de nouvelliste. Voici donc les deux nouvelles qui composaient ce livre-CD.

Le violon de Rothschild : Iakhov est fabricant de cercueil, et joueur de violon à ses heures perdues. Malheureusement, il y a peu de décès dans la campagne où il habite, et ne sa vie ne se résume qu’à des pertes : pertes liées au jours non travaillés, aux habitants qui décident de mourir dans la ville voisine,… Quand Marfa, sa femme, tombe malade puis décède, Iakhov se demande bien à quoi a bien pu le mener cette vie, faite de reporches, d’animosité. Il a même oublié sa fille, morte enfant. C’est le début d’une remise en question de son comportement, ses habitudes,…

La Princesse : Véra Gavrilovna est une princesse russe. Elle profite de ses étés pour se reposer dans un couvent, où elle est entourée par une troupe de serviteurs, bonnes, laquais,… Elle se sent bien dans cet endroit. Lors d’une promenade dans le jardin, elle rencontre un médecin qu’elle a connu auparavant. La conversation s’engage, mais elle prend rapidement un tour auquel la Princesse ne s’attendait pas. Le médecin, dans un long réquisitoire, lui reproche son égoïsme, son mépris et sa bonne conscience.

Je ne suis plus habitué à écouter des romans. Cela me plonge dans cette période où j’écoutais Marlène Jobert raconter les contes de Perrault ou de Grimm sur des cassettes audio (et ça remonte). C’est une impression tout autre que la lecture : j’ai un esprit qui a tendance à divaguer, à voyager, et à raccrocher par la suite l’histoire. Ce phénomène est accentué par l’écoute, puisqu’il n’y a pas la matérialité du livre. Mais c’est une expérience intéressante, puisqu’elle m’a permis d’entendre une œuvre de Tchekhov et de faire des choses plus prosaïques et nettement moins passionnantes dans le même temps.

En ce qui concerne l’œuvre, j’ai retrouvé dans ces nouvelles les traits déjà repérés dans les pièces de Tchekhov que je connais. Dans le violon, on plonge dans la campagne russe, dans cette société de petits commerçants qui ont du mal à joindre les deux bouts. Dans cette courte nouvelle, Tchekhov donne à ressentir le poids de l’antisémitisme dans la Russie de la seconde partie du XIXeme Siècle, les situations conjugales pas toujours tendres, le conformisme social. J’ai beaucoup apprécié la réflexion menée autour des termes de profit et de perte, qui est le fil conducteur de la nouvelle.

Dans La Princesse, Tchekhov utilise le thème de la confrontation sociale, entre une femme richissime et des employés pauvres. Surtout, il s’attaque à l’image des dames patronnesses, femmes riches qui décident de monter une fondation ou de mener des opérations de charité envers les pauvres, ce qui leur permet notamment d’avoir bonne conscience et de se ménager une place de choix dans l’au-delà. La confrontation avec le médecin est intense, et permet à celui-ci d’exposer tous les griefs qu’il a ruminés. Malheureusement, tout cela ne sera que de peu d’effets sur Vera Gravilovna, qui reste enfermée dans sa tour de luxe et d’incompréhension. Contrairement à Iakov, qui, dans l’autre nouvelle, saura tirer un enseignement de ses mésaventures. Trop tard, mais il y parvient.

Ces deux nouvelles sont lues de fort belle manière par Marina Vlady, que j’ai vu récemment dans le très bon et libertin film de Bertrand Tavernier, Que la fête commence (avec un magnifique trio d’acteurs, Noiret – Rochefort – Marielle). Elle réussit à prendre des intonations différentes dans les deux nouvelles, faisant notamment ressentir le luxe et l’aisance lorsqu’elle parle de la Princesse.

Je remercie Babelio qui m’a permis de me plonger dans un livre-CD grace à l’opération Masse Critique, et je ne dis pas que je ne renouvellerai pas l‘expérience d’écouter une œuvre (surtout que l’éditeur Des femmes publie des lectures faites par Isabelle Huppert !!!).

Pièces de Tchekhov : La Cerisaie, Ivanov

http://livres-et-cin.over-blog.com/article-27829721.html

Marguerite Duras : que du bonheur à écouter ! (blog 24.01.09)

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Babelio et Marguerite Duras.
Par Sylvie Niel le samedi 24 janvier 2009, 12:00:00 – Livre – Lien permanent

Impressions Livres Oeuvre Talent
La Musica Deuxième de Marguerite Duras, dit par Fanny Ardant et Sami Frey.  »Editions Des Femmes, La Bibliothèque des Voix. »

La critique de ce CD est faîte dans le cadre de l’Opération Masse Critique de Babélio.

Quand deux voix magnifiques reconnaissables entre toutes, Fanny Ardant et Sami Frey, lisent un beau texte « La Musica Deuxième » de Marguerite Duras, cela donne un vrai grand moment de plaisir.
Et pourtant c’est l’histoire d’une déchirure, d’un amour passionnel qui s’est transformé en haine, fait d’instants ponctués de bonheur et de blessures irréparables qui les conduiront vers une rupture inévitable.
Ces êtres là, à l’évidence, s’aiment encore. Après trois ans de séparation et le soir de leur divorce, ils se retrouvent sur les lieux de leur amour pour tenter de comprendre l’échec de leur mariage. Dans un premier temps la conversation est presque banale, et peu à peu la parole se libère, se fait plus dense et chacun tente de décortiquer son histoire, d’expliquer ce qui a fait qu’il en est arrivé là.
Sans violence et avec les mots justes et simples de Marguerite Duras, le couple avoue les tromperies mutuelles, les malentendus, les petites bassesses, les envies même les plus tragiques, et aussi le besoin de se reconstruire ailleurs pour elle, loin de lui  » Je veux être tranquille, partir loin… » , pour lui, tout près d’elle « Ne pars pas … j’irai où vous serez. »
Dans cette relation il est souvent question de désespoir, de révolte, de fuite et de douleur, mais aussi de nostalgie, de tendresse et d’amour avoué pour toujours.
C’est la première fois que  » j’écoutais  » un livre, j’ai passé 69 minutes de grande qualité, ponctués de courts instants de musique de Beethoven jouée par Pablo Casals et Rudolph Serkin ( Sonate pour violoncelle et piano n° 2 opus 5 ) et de Duke Ellington ( Black and Blue ). Une expérience que je vous conseille vivement et que je renouvellerai.

Deux phrases du texte où il est question de couleurs…
Elle :  » Je me souviens de cette lumière de cinéma jaune, et tout le reste dans l’ombre. »
Lui :  » Vous aviez cette robe grise, celle des femmes honnêtes. »

http://blog.couleuraddict.com/post/2009/01/23/Babelio-et-Marguerite-Duras

Isabelle Huppert lit Nathalie Sarraute

Texte recopié du catalogue des trente ans des Editions Des femmes :
isabelle-huppert-20050612-46174.jpgNathalie Sarraute disait qu’il n’y avait pas de littérature de femmes. Intrinsèquement, elle avait raison. Mais cette parole, pour autant indifférenciée qu’elle fût, il fallait la (leur) donner (aux femmes). C’est ce à quoi Antoinette Fouque s’est employée, inlassablement depuis la création des Editions Des femmes. Non pas pour les cantonner dans un espace clos, vite devenu muet, si les Editions Des femmes n’étaient cette fenêtre ouverte sur le monde, vers tous les horizons stylistiques et géographiques. Les Editions Des femmes, c’est une parole pour toutes et pour tous.
Puissent-elles vivre encore longtemps…
I.H.

Fanny Ardant, lectrice de la Bibliothèque des voix ! (blog 15.01.09)

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jeudi 15 janvier 2009
[masse critique] La Musica Deuxième, théâtre, Marguerite Duras
Second billet rédigé dans le cadre de la quatrième opération Masse Critique de Babelio. Double merci à eux !

Décidément, je suis poursuivie par le thème de l’oubli, de la mémoire, du revivre…

Fanny Ardant – Sami Frey. Ces deux-là, Anne-Marie Roche et Michel Nollet, vont mettre le temps d’un cédé audio de soixante-neuf minutes, le temps d’une pièce en un acte, trois scènes, pour attiser et confronter les souvenirs de leur histoire douloureuse. Le temps d’une longue conversation dans le salon d’un hôtel de province, à la sortie du tribunal où leur divorce vient d’être prononcé, pour se convaincre à contre-coeurs qu’il ne pouvait y avoir d’autre forme de terme à leur passion, que la rupture.

Au début ils font semblant d’avoir oublié, de ne pas se souvenir. Il y a combien de temps ? Ils s’observent avec la distance affichée de leurs nouvelles vies. Ils se posent des questions d’abord anodines. Où est-ce que tu habites, maintenant ? Et ton travail ? Puis au fur et à mesure, leurs cercles de communication se concentrent, les interrogations deviennent plus chirurgicales, visant à rouvrir une après l’autre, les blessures mal cicatrisées.

Jeux de pattes de velours ou coups de griffes, j’ai imaginé en les écoutant la danse nocturne de deux félins qui vont déchirer et disputer jusqu’à l’aube la dépouille de leur amour.

Jamais les voix tendues mais calmes ne vont s’enfler pour éclater, même quand ils évoqueront l’enfer des violences conjugales. Même quand ils en viendront à rejouer le drame passionnel mais sans victime de sang qui les a irrémédiablement séparés. Au bout de la nuit, ils laisseront derrière eux les décombres de leur histoire d’amour, ayant attendu l’extinction des dernières braises pour partir chacun de son côté, pantelants d’émotion, résignés, brisés à jamais.

Des voix …

Les voix féminines de Duras : Delphine Seyrig, la blonde, et Fanny Ardant, la brune. J’ai le souvenir encore précis de la splendeur helvétique de Delphine interprète de Duras au cinéma et qui était la compagne de Sami Frey. Disparue très tôt emportée par la maladie. Fanny elle, est brune, vivante avec cette diction particulière, essoufflée qui rappelle celle de Delphine, parfois. Deux timbres mythiques et si personnels qu’ils ont fait et font encore le bonheur d’imitateurs masculins. Je me souviens de Claude Vega imitant Delphine Seyrig.

La voix de Sami Frey… évidemment chavirante, très légèrement voilée, et si parfaitement accordée a celle de Fanny Ardant. Tellement que parfois, surtout au début, quand on ne sait rien d’eux encore, il est possible de confondre leurs musiques, de n’entendre plus qu’un monologue, un solo.

Je n’avais jamais fait de lecture audio d’un livre ou d’une pièce de théâtre. J’ai beaucoup aimé. A la fin, j’ai eu envie de réécouter les dernières pistes et de transcrire quelques phrases au hasard, du sublime dialogue :

« Vous avez oublié que vous aviez laissé vos livres ? Vous les aviez fait venir et puis après vous n’en vouliez plus. Vous disiez que ça vous dégoûtait. […] On les laisse alors ? C’est dommage quand même, non ? »

« J’ai oublié notre histoire. La douleur, j’ai oublié. Je ne sais plus du tout pourquoi. Souffrir, comme ça, à ce point la, et ne plus retrouver pourquoi après, les raisons… »

« Je crois qu’on ne se souvient pas de l’amour. »
« Peut-être qu’on ne se souvient pas de la douleur quand elle ne fait plus souffrir. »
« Du désir, il y a ou un oubli total, ou une mémoire totale, aucune ombre. »

« Nous allons aimer moins maintenant, les autres gens. Moins. »
« Nous sommes moins forts maintenant, nous avons perdu de notre force. Nous nous sommes rapprochés de la fin de notre vie. »

http://tillybayardrichard.typepad.com/le_blogue_de_tilly/2009/01/masse-critique-la-musica-deuxi%C3%A8me-th%C3%A9%C3%A2tre-marguerite-duras.html

Coline Serreau lit « Trois guinées » de Virginia Woolf pour la Bibliothèque des Voix

Trois guinées.jpgTexte recopié du catalogue des trente ans des Editions Des femmes :
col.jpgColine Serreau
Souvenirs d’une séance d’enregistrement de cassettes : Je me souviens d’une atmosphère concentrée mais détendue. J’ai lu avec beaucoup d’émotion les textes de Virginia Woolf, textes forts, intelligents et combattants. On reprenait tel ou tel passage, en toute confiance, jugeant et discutant ensemble de la meilleure prise. Quel bonheur de mettre son métier au service d’un grand texte pour une lutte essentielle.
Amitiés aux Editions des femmes.
C.S.
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C’est un texte politique. Virginia Woolf, ici, va droit aux faits avec la plus redoutable précision. Femme, elle reconnaît, décèle et dénonce en précurseur ce scandale d’autant plus occulté qu’il s’inscrit partout, s’étale avec une évidence majestueuse : le racisme ordinaire qui réduit les femmes à l’état d’êtres minoritaires, colonisés. Scandale politique. Dictature qui annonce toutes les autres.