Patrick Poivre d’Arvor choisit « Marilyn Monroe, la Cicatrice » de Claude Delay comme portrait préféré dans la Revue L’Hémicycle (18 octobre 2013)

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L’Hémicycle

Un autre regard

Par Patrick Poivre d’Arvor

18 octobre 2013

UN PORTRAIT

Marilyn Monroe, la cicatrice de Claude Delay (Fayard)

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Tant et tant de livres écrits sur Marilyn Monroe. Tant et tant d’hommes bouleversés par son destin. Tant et tant de médecins se sont succédé à son chevet post mortem, pour lui prendre le pouls, examiner ses entrailles, radiographier son cœur chancelant et son âme flottante…

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On aurait bien aimé qu’ils fussent aussi nombreux de son vivant, pour l’empêcher de dériver jusqu’à ce fatal 4 août 1962. Mais fallait-il vraiment l’en empêcher ? Ses cicatrices de naissance étaient si géantes qu’immanquablement, elle se serait rapidement abîmée, dans les deux sens du terme. Et nous, égoïstement, nous n’aurions plus matière à fantasme, à mystère.

marilyncouv.jpgCette petite Norma Jeane est née illégitime à Los Angeles. Sa mère, Gladys, ne tardera pas à gagner l’asile. C’est là que trente-six ans plus tard, quand elle apprend la mort de sa fille – du moins celle que chacun, sauf elle, sait être sa fille –, elle dira : « Marilyn Monroe ? Connais pas, je n’en ai jamais entendu parler. » Quant à Arthur Miller, le dernier mari de Marilyn, celui qui avait écrit pour elle Les Misfits (Les Désaxés), il aura une réaction encore plus incroyable. Sonné par la nouvelle, quand on lui demande s’il sera présent aux obsèques, il répond : « Mais elle ne sera pas là ? », avant de se rendre compte de l’incongruité de sa question.

C’est le destin de cette femme que nous raconte merveilleusement bien Claude Delay, dans un ouvrage qui fera date, un demi-siècle après la mort de Marilyn. Quand elle était petite, pour elle, toutes les femmes étaient des mamans, tous les hommes étaient des papas… Normal, elle ne connaissait ni son père ni sa mère. Plus tard, tous les hommes qu’elle a aimés, ou épousés, comme Miller, comme Joe DiMaggio, elle les a appelés Papa. Sauf John Kennedy, qu’elle surnommait Prez, pour respecter la fonction… Ce sont tous ces chocs affectifs, ce « tremblement de mère », ce « tremblement de père » que nous décrit en détail Claude Delay. Et, à notre tour, nous ne sortons pas intacts de la lecture de son livre.

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