« Laurent Dehors, maître d’oeuvre de ces moments de musique jazzopéra qu’il faut entendre comme autant de mouvements d’une suite originale »

Il y a, au moins, deux bonnes raisons d’écouter ce disque, de l’entendre plutôt .
La première étant de s’amuser à reconnaître les airs souvent célèbres qui s’enchaînent pour notre plus grand plaisir. La toccatta, courte, du début, introduisant celle de l’Orféo de Monterverdi suggère bien l’idée originelle de la toccata comme élément d’improvisation. Puis c’est l’air de Micaëla de la Carmen de Bizet comme chanté dans un cabaret, suivi du Choeur des Enfants aux allures de comptine. Dans la Habanera, toujours d’après Carmen, la clarinette, dans une belle introduction, dialogue avec le piano qui se fait délicat avant que la chanteuse intervienne sur un rythme latino ponctué par une guitare  et un contrechant parlé en un « Prends garde à toi » ironique proféré sur tous les tons possibles dans un français britannique irrésistible par le pianiste. Puis c’est le Mambo de West Side Story, et la délirante pochade sur le Tristan de Wagner avant que , mystérieusement, celui-ci reprenne ses droits. Dans Didon de Purcell, la soprano qui éclaire le disque de sa voix superbe nous fait entendre un chant poignant comme une pièce de luth.
La pièce, très réussie, et signée Mathew Bourne précède un Vivaldi décoiffant et le suave « Una Furtiva lagrima » de Donizetti,  pour terminer sur « Les Oiseaux » de Laurent Dehors, maître d’oeuvre de ces moments de musique jazzopéra qu’il faut entendre comme autant de mouvements d’une suite originale.
C’est, je crois, la deuxième bonne raison d’acquérir ce beau disque, en plusieurs exemplaires afin de partager le bonheur de l’écoute .
Gérard LELONG
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