Une vingtaine d’artistes mobilisés contre les violences faites aux femmes devant l’Hôtel de ville de Paris
Une vingtaine de personnalités du monde du spectacle ont dénoncé la violence faite aux femmes, hier, sur le parvis de l’Hôtel de ville, lors d’une manifestation organisée par un collectif qui représentait près de six cents associations. (photo Nadine Trintignant hier devant le parvis de l’Hôtel de ville de Paris)
Photo : l’actrice et réalisatrice Nadine trintignant et l’adjointe PS au maire de Paris Anne Hidalgo à Paris, le 28 octobre 2007 (photo Patrick Kovarik, AFP)
Ce rassemblement, qui a attiré environ 400 personnes sous un ciel gris, dont Guy Bedos, Carole Bouquet ou Jean-Pierre Marielle, était organisé à l’initiative de la productrice Catherine Maheo.
En présence d’Anne Hidalgo, adjointe PS au maire de Paris, Nadine Trintignant a donné en quelques mots les raisons de cette manifestation : « Dire notre colère de voir encore aujourd’hui des femmes insultées, harcelées, battues, mutilées, tuées par celui qui disait les aimer ».
« Nous sommes rassemblées pour que ces femmes battues qui vivent dans la peur sachent qu’elles ne sont pas seules », a déclaré Nadine Trintignant, dont la fille Marie a été victime à l’été 2003 des coups mortels de son compagnon Bertrand Cantat, qui vient d’être libéré de prison.
Outre Catherine Jacob, Maria de Medeiros ou Lambert Wilson qui ont lu des textes, Guy Bedos a livré un témoignage très personnel.
« J’ai failli moi-même tomber dans l’extrême violence car je me baladais dans la maison avec un couteau quand j’entendais ma mère hurler sous les coups de son mari. J’en plantais la lame dans les portes plutôt que de le planter dans son ventre », a lancé le comédien qui l’on entend rarement sur ce registre. « Je viens de cette violence mais je ne l’ai pas reproduite » a t-il dit s' »excusant d’avoir été un peu indécent ».
La réalisatrice Coline Serreau a souhaité que la violence faite aux femmes devienne une « grande cause nationale ». « Que l’on soit marié ou non, le corps de l’autre ne vous appartient pas » a t-elle lancé. « Il est souverain, il a droit au plaisir et à la liberté » a t-elle souligné.
« A la première baffe, barrez-vous », a t-elle dit avant de lire un message d’Antoinette Fouque, cofondatrice du Mouvement de Libération des Femmes en France en 1968, qui demande une « tolérance zéro » pour les violences faites aux femmes.
Au tour de Carole Bouquet
« Si commettre un crime sur la femme qu’on aime est moins grave que de le commettre sur un étranger, alors je ne comprends pas bien comment fonctionne la justice », s’est interrogée Carole Bouquet.
« Cela voudrait dire que cette personne vous appartient. Or moi je n’appartiens à personne » a déclaré l’actrice. « Certaines femmes pensent que par amour elles vont guérir celui qui les maltraite » a t-elle poursuivi.
« Certaines se sentent coupables parce qu’elles pensent que leur amour n’est pas assez grand pour le soigner de ses souffrances. C’est à ce moment que vous avez besoin des autres parce qu’il faut que quelqu’un vous éclaire, vous protège et vous raconte de nouveau comment fonctionne ce que c’est que d’aimer », a t-elle conclu sous les applaudissements.